À paris...
Je suis inscrite au concours de sapetinette .
Pour la première épreuve, le sujet est la découverte d'une grande ville : Paris.
Ah ! C'est un texte humoristique, aussi. Alors, souhaitez-moi bonne chance pour faire preuve de mon humour inexistant !
Il était une fois, une jolie petite fille, insouciante et belle, qui vivait dans un magnifique château, avec de magnifiques parents et une magnifique licorne. Elle aimait les arcs-en-ciel et danser. Le soir, elle se laissait glisser sur la rampe des escaliers, avec grâce, et partait jouer dans l'herbe. Les étoiles brillaient et se reflétaient dans un grand lac, et de jolis oiseaux non identifiés y flottaient. Puis elle caressait le rhododendron du jardin et...
Non ! Déjà, je déteste les licornes et les arcs-en-ciel. En plus, l'endroit où je vis est loin d'être un château ! Avant, je vivais dans un coin perdu de la France, au milieu de... rien. Maintenant, c'est un minuscule appartement, à Paris. Et il n'y a même pas de rhododendron !
Ensuite, lorsque je regarde par la fenêtre, je ne vois pas d'étoiles, parce que cette ville est tout le temps lumineuse et réveillée.
Je me lève, et sort de ma minuscule chambre, pour pénétrer dans la minuscule cuisine, où je dégusterais un minuscule... non, un énorme petit-déjeuner. Mes parents dorment encore. Ils dorment tellement que parfois, je me demande si ce ne sont pas des ours-hiberneurs transformés en humains.
Je fouille dans les placards. Comme d'habitude, il n'y a rien à manger, cela aurait été trop beau !
Alors je m'habille parce que, non, je ne suis pas du genre à rester en pyjama toute la journée dès que j'en ai l'occasion.
Une fois prête (coiffée, habillée et tout le reste), je sors de l'appartement et descend dans la cour de l'immeuble. D'ici, je peux voir les rues, et même un peu la Tour Eiffel. Je me demande une fois de plus pourquoi tant de gens viennent voir ce gros machin de ferraille tout moche, à quoi ça sert ?
– Julie ! Qu'est-ce que tu fiches ? Reviens immédiatement !
Voilà. Maman est réveillée. Elle crie par la fenêtre, comme une folle. En réalité, je ne l'entends pas, avec tout le vacarme de la rue, mais je lis sur ses lèvres. Et puis, de toute façon, tout les matins, c'est pareil, alors je commence à m'habituer.
Je suis à Paris depuis une semaine. Ce sont les grandes vacances, et je ne suis pas sortie depuis que nous sommes arrivés. Après tout, il faut ranger l'appartement, défaire les cartons...
En remontant les escaliers (hors de question de prendre l'ascenseur ! Ce truc est vraiment trop bizarre...), je croise une vieille dame. Elle me dit quelque chose, mais je ne comprends pas bien... son chien est mort dans son bain ? Je pouffe, les gens d'ici sont ridicules.
Je me plante en plein milieu de la cuisine, devant ma mère. Elle me fusille du regard, je la fusille du regard, nous nous fusillons du regard.
– T'es qu'une enfant, t'as rien à faire dehors.
Je ne réponds pas. C'est ma mère. Je sais que, quand elle aura terminé sa tirade, elle m'enverra jouer... dehors.
– Hein ? En plus j'suis sûre que t'as rien bouff... mangé ce matin, hein ! Tu devrais faire comme ton frangin, lui il est obéissant. C'est un vrai bon enfant, lui.
Normal. Il est même pas né, mon frère. Il est encore dans le ventre de ma mère, au chaud.
D'ailleurs, ça me rappelle que je ne serais plus la plus jeune de la famille. Cette idée me plait tant que je souris.
– Puis va réveiller ta sœur. Toujours en train de dormir, elle...
Je ne réponds toujours pas. Je m'en vais dans la chambre de ma grande sœur. Quatorze ans, geignarde, insupportable. Une sœur, tout simplement. J'allume la lumière, ouvre les rideaux, les fenêtres, les volets et repars.
Puis maman me rappelle. Son air doux m'exaspère à la seconde où je pénètre dans la cuisine.
– Prepare-toi, chérie. Aujourd'hui, je vous emmène à la Tour Eiffel.
Maintenant ? Eh bien, d'accord. J'enfile mes chaussures (je les avais enlevées entre temps).
