PDV de Bellamy

Je n'en revenais toujours pas. Clarke avait voulu partir avec moi à la recherche de nouvelles ressources. Bien sûr, ce n'était pas vraiment pour ma bonne compagnie puisqu'elle m'avait dit qu'elle ne souhaitait pas rester avec « quelqu'un qu'elle appréciait vraiment », mais je m'en contentais.

Nous avions finalement trouvé la réserve indiquée via la nouvelle radio par l'Ark. J'avais renversé plusieurs barils et avait finalement trouvé ce que je cherchais : des armes. Il y en avait au moins une vingtaine : suffisamment pour que les 100 puissent se défendre contre les Grounders. Il y avait aussi quelques munitions de rechange, au cas où nous viendrons à en manquer.

-Ça change tout, je dis à Clarke en étendant un drap rouge sang au plafond.

Quelques secondes plus tôt, j'avais tracé une croix noire à l'aide de la graisse contenue dans les barils afin de créer une sorte de cible. Je voulais que Clarke s'entraîne à tirer. J'avais besoin de savoir qu'elle saurait se défendre toute seule lorsque je serais parti. Elle est indispensable aux 100. Ils ont besoin d'elle comme guide, comme leader. Et quand je ne serait plus là, il n'y aura plus qu'elle pour prendre les décisions. Quelque chose dans mon cœur me disait qu'il y avait une autre raison, mais je l'ignorais.

Car, c'était inévitable, j'allais partir. Depuis que nous avions rétabli la connexion avec l'Ark, je savais que cela devait arriver. J'avais tiré et presque tué le Chancelier et personne n'allait me le pardonner lorsqu'ils descendraient sur Terre. Et, il m'était impossible d'attendre ma mort sans rien faire. Je préférais fuir, au risque d'abandonner les 100 et de ne plus voir Octavia.

D'ailleurs, en partant du Camp, j'avais pensé à prendre assez de réserve de nourriture pour tenir au moins deux semaines. D'ici là, j'aurais chassé d'autres animaux et parviendrais à me nourrir sans trop de difficultés. Ce qui allait me poser le plus de problème était la présence des Grounders, mais ça valait mieux que d'attendre qu'on ordonne mon exécution sans rien faire.

-Ne plus fuir devant les lances, je reprends en grignotant des noix en provenance du Camp. Prête à être une badasse Clarke ?

-Je ne vais pas me battre avec toi pour ramener des armes au Camp, me répond-t-elle. Je sais qu'on a besoin d'elles. Mais, n'attends pas de moi que j'aime l'idée.

Bien sûr, Princesse rechigne encore à tuer des Grounders de sang-froid. Mais, nous sommes en guerre et j'espère qu'elle le comprendra assez vite pour ne pas se faire tuer.

-On a de la chance, les armes ont été gardées dans de la graisse. Le fait qu'elles soient en bon état signifie qu'on est plus vulnérables à présent. Tu dois apprendre à tirer, je lui assure.

Contre toute attente, elle s'exécute et tente de placer correctement le fusil sur son épaule.

-Donc je le porte juste sur mon épaule ? Me demande-t-elle.

Je ressens une sorte de jubilation personnelle à lui enseigner comment tirer. L'ironie de la situation me saute au yeux mais je décide d'en faire abstraction. Il faut me concentre pour être un bon professeur.

-Oui, juste un peu plus haut, je répond en rectifiant sa position. Comme ça.

Ma main gauche s'occupe de lui faire lever le bras pour qu'elle soit plus dans l'angle de tire. Mais, c'est ma main droite qui me déconcentre totalement. Elle est sur son bras dans une attitude beaucoup plus protectrice que ce à quoi je m'attendais. Le trouble qui s'empare de moi est aussi imprévu que puissant. Je me retiens de faire glisser cette main jusqu'à sa taille ou de la remonter vers sa nuque avant de tourner Clarke vers moi et de l'embrasser. Mais à quoi penses-tu, Bellamy ? me dis-je. Me reprenant en secouant la tête pour chasser ces attirantes mais improbables images de mon esprit, je dis :

-C'est bien...euh... Regardes et apprends!

Je n'arrive pas à y croire. J'ai à peine touché cette fille que le désir m'a assaillit comme il ne l'avait pas fait depuis des années. Princesse a décidément un étrange pouvoir sur moi.

Je me déplace pour prendre une autre arme et me placer à côté de Clarke. Dés que la cible est dans mon point de mire, j'appuie sur la gâchette, mais rien ne se passe.

Pour être un bon professeur, Bellamy, tu repasseras ! Je pense.

Je regarde vers Clarke qui m'observe attentivement pendant que j'essaye de régler le problème de mon fusil. Une fois que je pense que c'est bon, je le remet sur mon épaule et vise. Je met un peu plus de temps à tirer cette fois, veillant à bien viser ma cible et surtout à ne pas me louper. Je ne veux pas me louper devant Princesse qui réussit tout ce qu'elle entreprend. Je dois lui montrer, avant que je parte, que moi aussi je suis bon à quelque chose.

