N°13 { Evil child }
Sans pensait trouver le roi dans la salle du trône, s'étonne de trouver ladite salle complètement vide. C'est bien sa chance tient ... pour une fois qu'il a d'importantes informations à lui confier. Gaster et lui ont pu confirmer que Aggro était un danger pour eux, mais sans réellement en savoir la teneur. Tandis que son père continue les recherches, le juge s'est décidé à tenir le roi au courant et souhaite savoir les directives à prendre.
« Messire ? Asgore ? » appelle le squelette en parcourant la salle, avant de la quitter pour chercher dans le couloir qui mène jusqu'au hall du jugement.
Mais il s'arrête bien vite à la vue du tas de poussière échouée au beau milieu. Pourtant Sans ne panique pas. Cela fait bien longtemps que la vue d'un 'cadavre' ne l'interpelle plus, tant il a participé aux génocides.
Par contre, il se trouve embêté : le RESET est interdit à cause de la présence d'Aggro. Il ne sait qui a été tué, mais cette personne ne va pas pouvoir revenir tout de suite ...
Il continue sa route pour chercher son roi, mais il n'est pas stupide : son intuition lui souffle qu'il vient de trouver son seigneur, et qu'il n'aura donc pas les directives espérées ... Pourtant son instinct le pousse à continuer sa route, lui dit qu'il y a ... quelque chose ...
Il parvient au hall du jugement, ce lieu qu'il connait si bien.
Et sa tranquillité disparait quand il aperçoit Chara quelques mètres devant lui, qui serre dans sa main droite son couteau fétiche.
« ... Gamin ? »
Aucune réponse.
C'est une situation similaire à toute les autres, eux deux, face à face, dans ce hall qu'ils connaissent si bien. Mais cette fois, ledit hall est gorgé d'une atmosphère tendue, néfaste, oppressante. Il n'y a nulle excitation, nulle palpitation. Pas de sourire narquois ni de quelconque plaisanterie.
Et Sans déteste ça. Jusqu'à aujourd'hui, l'humain l'a toujours confronté la tête haute, a toujours soutenu son regard sans tressaillir. Pourquoi aujourd'hui baisse-t-il les yeux ? Pourquoi a-t-il une attitude aussi froide et distante ? Qu'arrive-t-il à ce gamin qu'il se plaît à tourmenter, ce gamin qui est bien sa seule raison de se lever chaque jour ?
« ... Cha... »
Le squelette s'interrompt, se jette brutalement en arrière, sent la lame du couteau le frôler alors qu'il prend conscience que son ami vient de se jeter sur lui. C'est sa vitesse habituelle, mais ... mais malgré tout, il ne s'y attendait pas.
[ Il ne s'attendait pas à débuter un combat comme ça ]
Il n'a nul moment pour faire le moindre commentaire, se trouvant à faire un pas en arrière, et encore un, continuant de reculer sous les assauts de Chara. Il serre les dents, lève la main, mais l'os qu'il invoque tout juste est brisé dans la seconde, avant que sa main ne soit fauchée par le couteau.
Stupéfait, Sans ne peut retenir un hoquet de stupeur. Il tressaille alors que l'humain relève enfin le regard, que ses iris rouges de haine viennent frapper son âme.
Il se téléporte à l'autre bout du couloir, dans le dos de l'humain.
« ... Gamin, putain, qu'est-ce qui te prends ... ? » peste-t-il.
Ils sont à présent dos à dos, chacun à une extrémité du hall. Au travers des fenêtres qui révèlent la surface, les rayons du soleil paraissent peu à peu décliner, plongeant lentement ce lieu si accueillant dans l'obscurité, opprimant les dernières sensations de chaleur qui s'y trouvaient.
Le souffle des deux garçons est l'unique bruit, les particules de poussières fuient les derniers rayons pour se dissimuler dans l'obscurité.
Et le rire de Chara s'élève :
« ... ce qui me prend ... » répète-t-il, venant à se retourner, ses cheveux retombant devant son visage, cachant ses yeux dévastateurs.
Sans reste de dos mais tourne suffisamment le crâne pour le voir du coin de l'orbite. La situation est morbide, le jeune humain ne ressemble plus à ce qu'il était. Ainsi tenu entre la lumière qui se meurt et les ténèbres du couloir, il parait tel un être des ombres, une bête enragée qui ne songe qu'à tuer.
