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Âmes soeurs

"Tony ? Hé, Tony ! Allez, t'as assez dormi ! On va être en retard !"

Encore un peu... Encore un peu de sommeil...

Il déteste qu'on le tire du lit de cette manière. Sauf que cette fois-ci, Lise est tenace. Elle revient à la charge :

"Allez, bouge-toi Tony ! Je t'ai déjà prévenu y'a dix minutes..."

"M'appelle Anthony..." marmonne t-il, l'esprit encore à moitié endormi.

"M'en fiche ! Sors de ce lit, que je puisse me préparer, ou sinon je t'appelle Tony pour le reste de ta vie !"

Le ton menaçant contraste avec la bénignité de l'ultimatum. Mais elle est comme ça, Lise. Incapable de faire du mal à une mouche.

"La salle de bain est à huit mètres ! Tu peux me laisser..."

"J'y suis passée, à la salle de bain, déjà ! Sauf que la cuisine, c'est douze mètres. Tu devrais le savoir, ça fait au moins la centième fois que je te secoue !"

"Parce que tu manges, ce matin ?" se plaint Anthony, la bouche pâteuse.

"Je vais pas y aller le ventre vide, t'es fou ! Et puis on doit aller régler nos papiers d'assurance, après !"

Le gémissement qu'émet Anthony n'attire pas la pitié de Lise. Elle est bien trop préoccupée par cette matinée.

"Grouille toi !"

Son ordre claque comme un fouet, et Anthony sent qu'il est sur le point de dépasser la limite. Alors, il se lève avec l'entrain d'un escargot et rassemble quelques affaires pour s'habiller.

La dispute à propos de la distance qui séparait les pièces était effectivement une constante dans leur vie. Anthony et Lise étaient ce qu'on appelle des âmes sœurs. Incapables de s'éloigner l'un de l'autre de plus d'une dizaine de mètres, sans subir des contrecoups extrêmement douloureux.

Il est donc forcé de la suivre dans le moindre de ses mouvements, et vice-versa. A vrai dire, étant donné le caractère de Lise, Anthony la suivait plus souvent que le contraire.

Il se représente sa vie comme celle d'un boulet accroché à une pile électrique infatigable.

Il traîne les pieds jusqu'à la cuisine afin de la rejoindre.

"C'est pas trop tôt !" lâche Lise dès qu'elle constate qu'il s'est enfin levé.

"Je vais jamais avoir le temps de me laver, moi..." se plaint Anthony en arrivant.

Le regard assassin de la jeune femme stoppe sur le champ toute autre contestation.

"Tu portes ça pour mon entretien ?" l'interroge t-elle avec une moue boudeuse.

La tenue de son compagnon laisse en effet à désirer. Des taches de café constellent tout le haut de son T-shirt blanc, et des trous ont éclos à des endroits aléatoires de son pantalon.

"Bah, c'est pas moi qu'ils embauchent !" répond-il du tac au tac.

Lise lève les yeux au ciel :

"Tu pourrais au moins faire un effort de présentation pour moi ! Tu sais, les recruteurs s'intéressent aussi beaucoup aux âmes sœurs, s'ils sont vraiment incompatibles avec le boulot..."

"Ça va !" la coupe t-il "Ils vont pas abuser non plus, tu postules pas dans une centrale nucléaire, tu veux entrer dans un journal minable !"

La remarque semble heurter Lise, qui prend quelques secondes pour mâcher sa réponse :

"En tout cas, quand tu te seras décidé à postuler quelque part, toi, préviens moi, je serais capable de faire un effort de présentation pour te rendre service, moi."

Le ton qu'elle avait employé était plus acide qu'elle ne l'aurait voulu. Mais elle était sincère tout de même. Et Anthony le savait.

Il savait qu'il avait déclenché sa Réponse. La Réponse, c'est la sincérité forcée qu'on est forcé d'adopter quand quelqu'un nous adresse une remarque également sincère.

C'est un phénomène étrange, que personne n'a su comment expliquer, pas plus que celui des âmes sœurs.

Et il pourrit la vie d'Anthony chaque jour qui passe. Le fait qu'il sache que Lise pense vraiment ce qu'elle vient de dire le touche plus encore que la brutalité de ses réponses. Il la pousse trop souvent dans ses retranchements, et elle en est malade. Ça se sent.

Lise termine son petit déjeuner frugal tandis que son binôme reste planté là, sonné par son reproche glacial.

