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Chapitre 6 - Perla

(En média, Back To Black d'Amy Winehouse)

Dans la vie,
on a toujours le choix,
aimer ou détester,
assumer ou fuir,
avouer ou mentir,
être soi-même ou faire semblant
Nelson Mandela

J'avais pensé qu'éviter Marlon aurait été compliqué. Mais non. A vrai dire, je n'ai même pas besoin de faire cet effort-là, il s'en charge déjà très bien pour moi. Il se tient loin de ma personne, comme s'il ne m'avait jamais connu, et que je le dégoûtais. Je ne savais pas qu'il était humainement possible de réussir à snober aussi bien quelqu'un. Ce gars n'a-t-il donc réellement pas de cœur? Ni de dignité?

Un mois est passé depuis son arrivée, et je n'ai eu affaire qu'une seule fois avec lui, et c'était seulement parce que son fourgon m'empêchait de sortir mon pick-up de sa place. Le temps commence à se faire long, et si je ne me suis toujours pas vexée, c'est parce que TD m'a assuré que je ne devais pas m'attarder sur un con pareil. Et paradoxalement, mon meilleur ami s'est lié d'amitié avec Marlon McCoy, mon ennemi de toujours. Allez savoir comment c'est possible, mais il a suffit que Marlon l'invite à boire un coup en ville pour que son opinion change suffisamment assez pour devenir ami avec cet imbécile.

Les mains dans la terre, je plante des soucis et des œillets sur le petit morceau de plate bande, devant la maison. Je sors la fleur de son godet, tire précautionneusement sur les racines pour légèrement les écarter et la place dans le trou que je viens de creuser. C'est la première fois que je le fais sans Mamita. Même si j'ai déjà reproduit ce geste des centaines de fois, j'ai l'impression d'avoir perdu toutes mes aptitudes.

Sans elle, le jardinage a un goût fade. Je ne prends pas autant de plaisir que si elle était avec moi. Elle s'amusait souvent à me jeter une poignée de terre dessus, et je répliquais en lui arrosant ses bottes. Je faisais le trou, elle jetait la graine. Elle rebouchait d'un coup de bêche, et j'arrosais. Avec l'âge, elle ne se baissait plus pour m'aider, mais se rendait toujours utile en me tendant les pots et en me donnant des conseils. Ils étaient toujours les mêmes, mais ça faisait du bien de l'entendre me partager ses connaissances et son savoir faire.

Avec l'arrivée du beau temps, le marché est de plus en plus fréquenté. Je ne pense pas encore avoir besoin d'aide, mais dans un mois, il est certain que Marlon devra venir avec moi et j'appréhende énormément. Est-ce que d'ici là, il aura enfin pris conscience de ma présence? Est-ce qu'il continuera à faire comme si je ne méritais pas son attention quand nous serons tous les deux? Ou pire, quand nous serons devant les clients? Les ragots vont vite dans les petits villages, je ne veux pas que cette querelle immature porte préjudice à ma famille.

Le pire dans tout ça, c'est que j'aimerais bien faire le premier pas et venir à sa rencontre. Mais il est sans cesse en train de me fusiller du regard, en train de m'ignorer ou de faire semblant qu'il est tellement concentré au point qu'il ne m'entend pas. Pourtant, lorsque je regarde si le travail a été fait une heure plus tard, je peux constater qu'il s'est exécuté. Ce qui veut dire que je ne suis pas transparente, c'est déjà ça.

Mais plus les jours passent, moins je me sens à l'aise d'engager une conversation. Pourquoi ne l'avais-je pas fait avant? Pourquoi avoir attendu si longtemps? Par peur? Par timidité? Lui ne doit pas se poser autant de questions que moi, étant donné qu'il ne m'a même pas reconnu. C'est aussi le cas de Cheslin, mais pour sa part, je ne l'ai pas souvent croisé ces derniers temps car il passe ses journées à la banque en ville pour remettre les comptes à jour. Mamita avait la mauvaise habitude de tout faire à l'écrit et de perdre certains papiers importants. Il a dû y voir les pierres pour tout retrouver et tout refaire. D'un côté, je ne peux avoir l'idée amusante que c'est un coup de sa part, pour le faire tourner en bourrique et le punir de son ignorance envers moi.

