N°17 { Change }
Alphys se mord doucement la lèvre inférieure alors que les divers bruits du labo emplissent la pièce. Elle jette un coup d'œil nerveux au Docteur Gaster avant de revenir sur ses propres dossiers, mais elle ne parvient pas à rester pleinement concentrée. Elle a troqué son kimono contre une blouse blanche, ses lentilles contre ses stupides lunettes ...
Elle a cette désagréable impression d'être retournée dans le passé, mais pas un retour semblable au RESET. Non, elle fait bien référence à un passé encore plus lointain, auquel elle ne reviendra heureusement jamais, le RESET n'étant pas assez puissant pour faire un tel retour dans le temps.
Malgré tout, elle reste nerveuse. Elle aurait préféré qu'on ne lui demande pas assistance, mais une par d'elle est heureuse de pouvoir soutenir, ne serait-ce qu'un peu, le scientifique qu'elle admire tant.
« ... Docteur Gaster... ?
- ... Qui a-t-il Alphys ?
- ... Sans ne nous rejoins pas ?
- Il a prévu qu'il aurait du retard. Ne t'en fais pas, il viendra d'ici une heure. »
Elle émet un bref « Mm » mais son regard revient une nouvelle fois sur le plus âgé. Ses doigts triturent les papiers sans qu'elle ne s'en aperçoive.
« ... Docteur... ?
- Oui ?
- ... Vous allez bien ? J'ai... l'impression que vous êtes perturbé ... »
Gaster soupir. Comment pourrait-il expliquer que ses pensées sont tournées vers Papyrus et non ses recherchent ? Sa vie de famille ne doit pas influencer sur ses travaux ...
« Je vais bien, mais merci de me ramener à l'ordre. Restons pleinement concentrés, veux-tu ? »
Il vient la rejoindre et jette un œil aux documents qu'elle tient. Alphys l'observe toujours avec inquiétude mais n'insiste pas.
« Que penses-tu de ses données ? interroge-t-il.
- ... Elles semblent ... insuffisantes. La Sauvegarde permet de sauvegarder les objets que l'on souhaite, dans une limite de 100 ... même si le nombre à l'air 'gros', il n'en est rien quand on compte toutes les affaires que peuvent posséder chaque habitant ... Sans parler qu'on ne peut pas sauvegarder de trop gros objets, et que c'est éphémère. Un objet sauvegardé ne le sera plus au prochain RESET, et il faudra le resauvegardé. Ces résultats sont loin de nos attentes, sans parler que le boitier qui sert à sauvegarder ne peut pas se sauvegarder lui-même et qu'il faut le reconstruire à chaque fois...
- ... Que devrions nous mettre en priorité ?
- ... Mm.... J'hésite Docteur... Dans la mesure du possible, nous devrions nous concentrer sur la sauvegarde 'éternelle', afin de ne pas avoir à sauvegarder les mêmes choses en boucles. Puis ensuite nous devrions agrandir la limite de sauvegarde.
- ... Et penses-tu que nous devrions ... »
Gaster s'interrompt, ce qui interpelle sa jeune assistante :
« Que nous devrions quoi ?
- ... Peu importe. Concentrons-nous sur la sauvegarde éternelle. »
Il lui tourne le dos, la laissant pantoise. Mais il ne peut en dire davantage. Comment exprimer ses craintes... ? Comment pouvoir suggérer d'oublier le boitier et de confier ce pouvoir à Chara ou Frisk ?
Ils sont encore trop jeunes.... Trop immatures...
Et trop instables.
« ... Docteur, pardon de vous embêter encore mais...
- ... Mm... ?
- ... Comment se porte Sans ? »
Gaster se fige.
« ... Il va bien. »
Elle déteste l'entendre mentir.
***
La route enneigée par la poudreuse accumulée le gêne, bien qu'il soit aujourd'hui habitué à ses pieds s'enfonçant dedans. La sensation de froid qui entoure ses pieds et semble s'insinuer dans ses baskets le fait frémir mais il n'en dit rien, reste imperturbable et continue sa route.
Il jette un coup d'œil vers la forêt qui borde le chemin. Il y fait très sombre et personne ne s'y aventure jamais, chose qui la rend terriblement mystérieuse. Sauf que cela amuse Sans, qui sait qu'il n'y a rien de terrifiant entre ces arbres.
