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Ambre

Je regardais ce corps.

L'immobilité absolue dont il était saisi était à la fois effrayante et, en un sens, artistique. Statue qui traversera les âges, sans apporter ce qui faisait d'elle un être vivant.

D'un point de vue purement technique, il était encore en vie. Le cœur battait. L'oxygène fluait à travers les veines. Il passait à travers les pores microscopiques, invisibles, incrustés dans l'ambre.

Oui, l'ambre.

Une prison de résine d'un orangé doux entourait ce corps, l'enserrait d'une emprise impitoyable. Pas un seul centimètre carré de la peau n'échappait au contact du fossile éternel, il serait ainsi conservé pour toujours.

Un cri silencieux, figé, ne s'échapperait jamais des mâchoires carrées de l'homme, bloquées par le minéral.

Des stalactites acérées s'étiraient sous les bras du malheureux, comme si elles avaient eu un millénaire pour se former par un écoulement infiniment lent.

Même le temps semblait s'être arrêté pendant que je m'adonnais à cette contemplation. Vraiment, combien de temps s'était écoulé depuis que je regardais ce corps ? Combien de temps ?...

Je me souvenais des nuages qui avaient obscurci le ciel, menaçants. La panique s'était emparée de l'ensemble de l'humanité. Tout le monde avait cherché un abri solide, quand la pluie s'était mise à tomber.

La pluie. Elle était d'un doré éclatant, surnaturel. Cette couleur rappelait le crépuscule que les sombres nuage avaient apporté sur la Terre. Les gens avaient essayé d'y échapper. Mais c'était impossible.

Sitôt que les grosses gouttes chaudes étaient entrées en contact avec les organismes vivants, cette cristallisation avait démarré. L'ambre recouvrait tout, des vieux arbres fatigués, aux petits rongeurs affolés, jusqu'aux nombreux humains désespérés.

La catastrophe avait été trop soudaine pour qu'ils puissent s'y adapter, cette fois-ci. Ils avaient adoré leurs capacités d'adaptation, leurs façon ingénieuse de résoudre les problèmes.

Celui-ci était insoluble : ce n'était pas un problème, c'était la fin.

On ne savait combien de gens furent instantanément pris au piège. Tous ceux qui n'avaient pas eu directement un toit au-dessus de la tête. Ils offraient un spectacle aux autres.

Des corps enfermés dans l'ambre, couverts des pieds à la tête. Techniquement vivants, mais définitivement morts.

D'aucun considéreraient que ce sort était pire que la mort. Rien ne pouvait les libérer, rien ne pouvait arrêter cet état de congélation définitive. S'ils pouvaient parler, ils demanderaient certainement à ce que tout cela s'arrête.

Même le vieillissement était en stase dans ce caisson d'ambre. Le minéral figeait les cellules vitales dans leur état d'origine. On aurait dit un instrument de torture élaboré, imaginé par une forme de vie extérieure particulièrement retorse.

Mais l'humanité n'aura jamais eu la chance d'en apprendre plus sur l'origine de cette apocalypse. Elle était tombée du ciel, et c'était tout.

Je divaguais, voilà que mes pensées se dispersaient, alors que je regardais ce corps.

Fasciné par l'intérêt morbide, que m'offrait ce cadavre en pleine santé. Un mort debout.

N'est-ce pas comme ça que je devrais le désigner ? Je le regardais, mais regardez-le, vous !

Ses veines saillaient, comme si elles aussi cherchaient à s'échapper de cette prison éternelle. Les jambes étaient stoppées dans une course qui n'atteindra jamais sa destination : l'abri. La vie sauve ! C'était tout ce que ce corps demandait, il l'aurait sans l'avoir.

Ses poings serrés dans une détermination à toute épreuve, elle aussi à jamais fossilisée, vidée de sa contenance, de son sens. Comment pouvait-on désigner ce corps comme vivant, alors que l'évidence crevait les yeux qu'il était tout l'inverse ?

Quel cerveau malade appellerait cette existence figée une vie ?

Dehors, une forêt de corps humains encastrés dans le minéral d'un brun doux offrait ce spectacle : la fin du monde, tel que les humains l'avaient connu.

Ils avaient toujours trouvé normal qu'ils dominent la planète, maintenant ils n'en sont qu'un vestige.

Leur arrogance, leur insouciance étaient tout aussi bien conservées et exposées à l'air libre qu'eux, disponibles à tout regard curieux. Incluant le mien.

Parfois, ça et là, l'ambre était plus dense, et le corps abrité à l'intérieur n'était plus visible. Le petit dôme orangé servait alors de miroir. L'un de ces miroirs était pile en face de moi.

Je regardais ce corps, dont j'étais maintenant prisonnier, reflété dans l'un des miroirs d'ambre qui m'entouraient.

Je regardais mon corps, devenu une prison, désespérément et définitivement immobile.

J'avais perdu la notion du temps, il me semblait qu'une éternité s'était passée depuis que j'étais forcé d'affronter mon reflet. Peut être un jour deviendrais-je un miroir pour les autres, aussi ?

Je me regardais mourir. Et c'était effrayant.

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