- Chapitre Vingt-Trois -
Even avait bien vite changé de sujet, abordant maintenant l'examen qu'ils venaient de passer, afin d'éviter à ses neurones d'être envahies par un certain blondinet. Le métisse se vanta d'avoir plutôt bien réussi, malgré ses lacunes en la matière, et le blond ne pouvait qu'être content pour lui. Au moins, la séance de révisions du week-end précédent aurait été bénéfique à son ami, contrairement à lui qui n'était même pas sûr d'avoir répondu à ne serait-ce qu'une question. Il n'en parla pas, pourtant, peu certain de vouloir penser encore une fois à Isak qui ne voulait pas le laisser tranquille, même le temps d'un examen. À la place, Even dit seulement qu'il verrait bien son résultat le jour venu — d'ici une paire de semaines, probablement. Ça ne l'empêcha malgré tout pas de frissonner à l'idée d'obtenir un zéro pointé.
Even avait demandé à Mikael d'éviter le parc, ne voulant pas prendre le risque de croiser Isak. Ce fut avec difficulté qu'il parvint à le convaincre — son meilleur ami ne voulait pas vraiment faire un immense détour, sachant que la maison de ses parents où il habitait toujours était encore assez loin — mais, merveilleux ami qu'il était, il finit par accepter. En revanche, le métisse regretta bien vite d'avoir cédé ; les deux garçons eurent le bonheur — ou le malheur, l'étudiant ne savait pas vraiment — de tomber sur Sana.
« Salut ! sourit-elle de toutes ses dents. Qu'est-ce que vous faites sur ce chemin ?
— H-hey, Sana, bégaya Mikael, provoquant un rire étouffé que le blond modifia en toux. On-on va juste...
— On rentre chez lui, finit Even pour son ami.
— V-voilà.
— Par ici ? C'est pas plus rapide en passant par le parc ?
— On était chez mon cousin, mentit rapidement l'étudiant.
— Quoi ? Mais pourquoi tu—, commença Mikael.
— Mikael se sentait malade, je le ramène, le coupa son ami, continuant son mensonge.
— Oh, c'est gentil à toi, dit la fille. Je dois filer, là, mais texte-moi pour me donner de tes nouvelles.
— Hein ? P-pourquoi ?
— T'es mon ami, non ? J'ai le droit de m'inquiéter pour toi, ricana-t-elle.
— D-d'accord, finit par accepter le métisse en souriant légèrement.
— On se voit plus tard, Sana. » urgea Even avant de tirer son meilleur ami par son épaule.
Ce dernier attendit que quelques dizaines de mètres furent parcourus pour se retourner vers Even en croisant les bras, un sourire en coin étirant ses lèvres.
« J'espère que ton cousin t'en voudra pas trop pour raccompagner ton ami malade chez lui ! »
Even leva les yeux au ciel. Il ne savait même pas pourquoi ce mensonge était né de ses cordes vocales aussi facilement et naturellement. Mais, au moins, ça avait permis à Mikael de se rapprocher un petit peu de Sana.
« Me dis pas merci, surtout.
— Pour quoi je te dirais merci ? Pour m'avoir fait ouvrir les yeux sur le fait que je suis très profondément enfoui dans la friendzone, comme on l'appelle communément ? blagua-t-il.
— On passe tous par là ! Et, au moins, tu sais qu'elle tient à toi un minimum, c'est un grand pas pour votre relation.
— Si tu appelles ce qu'on a en ce moment une relation, je ne sais pas comment tu appelles ce que tu as avec Isak, rit le métisse.
— J'ai rien avec Isak, Mikael, soupira Even. Parlons de Sana et toi, c'est plus intéressant, et plus drôle, aussi. »
Ce fut sous les rires de Mikael qui semblait bien prendre le fait qu'il était 'profondément enfoui dans la friendzone' qu'Even se rendit chez son ami.
****
Even courrait sous les cordes de pluie qui tombaient du ciel. Il venait de quitter le café où il avait travaillé jusque vingt heures et avait été surpris par un gros nuage gris. Comme par réflexe, il ralentit à la vue du parc. Pourtant, il n'y avait aucune touffe blonde à l'horizon. Cela ne l'empêcha pas de passer le portail qui faisait toujours ce bruit horrible. Il aperçut alors quelque chose de déposé sur le banc et qui devenait petit à petit gris à cause de l'eau qui s'écoulait. Il attrapa cette feuille de papier et tenta de lire les mots dont l'encre commençait à s'effacer à cause de la pluie.
'Je ne veux plus te faire du mal. Oublie-moi, c'est mieux ainsi. — Isak'
Ce garçon allait rester dans ses pensées pendant un long moment, on dirait.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro