N°12 { Love me, please love me }
Dessin de OkameArt ! Un gros merci <3
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[Jadis, les humains et les monstres régnaient sur le monde.]
[Un jour, une guerre éclata entre les deux races.]
[Après une longue bataille, les humains furent victorieux.]
[Avec un sortilège, ils scellèrent les monstres sous terre.]
[Maintes années passèrent.]
[Une légende vit le jour concernant le Mont Ebott.]
[On racontait que ceux qui escaladaient cette montagne ne revenaient jamais.]
Les enfants ont toujours aimé cette histoire. Magie, monstre, disparition ... le récit parfait pour les faire frissonner et user de leur imagination. Une histoire que l'on raconte aussi bien aux habitants de la ville qu'aux étrangers. Une histoire à laquelle on peut croire ou non, mais qui retient tout de même notre attention.
« Tu connais cette légende Chara ? »
Les enfants ont toujours cette innocence, cette naïveté. Cette absence de responsabilité, cette ignorance envers le mal qu'ils peuvent faire, ces conséquences qu'ils peuvent provoquer. Ils ne font que jouer, s'amuser, et dire ensuite 'On rigolait'.
« Si tu la connais ... Pourquoi tu n'y vas pas ? Pourquoi tu ne disparais pas ? »
Chara se redresse brutalement, haletant, la sueur perlant le long de sa tempe. Confus entre rêve et réalité, il s'agrippe désespérément à la couverture, ses cheveux décoiffés lui retombant devant les yeux, brouillant sa vision déjà troublée par les larmes.
Il reste le regard ancré dans le vide, la terreur pétrifiant son corps, dans l'obscurité et le silence de sa chambre. Il ne cri jamais dans ce moment-là. Sa voix reste bloquée à l'intérieur, l'empêche d'alerter qui-que-ce-soit.
Et il ne sait quoi penser. Son esprit ne parvient pas à faire de lien cohérent, à comprendre pourquoi il rêve de ça maintenant.
« ...Merde ... »
Il passe une main sur son visage, essaie de reprendre ses esprits, mais sans succès. Dans un soupir il se décide à quitter le lit pour se rendre à la cuisine, souhaitant boire un chocolat chaud.
La demeure est plongée dans l'obscurité. Il n'y a nul bruit, Frisk comme Toriel dorment. Chara n'évoque que ses deux là tout simplement car ses yeux interceptent le petit corps de Aggro le précéder dans la cuisine. Surpris de voir l'enfant levé à cette heure-ci, il lui emboite le pas sans tarder, partagé entre la joie d'avoir de la compagnie et le malaise que ce soit celle d'Aggro.
Ce malaise ne fait que grandir quand il met un pied dans la cuisine, que l'atmosphère pesante de la pièce le frappe. Ses yeux croisent ceux du plus jeune, qui est planté au milieu de la salle sans un mot et qui ne fait que l'observer.
Chara va pour parler, mais l'enfant le précède d'une voix morne :
« Lorqu'ils se seront lassés, tout redeviendra comme avant. Sans ne te portera plus la moindre attention. Frisk sera chouchouté par Toriel, et Asriel sera au centre de l'attention d'Asgore. Il n'y aura plus de place pour toi. »
... pardon ... ? L'humain cligne des yeux, ne prend conscience des paroles du petit qu'au moment où celui-ci le dépasse :
« Il n'y a jamais eu de place pour toi. »
Et Aggro sort tout naturellement de la cuisine, comme ça, sans rien ajouter, laissant Chara en proie à ses doutes.
En proie à ses cauchemars.
*** ***
Le jour suivant s'avère plus tendu que les journées qui ont précédé. Comme si toute la crainte et l'angoisse accumulées arrivaient à leur apogée, que la boule de négativité créé dans l'Underground allait bientôt être percé.
Mais Gaster ne le perçoit pas. Il s'est enfermé dans son laboratoire, n'en sort plus un seul instant, pas même pour manger. Les cernes se sont accumulés sous ses orbites, tandis qu'il manipule avec précaution certains tubes à essaies, qu'il en analyse le contenu avant de taper nerveusement sur le clavier de son ordinateur.
Il se stop pourtant lorsque les chiffres se dédoublent, que sa vision lui fait défaut. La fatigue pèse sur son corps tout comme son mental, l'oblige à fermer les yeux et se masser les tempes, sa respiration s'étant faite plus lourde. Mais le temps le presse, il ne peut prendre plus de quelques minutes de pause !
« Tu vas t'écrouler à ce rythme. » commente Sans qui s'est téléporté dans la pièce, pour venir lui porter un repas chaud et au fumet alléchant.
Le scientifique ne répond pas mais daigne jeter un regard à son fils, avant de bifurquer vers le plat qui éveil sa faim :
« ... Grillby ? demande-t-il.
- Yep. Il est inquiet tu sais ?
- ... Il devrait se soucier de sa clientèle.
- Contrairement à certains, il fait passer les amis et la famille avant le travail. »
Et contrairement à ce qui peut être pensé, cette phrase n'est nullement un jugement mais simplement une petite moquerie. Sans est le mieux placé pour savoir que son père tient à ses proches et que ses recherches ont pour seul but d'aider les autres.
« Fais donc une pause. Je t'aiderai pour la suite. » propose le juge en venant déposer l'assiette sur le bureau, en prenant garde au matériel scientifique.
Gaster souffle, contraint d'obéir à son fils. Il retire ses lunettes et les accroche à sa veste, avant de venir prendre une bouchée du plat. Il ne fait aucun commentaire, mais le goût est exquis. Rien de surprenant venant d'un repas de l'homme feu.
« ... Donc ... tu fais encore des recherches sur Aggro ? » demande Sans dont les pupilles parcourent les notes de son père sans gêne.
Gaster prend une autre bouchée tout en hochant la tête. Il y a un court silence, avant que la voix du juge ne se fasse plus sérieuse :
« ... Je me suis permis de mener mes propres recherches. »
L'adulte fronce les arcades, tourne son regard vers son fils qui à l'air plus sombre que d'habitude :
« ... Ce n'est qu'une supposition ... Mais ce gamin n'a pas l'air d'avoir de bonnes intentions. »
Gaster se crispe, se remémore sa propre expérience avec l'enfant, et se concentre de nouveau sur ses notes :
« ... Je le pense également, mais nous ne pouvons juste pas proférer de telles accusations sans pr ...
- Et avec témoins ?
- Quoi ?
- Si je te dis que plusieurs d'entre nous ont parlé avec Aggro, et que ça ne s'est pas bien fini ? »
Gaster est définitivement intrigué. Il saisit son calepin et reprend son stylo, prêt à se remettre au travail :
« Dis-moi tout. »
Sans hoche le crâne et débute son rapport.
*** ***
L'après-midi est largement avancé lorsque Asriel se présente à Snowdine. Il se dirige vers la maison de sa mère, non sans rougir à chaque monstre qui le salut avec un peu trop de protocole. Le jeune prince n'est que peu à l'aise avec son statut, voir envie ses frères de ne pas subir une telle pression. Mais il préfère terrer ses pensées au fond de lui : son père compte sur lui, il doit assumer son rôle d'héritier. Il se prépare à ça depuis tout petit après tout.
Il se frotte la nuque en soupirant doucement, baisse la tête pour observer la neige qui crisse sous ses pieds.
< Si nous allions jouer au lieu de travailler ? >
Il secoue la tête, ignorant la voix qui lui susurre une telle chose, mais celle-ci se fait insistante :
< Allez, on en meurt d'envie, juste un peu ! >
Asriel gonfle les joues :
« Papa nous a fait une demande ... grommèle-t-il. On jouera plus tard. »
<On aura pas le temps 'plus tard' !>
Le jeune prince lève les yeux au ciel, aperçoit enfin la maison qu'il cherche à rejoindre.
< Asrieeeel~ >
La voix continue d'occuper son esprit et, bien qu'il s'y soit fait depuis le temps, cohabitant avec cette 'chose' depuis des années, il finit par rouspéter :
« La ferme Flowey ... »
<Oulala, 'la ferme', comme c'est méchant !>
Asriel lui rétorquerait bien quelque chose mais il est parvenu sur le palier. Il ignore donc son autre personnalité comme il peut, lisse correctement sa tunique princière et toque.