Mais plongé dans ses pensées, le squelette baisse sa garde. Chara saisit l'occasion, se précipite de nouveau sur lui et abat sa lame, qui vient se planter dans un crissement strident dans les dalles du hall alors que Sans se téléporte de justesse au plafond, sa capuche se soulevant alors qu'il retombe en direction du sol, laissant voir dans leur entièreté ses orbites paniquées.
Le squelette n'attend pas d'atterrir pour se reprendre. Sa pupille gauche s'enflamme de bleue, sa magie crépite, et il use de la pesanteur pour projeter Chara contre l'une des colonnes.
[ Chara Dremurr 15 / 24 HP ]
« Qu... ?! » lâche Sans en se réceptionnant au sol.
Il lui a retiré 9 points de vie en une seule attaque ? Le squelette se crispe, observant son adversaire avance un malaise qui ne fait que s'accroitre. Il a tant pris l'habitude de le combattre avec un minimum de 10 LV ... En cet instant, le juge prend pleinement conscience d'à quel point il lui serait facile de gagner. Juste l'attaquer encore deux ou trois fois, et Chara perd le combat ...
Mais Sans à cette sensation désagréable qui l'empêche de réellement bouger, d'attaquer comme il le souhaite, de blaguer comme à son habitude. Il a cette voix dans son esprit, qui lui hurle de s'inquiéter, que rien ne sera régler si Chara meurt maintenant. Que cette fois, la victoire ne sera que trop amère ...
« ...Chara, gamin, tu ne veux pas me parler ? On est ami, n'est-ce pas ? Dis-moi ce qui se passe. »
L'humain se redresse difficilement, tousse, essuie malhabilement le sang qui s'écoule de sa lèvre avant de se figer à ses mots, de resserrer sa prise sur sa lame tandis que sa colère ne semble que plus grande.
« ... Ami ... ? » crache-t-il.
Il se rejette sur Sans, mais cette fois le squelette a plus de facilité à esquiver. A nouveau leurs regards se croisent, mais cette fois ils semblent aussi fébrile l'un que l'autre :
« Qu'est-ce que t'en a à foutre ?! hurle Chara qui réitère son attaque, frôlant la manche du squelette alors que les mots lui viennent, T EN A RIEN A FOUTRE ! »
Sans s'apprête à répondre mais est déstabilisé lorsqu'il voit le couteau être lâché et tombé au sol ... sauf que ce n'est qu'une distraction, et il glapit de douleur en sentant le violent coup de genoux que l'humain lui porte dans coccyx.
[ Sans 0,7 / 1 HP ]
Il fronce les arcades, saisit d'une main la jambe de Chara pour l'immobiliser, sa magie crépitante un peu plus fort :
« Bien sûr que non ! Qu'est-ce qui te prends ?! »
Mais sa colère tombe quand il perçoit les larmes qui sont venus voiler le regard du plus jeune. A nouveau il baisse sa garde, déstabilisé, et Chara en profite une nouvelle fois, dégageant son pied et venant asséner un coup de poing au squelette qui bronche à peine.
[ Sans 0,5 / 1 HP ]
Chara n'a pas tant de force, et sa fragilité émotionnelle n'aide en rien à ce moment. Voilà pourquoi le juge bouge à peine.
L'humain a un mouvement de recul mais Sans le retient par le poignet, le dominant de sa haute taille. Parce que ni l'un, ni l'autre, n'est en état de se battre, n'a envie de se battre.
« Je t'aime plus que tout ! » s'exclame Chara d'une voix étranglée.
Parce qu'il sait le combat perdu d'avance, qu'il sait que tout est perdu d'avance, qu'il sait qu'en agissant de la sorte il a déjà sonné sa fin. Et lorsqu'on sait que la fin est proche, on peut tout dire, tout faire :
« Plus que tout ... ! répète-t-il. Je ne savais même pas qu'on pouvait aimer à ce point ! Je ne croyais pas ... Je ne pensais pas pouvoir aimer de cette façon. Pas après toutes ces putains de merdes ... par après ce que j'ai vécu à la surface, pas après la manière dont m'ont traité les autres humains ... ! »
Les larmes ruissèlent sur ses joues, glissent jusqu'à son menton, gouttent pour se perdre dans le clair-obscur qui a recouvert le carrelage défoncé.