"Allez, on y va. J'ai pas envie de débarquer en retard."


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Lise pense qu'elle en a un peu trop fait. Certes, elle aimerait bien que son âme sœur se bouge un peu dans sa vie. Mais elle a la curieuse impression que ses remontrances le blessent plus qu'autre chose. Et lui donnent encore moins l'envie de se motiver. C'est un cercle vicieux malsain... La vie forcée à deux n'a rien de facile, surtout quand on est obligé d'être honnête l'un envers l'autre. Le problème ne date pas de ce matin.

Pour se changer les idées, elle décide d'allumer le canal de télévision intégré à sa voiture. Ainsi, elle n'aurait peut-être pas à y penser pendant son trajet.

L'écran en hologramme apparaît dans un flash de lumière bleue.

Il représente un laboratoire, occupé par des scientifiques en blouse qui manipulent des substances chimiques dans des récipients en verre.

Au premier plan, une femme aux longs cheveux blonds attachés en queue-de-cheval s'affaire et semble intriguée par quelque chose qui lui fait face.

"C'est nous !" s'écrie t-elle, à l'adresse d'un homme qui se tient en retrait, assis sur une chaise derrière elle. "On passe !"

"Oh non, pas ça !" râle Anthony. "C'est du voyeurisme, c'est dégueulasse !"

"Mais non, c'est intéressant ! On regarde comment les autres s'en sortent, c'est tout..." répond Lise, son intérêt partagé entre la route et l'écran.

"Coupe-moi ça !"

"C'est ma voiture !" fait-elle remarquer pour clore le débat.

Elle reporte le regard sur l'écran. Depuis des dizaines d'années, le gouvernement avait décidé de filmer la vie d'inconnus et de la diffuser en direct sur un canal accessible à tout le monde. La mesure était censée aider les gens à trouver des exemples de vie dans la société. Anthony détestait cette idée, probablement parce que cela le forçait à faire des efforts pour s'insérer.

"Vous tombez bien, chers téléspectateurs ! Nous travaillons justement à l'élaboration d'une substance chimique qui permettra aux âmes sœurs de s'éloigner les unes des autres ! Heu, Henry, tu veux bien m'apporter la caisse ?"

L'homme en retrait se lève avec un petit soupir, et s'exécute sans entrain. Lise n'a aucun mal à l'identifier à Anthony.

"Ce n'est qu'un prototype, mais on a déjà plusieurs flacons du produit ! Les premiers tests sont plutôt encourageants, même s'il faut rester prudent..."

"T'imagines, s'ils réussissaient à faire disparaître le lien entre les âmes sœurs ?" évoque Lise, enjouée.

"T'en rêves, hein ?" lui adresse Anthony, dépité.

"Non, c'est pas ce que je voulais dire... Je..."

"Ouais, ouais."

Il détourne le regard, et Lise sent qu'elle vient à nouveau de le blesser sans le vouloir. Chaque fois qu'elle essayait de préciser sa pensée, les choses empiraient. Alors, elle s'arrête là.

Derrière l'écran, les choses s'accélèrent. Les messages des téléspectateurs affluent en masse.

"Testez-le." semble être devenu le nouveau mot d'ordre.

Très gênée, la scientifique bredouille :

"Comme je l'expliquais, il ne s'agit que d'un prototype, il n'est pas prêt pour les tests humains et..."

Mais la vindicte populaire ne l'entend pas de cette oreille. La demande est telle qu'un membre du gouvernement apparaît en personne, en direct pour demander que le test soit mené.

"Tu vois, je te le disais, c'est malsain cette histoire." remarque Anthony.

"C'est vrai, la pauvre..." admet Lise.

La mort dans l'âme, la scientifique est forcée de s'exécuter. Elle et le dénommé Henry se couvrent les bras de la substance contenue dans les flacons qu'elle présentait, puis s'éloignent l'un de l'autre, le regard inquiet.

Ils franchissent la limite fatidique des dix mètres, et attendent, tendus. Lise a du mal à décrocher les yeux de la route, fascinée.

Si cette expérience marchait...

Mais bien vite, Henry est pris de violentes convulsions, suivi la seconde d'après par sa compagne. Ils s'écroulent au sol, et leurs collègues doivent intervenir pour les rapprocher.

"Que des tarés qui regardent ce genre de trucs..." peste Anthony entre ses dents, dégoûté.

Perturbée, Lise coupe la transmission et se concentre sur sa conduite. Qu'avait-elle cru... ?