« Asriel, mon cœur ! » la salut Toriel lorsqu'elle ouvre la porte, avant de venir lui embrasser le front avec tendresse.
Le jeune homme sourit doucement, tout ému de retrouver sa mère. Il a si peu l'occasion de la voir avec tout son apprentissage ... et malheureusement, aujourd'hui, ce n'est qu'une courte rencontre :
« Bonjour maman. Excuse-moi, je suis un peu pressé. Je suis venu chercher Frisk et Chara ! »
Immédiatement, la femme perd son sourire. Elle se doute sans mal qu'il se trame quelque chose. Lorsque son jeune fils est pressé, c'est que son mari y est pour quelque chose. Inquiète mais n'aimant pas se mêler de ce qui ne la regarde pas, elle retrouve un pauvre sourire et hoche la tête :
« Je vais les chercher. Entre donc te mettre au chaud, même pour quelques minutes ... »
Elle s'efface pour le laisser passer, puis se dirige à l'étage tandis qu'Asriel entre comme elle l'a demandé.
< ... Evidemment, Père n'a pas mis Maman au courant. >
Flowey est clairement frustré, Asriel le ressent sans mal. A moins que ça ne soit sa propre frustration ? Il n'apprécie pas de voir sa mère ainsi mise à l'écart des décisions royales, alors qu'elle est tout de même la Reine de l'Underground.
Lui et son autre personnalité poussent un soupir simultané, juste avant que leurs deux frères ne descendent les escaliers pour venir à sa rencontre. Ils se saluent comme d'habitude, par le biais de câlins et de bises. Pourtant, quelque chose ne va pas.
< Chara a des cernes, non ? ... et Frisk est pâle. >
Asriel le remarque aussi mais se tait. Il ne veut pas interroger ses frères là-dessus, car si ceux-ci cherchent à paraitre en forme c'est qu'ils ne veulent pas parler de leur problème.
< Ils ne veulent jamais parler de leurs problèmes. Ils sont aussi bornés que toi. >
Asriel l'ignore une énième fois pour venir à ce qui l'amène ici. Il regarde ses ainés avec embarra, les oreilles basses, signe de son malaise et sa crainte, preuve qu'il n'a rien de bon à annoncer :
« Père aimerait nous voir ... » dit-il d'une petite voix, alors que les deux humains perdent des couleurs.
Asgore ne les convoque que rarement tous les trois. Cela a de quoi les inquiéter et, sceptique, ils se rendent sans tarder vers la rivière, où le passeur les attend déjà, comme ayant deviné leur venu. River, de son vrai nom, est l'un des monstres les plus énigmatiques de l'Underground, semble savoir les pensées de chaque monstre. Si cela a toujours intrigué les trois princes, aujourd'hui ils n'y pensent que peu, trop obnubilé par ce que va leur dire leur père.
« Lalala... chantonne le passeur. Méfiez-vous de celui qui vous ressemble. »
Une phrase aussi étrange que toutes celles qu'il a pu prononcer jusqu'alors. Si Frisk et Asriel ne semblent que peu s'y intéresser, Chara lui observe l'homme encapuchonné avec perplexité. Pourquoi son inquiétude ne fait-elle que décupler ?
*** ***
La voix d'Asgore gronde au travers de la salle du trône :
« L'arrivée de Aggro nous démontre bien l'incapacité des monstres à se passer du Reset. Notre peuple en est devenu dépendant, et cela ne peut plus durer. Nous allons reprendre un rythme de vie 'normale' qui ne nécessitera plus cela.
- Quoi, mais ... ! s'exclame Chara qui se fait aussitôt couper.
- Plus de génocide, plus de 'divertissement' pour amuser la galerie et pour combler vos caprices. Il est temps de devenir des princes responsables et de mener l'Underground en avant. Nous sommes restés enfermés des années durant, nous avons abandonné l'idée de sortir d'ici simplement par facilité, nous en avons quasi perdu la notion du temps, et nous pouvons remercier Gerson d'avoir eu l'obligeance de compter les jours depuis le premier Reset !
- Qu ... Cessez d'exagéré, nous... !