« Moi je ne voulais pas aimer ! Ni toi, ni les autres, ni personne ! crie-t-il plus fort. Juste donner ma confiance faisait trop mal, alors aimer ... ? Et puis je suis devenu fou de toi, incapable de penser à autre chose que toi ... Mais toi, tu t'en fous ! »
Il cherche à se débattre, à se dégager de la main squelette, sa respiration haletante et angoissée accompagnant la lueur de panique qui brille dans ses yeux, mais Sans ne le lâche pas malgré l'expression choquée qu'il aborde.
« T'en a jamais rien eu à foutre ... Je suis juste une distraction, n'est-ce pas ? Une distraction pour tout l'Underground ... un gamin bon à rien, seulement doué pour se faire tuer ... » sanglote Chara qui finit par baisser la tête à nouveau, ses forces quittant son corps, son regard flamboyant s'éteignant au profit de pupilles ternes et dévastées.
L'œil de Sans est à présent l'unique source de lumière. Chara se recroqueville, sa main libre venant serrer son t-shirt à l'emplacement de son cœur, la source de tous ses maux, qu'il aimerait s'arracher et détruire afin de ne plus souffrir, pendant qu'il lutte désespérément pour retenir ses geignements.
Mais la prise sur son bras se relâche, pour être remplacé par une prise au niveau de ses hanches. Il se retrouve plaqué contre le torse du squelette, écarquille les yeux, le souffle coupé.
« ...Chara ... ce n'est pas vrai ... souffle Sans.
- M-Mais bien sûr que c'est vrai ... ! » essaie-t-il de répondre, mais les sanglots étreignent sa gorge et étranglent la fin de sa phrase.
Il sent le squelette le serrer plus fort, venir lui caresser le dos délicatement. Pourquoi cela l'apaisait-il autant, alors qu'un instant plus tôt il hurlait toute sa colère ?
« V-Vous me remarquez seulement si je vous tue ... ! insiste Chara dont la voix part dans les aigües. Je dois finir un génocide, je dois en finir un, sinon ... ! »
Chara s'accroche à lui de toutes ses forces, son corps parcouru de soubresauts. Son visage noyé sous les larmes est venu se dissimuler dans le cou de Sans :
« Je peux rien faire d'autres ... je peux pas ... !
- Chara. »
Le juge l'a coupé sans le moindre état d'âme, le faisant tressaillir. Chara ne sait quoi penser, reste juste muet quand le squelette se penche à la hauteur de son oreille. Il se remémore ces scènes clichées de comédie ou tragédie romantique. Ces scènes où les deux héros sont ainsi enlacés, près à la déclaration d'amour.
Il sait que c'est faux, qu'il imagine la chose, mais en percevant leur proximité ... il pense un instant que Sans va dire : « je t'aime ».
Mais non. Sans n'est pas de ceux qui disent une telle banalité. Au contraire, il prononce une phrase plus importante encore. Une phrase que Chara ne pourra jamais oublier :
« N'oublie jamais que je crois en toi. »
L'humain vacille, se serre plus fort encore contre le squelette, quitte à venir griffer son sweat pour ne jamais le relâcher. Les larmes redoublent, et pourtant il est cette fois-ci silencieux, la bouche ouverte sans qu'aucun son ne puisse sortir, la stupéfaction l'ayant frappé de plein fouet. Il sent Sans continuer ses caresses dans son dos, avant de remonter jusqu'à sa nuque puis sa tête, parcourant sa chevelure du bout de ses phalanges.
Sans croit en lui ... ? Son esprit ne parvient pas à l'assimiler correctement. Il croit réellement en lui, en ses piètres capacités ?
Il renifle, parcouru de spasmes, sa conscience réalisant peu à peu la situation :
« ... J'ai tué papa .... J-J'ai ... »
Son aveu se bloque, il se mord la lèvre, mais pourtant Sans le surprend une énième fois en se redressant, seulement pour poser une main sur la joue de l'humain et lui caresse doucement une pommette, essuyant au passage l'une de ses nombreuses larmes :
« Ce n'est rien.