Qu'il y avait un remède ?

Il faut s'y faire. Ils vivraient comme ça jusqu'à la fin de leurs jours.


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"Tony, allez ! Montre-toi !" geignit Lise, au bord des larmes.

Leurs parents les avait autorisés à se promener dans la petite forêt qui bordait leur quartier. Sauf que c'était l'occasion pour Anthony de s'y dissimuler.

"Tony, s'il te plaît ! J'ai peur, toute seule !..."

Un regard jeté au hasard de la fillette l'informa de la position de son ami. Il s'était posé derrière une grosse souche d'arbre, profitant d'un instant d'inattention de sa part.

"Tony, qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu réponds pas ?"

"J'm'appelle Anthony." déclara simplement le garçonnet, la tête enfouie dans ses mains.

"Mais c'est pas grave, ça !" fit la petite fille, un sourire radieux accroché aux lèvres. "C'est juste un surnom ! C'est parce que je t'aime bien !"

La sincérité débordait de sa déclaration.

Des larmes de rage coulait des yeux de son compagnon.

"Moi j't'aime pas !"

Le choc fit reculer Lise de quelques pas. Plus que la violence du cri, c'est l'assurance de la vérité de sa réponse qui frappa son âme.

"Pourquoi j'suis obligé de vivre avec toi ? J't'ai pas choisie ! C'est pas juste, d'abord !"

"Oh, Tony..." commença Lise, avec sa voix la plus douce.

Les larmes creusaient des sillons dans ses joues, brûlantes.

"Nan ! J'm'en fiche ! J'veux plus te voir !"

Le gamin se leva d'un bond et se mit à courir, du plus vite qu'il put. Il avait laissé la petite Lise sur place, mortifiée.

Il s'éloignait, toujours plus loin... Trop loin !

"Non ! Reviens ! Anthony ! Tu vas nous faire mal !"

Le désespoir déchirait la voix de la fillette, qui se mit à courir pour tenter de le rattraper. Mais Anthony était bien plus rapide. Bien plus endurant.

Qu'était-il en train de faire ?... Voulait-il en finir ?... Et elle, alors, dans tout ça, il y pensait ?

Lise ne pouvait voir que le dos de son ami s'éloigner, secoué par des mouvements saccadés.

Un point de côté germa sous son estomac, douloureux. Elle fut forcée de ralentir, et les tremblements commencèrent, incontrôlables.

Ses jambes avaient lâché. Des spasmes de souffrance la saisissaient, et elle était incapable d'émettre autre chose qu'un cri ininterrompu.

Elle sombra dans l'inconscience peu après.


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Pourquoi pense t-elle à cela maintenant ? Cet épisode de sa vie... Leurs parents les avaient retrouvés quelques minutes plus tard, étendus sur le sol. Ils avaient été alertés par les cris. Les médecins avaient affirmé que quelques minutes de plus auraient suffi pour laisser des séquelles à vie.

Depuis, Lise en avait toujours voulu à Anthony. De l'avoir abandonnée. De ne pas avoir lutté jusqu'au bout.

Aujourd'hui même résonne l'écho de leur échec, dans cette forêt. Ils auraient pu se parler, tout simplement. Mais ils avaient décidé de s'enfermer dans leur rancœur.

"Lise, regarde." 

La voix d'Anthony la tire de ses pensées. Elle patiente pour son entretien devant le bureau du journal qu'elle veut intégrer. Et son âme sœur lui désigne un écran.

Dans lequel ils apparaissent, tous les deux.

"C'est nous."

C'était eux, en effet. Pour quelques instants, ils vont devoir abandonner leur vie privée et la montrer au monde entier. En guise d'exemple.

Lise lâche un petit soupir.

Quel exemple ? Représentent-ils vraiment l'exemple à suivre pour d'autres âmes sœurs ?



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Nouvelle écrite à l'occasion des 14ème Joutes Wattpadiennes.

L'univers obéit à 4 règles, dont une bonus choisie par un autre participant.

1/Dire la vérité à quelqu'un l'empêche physiquement de mentir en retour.

2/Chaque être est lié à un autre dès sa naissance, dont il ne peut se séparer de plus de 10 mètres sans souffrir.

3/La vie de gens choisis au hasard est diffusée en direct sur des canaux de diffusion publics.

4/ (choisie par @MiniMarjo) Les téléspectateurs s'amusent à séparer de plus de 10 mètres les âmes sœurs en leur lançant des défis. 

 


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