Je secoue la tête pour éloigner ces idées-là de ma tête. Il ne faut pas que ça me tourmente sinon les mauvaises pensées vont s'accumuler et je vais faire n'importe quoi. Je dois laisser couler et être patiente. D'ici là, nous aurons peut-être échangé quelques mots. Je l'espère, sinon le temps risque de s'écouler lentement. S'ils veulent jouer à ça, pas de problème, j'adore jouer.

Je passe un dernier coup d'eau sur mes fleurs fraîchement plantées et dépose au-dessus un cageot retourné pour les protéger du froid de cette nuit. L'espace entre chaque bande de bois fin permettra à la lumière de suffisamment passer et d'isoler les pétales du vent frais nocturne. Encore un conseil de Mamita pour ne pas que la fleur perde tous ses repères et qu'elle périsse au bout de deux jours.

Elle m'a toujours dit qu'il fallait être délicate avec elles, parce qu'elles sentent lorsque vous les aimez, ou que vous les plantez sans aucune envie. Les énergies sont différentes et elles parviennent à le ressentir. J'ignore si c'est vrai mais j'aime cette façon de voir les choses. J'aime imaginer les fleurs sourire lorsqu'elles sentent leurs racines se gorger d'eau. Les plantes ont besoin d'être choyées, comme les être humains. Il leur suffit d'un peu de délicatesse lorsqu'on les dépote, de l'eau versée lentement au niveau de leur pied, de la bonne terre pour une bonne pousse et un désherbage fréquent, pour être heureuses.

En bref, il faut souvent s'occuper d'elles et les surveiller de près. Ce que je peux envier ces petites merveilles d'être aussi bichonnée alors que je n'ai même pas le quart de tout ça...

Éloignant une bonne fois pour toute ces réflexions sur les fleurs, je m'essuie les mains sur ma combinaison de travail. Je ne sais pas depuis combien de temps je ne l'ai pas lavée, mais elle commence à être sacrément sale. Sans perdre plus de temps, je me dirige vers le robinet extérieur pour nettoyer au tuyau mes bottes et mes gants. A chaque fois, je commence à travailler avec eux, mais je finis toujours par les enlever parce que j'aime le contact de la terre. Prenez moi pour une folle ou non, c'est la vérité.

Comme depuis quinze jours, ceux de Marlon traînent au bord du robinet. Il s'en sert pratiquement tous les jours, mais il prend soin à les reposer exactement au même endroit à chaque fois qu'il a terminé sa tâche. C'est un miracle que mon père ne lui ai pas passé un savon rien que pour ça. La ferme et les énormes espaces peuvent donner envie de s'éparpiller et de mettre le bordel, mais il ne faut pas tomber dans le panneau si on ne veut pas perdre du temps inutilement.

Et surtout, il sait à quel point ça m'énerve lorsque les choses ne sont pas à leur place. Il s'en amusait dans notre enfance en désorganisant mon casier et ma table à chaque fois qu'on sortait en récréation, ou même durant notre adolescence, lorsqu'il m'offrait la vue de sa chambre en parfait bazar. Même s'il ne m'appartenait pas, son désordre me faisait vriller. Pourtant, ce n'est pas pour autant que je suis maniaque et que je me contente d'un minimum de choses dans ma chambre, au contraire. Mais tout objet a une place et y revient après chaque fois que je l'utilise.

Je secoue mes fichus gants pour en éliminer le maximum de gouttelettes d'eau et retire mes bottes à l'entrée de la maison. Je les rentre et les dépose sur la vieille serpillère posée exprès là pour ça. En hiver, il fait si froid qu'elles gèlent la nuit et que nos pieds se congèlent le matin où on les enfile. Les températures sont plus clémentes au fil des jours, mais on continue de garder notre petit confort.

Comme tous les soirs quand je rentre la première à la maison, je ravive le feu. En journée, le soleil qui tape contre les vitres suffit à réchauffer les pièces, mais dès l'instant où le soleil commence à se coucher, le froid s'engouffre. Rapidement, les flammes éclairent mon visage et je dépose mes gants au coin de la cheminée pour les faire sécher et monte directement me doucher. Je n'ai pas à faire le repas, Amélie m'a filé les invendus de ce midi au Dinners. Ce soir, ce sera hamburger et frites.