- M-Mais je peux pas RESET ... ou sinon Aggro ... »
Le squelette se tend, cessant tout mouvement alors que sa pupille crépite :
« ... Chara ... tu dois savoir quelque chose au sujet d'Aggro. »
L'ambiance se glace pour la seconde fois.
*** ***
C'était une histoire qu'on lui avait conté de nombreuses fois, alors que sa vue se dégradait au fil des mois.
[Jadis, les humains et les monstres régnaient sur le monde.]
Frisk aimait les histoires. Il était lui-même un grand lecteur, avant que la cécité ne le gagne, ne l'empêche ne serait-ce que d'entrevoir les livres qu'il aimait tant. Mais malgré sa peur, son appréhension, il avait toujours pu compter sur ses parents pour le soutenir et continuer de le border avant de se coucher.
[Un jour, une guerre éclata entre les deux races.]
[Après une longue bataille, les humains furent victorieux.]
[Avec un sortilège, ils scellèrent les monstres sous terre.]
Ils gagnaient peu d'argent, n'avaient pas les moyens de faire appel à la médecine pour aider l'enfant. Mais Frisk ne comptait pas se laisser abattre par son handicap. Ses proches étaient si gentils, si serviables ... sa famille, ses amis, même ses professeurs ... Ils savaient qu'il pouvait compter sur eux pour aller de l'avant.
... Alors ... pourquoi ... ?
[Maintes années passèrent.]
[Une légende vit le jour concernant le Mont Ebott.]
Pourquoi ... ?
[On racontait que ceux qui escaladaient cette montagne ne revenaient jamais.]
POURQUOI ?!
« Frisk ... mon cœur ... ? Voudrais-tu allez te promener ? »
La voix chevrotante de sa mère l'avait interpellé malgré son jeune âge. A dix ans à peine, il était devenu complètement aveugle, maintenant incapable de discerner quoique-ce-soit. Mais il n'avait rien dit, avait seulement accepter la main de sa mère et s'était laissé entrainer dans cette balade.
Il avait nettement entendu le vent, le crissement de la terre, sentit les herbes folles frôler ses petites mains. Sa mère l'avait aidé à grimper sur un arbre, à garder son équilibre le long d'un tronc avachit sur le sol, puis ils s'étaient arrêtés pour pique-niquer.
Frisk adorait les pique-niques.
Puis ils avaient repris la route. Tout le long, l'enfant avait été interpellé par le silence de sa mère. Elle qui était si gaie, si bavarde habituellement ... Ce jour-là, tandis que la balade touchait à son terme, elle ne parlait plus.
Puis ils s'étaient arrêtés de nouveau.
« ... Mon cœur... mon petit Frisk ... »
Il avait perçu qu'elle s'était agenouillée, s'était lové contre elle quand elle l'avait pris dans ses bras :
« Oui maman ?
- Je t'aime mon chéri ...
- Moi aussi je t'aime ! »
Il avait ri, de son rire doux et cristallin, son rire si pur et innocent.
Son rire qui avait cessé net à l'entente d'un sanglot.
« Ma... ? »
La pression sur son torse le prit au dépourvu, et il ne prit conscience de tomber qu'au-moment où il percuta un amas de fleurs dorées.
Frisk sursaute, ramené à la réalité par les petites mains d'Aggro qui tirent doucement sur sa manche dans le but d'attirer son attention. Le cœur lourd, le jeune homme reprend un sourire fébrile et se penche pour prendre son fils dans ses bras :
« Pardon mon chéri, j'étais dans mes pensées ... »
Il se doute qu'il doit faire une mine affreuse car l'enfant vient lui caresser la joue, comme pour le réconforter. Frisk se mordille la lèvre, serre le petit contre lui, alors que les paroles d'Asgore lui reviennent. Il était persuadé d'un jour retrouver la vue. Il a toujours eu confiance en Gaster pour atteindre cet objectif ... et à présent, tout cela vole en éclat.
Après un soupir, il vient caresser distraitement les cheveux ébènes de Aggro.
« ... Si je te coiffais ? Ça te dirait ? »
Frisk perçoit l'enfant hocher la tête et sourit, puis l'emmène dans la salle de bain. Il le dépose sur le tabouret et récupère la brosse à cheveux, puis s'accroupit à sa hauteur et commence délicatement et le coiffer.
