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Citrouille, limaces et amour éternel

Géraldine Le Braz a la poisse.

C'est ce qu'elle a toujours pensé, du moins, avant de décrocher la première place à un concours auquel elle n'a même pas participé !

C'est Basile, l'organisateur du Prix de la Citrouille la plus Effroyable, qui l'a contactée sur son compte Instagram, il y a une quinzaine de jours. Pour sculpter son chef-d'œuvre, la cinquantenaire s'était inspiré de sa lecture du moment : Dracula, de Bram Stocker. Un vampire, un vrai ! Avec des crocs et des ailes de chauve-souris.

En postant sa photo sur les réseaux, comme chaque jeudi, elle ne se doutait pas une seule seconde qu'elle remporterait un séjour au manoir de Monsan, une commune de l'Est de la France.

Très vite, elle a dû fournir un dossier complet présentant ses antécédents médicaux, son groupe sanguin, un électrocardiogramme spécialement réalisé pour l'occasion et, bien sûr, une vidéo de son horrible citrouille.

Même après être arrivée à destination, Géraldine n'en croit toujours pas ses mirettes : elle, lauréate ? Voilà qui clouera le bec à Martine, sa saleté de cousine !

Elle n'a pas encore eu le plaisir de rencontrer Basile, mais c'est lui qu'elle attend, à la petite gare de Monsan. Il est censé arriver...

— Madame Le Braz ?

... maintenant.

— Saperlipopette !

Ce Basile n'a pas la tête d'un organisateur de concours de citrouilles – si tant est qu'il existe une tête d'organisateur de concours de citrouilles. Il est beau gosse, ponctuel et plutôt jeune, aussi – au grand dam de Géraldine, qui ne parvient pas à détacher ses yeux de son regard pour le moins... hypnotisant.

— Je suis Basile, annonce-t-il en lui tendant une main sertie de diamants.

— Je... Tu... Vous...

Ce type est un joyau à l'état brut. Géraldine le croirait tout droit sorti des romans sentimentaux qu'elle a l'habitude de dévorer, avec son style victorien et sa peau sombre, étincelante sous le clair de lune.

— Vous pouvez me tutoyer, lui glisse-t-il aimablement alors qu'elle frissonne au contact de sa paume gelée. Monsan est un petit village. Maintenant que vous y avez posé les pieds, vous ne pourrez plus le quitter !

La pauvre femme garde le silence, pensive. Venir dans cette bourgade perdue au fin fond de la Lorraine n'était peut-être pas une si bonne idée que ça, finalement. La dernière chose dont elle a besoin, c'est de tomber follement et irrévocablement amoureuse d'un homme.

Surtout s'il a vingt ans de moins qu'elle.

— Madame Le Braz ?

— Excusez-moi, je suis un peu fatiguée... balbutie-t-elle en le suivant le long du quai – désert, à cette heure.

— Bien sûr ! Nous allons tout de suite nous rendre au manoir. Il faut que vous soyez en forme pour la grande nuit de demain !

— Demain ?

— C'est Halloween ! s'exclame-t-il en la gratifiant d'une œillade. Le temps où les morts communiquent avec les vivants.

Une œillade. Est-ce qu'il la drague ? Non, impossible ! Il y a la différence d'âge, d'abord, et puis... et puis Géraldine est venue ici pour se reposer. Pas pour roucouler !

Mais des amoureux de citrouilles, ça ne court pas les rues, et alors que Basile s'enfonce dans la forêt derrière la gare, Géraldine ne peut s'empêcher de s'imaginer cueillir des champignons à ses côtés, ou arroser ses courgettes en...

— ATTENTION !

Elle sursaute, surprise. À en croire le cri que Basile vient de pousser, elle risque de tomber nez à nez avec un cadavre.

Ou une horde de zombies.

Ou une meute de loups enragés.

— Vous avez failli marcher sur une limace, déclare-t-il pourtant, réellement terrifié à la vue de ce petit être gluant et... totalement inoffensif. Je suis héliciphobe, ajoute-t-il un instant plus tard en contournant la bête.

Si Géraldine n'était pas hypermétrope, elle jurerait le voir trembler de tous ses membres.

— Hélici-quoi ?

Mais Basile ne lui répond pas, et hâte le pas. Il est pressé d'arriver à destination.

— Je peux repartir, si vous voulez, lance son invitée, persuadée qu'elle l'ennuie. Je comprendrais très bien que vous ayez changé d'avis et que je... ma citrouille ne soit pas à la hauteur.

— Non ! Surtout pas ! s'écrie-t-il en pivotant si brusquement que Géraldine manque de faire un roulé-boulé à travers les fourrés.

Après l'avoir rattrapée d'une main habile, il juge utile de préciser :

— S'il vous plaît, Géraldine. Vous, plus que quiconque en ce monde, devez rester ici ce week-end.

Saperlipopette ! Il l'a appelée Géraldine ! Lui, Basile, l'a appelée par son prénom. Cette fois, c'est clair : elle est amoureuse.

— J'ai un dentier, confesse-t-elle tout à coup, honteuse et nerveuse à la fois.