J'ai longuement hésité à amener leur repas chez eux pour ne pas une nouvelle fois croiser la face du fils McCoy qui m'en a tant de fois fait voir de toutes les couleurs. Je n'en reviens de dire ça, et jamais j'aurais cru le penser un jour, mais je préférais la période où il ne pouvait pas passer un jour sans me faire chier que son comportement de ces jours-ci. M'ignorer et agir comme si j'étais transparente, c'est fort.

~~

— Alors Muñoz, toujours avec tes légumes?

Je n'ai pas besoin de me tourner pour savoir qui est derrière moi. Cole Anderson. Un phacochère. Aucune insulte adéquate ne me vient en tête pour décrire un type pareil. Rien qu'à savoir qu'il habite dans cette ville me débecte. Comment est-ce qu'on peut abriter un tel abruti? J'en ai des frissons de dégoût.

Je lance un regard vers Tucker qui n'a pas vu Cole approcher de mon étale. Il est au bout de la rue avec ma meilleure amie avec qui il semble avoir une conversation passionnée. Quand Amélie est dans les parages, il n'a d'yeux que pour elle. Je ne lui en veux pas, il ne pouvait pas savoir que notre "plus grand cauchemar" allait nous passer un petit coucou bien sympathique dont je me serais bien passée. S'il l'avait vu, il n'aurait pas hésité à le faire dégager à coup de pieds au cul.

— Qu'est-ce que tu veux? fais-je en croisant mes bras sur ma poitrine. Je bosse, je n'ai pas le temps pour tes inepties.

Je remercie madame June pour son achat en lui rendant la monnaie. Je la connais, elle resterait bien pour assister à notre prise de bec. Cole le sait, c'est pour ça qu'il se marre dans son coin en offrant un sourire hypocrite à ma cliente. La rivalité Muñoz/Anderson est connue par ici. Elle fait parler, comme à peu près tous les sujets qui sont mis sur le tapis dans les rues.

Tout fait jaser dans cette petite ville. Tout le monde se connaît et tout le monde s'occupe des affaires des autres. Surtout pendant les marchés où les habitants se rencontrent et s'échangent les derniers ragots. Venez vendre des légumes toute une journée et vous serez au courant de l'ensemble des nouveautés inutiles. Les Parker divorcent, Owen Larvin aime les hommes et Molly Stallone a été faire une séjour en cellule de dégrisement samedi soir, après avoir été retrouvée ivre à la sortie d'un bar.

Une honte d'après madame Ellie, qu'une jeune adolescente d'à peine seize ans soit autant dévergondée. "Que disent les parents?", "Ils laissent faire?", "Des bons à rien de toute manière". Pendant ce temps, je me contente de hocher discrètement la tête sans prendre part à ces insanités. Molly a vingt-deux ans et c'était son anniversaire qu'elle fêtait ce soir-là. Qui n'a pas abusé d'alcool lors d'une soirée?

D'accord, confondre sa maison avec le bureau du shérif, ce n'était certainement pas la meilleure chose à faire. Heureusement pour elle, c'était sur Charles qu'elle était tombée. Elle n'est pas allée en cellule de dégrisement, c'est faux. Il lui a simplement permis de dormir au chaud en attendant qu'elle décuve et qu'elle puisse rentrer chez ses parents sans les réveiller.

— Quoi de neuf chez les Muñoz? J'ai entendu dire que tu avais des nouvelles recrues... Les pauvres, ils ne savent pas dans quel merdier ils se sont foutus...

— Va voir chez la laitière si j'y suis, Cole. Je n'ai pas le temps pour ça aujourd'hui.

Je récupère le lot de poireaux que me tend un client et le pèse tout en essayant de garder la face pour ne pas me montrer désagréable avec ce monsieur que je ne connais pas. Il manquerait plus qu'on dise que je suis aigrie et j'aurais gagné la journée. Cole le sait, et c'est pour ça qu'il s'amuse à rester planté devant mon étale.

