Quelques étoiles décoraient la voûte céleste, une douce brise fraîche caressait les branches des arbres. J'entendais le sifflement des feuilles dans le vent, la longue complaintes de l'automne. Toujours assis sur le rebord de ce pont, mes jambes jouant dans l'air en faisant de doux vas et viens régulier. J'avais le regard perdu sur l'horizon, solidement agrippé à la matière pour éviter une chute mortelle. Sous mes jambes s'ouvrait tel une bouche béante, un énorme précipice fait de rocs et de terre sèche. Avec la profondeur que l'on pouvait voir, on pouvait facilement deviner que personne ne survivrait à une telle chute. Personne ?
Mon corps se redressa, la lune semblait m'envoyer toute sa lumière pour me guider. Je levais une jambe, que je dressais face à moi, en équilibre sur une jambe je me laissais basculer vers l'avant. Le poids de mon corps m'attira dans le précipice où je plongeais à vive allure. Le vent cette fois-ci, me foutait violemment le visage, j'avais écarté les bras pour profiter pleinement de mon ascension. Mes yeux étaient fermés, je me rapprochai de plus en plus du sol. Soudain le moment du choc arriva.
Un long silence s'installa dans la plaine, sauf pour la l'automne qui persévérait à chanter dans la nuit.
Mes yeux s'ouvrirent de nouveau, examinant mes parties du corps. J'étais toujours en vie, et sans aucune blessures. Pourquoi ne pouvais-je simplement pas mourir ? Comme tout humain normal. Allongé sur le sol, un petit cratère en cercle autour se moi, je comptais les étoiles. Je tendai ma main vers elles.

" Emmenez moi ..."

Je me plongeais dans la complainte de l'automne.

" Je veux voler moi aussi."

Je posais ensuite ma main sur mon torse qui se mouvait comme habituellement à un rythme régulier. Je sentais mon coeur battre. Comme depuis toujours, sans arrêt. Me décidant à me relever je gardais le regard perdu dans le vague. Pourquoi n'avais-je pas le droit de mourir comme n'importe qui ? Mes vêtements s'étaient déchirés, mais moi j'étais complètement lisse, aucune marque ne tâchait ma peau blanchâtre.
Cela faisait trop longtemps que je continuais à vivre dans ce monde vide et inutile. Je voulais juste disparaître, je ne comprends pas pourquoi je n'y avais pas droit. Des millions d'adolescents en dépression se suicident tout les jours, pourquoi moi je ne pouvais pas ? Je ne comptais même plus mes années tant c'étaient un grand nombre, je ne me souviens même plus de mon enfance. Ai-je été enfant ? Avais-je des parents ? Ai-je réellement besoin de vivre ? Seul ? Comme depuis ces centaines d'années. Mon regard s'obstinait à fixer les lueurs blanches dans le ciel noir.

" Laissez moi partir par pitié ... "