« ... Papa... ? »
L'humain sursaute brutalement, écarquille les yeux sous la surprise :
« ... Qu... ? Aggro, tu as parlé ?
- Oui. »
Frisk reste muet de stupeur, n'ayant jamais entendu sa voix jusque-là. Il porte une main à sa bouche, terriblement ému, comme si ce fut l'une des choses les plus belles du monde :
« ...Mais... depuis quand ? Oh mon dieu ...Je rêve... »
Son sourire se fait plus sincère alors qu'il vient enlacer son enfant :
« Ahah, pardon, je suis juste... oh, je suis tellement heureux ! Tu as une voix absolument adorable ! Ahah ! »
Sa cécité l'empêche de voir la moue du petit, qui semble déconcerté par la réaction de son père, comme s'il ne saisissait pas pourquoi il était si heureux d'une 'si petite' chose.
« ...Papa, pourquoi tu es triste depuis tout à l'heure ... ? » interroge finalement Aggro.
Frisk se crispe. Il relâche le métamorphe à regret, perdant son sourire, encore un peu déstabilisé par la capacité à s'exprimer de l'enfant. Mais il n'a nul temps de répondre que Aggro le précède :
« C'est à cause des autres ? Ils te rendent tous tristes ? S'ils sont méchants, faut plus les laisser te faire du mal. »
La prise de l'enfant se resserre sur la veste de l'aveugle. Ce dernier garde le silence, étonné de l'entendre parler autant. Il revient caresser ses cheveux en réfléchissant ... et retrouve un léger sourire :
« ... Ils ne sont pas méchants. Ils sont juste ... eux. Avec leurs propres problèmes, leurs propres priorités. Je ne peux pas leur en vouloir d'essayer d'avancer.
- ...Avancer ? Comment on avance quand tout le monde se retourne contre nous ? Toi y a tout le monde qui te déçoit.
- ... Comment tu ... ? »
Une nouvelle fois muet, Frisk secoue doucement la tête pour disperser ses interrogations. Il réfléchira plus tard au comment du pourquoi son fils semble en savoir autant. Peut être est-ce un effet de l'expérience ? Il en parlera à Gaster ... Mais pour le moment, il se doit d'expliquer à l'enfant :
« Tu sais, tous ce qui nous arrive laisse des traces, et ces traces seront toujours là. C'est pareil avec les gens. Toutes les personnes que tu rencontres dans la vie ne deviennent pas forcément des amis ou des gens proches. Mais ces personnes t'enseignent à grandir, à évoluer. C'est pour ça qu'il faut aller de l'avant et ne pas s'enfermer dans le passé. »
Aggro le fixe du regard, pencha la tête sur le côté en réfléchissant à ses mots. Finalement, il demande de sa voix douce :
« Donc moi aussi j'aide les gens à évoluer ? »
Frisk rigole :
« Bien sûr mon cœur ! Regarde ... moi tu m'aides à prendre des responsabilités ! »
L'enfant écoute son rire, écoute ses mots ... et pour la première fois, la toute première fois depuis sa naissance, le jeune enfant se sent sourire. Il sent une douce chaleur en lui, et une véritable joie égaie son visage.
Mais cette joie s'affaisse quand un vacarme se fait entendre au rez-de-chaussée :
« FRISK !! »
Le hurlement de Chara retentit dans la demeure. L'interpellé sursaute une nouvelle fois : ont-ils tous décidé de le surprendre aujourd'hui ? Il porte à nouveau Aggro et quitte la pièce pour se diriger vers l'escalier :
« Oui, qui a-t... »
Il entend le son caractéristique d'une âme qui devient bleue ... et Aggro lui est arraché des bras. Il glapit, perçoit un cri provenir de son fils en même temps qu'un choque contre le mur.
« AGGRO ! »
Il va pour se précipiter sur le petit, mais Chara vient brusquement lui saisir l'épaule pour le retenir :
« Ne t'approche pas de lui ! ordonne le cadet. Ce monstre est une menace pour tout l'Underground ! »
Frisk ne le voit pas, mais Sans se tient non loin et veille à garder l'enfant bien plaquer contre le mur. L'aveugle se tourne vers son frère en panique, le corps tremblant :
« Qu'est-ce que tu racontes ?!