Lui n'a rien à perdre. Son grand-père était procureur de je ne sais quel état et à sa mort, son père et lui ont remporté le pactole. Depuis, c'est comme si son père et lui régnaient sur le toit du monde. Ils tiennent un grand ranch pas très loin de Clatonia. Les gens pensent que ce sont de bons types et qu'ils font bien le travail. La vérité est tout le contraire. Ces sombres merdes maltraitent leurs chevaux et les vendent à des fins de paris illégaux.

— Quel dommage, il se trouve que je suis d'humeur pour discuter. Je viens voir comment va ma Perla préférée? Dis-moi tout, qui sont ces deux grands spécimens que j'ai croisés dernièrement?

— Ça ne te regarde pas. S'ils t'intéressent tant quand ça, tu leur demanderas dès que tu les verras.

Je salue mon client et en profite qu'il n'y en ait plus pour le moment pour remettre de l'ordre dans mon étale. Je baisse le prix des choux en effaçant la craie sur l'ardoise. Je prends soin d'écrire qu'un chou acheté, l'autre à moitié prix. Dans une heure, ça sera le deuxième gratuit. Nous en avons beaucoup trop et si on ne veut pas se retrouver à les donner à manger à Pati le cochon, il faut écouler le stock. C'est ça le commerce...

— Oh, il y a de l'eau dans le gaz, alors? Enfin un peu d'épice chez Perra. Oups, excuse-moi, chez Perla.

Comme c'est fin. Faire genre qu'il a mal prononcé mon prénom qui peut vite se transformer en "pute" en espagnol. Il joue au plus con, mais je suis plus forte que lui. Piquer de cette manière ne m'intéresse pas. Je ne suis pas assez fourbe. Je ne sais pas si c'est une qualité ou non, mais moi, je préfère laisser mariner et tirer au moment opportun, au moment où il ne s'y attendra pas et sur quelque chose dont il est loin de se douter.

— Va te faire enculer, Cole.

— C'est tout ce que tu as dans le ventre? Je te pensais plus caliente. Tu sais, comme ce qu'il s'est passé l'année dernière dans le cabanon avec Will Hoover, lors de la fête foraine?

Mes joues prennent feu. Je tripote l'ardoise entre mes doigts, à court de mots. Merde. Je pensais que personne ne nous avait entendus. A moins qu'il le lui ai dit? Non, ils ne s'aiment pas.

— Cochonne. Quelque chose me dit que dans trois mois, ça sera à moi que tu tailleras une pipe dans le cabanon.

— Plutôt mourir que de voir ton chibre, fait une voix derrière moi avant que je puisse répondre quelque chose.

— Tucker...

— Tiens, le meilleur ami, s'exclame Cole comme s'il était joyeux. Tu n'en as pas marre d'être son chien? Tiens, vous allez bien ensemble tous les deux, finalement.

Je me ratatine sur place et si je pouvais me transformer en courge, je le ferais. J'ai pourtant un bon répondant d'habitude, mais je n'ai pas la tête à ça. Ces derniers jours sont remplis d'incertitude et de nouveauté, et je n'arrive pas à dormir comme je le devrais. Je n'ai pas dû dormir plus de trois heures cette nuit, et ça se sent dans ma façon d'interagir et d'être attentive à la clientèle. Alors merci TD de prendre mon relais parfois pour me décharger de cette corvée qui ne devrait pas être notée dans mon emploi du temps.

— Laisse la travailler tranquille. Je suppose que tu n'étais pas venu nous faire part d'une information importante? Non? fait-il après l'avoir fixé dans les yeux un instant. Comme d'habitude, tu ne sers pas à grand chose à part faire chier les gens. Apparemment, dans tous les villages occupe un grand con, et il faut croire que dieu a décidé que ce serait toi. Ne te crois pas chanceux, la roue tournera et tout le monde rira de toi ensuite.

Lorsqu'il faut, Tucker a une manière de parler qui est tellement stricte et forte que ça me donnerait presque envie de me cacher derrière n'importe quoi pour lui échapper. Cole ne fait plus autant le malin que lorsqu'il était avec moi. Evidemment, quand un type solide comme un chêne prend la grosse voix, la brindille s'incline.

— Alors tu prends tes jambes et ta bite et tu te barres. Maintenant, surenchérit-il lorsqu'il voit que Cole ne bouge pas d'un iota.