Finalement il arrive aux ruines. La porte est large, lourde et imposante. Même lui, qui est pourtant plutôt grand, se sent intimidé devant. Il en rit, pose ses paumes contre la pierre et l'ouvre, pénétrant finalement ce lieu mystique.
Contrairement à Chara qui s'attarde chaque fois sur le moindre détail, Sans passe en coup de vent. Il connait ce lieu par cœur, le moindre mur, la moindre fissure. La magie du lieu n'a plus le même impact que les premières fois.
Il parvient au plus profond de l'Underground. La lumière attire son regard, fait tel un projecteur au centre de la pièce et illumine Chara qui s'y tient debout.
Sans se stoppe, reste dissimulé dans l'ombre. L'humain se tient de profil, ne l'a pas encore remarqué, et paraît davantage intéressé par la fleur dorée entre ses doigts. Il s'amuse à la faire tourner, vient caresser ses pétales... et ouvre finalement la bouche pour l'avaler.
« Tu sais que c'est toxique, n'est-ce pas ? »
La voix de Sans le pétrifie. Bad timing, hein ?
« ... Je ... voulais tester un truc... » avoue le prince sans oser regarder le squelette.
Sans s'approche de lui, ne le lâche plus des yeux tandis qu'il s'arrête à quelques centimètres. D'une main il ramène Chara contre lui en le tenant par l'épaule, de l'autre il vient récupérer la fleur qu'il laisse retomber sur ses consœurs.
« ... tester quoi ? insiste le squelette.
- ... ce que ça ferait... de mourir et de ne jamais Reset... »
Le juge resserre sa prise, Chara se love contre lui honteusement.
« ... Tu devrais rentrer ... murmure le squelette. Resté seul ici te donne des idées noires.
- ... Je ne peux pas faire face à Frisk.... Je... Je ne veux pas... ni à lui, ni à maman... ni à personne...
- ... Tu me fais bien face, à moi.
- ... T'es un crétin... tu sais bien que c'est pas pareil. »
Sans le jauge du regard, non sans lui caresser doucement le dos. 'Ce n'est pas pareil', hein ?
« ... Hey gamin... qu'est-ce que j'ai de si spécial à tes yeux ? »
Chara redresse la tête, ne s'étant pas attendu à une telle question :
« Comment ça ?
- ... Tu fais une telle fixette sur moi... pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu m'aimes comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait de si spécial pour être aussi important ? Ma puissance ? Mon statut ? Mes blagues stupides ? »
L'humain continue de le regarder avec confusion, comme s'il ne saisissait pas la question :
« ... T'es sérieux, tu me poses vraiment la question ?
- ... Oui ?
- Et tu t'attends à ce que je réponde autre chose que 'je ne sais pas' ? »
Sans cligne des orbites... et lâche un rire surpris et nerveux :
« Hein ? Tu sais pas ? » répète-t-il, se s'étant sûrement pas préparé à une telle réponse.
Chara gonfle les joues et s'écarte, venant croiser ses bras derrière sa tête avec cet air blasé de sale gosse qui le caractérise si bien :
« Ben ouai, je sais pas. Je t'aime parce que c'est comme ça, j'ai pas besoin de raison précise.
- ... Tu plaisantes ? Je m'attendais à ... je ne sais pas, un grand discours sur l'amour ou le destin, où je ne sais quoi d'autre digne des fanfictions mièvres de Alphys ? »
L'humain explose de rire et lui tire la langue :
« Eheh, ce serait me sous-estimer jeune padawan ~ Le destin ? Qu'est-ce que le destin viendrait foutre là ? Je forge mon propre destin ! Et clairement, j'ai pas besoin de donner d'arguments pour t'aimer ! Sérieux, pourquoi je devrais justifier mes sentiments ? Merde quoi, je suis libre d'aimer qui je veux, surtout que ça ne se contrôle pas ce genre de truc ! Je t'aime parce que voilà, c'est comme ça, je suis Chara, tu es Sans... ça suffit, non ? »
Le squelette reste un instant muet avant de partir dans un fou rire incontrôlé, allant jusqu'à se tenir le ventre tant il rit. Non... Non, il ne s'était pas attendu à ça, et c'est bien la meilleure réponse que son jeune camarade pouvait lui donner. Une réponse digne du Chara qu'il connait.