— Un dentier ? répète le jeune homme, décontenancé.

— Je préfère vous prévenir, au cas où... Ça peut surprendre !

C'est la raison avancée par son ex, Lucien, lorsqu'il l'a quittée pour une jeunette après dix ans de vie commune.

Basile s'approche d'elle, et Géraldine s'attend à ce qu'il l'embrasse, là, entre deux arbres à moitié morts, par cette froide nuit d'automne. Mais il se contente de lui offrir un sourire, affable, avant de déclarer d'un air solennel :

— Nous sommes arrivés.

En levant les yeux, Géraldine découvre l'immense masure qu'elle a repérée sur Google Maps. Un muret de pierre grise, entrecoupé d'une grille en fer forgé, donne à ce petit château du XVIIIe siècle des allures de forteresse.

— Bienvenue au manoir de Monsan, Madame Le Braz.

Une main posée dans son dos, l'autre sur son poignet, Basile la guide à travers le dédale de mauvaises herbes encerclant la propriété. La pleine lune baigne le jardin d'une lueur blanchâtre, presque vaporeuse. Derrière les contours fuligineux des vieux pins du jardin, l'on distingue une rangée de pierres tombales.

— Les gosses osent vraiment venir ici réclamer des bonbons ?

À leur place, Géraldine aurait la trouille ! Ce cimetière impromptu lui file la chair de poule.

— Rarement, concède Basile. Le manoir est dans ma famille depuis plusieurs générations, mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'y entreprendre des travaux de grande envergure. Le mobilier est un peu désuet, mais vous devriez y dormir d'un sommeil de mort.

— De plomb, le corrige la visiteuse. On dit d'un sommeil de plomb.

— Les deux me semblent tout aussi reposants... murmure-t-il en poussant la lourde porte en bois qui orne l'entrée.

Après un ultime coup d'œil en direction des sépultures, Géraldine ne se fait pas prier pour le suivre à l'intérieur.

— Vous n'enterrez plus de gens ici, n'est-ce pas ?

— Pas depuis le début du XIXe siècle, confirme-t-il. Le manoir n'a plus été le même, depuis la disparition tragique de sa première maîtresse de maison.

— Tragique ?

— Miranda De La Boissière, une noble. Pas de grande famille, mais noble tout de même. C'était un motif suffisant pour que les Révolutionnaires lui coupent la tête.

Les mots de Basile sont vifs, acérés. Géraldine s'y croirait presque, avec l'émotion qui transparaît dans sa voix.

— C'est atroce...

— Et cela ne les a pas empêchés de prendre son corps et son cœur dans la foulée, cingle-t-il.

— Tout ce que j'espère, c'est que ces malfrats pourrissent en Enfer, statue Géraldine en étouffant un bâillement.

Elle a beau lutter, elle se sent peu à peu tomber dans les bras de Morphée.

— Croyez-moi, ils y sont depuis longtemps, rétorque le jeune homme, froid comme la pierre. Il est temps pour moi de vous laisser, à présent.

— Bonne nuit, Basile.

— Bonne nuit, Géraldine. Que votre sommeil soit doux, et rempli de rêves...

Vu le sourire qu'il lui lance, ça, elle n'en doute pas.

🎃🎃🎃

Le regard brumeux, les yeux cernés, la peau encore plus pâle qu'à l'accoutumée... Face au miroir de la salle de bain attenant à sa chambre, le verdict est sans appel : Géraldine est dans le coaltar, aujourd'hui.

Aujourd'hui, ou plutôt ce soir.

Elle a encore du mal à y croire, mais elle a dormi plus de vingt-heures, depuis hier ! Ça ne lui était pas arrivé depuis... depuis toujours, en fait.

— Madame Le Braz.

Malgré un bond de trois mètres de haut et un ridicule cri de souris, Géraldine sent son cœur se réchauffer en entendant la voix de Basile. Il porte un costume trois pièces de couleur rouge sang qui semble avoir déteint avec le temps.

— C'est pas vrai ! Vous aussi, vous aimez les reconstitutions historiques ?

Il hoche la tête, complice. Géraldine reste stoïque, complètement énamourée : elle a trouvé son âme sœur.

— Mais vous savez ce que j'aime encore plus ? renchérit-il.

C'est plus fort qu'elle. La cinquantenaire s'avance, s'avance, et, avant que son prétendant n'ait pu lui livrer le fond de sa pensée, dépose un chaste baiser sur ses lèvres de granit.

— Voyons, Géraldine ! Ce n'est pas très approprié. Nous venons de deux époques différentes, vous et moi.

Honteuse et embarrassée, l'invitée s'écarte, priant pour que le malaise se dissipe – et vite. Qu'est-ce qui lui a pris, de l'embrasser ? Elle ne le connaît même pas, ce type, et ce n'est pas parce qu'il l'attire irrémédiablement qu'elle doit se jeter dans ses bras !

— Si vous voulez vraiment me faire plaisir, susurre-t-il, offrez-moi plutôt votre cœur !

Oh.

OH.