•••
Il fait beaucoup trop chaud ici ! Ma sœur marche près de moi, le nez collé sur sont téléphone. Un sourire se forme. On s'ennuie beaucoup trop. Il faut agir. Je me décale, de façon à pousser légèrement mon aînée. Il faut être discrète, sinon elle risque de me crier dessus, même en plein milieu du trottoir.
Prochain lampadaire à trois mètre.
Deux mètres. Il faut encore se décaler, juste un peu.
Un mètre. Parfait.
BING ! Elle se prend le poteau en plein fouet. Son smartphone vole dans les airs, et elle se retrouve les fesses par terre. Il faut dire que nous marchions vite pour ne pas perdre maman de vue, alors elle avait pas mal d'élan.
Je me force à ne pas rire. Mais, quand elle me regarde, je ne peux m'en empêcher. Sonnée, elle porte sa main à son front. Déjà, une bosse s'y forme. Je suis secouée de rires, si fort que je dois tenir mon ventre.
Les passants nous regardent, curieux. Leurs têtes quand ils découvrent ce qu'il s'est passé m'enfoncent encore plus dans mon fou rire.
Ma sœur me fusille du regard. Maman nous attend un peu plus loin. Je suis sûre qu'elle reste à l'écart pour faire croire qu'elle ne nous connaît pas.
•••
Il y a beaucoup de monde, sous terre. Ils courent dans tous les sens, comme des fourmis. Et puis il y a ces trains étranges, bruyants et effrayants. Je n'aime pas vraiment ça. Sur une vitre, j'observe un petit lapin rose, les doigts coincés dans la porte du train : « Attention, tu risques de te pincer très fort ! ».
Je ne suis pas un lapin rose. Donc je n'ai aucun risque de perdre mes doigts. Tout va bien.
•••
Enfin, nous arrivons à la Tour Eiffel.
– Susie, ta bosse est énorme, je souffle.
Ma sœur me donne un coup de coude furieux, pour me faire taire.
Aucune chance. Il va bien falloir passer le temps : la queue pour monter à la tour est presque infinie.
– Moi j'ai faim. Je prendrais bien une glace pendant que maman fait la queue.
Stand de glaces ? Ok. Garçon mignon à côté ? Ok. Ventre qui gargouille ? Ok. Soif intense ? Ok. Argent de maman ? Ok.
Tout est prêt.
Sans discuter, maman nous laisse aller chercher des glaces. Je prends une boule au chocolat, enfoncée dans un cornet. Susie prend menthe.
C'est là que doit intervenir le garçon mignon. Je sautille dans tous les sens, la nourriture dans la main. Je la secoue dans tous les sens. Jusqu'à l'envoyer dans les airs. Avec un peu de chance....
La glace au chocolat s'écrase sur le T-shirt du garçon. De toute façon, je n'ai jamais aimé ce parfum.
Il lève les yeux, surpris. Son regard croise le mien. Vite, je commence à prendre une moue déconfite. Puis je réussis même à faire couler une larme.
Mais Susie n'en a rien à faire. Elle reste figée, la bouche ouverte, avec sa grosse bosse. Le garçon inconnu mais mignon s'approche, et je me fais toute petite.
– Vous n'aimiez pas mon T-shirt, c'est ça ? Bah merci pour la déco, mais, sérieux, vous pourriez prévenir au moins.
Pfff... son humour est tellement nul. Mignon mais débile. C'est tellement bête, il aurait pu être intéressant.
Susie reste silencieuse. Je crois que son cerveau est parti à la plage.
– Je... Elle... C'est sa faute !
Merci, c'est sympa. Tu vas voir, grande sœur, ma vengeance sera terrible.
– Alors, p'tite, pourquoi t'as sali mon T-shirt, hein ? Tu veux le repayer ?
– Nan. Je suis désolée, j'ai pas fait exprès.
– Hum...
– Mais, de toute façon, c'est pas très grave. On a la glace pour ma sœur. Tout à l'heure, elle s'est prit un poteau. Et t'as vu la taille de la bosse ? On dirait qu'un éléphant s'est incrusté sur son front !
Net, clair, précis. Ma vengeance, je la savoure avec délice.
Susie est choquée. Le garçon sourit, puis pouffe.
– Ouais, au moins un éléphant.
Et il s'en va.
•••
Enfin, nous arrivons devant le guichet. Puis l'ascenseur. Maman et Susie me poussent à monter dans cet engin. Je regrette beaucoup d'avoir cédé.
Puis nous arrivons au dernier étage. C'est vrai que la vue est belle. Je me sens presque aussi grande que la bosse de Susie.
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