« Eheh, ouai... ça suffit ~ »
L'humain lui sourit doucement, avant de redevenir sérieux :
« ... Et toi Sans... ? Est-ce que tu m'aimes ? »
Il n'y a pas de 'pourquoi', tout simplement car Chara n'est pas sûr de ses sentiments. A dire vrai... Sans non plus n'en est pas sûr. Pas complètement. Alors il sourit, encore et toujours, et vient donner une pichenette sur le front du plus jeune :
« Qui sait ? Est-ce que ma réponse changera quoique ce soit entre nous ?
- ... T'esquive là ! »
Chara refait la moue, Sans rit.
Non... sa réponse ne changera rien. Et si elle ne change rien, c'est qu'elle n'a aucune importance, c'est qu'elle n'a pas lieu d'être prononcée.
L'humain s'étire en soupirant :
« Mm.... Bon... T'as raison, je vais rentrer.
- ... Ah ?
- Yep. Maman doit être inquiète, et Frisk... »
Il détourne le regard :
« ... Je ne pourrais pas l'éviter éternellement, n'est-ce pas... ?
- ... Effectivement. »
Le juge lui tend la main :
« Je t'accompagne ?
- ... Ouai, s'il te plait. »
Chara prend sa main. Ils viennent à parcourir les ruines dans l'autre sens, les doigts entrelacés, sans dire le moindre mot. Pourtant, à mesure qu'ils s'approchent de la sortie, l'humain resserre sa prise, comme s'il craignait quelque chose.
« ... Gamin... ?
- ... Mon père ne laissera pas passer mon comportement, hein ? »
Sans mâchouille sa sucette en réfléchissant :
« ... Je lui parlerai.
- ... Non, t'inquiète. Cette fois... Cette fois, je lui ferais face convenablement. »
Le squelette le regarde en haussant une arcade :
« ... Convenablement ? Tu t'en sens capable ?
- Je vais pas avoir le choix... Hein, Undyne ? »
Sans n'a nullement le temps de s'interroger que les portes des ruines s'ouvrent devant eux, pour laisser paraitre la chef de la garde royale accompagnée de Dogami et Dogaressa. Le squelette écarquille les yeux, n'a pas senti un seul instant leur présence. Il se tourne vers Chara qui n'est pas plus surpris que ça, puis vers Undyne qui a croisé les bras avec un air désolé :
« ... Non mon prince, vous n'avez nul autre choix que nous suivre. »
Chara relâche la main du juge pour s'approcher des gardes royaux qui viennent l'entourer, la formation habituelle pour les criminels qu'ils ne doivent pas laisser fuir ... Dogami et Dogaressa ont la gorge nouée, tout comme Sans qui se trouve démuni devant une scène si improbable.
« ... H-Hey... » bredouille-t-il.
Chara lui jette un dernier coup d'œil, pouffe de rire :
« T'inquiète... on se revoit bientôt, partenaire. »
Undyne prend sur elle pour rester impassible et ouvre la marche.
Le squelette se retrouve alors seul dans l'embrasure de la porte, les yeux rivés sur le dos de l'humain qui ne tarde pas à disparaitre au bout du sentier ...
***
Quand il rentre au laboratoire, Sans ne remarque pas immédiatement Alphys et se dirige vers son père :
« Chara s'est fait arrêter par la Garde Royale. »
Le scientifique se fige, tout comme la jeune fille. Pourtant Gaster garde sa neutralité et se retourne vers son fils en remettant correctement ses lunettes :
« C'est regrettable, mais attendu.
- ... Est-ce que ça sert seulement à quelque chose de l'arrêter ? Il peut toujours RESET. On aura BESOIN de son RESET.
- Je ne sais pas encore quelle mesure a pris notre roi, mais s'il estime que Chara est dangereux, nous ne pouvons rien y faire.
- ... Tu ne sais pas quelle mesure il a pris ? Il ne t'a pas demandé de bloquer ses pouvoirs ? »
Alphys comme Gaster hoquètent, l'une car elle vient d'apprendre qu'on peut bloquer le RESET, l'autre car il ne pensait pas que son fils était au courant.
« Comment as-tu ... ?
- Tu me prends pour un con Gaster ? »
Le prénom a claqué sec. Sans frappe le carrelage de son pied, dégage une vague d'énergie qui fait reculer la jeune reptile et crispe son père. La voix du juge devient encore plus froide tandis que son œil gauche crépite :
« Je connais le moindre de tes projets. Tu penses vraiment que tu pouvais m'en cacher ne serait-ce qu'un seul ? Tu crois pouvoir me tenir à l'écart ? »
Gaster serre les poings :
« J'essaie de te protéger.
