Zoran
L'air était humide et une légère vapeur flottait dans l'air. Zoran posa un doigt maladroit sur la surface froide du miroir. Doucement, des silhouettes prirent forme et semblèrent se mouver délicatement. Puis une à une, elles sortirent de la glace et commencèrent à tournoyer autour de lui. Le jeune homme regarda autour de lui d'un air émerveillé. Puis sa tête commença à tourner, sa vision devint floue et le monde se mit à danser sous ses yeux. Puis, lorsqu'il ouvrit les yeux, il se rendit compte qu'il n'était plus dans sa salle de bain mais dans une forêt. Les arbres étaient hauts et empêchaient la lumière de passer, rendant l'atmosphère sombre et lourde. Déstabilisé par ce surprenant changement, il n'était étrangement pas inquiet et, d'un pas décidé s'enfonça plus profondément dans la forêt, mû par un fort instinct.
Le sablier semblait suspendu. Zoran n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis son départ : il marchait droit devant lui depuis quelques minutes ou plusieurs heures. Tout se ressemblait : il passait toujours devant les mêmes arbres, les mêmes buissons et les mêmes souches. La forêt semblait n'être constituée que d'immenses et interminables miroirs.
Puis peu à peu, le silence sembla s'alourdir et Zoran vit apparaître un renard face à lui. Le canidé était assis sur le sol en mousse et semblait l'attendre. Puis, sans un bruit, il détourna le regard, se leva et commença à s'éloigner lentement. Sans savoir pourquoi, Zoran sut qu'il devait le suivre. Mais à peine avait-il fait un premier pas que la forêt disparut, ne laissant plus que l'animal et l'humain, seuls dans le vide.
Les yeux fixés dans les prunelles brunes du renard, Zoran voyait. Il le voyait tel qu'il était, des centaines d'années plus tôt : un pauvre vieillard aux yeux aveugles qui fuyait la misère et la guerre, il le vit trébucher contre un objet poussiéreux, caché sous les feuilles.
La vieille légende voulait que c'était un grimoire magique qui apparaissait à qui en avait besoin et exauçait le vœu le plus cher de celui qui en faisait la demande. Le miséreux avait alors tenté sa chance en demandant sécurité et tranquillité. Son nez s'était ainsi allongé, son corps s'était transformé et, devenu renard, le villageois s'était caché, se promettant de toujours veiller sur l'ouvrage magique.
Zoran sursauta et ouvrit les yeux, fixant son plafond d'un air troublé par l'étrange rêve qu'il venait de faire. Voulant allumer sa lampe de chevet, il sentit quelque chose effleurer sa main. Avec un sourire, il attrapa la petite feuille portant encore les effluves de ce qui n'était finalement pas un rêve.
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