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La force des mots

"Qu'on l'amène !" claqua la voix de la Reine, comme un coup de fouet sec.

Étalée confortablement sur son trône d'or chatoyant, elle se laissait aller à la paresse au fil de cette interminable journée. Ses riches vêtements de soie rouge pendaient aux accoudoirs, et seul son regard dur, renforcé par le collier en diamant qui ornait son front, laissait supposer que la Reine n'était pas encore prête à s'abandonner au sommeil.

Elle s'ennuyait, et l'ennui l'agaçait.

Les gardes s'activaient à satisfaire sa demande : les lourds battants de cuivre s'ouvrirent avec lenteur, sur deux robustes hommes d'armes. Ils encadraient une femme vêtue d'une simple tunique bleue, sale et poussiéreuse. Des fers au pieds, elle ne parvenait pas à suivre le rythme imposé par les soldats. Ils la traînèrent sans pitié sur le sol de marbre avant de la laisser tomber au pied du trône.

La souveraine se redressa sur son dossier, considérant un instant la minable chose à ses pieds. Elle devait être bien optimiste pour avoir espéré en tirer quelque valeur.

"Toi." commença la Reine en la désignant d'un index autoritaire. "On m'a dit que tu étais une artiste."

La prisonnière leva son regard vers la souveraine, et sa force contrasta immédiatement avec son aspect misérable. On pouvait y lire un profond désir de survie, de se battre becs et ongles pour sa dignité, ou ce qu'il en restait.

Sa voix coula, claire comme l'eau d'une source :

"Artiste je le suis, mais ce n'est pas par choix.

Je fus jadis maudite, et le regrette bien.

C'est le Destin qui fait que devant vous je chois

Dépouillée de mes rêves, et de tous mes biens."

Déstabilisée par son ton chantant, la Reine étala un rictus méprisant sur ses lèvres, avant de pester :

"Qu'est-ce donc que cette plaisanterie ? Ne pouvez-vous pas vous exprimer normalement ?"

Un curieux sourire fugace passa sur le visage de la Poétesse, avant qu'elle ne reprenne :

"Hélas ! Il s'agit du sort dont je vous parlais.

Douze pieds seulement, me sont autorisés

De l'hiver pétrifiant, jusqu'au brillant été.

Et ceci pour toujours, durera à jamais."

La colère quitta alors le champs des sentiments de la Reine, pour laisser place à une terrible envie de moquerie envers cette pitoyable créature allongée à ses pieds. Elle laissa échapper un rire gras, puis reprit :

"Comme c'est cocasse ! Une gueuse qui ne s'exprime qu'en vers ! Eh bien, Poétesse, je te propose un marché. Divertis-moi de façon satisfaisante, et je te laisserai la vie sauve."

Les prunelles de la Poétesse s'allumèrent d'une lueur d'intelligence soudaine, quand elle rétorqua :

"Vous divertir, je pense que j'en suis capable.

Gageons que l'histoire que je vais vous conter

Sera à vos oreilles, moins douce qu'une fable

Et que vous ne cesserez de la ressasser."

La Reine leva un sourcil, clamant d'un ton hautain :

"Voilà de bien orgueilleuses prétentions, de la part d'une pauvresse. Sache que jusqu'ici, j'ai fait exécuter tous les prétendus artistes qui se sont présentés à ma cour. Votre pays barbare n'a donc aucune espèce d'intérêt, semble t-il...Même pas pour un brin d'amusement."

"Jugez par vous-même, ma Reine, et écoutez

L'histoire d'un prince, déchu, abandonné.

Perdu au fin fond de l'Arabie, solitaire

Vite oublié de tous, mais surtout de sa mère."

La Poétesse avait accentué le dernier mot, plantant son regard comme un poignard dans celui de la Reine. Celle-ci eut un mouvement de recul, et porta la main à sa bouche, choquée. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits, et balbutier sans vraiment y croire :

"Mensonges ! Tu n'as pas pu rencontrer le Prince !"

Ce fut au tour de la Poétesse de s'amuser de la situation. Cette fois-ci, un franc sourire persistant étirait ses lèvres, tandis qu'elle déclamait la suite de ses poèmes :

"Encore une fois je vous laisse seule juge

Est-ce bien le Prince qui a trouvé refuge

Dans mon village que vos soldats ont brûlé

Répondant, je crois bien, au doux nom d'Amédée ?"