- Il a mené les trois quarts d'entre nous à la dépression ! C'est à cause de lui que Papyrus a fait une crise et que Muffet nous ignore !
- Q-Quoi ? C'est un enfant !
- C'est une expérience foirée qui veut notre mort ! »
Frisk tressaille, son corps se fige, il sent ses barrières craqueler, sa limite être atteinte. Une colère terrible s'empare de lui, il se dégage de la prise de Chara, et la main part. Son frère, tout comme Sans, ont un hoquet de stupeur.
Frisk vient de gifler Chara.
« C'est de MON FILS dont tu parles ! déclare froidement l'aveugle. Ne te permets pas de dire telles chose, encore moins devant moi ! »
Ahuri, le cadet reste muet alors que Sans retire sa magie, laissant Aggro tomber au sol. Frisk s'empresse de le rejoindre et de venir vérifier que tout va bien.
« P-Papa ... » hoquète le petit, sonné.
La rage de l'humain n'en est que plus forte, parait même alourdir l'atmosphère.
Et les pupilles d'Aggro rétrécissent, deviennent deux fentes orange dans des iris devenues noires.
< Le LV reflète la capacité à infliger la souffrance >
[ Aggro LV 5 ]
< Plus tu fais souffrir, plus il est facile de te perdre toi-même de vue >
[ Aggro LV 10 ]
< Plus tu te perds toi-même de vue, plus il te sera facile de faire souffrir autrui >
[ Aggro LV 15 ]
Frisk sent qu'on le projette en arrière, mais ce n'est pas sa seule sensation. La douleur dans son torse le parcourt tout entier, et la subite impression de vide précède le moment où il tombe à terre, où son esprit est flouté, incapable de réfléchir.
« FRISK !! »
Nouveau hurlement de la part de Chara, dont la terreur a pris possession de son être. Il observe sans parvenir à y croire, sans parvenir à réagir, le petit Aggro debout face à lui. Cet enfant des enfers qui le fixe avec un large sourire, tenant dans sa main droite l'âme palpitante de Frisk.
Sans lui-même frémit d'angoisse, manque de reculer face au regard de l'enfant. Mais malgré son anxiété soudaine il fronce les arcades, le réel danger éveillant ses sens, sa méfiance. Sa capuche se soulève alors qu'il fonce sur le métamorphe, révélant son œil gauche enflammé de magie. Sa vitesse est décuplée, surprend Chara qui ne l'avait jamais vu être aussi rapide, même pendant leurs affrontements.
Mais alors qu'il tend la main pour saisir l'âme, Aggro esquive d'un simple pas sur le côté.
« Qu... ? » lâche le squelette.
L'enfant le fusille du regard et sa voix dissonante se répercute en écho dans la demeure :
« C'est à moi. C'est MON Papa !! »
Chara tressaille, son cœur loupe un battement. Il voit l'âme fébrile de son frère qui tremble entre les doigts du métamorphe, apeurée, comme appelant à l'aide.
- Son frère ... Son grand frère ... ! –
Aggro se pétrifie avant de se retourner vivement vers l'humain, effaré, son visage devenant livide quand il voit le bouton RESET apparaitre devant Chara.
« NOOOOOOOON !!!!!! » hurle-t-il en se jetant vers lui.
La peur a mené l'humain au bord des larmes et ce n'est que par instinct de survit qu'il finit par appuyer sur le bouton.
Pour se retrouver dans sa chambre, étendu sur le lit comme à chaque RESET, le regard porté sur le plafond.
Un RESET est semblable à un rêve d'après Chara. Car il a toujours cette sensation de se réveiller, de ne rien avoir vécu de réel quand bien même lui et ses amis aient gardé leurs souvenirs.
Mais malgré leurs similitudes, un RESET n'est pas un rêve.
Chara en prend réellement conscience lorsque le silence de la demeure se rompt.
Lorsque le hurlement désespéré de Frisk retenti :
« AGGRO !!!!!!!!!! »
Chara ferme les yeux avec cette affreuse impression de suffoquer, se recroqueville en tremblant alors que les larmes viennent rouler sur ses joues.
Il a tué le fils de son frère.
Définitivement.
Et il est juste incapable de s'en réjouir.
***
Dessin de _ShootUa_ ! Big Thanks !!
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