Il s'exécute enfin, après avoir craché au sol. Je suis obligée de retenir Tucker par le bras pour ne pas qu'il aille lui mettre son poing dans sa gueule de chien.

— Ça ne sert à rien, laisse tomber. C'est un abruti, il n'attend que ça.

— Je supporte pas ce type. Tu as vu ce qu'il vient de faire? La prochaine fois que je le vois, je le brûle. Il t'a humiliée en faisant ça.

Tucker n'aime pas quand on crache sur les valeurs des autres, au sens propre comme au sens figuré. Je ne lui dis pas, mais ce n'est pas la première fois que Cole dépasse les limites. Je ne lui ai jamais dit parce qu'il serait capable d'aller brûler tout le domaine de son père. "Un ranch en bois, voilà quelque chose qui flamberait facilement" répète-t-il souvent lorsqu'il aperçoit Cole. Vous ai-je déjà dit que TD adorait faire des feux?

— Quand est-ce que tu retournes en forêt? lui demandé-je pour lui faire penser à autre chose.

Il détourne enfin son regard meurtrier de la direction dans laquelle est partie l'autre trou du cul et remet de l'ordre dans les pommes de terre pour se changer les idées. Tucker, mon Hulk préféré...

— La semaine prochaine. Avec les gars on s'est mis d'accord, avec les beaux temps qui arrivent, on y passe trois jours.

— Vous prenez les tentes?

— Ouais. J'ai hâte! On a prévu d'abattre une dizaine d'arbres et d'en replanter une trentaine. Ce sont les Patricks qui me les ont filés donc ça permettra de revégéter tout ça.

— C'est une superbe idée! Et nous qui en parlions la semaine dernière, en voilà une solution!

— J'ai pensé la même chose. A chaque arbre coupé, on en replante un après avoir dessouché la zone. Comme ça, on sauvegarde la biodiversité et l'exploitation devient durable.

— Je suis fière de toi, lui confié-je en le serrant fort dans mes bras. Ça va te faire du bien de t'éloigner de la ville.

Il ne me le dit pas parce qu'il en a honte, mais son oncle lui a encore pris de l'argent. C'est Odette qui me l'a confié ce matin pendant que mon meilleur ami était en train de faire le zouave au milieu de la place. Elle l'a vu en train de s'acheter une dizaine de paquets de cigarettes. Sa consommation pour la semaine. Ce type n'en a rien à foutre de lui faire du mal et c'est pour cela que Tucker tient autant à rester le plus loin possible de cette personne malsaine.

TD est la personne la plus souriante que je connaisse. Il est toujours celui qui cherche à me faire sourire lorsque je vais mal, qui me rassure quand je doute et qui est là pour moi quand j'ai besoin de conseils ou d'aide dans un domaine. Il ne mérite pas ça. Il travaille dur, il fait tout pour s'alléger la vie et cet homme malveillant croque à pleines dents dans l'argent qu'il peine à se faire.

Quand on le regarde sautiller au beau milieu de la place, dire bonjour aux passants qu'il ne connaît pas ou taper la discute aux vaches, on ne dirait pas qu'il a dû surmonter des épreuves qu'un enfant n'aurait jamais dû vivre. Mon meilleur ami a perdu ses parents quand il n'était encore qu'un enfant. Il a perdu les deux êtres qui le soutenaient et qui l'aimaient au plus profond de leur cœur. Il a perdu ses repères, ses rocs, ses piliers. Et la seule personne qui était là pour l'aider était son oncle, un ivrogne, qui n'a seulement été capable de lui offrir un toit sur la tête.

Rien d'autre.

Le reste, c'est lui qui est allé le chercher en s'ouvrant aux autres. Alors qu'il aurait pu se refermer sur lui-même et s'éloigner de toute socialisation, il est allé chercher l'amour des autres pour oublier sa détresse. Quel enfant aurait-il le droit de vivre quelque chose d'aussi atroce? Tucker est si fort que lorsque j'y pense, j'en ai les larmes aux yeux. Il est exceptionnel avec toutes les personnes qu'il croise et génère de la bonne humeur sans même se forcer à quoi que ce soit.