Mais, encore une fois, rien ne se passe.

-Je regarde toujours, me dit-elle malicieusement.

-Mais balles sont inutiles, je lui répond. Essaye les tiennes.

Elle s'avance de nouveau, se met en position, vise et tire. Bien évidement, elle atteint le drap. Comme d'habitude, elle a réussit ce qu'elle voulait faire. Bien sûr, ce n'était pas parfait et elle n'a pas atteint la croix, mais pour une première fois, c'est vraiment impressionnant. Ça en serait presque lassant qu'elle réussisse tout. Presque.

-C'était incroyable ! S'exclame-t-elle lentement avec un sourire.

Je ne peux m'empêcher de sourire à cette phrase. Peut être n'étions nous pas si différents que ça en réalité.

-Je suis horrible de ressentir ça ? Reprend-t-elle.

Elle parle à un converti là ! Je secoue donc la tête en rigolant et lui demande de réessayer une nouvelle fois.

Elle a bien aimé tirer, mais moi j'ai adoré la regarder faire.

-Non, on ne devrait pas gaspiller les munitions, m'assure-t-elle.

-Tu as besoin de t'entraîner, je la contre.

-On a besoin de parler de comment nous allons garder les armes autour du Camp. Où on va les garder. Et qui en aura l'accès.

Et voilà on se dispute encore. Sans vraiment élevé la voix, sans colère, juste exposer nos idées. J'adore ça !

Mais, d'un autre côté, je suis désolé. Elle ne le sait pas, mais je ne compte pas retourner au Camp avec elle.

Je reprend un fusil, cette fois, j'espère vraiment qu'il va fonctionner. Je vise et tire. La balle atteint le drap, à quelques centimètres du centre de la croix. Cette fois, j'ai réussi. Je suis peut être un meilleur professeur que je ne le pensais. Quoique... je me laisse un peu trop distraire par ces yeux verts et ces cheveux blonds. Sans parler de... Stop Bellamy !

-Tu laisses Miller garder le Camp. Tu dois avoir confiance en lui, assure Clarke

-Tu devrais le garder près de toi, je rétorque en pensant à sa sécurité une fois que je ne serais plus là. Les autres l'écoutent.

-Je devrais le garder près de moi ?! S'exclame-t-elle. Bellamy, qu'est-ce qui se passe. Tu t'es comporté bizarrement toute la journée.

Elle a remarqué que quelque chose n'allait pas. Je suis étonné et flatté qu'elle ait fait autant attention à moi. Je sais aussi, qu'avec son intelligence, elle ne va pas tarder à en comprendre la raison. Je détourne les yeux, pour qu'elle ne puisse pas y lire le regret, mais c'est trop tard. Elle sait :

-Toutes les rations que tu as prises, tu vas fuir.

En prononçant ces mots, elle a l'air de m'accuser de lâcheté. Je suis désolé qu'elle pense ça de moi, mais je n'ai pas d'autre choix. Je ne peux pas affronter l'Ark et encore moins le Chancelier Jaha.

-C'est pour ça que tu étais d'accord pour venir avec moi.

Je n'ose pas la contredire, lui dire que ça n'avait rien à voir. Je préfère la laisser rassembler les pièces du puzzle toute seule.

-Tu allais t'approvisionner et juste disparaître, elle reprend.

-Je n'ai pas le choix, je me justifie. L'Ark sera bientôt là.

-Alors tu vas abandonner Octavia ?

Aïe ! Princesse sait frapper là où ça fait mal. Elle a l'air prête à tout pour me convaincre de rester. Mais je ne peux pas. Pas même pour Octavia. Pas même pour elle.

-Octavia me déteste. Elle ira bien, je rétorque.

Et je sais que c'est vrai. Ma sœur est forte. Elle a survécu sur l'Ark, sans que personne ne s'en doute. Puis, elle à vécut dans une prison pendant quelques années, elle saura bien rester en vie ici sur Terre.

-Tu ne sais pas... commence Clarke mais je l'interrompt.

-J'ai tiré sur le Chancelier ! Ils vont me tuer, Clarke. Dans le meilleur des cas, ils vont m'enfermer avec les Grounders pour le reste de ma vie. Il n'y a pas moyen que je donne à Jaha cette satisfaction !

Soudain, j'ai chaud dans cette pièce. Trop chaud. Trop de pensées m'assaillent en même temps, et je ne parviens pas à faire la part parmi elles. Tout se brouille dans mon esprit. Une sorte de malaise m'envahit. Je n'arrive plus à réfléchir correctement.

-Continues de t'exercer, je dis. J'ai besoin d'un peu d'air.

Et, c'est avec le cerveau embrouillé que je sors de ce bunker, laissant Clarke derrière moi, pour faire face à mes erreurs...