Une folle nouvelle court les rues depuis ce matin. Un homme se serait pendu depuis le ciel. On en verrait le cadavre rien qu'en levant le regard.

Sur une terasse, Aimé Bernier boit son café. Il a observé les foules se masser depuis le petit jour d'un oeil amusé. Les prêtres crient à un message du seigneur, plusieurs gentilhommes cherchent d'ou vient la supercherie et enfin Aimé rit doucement depuis sa table.

Il y a un pendu du ciel. Le paradis aurait-il à pleurer l'un de ses anges ? Commandant une nouvelle tasse de café Aimé sort son petit carnet et grifonne quelques mots. Quelques traits, un croquis. Pour la première fois de la journée il lève les yeux. Son doigt lève un crayon expert vers l'objet de la curiosité de la foule.

Sur la grand place Idice vent ses produits frais. Elle hurle pour attirer son client, elle maudit le cadavre volant de lui voler les regards. Cependant elle ne perd pas espoir. Le monde qu'il y a lui videra bien son stock de légumes.

Auda regarde vers le ciel les larmes aux yeux. Ce signe est du seigneur à coups sur ! Jamais rien ne pourra les sauver des malheurs qui suivront ce mauvais présage.

Loniel lance à la main tente de repousser les foules tandis que son chef d'escouade vocifère des mots qui se veulent rassurant mais qui dans sa bouche résonnent comme un amas de grossièretés.

Hitch, les pieds pendouillant dans le vide observe les gens du dessous. Ceux-ci sont bien stupides de croire voir un mort. Le pendu n'est rien de plus qu'un nuage, Hitch en est convaincue. Du haut de ses treize ans elle ose dire haut et fort que Dieu n'existe pas.
Pourquoi devrait-il exister ? Pour qui ? En tout cas il n'existe pas pour elle. À quoi bon ? Elle vit seule au froid dans la rue et la saleté. Ses parents boivent et elle préfère les éviter. Sa sœur lui prédit un avenir pareil au sien, une main pour la manche et une pour ces messieurs. Pourtant Hitch aimerait naviguer, un jour avant qu'on vienne lui taper les doigts elle avait effleurer une image bleue d'un livre. Une belle image sur laquelle on voyait beaucoup d'eau et somptueux grandiose un navire à la coque faite de bois de chêne aux voiles de lin et à la proue d'ivoire. Peu importe quand, jamais Hitch ne s'était imaginée astiquant de ses mains autre chose qu'un pont.

Le pendu là-haut. Bel et bien mort attendait qu'on le décroche. Qu'on le reconnaisse enfin ou jamais.

"Dieu fit l'homme à son image." Qui sommes nous ?