A la mort de mon arrière-grand-mère, il a su trouver les mots parfaits et exacts pour me faire aller de l'avant et parvenir à accepter la nouvelle. S'il n'avait pas été là, je ne sais pas si j'aurais pu m'en sortir aussi bien. D'après lui, je suis encore dans le déni mais il ne me juge pas. Il se contente de rester à mes côtés et de m'écouter lorsque j'en ai besoin.

Parce que c'est aussi ça, d'être un ami. C'est être une oreille attentive sans forcément se sentir obligé de faire un commentaire sur la situation. J'aime quand nous nous retrouvons sur mon lit et qu'il m'écoute parler, ma tête posée sur sa cuisse. J'aime qu'il me mette à l'aise avec tous les sentiments par lesquels je passe pendant ce début de deuil.

J'aime également qu'il me parle de son enfance, quand on ne se connaissait pas encore et que ses parents étaient toujours en vie. J'ai remarqué que contrairement à ce qu'on pourrait penser, il apprécie énormément partager ses souvenirs avec eux pour ne pas qu'ils périssent. Je trouve touchant qu'il les fasse vivre à travers ses multiples anecdotes qu'il me conte et qu'il le fasse toujours avec une force inouïe. Finn et Kate Donovan auraient été fiers du fils que Tucker est devenu.

Et je pense que Mamita serait fière de voir que nous parvenons à sortir la tête de l'eau. Je pense qu'elle serait heureuse de voir que Tucker est toujours là avec moi, quoi qu'il arrive. Je sais que de là où elle est, elle surveille mes faits et gestes et j'espère que j'arrive à la faire sourire. J'espère qu'elle est contente de voir qu'on ne lâche rien même si le quotidien n'est pas facile avec l'été qui approche à grands pas.

Sans doute voit-elle Marlon. Sans doute qu'elle se dit qu'il est désagréable et qu'elle ne reconnaît pas le garçon dont je lui avais parlé pendant des heures et des heures. Un soir, alors que nous prenions la tisane, je lui avais tout avoué concernant mon histoire avec Marlon. Elle savait qu'un garçon au nom de Marlon s'amusait à m'embêter parce que je pouvais m'empêcher de lui raconter mes mésaventures avec lui dès que nous retournions la voir pendant les vacances scolaires.

Mais elle savait aussi que j'avais un faible pour lui. J'avais été scandalisée qu'elle l'ai compris avant moi et qu'elle ne m'ait pas mis la puce à l'oreille avant. Parce qu'en réalité, j'étais amoureuse de lui. Mon voisin me mettait dans tous mes états à chaque fois que je le voyais et la seule manière que j'avais trouvée pour l'approcher, c'était de lui en faire vivre de toutes les couleurs.

Étant donné qu'il me le rendait bien, j'avais cru qu'il ressentait la même chose...

A en voir comment il se comporte avec moi à présent, nos sentiments ne sont décidément pas les mêmes. Il semble avoir envie de m'arracher la tête à chaque fois qu'il me croise. Nous n'avons pas les mêmes souvenirs passés ensemble dans nos pensées. Moi, je pense à notre première et dernière nuit ensemble à s'aimer et à se le dire par les gestes. Lui, me déteste. Il fait semblant de ne pas se souvenir de moi alors que nous nous sommes quittés en s'offrant une partie de l'un et de l'autre.

Sauf que ce qu'il ne sait pas, c'est que je suis partie en lui laissant cette partie de moi. Une partie de mon cœur est restée au Texas, sur ce vieux matelas posé à même le sol. A-t-il oublié ce que nous avons ressenti? A-t-il oublié à quel point c'était intense et à quel point nous nous complétions à la perfection? Je ne peux pas croire qu'il puisse jouer aussi bien la comédie en ma présence.

J'ai beau montrer que ça ne me fait rien, la vérité est que ça me percute en plein dans la poitrine. Et je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment.

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Alors? Est-ce que ce chapitre vous a plu? Je l'espère en tout cas! J'adore les moments Tucker/Perla ! Retenez bien Cole, il n'a pas fini de vous prendre la tête ! N'hésitez pas à me donner vos impression !

Je vous souhaite un bon week-end!💕

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