Oiolossë
- L'enfant dieu -
Mes yeux, je n'ai jamais vu depuis ma naissance et ce durant les douze années qui ont suivies. Vous en savez déjà beaucoup sur moi mais je vais continuer: ce n'est pas ma cécité qui me fera me plaindre, je ne suis pas ce genre de personne. Et pourtant une foule de gens sont déjà passé me voir pour s'apitoyer sur mon sort alors que comme disent les médias «je vous fixe de mon regard bleu glacé et si vous avez la chance d'entendre mon souffle il portera votre âme au summum du plaisir que puisse avoir tout homme». Dans mon pays, dans ce monde que je n'ai jamais vu je porte bonheur aux autres. Je suis devenu l'attraction des malades et des pauvres, chacun vient m'implorer de donner la richesse la gloire ou l'amour, je reste muet. J'entends, j'écoute et reste muet.
Quand je disais que ce monde n'avait jamais été exposé à mon regard j'ai peut être menti. La nuit je rêve de couleur, je rêve que je cours dans un bois, mais en fin de compte ce n'est pas moi qui cours, c'est un animal. Un animal que je ne connais pas car quand je me réveille je n'ai fait que voir par ses yeux et que je n'ai pu entendre que le gazouillis des oiseaux et son halètement saccadé par sa course. Je pense souvent que ce ne sont que des rêves mais j'aime imaginer que le monde ressemble réellement à cela.
Je vis dans ce que l'on pourrait qualifier de palace mais moi qui ne voit rien je ne saurais le dire. Mon guide dit que les murs sont rouges et décorées de moulures peintes d'or, que les vêtements que je porte sont blancs et que ma peau est aussi blanche que ma chevelure. Il dit aussi que ce que je mange est bleu et vert, jaune et noir, rose et brun, il dit que mon lit est beau, tout entouré de bougies que les serviteurs remplacent et allument que je sois la ou pas, que ce même lit est couvert de la plus douce des couvertures que le pays possède. Mon guide est en fin de compte mon seul ami, qui voudrait être ami d'une réincarnation divine? Lui il me parle comme si nous étions égaux et je lui en suis reconnaissant car même si je crois en les dieux je ne pense pas en être un, si j'en étais un je vivrai en haut et non en bas et d'un seul geste je m'enlèverai cette cécité.
Pourtant pour le monde je suis bien la réincarnation de «Valassë Wilya Alasaila Oiolossë», le dieu aveugle de la glace eternelle au coeur blanc en Quenyan Elfique ou comme disent les petites gens "Oiolossë": celui qui n'a aimé aucune femme, celui qui voit par les yeux des albinos, celui qui apporte la neige crache des flammes blanches plus terribles que la chaleur et celui qui ne ressent jamais le froid.
J'ai toujours vécu au chaud, je ne sais pas ce qu'est le froid, les femmes sont interdites de m'approcher à plus de 10 mètres et je n'ai jamais rencontré d'albinos de toute ma vie mis à part moi. Le nom qu'on me donne est "le dieu vivant" le nom que me donnât ma mère est «Essë nostes ho noruhuinë»: il renaîtra dans l'ombre en elfique la langue des ancêtres de ma mère.
Les elfes blancs ou noirs ont disparus, tous sont partis vers les pays de leurs dieux. Ces immortels libres et légers dont je rêve souvent ont disparus, encore une fois c'est ce que l'on m'a dit, je n'en ai rien lu je n'en ai rien vu de moi même. Un jour j'espère qu'on m'enlèvera de ce lieu où l'on tente de me faire grossir et ou l'on m'enferme pour servir les petites gens qui désirent recevoir une bénédiction.
J'aurais aimé penser que tout était mensonge, que je n'étais rien dans ce monde, que les gens mentaient en me disant que j'étais albinos, j'aimais imaginer que chaque jour c'étaient les mêmes personnes qui venaient me voir. Je l'espérais, car cela m'aurais sans doute soulagé d'un poids mais la vérité était la, les médias ont balayés ces espérances d'un seul coup de micro. Il a suffit d'une interview pour que je comprenne que ma famille n'était pas capable de produire une telle chose. Et puis chaque jour, les voix les odeurs, les histoires, les malheurs: tous différents. Chaque jour un repas, une tenue différentes, chaque soir dormir dans un lit parfaitement douillet, tout les jours le bruit d'une foule qui se presse a mes portes et les cours des meilleurs précepteurs du monde. Grâce à cette vie je parle plus de dix langues différentes, je connais la géographie du pays sans n'avoir jamais vu une seule carte et m'exprime mieux que certains rois.
Moi je sais que je ne suis pas fils de cette femme qui se prétend être ma mère, je sais aussi que je ne veux pas porter le nom d'un dieu, je veux porter mon nom. Celui que mon âme sœur me suis donnera, et si cette âme sœur n'existe pas alors je me forgerais ma propre vie, je ne veux pas vivre dans l'ombre d'un Dieu que je ne pense pas être!
Comme le dit mon mestre je ne suis qu'un enfant et quand je grandirais et que je cracherais des flammes blanches, là alors je me souviendrais de mon sang divin. J'espère devenir un homme avant de me souvenir que je suis un Dieu, pour vivre tel un être humain.
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