Roi du monde
Il était là, droit et fier. Plus beau que jamais.
Il étira ses branches vers le ciel azur, laissant ses vertes feuilles frôler le soleil et caresser ses chauds rayons.
Il était là depuis toujours, symbole de l'immortalité. Un tronc large comme le monde, univers de centaines d'animaux bâtissant un véritable écosystème autour de ses hautes branches.
Il avait tout vu, installé dans les nuages, discutant avec les étoiles, grandissant avec les montagnes.
Le vieux chêne s'étira avec le vent, sentant sa vieille écorce craquer. Comme tous les jours, il observa sa belle forêt, fier de ce qu'était devenue la plaine aride sur laquelle il était arrivé quelques siècles plus tôt.
Mais alors qu'il observait la naissance d'une nouvelle vie entre ses racines, le sol se mit à trembler plus que jamais, faisant fuir toute forme de vie de la forêt, la laissant seule face à la menace grandissante.
Et au loin, le grand chêne vit alors un terrible spectacle auquel il n'aurait jamais cru assister. Les Furies remontaient à la surface de la terre, poursuivant et capturant les hommes qu'il avait vu grandir, certains avaient même joué dans ses branches. Impuissant face au macabre ballet aérien, le vieil arbre ne put intervenir, lorsque le feu vint chatouiller ses brindilles. L'Enfer venait de remonter à la surface cueillant sans pitié les pauvres âmes fuyant pour leur survie.
Puis le bruit de moteurs vint couvrir les hurlements de frayeur et remplacèrent les déesses vengeresses. C'était désormais tout un escadron qui prit la place des geais et des rossignols, chassant les souris de leurs terriers et les colombes de leurs nids. Puis du haut de leur position dominante, les serres des rapaces s'ouvrirent et la mort chuta contre la Terre.
Un soleil rouge se leva.
Et la nuit. Froide et silencieuse.
Le vieux chêne voulu se détourner, mais, contraint à l'immobilité, il ne put qu'accueillir les flammes de ce nouveau soleil et le vent soudain provoqué par son impact.
Puis le temps sembla se figer, et quand l'arbre se reconcentra, tout était déjà terminé. Les acteurs venaient de saluer et le rideau était tombé. Ne restaient plus que les ombres froides du public, gravées à jamais sur les murs.
Se retournant, il vit qu'il était seul. Le seul de sa belle forêt resté debout. Alors, le cœur en miettes face à toute la vie devenue cimetière en si peu de temps, l'arbre centenaire décida qu'il avait assez parlé avec les étoiles, dansé avec les nuages, suffisamment vu le soleil et doucement, se laissa choir. Pensant qu'il était temps pour lui de planter de nouvelles racines dans le firmament et de développer de nouvelles branches entre les astres.
Doucement, dans un craquement sinistre, le symbole de la vie s'écroula dans un nuage de poussière, vie éphémère disparaissant derrière un rideau de flammes et de poussières.
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