- T'as échoué depuis un bail. »
Le scientifique devient livide, perd son impassibilité, son contrôle, en laissant ses pupilles crépiter à leur tour :
« ... Donc maintenant tu te soucies réellement de Chara.... ? Tu te retournes contre moi ?
- ... Parce que tu crois que je pourrais me retourner contre mon père ... ? Arrête de voir tout en noir ou en blanc, comme s'il n'y avait pas d'ambigüité. »
Gaster se passe une main sur le visage :
« ... Oui, tu as raison, excuse-moi... »
Il se détourne de son fils, la fatigue semblant l'avoir gagné cette fois :
« ... Asgore a suggéré de bloquer le RESET, mais au vu de la réaction de Toriel, ça ne se fera pas. Alors... ne t'inquiète pas pour Chara. Je pense que lui et Asgore ont seulement besoin d'une discussion. »
Sans soupir, détourne-lui aussi la tête... et aperçoit enfin Alphys
« .. Oh... Salut Al.
- ... B-Bonjour Sans...
- Désolé, tu es là depuis longtemps ?
- Hum... depuis le début, oui... ?
- Tu es venue pour assister mon père ? Je compte sur toi pour qu'il se ménage, ce vieil homme n'en fais qu'à sa tête ~
- O-Oui... »
Comment peut-il se montrer si souriant et sympathique, lui qui était dans une colère noire l'instant d'avant ? Alphys ne l'explique pas et ne cherche plus à comprendre. A la place elle essaie de retrouver aussi le sourire et se remet à ses recherches comme elle peut, essayant d'ignorer la tension qui s'est installée entre le père et le fils.
Essayant d'ignorer la demande de Gaster :
« Sans, peux-tu me montrer ton âme ? Nous n'avons pas fait d'examens depuis un moment.
- Yep. »
Essayant de ne pas jeter un œil aux deux squelettes.
Essayant de rester discrète.
Essayant de ne pas blêmir devant les fissures qui recouvrent l'âme.
***
Chara prend une inspiration lorsqu'il parvient devant la salle du trône. Il laisse Undyne passer la première tandis que Dogami et Dogaressa restent en retrait.
« ... Hey... bonne chance petit... » encourage le mâle dans un murmure.
Chara s'étonne, se tourne vers le couple de chien qui parait vraiment inquiet pour lui. Etrangement, celui lui réchauffe le cœur. Il leur sourit :
« Merci... »
Il emboite le pas à Undyne. La porte se referme derrière lui, le piégeant avec la chef de la Garde et le roi.
Asgore ne se trouve pas sur le trône central comme on pourrait s'y attendre, mais près du grand vitrail qui surplombe le mur. Il observe l'extérieur en silence, les mains jointes dans son dos.
Chara dégluti, reste planté sur place en attendant un signe alors que Undyne reste en retrait.
« Chara, approche. » ordonne le roi.
L'humain s'exécute non sans hésiter.
Mal à l'aise, il parvient à la hauteur de son père sans oser le regarder, observe la fenêtre à son tour mais ne prononce pas un mot.
« ... Tu as vraiment eut l'attention de me tuer. » souffle l'adulte.
Chara se fige, baisse les yeux sous la culpabilité :
« ... je...
- Je l'ai mérité. »
Il relève la tête vers son père :
« Quoi ... ?