Le jeune homme n'est donc pas insensible à son charme, mais simplement réservé. Sa timidité ne le rend que plus attrayant aux yeux de Géraldine, qui n'attend qu'une chose : qu'il lui confesse son amour, sans détour.

Elle en a toujours été convaincue : les coups de foudre, ça existe. 

Même à Halloween. 

Même dans l'un des coins les plus paumés de France.

— Voulez-vous bien me donner votre cœur, Géraldine ? insiste Basile en dardant sur elle ses prunelles sombres, étincelles mourantes d'un feu qui ne demande qu'à être ravivé.

Quelle question ! Pour lui, pour l'amour, elle donnerait tout.

— Mon cœur est à vous, murmure Géraldine comme si elle était la digne héritière d'un roman de Jane Austen.

Il lui faut serrer très fort les dents pour s'empêcher d'ajouter « mon corps aussi » – ce n'est pas le moment de faire flipper Basile, après le fiasco de son baiser non consenti !

— Je vous en serai éternellement reconnaissant, sourit-il en lui tendant une main qu'elle s'empresse de saisir.

Sans prendre la peine d'éteindre la lumière, il l'entraîne dans le grand escalier menant à l'entrée.

Une fois dehors, Géraldine tremble mais garde le silence. Elle attend que Basile lui prête sa veste, mais il n'en fait rien et file à l'avant du jardin, juste à côté de l'immense grille en fer forgé.

Sur le muret, à quelques mètres de là, un corbeau vrille sur le couple ses iris d'un noir de jais, comme s'il contestait par avance ce qui va suivre.

En tant que jardinière, Géraldine s'attend à ce que son cher et tendre lui montre ses plans de poireaux, mais Basile se poste face à une parcelle... un peu particulière.

— Miranda, déclame-t-il. C'est le nom de la femme lâchement assassinée par les Révolutionnaires.

— Pourquoi...

— Mon épouse, poursuit-il en resserrant sa prise sur la main de Géraldine. La première qui m'ait confié son cœur et qui, grâce à votre don, pourra enfin me revenir, malgré les siècles, les larmes coulées et le sang versé.

— Et les limaces, rétorque la cinquantenaire, tétanisée. Son cadavre a dû être couvert de limaces, depuis le temps.

Est-ce son instinct de survie qui s'éveille enfin, ou Géraldine est-elle la créature la plus stupide de la Terre ? Elle aurait aimé s'attarder sur cette question, vraiment, mais une voix d'outre-tombe coupe net le fil de ses pensées :

— Tu aurais pu éviter de t'abreuver sur elle, Basile. Son cœur est moins vigoureux, par ta faute. Il était pourtant si pur, si naïf, si innocent... encore plus que celui d'un enfant.

— Miranda.

Géraldine a beau tourner et retourner la tête dans tous les sens, elle ne voit pas le magnifique spectre qui surgit devant son hôte.

Somptueuse dans une robe blanche qui rappelle la blancheur nacrée de sa peau, Miranda De La Boissière n'a d'yeux que pour son mari, Basile.

— C'était le prix à payer pour te ramener à la vie... regrette-t-il, conscient qu'il ne pourra plus jamais revoir la lueur du jour.

Il ne remerciera jamais assez cet héritier de Dracula de lui avoir confié quelques gouttes de son précieux sang, avant de lui briser la nuque. Sans lui, sa misérable vie humaine aurait touché à sa fin avant qu'il puisse revoir Miranda.

— Il est minuit, psalmodie Miranda. Les morts sont réveillés, l'heure est venue de les ramener.

Et, sans un mot, sans un regard, l'un comme l'autre arrache de ses mains le cœur de Géraldine – un présent inestimable... et inestimé.

— Rassurez-vous, chuchote Basile au moment où son corps retombe lourdement sur la pelouse. Vous n'en aurez plus besoin.

En rendant son dernier soupir, Géraldine songea qu'il fallait parfois plus qu'un cœur, pour survivre à une histoire d'amour – et qu'elle détestait les citrouilles.

« Citrouille, limaces et amour éternel » a été écrit dans le cadre d'un défi proposé aux auteur.ice.s du programme Wattpad Stars, dont je fais partie. Vous pouvez trouver plus d'informations à ce sujet sur le compte officiel francophone : WattpadFrancais.

Nous devions écrire un texte autour d'Halloween à partir d'une image et de plusieurs critères imposés. Pour poser le cadre de l'intrigue, j'ai choisi cette illustration :

La femme fantôme m'a inspiré Miranda, et la chauve-souris Basile, le vampire. Ce manoir m'a aussi rappelé l'univers des romans gothiques et plus précisément de Dracula, d'où la référence à Bram Stocker. 

Quant à Géraldine... il s'agit de la cousine de Martine, un personnage des AMOURS ÉPONYMES, une histoire en quatre tomes postée sur mon compte Wattpad. 👇

J'ai d'ailleurs repris une partie du style et du ton employé dans LAE. 

Et vous ? Que vous inspire l'image de départ ?

J'espère que ce petit texte vous a plu, et je vous souhaite un bon Halloween ! 🧟‍♀️ Vous avez une anecdote à nous raconter à ce sujet ? En général, comment passez-vous Halloween ?

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