La colère revint avec force dans l'âme de la Reine. Elle se leva brusquement de son trône et franchit en un éclair la distance qui la séparait de la conteuse, prête à l'étrangler de ses mains. Elle la bouscula alors que l'artiste gisait encore à terre, effrayée d'une telle démonstration de violence. Quand la Reine reprit la parole, ce fut en hurlant sa rage :

"Comment connais-tu mon fils ? Où est-il en ce moment ? Parle, parle ou je te jure que je te fais écarteler le plus lentement et le plus douloureusement possible !"

Prostrée au sol face à la Reine qui la dominait de toute sa hauteur, la Poétesse se permit tout de même une provocation, poussée par sa fierté :

"Alors supposons que j'aie votre attention

Eh oui mon histoire touche à votre maison.

Vous pouvez bien me torturer à votre guise

Votre souffrance me sera bien plus exquise."

La Reine ne pouvait pas en supporter plus : elle hurla comme une furie, appelant sa garde :

"Tu l'auras voulu ! Tu retournes aux geôles, là ou est ta place. Ce soir, devant le palais, le public se réjouira de découvrir la couleur de tes entrailles."

Alors que les hommes en armure de cuir s'approchaient, impitoyables, la Poétesse fit une ultime tentative pour sauver sa vie :

"Une si brillante Reine aurait dû comprendre

Que l'unique chance de retrouver son fils

Résidait encore dans le fait de m'entendre

Sinon mon secret me suivra dans les abysses."

Ses derniers mots avaient été précipités, hachés par la panique. Les soldats l'emmenaient déjà quand la Reine leva sa paume, ordonnant :

"Il suffit. Ramenez la. Je dois finir d'écouter ce qu'elle a à me dire."

Ses jambes n'ayant plus la force de la porter, la Poétesse fut traînée de force une fois encore devant la Reine, mais cette fois-ci les gardes restèrent pour la maintenir en place. La rage froide et sourde se lisait dans les yeux dans la Reine quand elle exigea pour la dernière fois :

"Parle, c'est ta dernière chance. Si tu ne m'es pas utile, après ton injure, je n'aurais aucun regret à te jeter dans le trou où tu appartiens."

Alors, la Poétesse leva ses yeux, et décida d'asséner son poème comme on porte un coup :

"Que mon malheur devienne le vôtre, j'en rêve !

Depuis que la désolation s'est jetée

En Arabie, au cœur même de mon foyer

Que ma révélation, soit pour vous un glaive !"

La Reine supporta mal ce dernier affront. Elle tira la dague qui dormait au creux de ses jambes et la plaça sous le cou de sa prisonnière, prête à franchir le pas.

"Si ton prochain fichu poème ne me dit pas ce qu'il est advenu de mon fils, je te jure que ce sera le dernier qui sortira de ta bouche." susurra t-elle en se délivrant de sa haine.

"Tuez-moi si vous le voulez, je n'en ai cure.

Ma raison de vivre vous l'avez déjà prise

Vous avez fait tuer votre progéniture

Et le seul homme qui ne m'ait jamais conquise"

La Reine figea son mouvement, lâcha son arme qui retomba au sol dans un tintement métallique cristallin. Qu'avait-elle fait ?...Le pillage qu'elle avait ordonné, son fils adoré qui avait fugué quelques jours plus tôt s'était-il vraiment trouvé au milieu du carnage ? L'avait-il fui, elle, pour tomber entre les griffes de son armée ?
C'était entièrement de sa faute. Tout était de sa faute.

La souveraine se laissa tomber au sol, assise face à la Poétesse qui semblait se repaître de son malheur. Mais la Reine n'avait même plus la force de lui en vouloir. Elle fixa l'artiste dans les yeux avec pitié, vidée. Qu'allait-elle faire de cette femme ?

La Poétesse lut la détresse dans les yeux de la Reine, et décida de proposer un dernier poème :

"Mon Art ne me permet pas de le ramener

Mais je pourrais, moi, toujours en vers vous conter

La sincère personne qu'au fond il était

Cela évidemment si vous le permettez"

Depuis, la Reine a oublié sa volonté d'exécuter la Poétesse. Elle se laisse décrire son fils en poésie tous les soirs, et malgré sa douleur elle apprécie de découvrir toujours un peu plus une facette différente du fils qu'elle a aimé, et perdu par sa faute.

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