- ... J'ai été injuste avec vous. Avec toi. Je t'ai poussé à bout, j'en oublie comme tu es jeune... »
Chara n'a jamais vu une expression si attristée sur le visage de son père. Cela lui serre le cœur, encore plus lorsqu'Asgore vient à planter son regard dans le sien :
« ...Je suis navré Chara. Mon rôle de roi passe avant celui de père, j'en ai conscience. Mais je ne peux faire autrement. Je n'essaie pas d'assurer un avenir heureux pour ma famille, mais pour mon peuple. Et cela nécessite des sacrifices. »
Asgore soupir, se passe une main sur le visage comme s'il ne parvenait pas à dire clairement ses pensées :
« Ce que je veux dire, c'est que ... vous faites partie de mon peuple. Les décisions que je prends à votre égard sont pour vous protéger et protéger les autres. Et même si elles ne vous conviennent pas, chacun doit y mettre du sien. Je ne te demande pas de m'écouter parce que je suis ton père, mais parce que je suis ton roi. En tant que roi, je dois juger chacun et leur administrer un rôle. »
Il a la gorge nouée en posant une main sur l'épaule de Chara :
« Mais en tant que père, je ne fais aucune différence. Toi, Asriel, Frisk... vous êtes mes fils. Je vous aime autant les uns que les autres. Je veux vous voir heureux et épanouie. Si ça ne tenait qu'à moi je passerais plus de temps avec vous, j'écouterai davantage vos envies, je vous soutiendrais dans vos démarches... Mais je ne peux laisser Frisk espérer retrouver la vue si ça n'amène à rien, je ne peux te laisser commettre des RESET qui nous font stagner sans cesse. Je ne peux laisser l'Underground sombrer dans l'oisiveté, ça ne peut amener à rien de bon. »
Chara remet une mèche de cheveux derrière son oreille :
« .... Tu n'as pas seulement ton devoir de père mais aussi celui de roi... Tout comme Asriel porte le poid de son rôle d'héritier... »
Il prend un instant de silence, puis met sa main sur celle de son père :
« ... pardon d'avoir été égoïste... A partir de maintenant, je ... je vais assumer mes responsabilités... »
Asgore le prend contre lui avec tendresse :
« ...Merci... ça ne rendra ma tâche que plus simple...
- ... Je vais être puni pour mon dernier Reset ?
- ... je pense que tu t'es suffisamment torturé ces derniers jours. Disons que ça aura été ta punition.
- V...Vraiment... ?
- Vraiment. »
Ils s'écartent pour mieux se regarder. Chara hésite :
« ...Donc...je rejoins toujours la garde royale, sous la tutelle de Undyne ?
- L'idée te déplaît à ce point ? Tu préfères une autre activité ?
- Non... Je ne sais pas... Je n'y ai jamais vraiment réfléchi.
- Je ne souhaite pas t'enfermer dans un rôle de soldat Chara. Je t'invite à tester, expérimenté, et si tu ne t'y sens vraiment pas à ta place, je t'autoriserais à changer de voie. »
Devant la sincérité de son père, l'humain se frotte la nuque en réfléchissant :
« ...Comment veux-tu que je dise 'non' quand tu me le proposes ainsi ? boude-t-il.
- C'est donc un 'oui' ?
- Mm... Vui... »
Asgore a un sourire amusé, se tourne vers Undyne :
« Tu as entendu, ton nouveau disciple est prêt. »
La guerrière reste bien surprise, n'ayant pas cru que Chara finirait par accepter si docilement.
« ...Très bien, son apprentissage commence dès demain. »
Elle se tourne vers Chara :
« Préparez-vous mon prince, il n'y aura pas de cadeaux. »
Il hoche la tête, non sans appréhender le tournant que prenait sa vie.
***
Quand Chara parvient devant chez lui après son entrevue avec son père, il reste comme un idiot devant la porte d'entrée, n'ose pas pénétrer à l'intérieur. Un instant il lève son poing, prêt à toquer, mais ramène à main contre lui sans saisir ce qui lui prend. Après tout c'est sa maison, il y est toujours rentré comme bon lui semblait. Alors pourquoi cette fois il peine tant ? Parce qu'il est parti plusieurs jours sans donner de nouvelles, qu'il appréhende la réaction de sa famille ?
Il déglutit et finit par toquer doucement, fébrile, avant de juste retenir son souffle. Il perçoit des bruits de pas provenir de l'intérieur, reconnait ceux de sa mère, et se trouve partager entre le soulagement que ne ce soit pas Frisk et l'anxiété.
La porte s'ouvre, la chaleur s'échappe de cet havre de paix, caresse le corps froid du jeune humain qui baisse les yeux, la gorge nouée.
Le silence se fait un court instant avant que Chara ne sursaute à la subite étreinte. Il cligne des yeux, reconnait l'odeur si familière de sa mère, celle à la cannelle, douce et apaisante, qu'il aime tant. Toriel le sert fort contre lui, elle tremble, elle na parvient à dire quoique ce soit et le jeune homme n'est pas plus avancé. Les yeux brillants de larmes qu'il contient malhabilement, il répond au câlin avec fébrilité.
« ... Le repas est prêt... » chuchote Toriel, dont l'émotion menace de déborder.
Chara hoche doucement la tête.
Jamais sa famille ne lui avait autant manqué ...
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