~Défi n°6~
Et en même temps, quel être humain sensé, pauvre mortel à l'imagination si peu fertile, pourrait imaginer ne serait-ce que l'existence de telles créatures démoniaques ? Personne, bien entendu. Mais c'est sans compter les gens comme moi. Comment pourrais-je ignorer ces démons qui me rongent de l'intérieur ? Comment pourrais-je ignorer ces froides silhouettes tapies dans l'ombre ? Comment ? Comment, dites-moi ! Suis-je censée me laisser dévorer par ces carcasses dépourvues de vie et d'âme, les laisser me toucher, me manipuler de leurs doigts squelettiques ? Et les autres gamins qui pleurent et qui hurlent à cause d'un supposé bonhomme au nez rouge tapi sous leur lit ! J'aurais ri de bonheur si j'en retrouvais un sous mon lit. Ce n'est rien comparé à ce que j'endure toutes les nuits ! Ah, s'ils savaient ! S'ils savaient la terreur, les larmes salées et les sanglots retenus, de peur d'attirer l'attention des monstres ! Même la protection de ma couette et de mon doudou ne me rassure plus. Je gis, en pleurs, terrassée à la simple vue de ces ombres à ma fenêtre. En position fœtale, j'essaie de respirer, de ne pas laisser les ténèbres m'engloutir. Je veux hurler, mais ils m'entendraient et me dévoreraient. Je veux allumer la lumière, mais ils me verraient et me détruiraient. Je veux courir mais ils sentiraient la vibration de l'air autour de moi et m'engloutiraient. Je ferme les yeux, je voudrais les chasser de mon esprit. Mais ils sont partout. J'entends leurs rugissements à travers mes mains posées sur mes oreilles. Je vois leurs corps pâles et nus à travers mes paupières fermées. Je sens leurs morsures à travers ma couette. J'ai peur, je n'arrive plus à respirer. J'étouffe sous mes draps. Mais si je bouge, ils sauront que je suis là. Plus que quelques heures. Plus que quelques heures avant les premières lueurs de l'aube. Plus que quelques heures avant qu'ils ne partent. Ensuite, je pourrai à nouveau respirer. Mais pas longtemps. La nuit reviendra bien assez vite. La nuit revient toujours, plus violente et pénible à chaque fois. Chaque nuit, je souffre un calvaire. Chaque nuit, je vis dans la terreur, incapable de m'endormir tant qu'ils ne sont pas partis. Chaque nuit, j'ai peur. Mais pourquoi ? Pourquoi ai-je si peur alors qu'au matin je ne vois que des arbres à ma fenêtre, en ouvrant les rideaux ?
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