- 1440 jours Chara ! Cela fera bientôt 1440 jours que nous sommes enfermé dans ce cercle vicieux ! Cela fera bientôt trois ans que nous avons accepté l'idée de mourir pour 'jouer' ! Que nous avons abandonné toutes idées d'avancer ! »
Le regard de son père fit taire le jeune humain qui détourne les yeux, les poings serrés, alors que Frisk baissait la tête. Asriel hésite, se sentant mal pour ses deux frères. Il regarde fébrilement leur père :
« ... Alors ... si nous abandonnons les génocides et le reset pour aller de l'avant ... que sommes-nous censés faire exactement ? »
Asgore regarde chacun d'eux, les sourcils froncés, pour déclarer ensuite sa décision mûrement réfléchit :
« Asriel, tu vas continuer des études avec davantage d'intensité. Je convoquerais Undyne pour qu'elle double tes entrainements, et Alphys sera ton nouveau professeur de sciences. Et ... Numéro 1 et Numéro 2 seront chargés de me faire des rapports quant à tes études.
- ... d-des rapports ?
- Crois-tu que le laxisme de Undyne m'ait échappé ? Retiens bien que si elle ne mène pas à bien ton entrainement, elle en subira les conséquences. »
Le cadet se crispe, pris d'une sueur froide, alors qu'il songe à son professeur et amie qui a tant fait pour lui :
« Non père, vous vous trompez, elle ... !
- Il suffit. »
Interrompu aussi sèchement, Asriel ne sait quoi rétorquer et ne peut que baisser la tête tristement. Asgore se tourne alors vers l'ainé :
« Frisk, tu vas diminuer tes visites chez Gaster et commencer toi aussi un entrainement.
- Je ... Pardon ? s'offusque l'aveugle. Mais ...
- Il s'occupe de toi depuis des années et ta guérison n'avance pas. Il ne sert à rien de perdre davantage de temps avec ça. Tu as encore tes autres sens et nous allons les mettre à profit. Nous aurions dû commencer cet entrainement bien plus tôt et ne pas nous faire d'espoir que tu retrouves la vue. »
Frisk devient livide, ses espoirs venant de voler en éclat en seulement quelques secondes à peine, interpellant ses deux frères qui ne parviennent pas non plus à croire ce que viens d'annoncer le roi. Mais ils ne peuvent une nouvelle fois rien dire que Asgore se tourne finalement vers Chara :
« ... Chara Dreemurr. Plus de Reset, plus jamais. Tu vas prendre tes responsabilités de Prince et enfin agir comme un adulte. Plus de sortie futile au café de Snowdine, ni d'enfantillages avec Sans ou bien tes frères. Quand Undyne ne s'occupera pas d'Asriel, ce sera toi qu'elle entrainera, et lorsqu'elle t'estimera prêt, tu rejoindras la garde royale.
- QUOI ?! s'écrie le concerné. Mais j'en ai aucune envie, et Asy et Frisk n'ont plus ! »
Le roi le jauge du regard, pour finalement lui tourner le dos et faire un vague signe de la main, qui signifie que la discussion est close. Choqué d'un tel comportement, Chara ignore ses frères qui ont décidé de quitter la pièce sans faire d'histoire, se retrouve seul avec Asgore dont il fusille le dos :
« Père !! Écoutez moi ! »
Le roi soupir, se masse l'arrête du museau avec agacement :
« Chara, n'insiste pas.
- Mais ... !
- N'INSISTE PAS ! » hurle-t-il en faisant volteface, sa cape claquant l'air sous le brusque mouvement, surprenant l'humain qui a un mouvement de recul apeuré.
Le roi reprend son calme, dissimule sa culpabilité derrière un masque impénétrable :
« J'ai donné mes directives, j'attends que tu les suives sans faire d'histoires. Tu feras ce que tu souhaites lorsque tu y seras autorisé. »
Le mutisme étreint Chara. Il ne parvient à dire quoique ce soit, ne peut qu'observer son père lui tourner le dos pour retourner à ses activités.
Les paroles d'Aggro lui reviennent, ne l'ont en vérité jamais quitté, et il est frappé par la véracité de ses propos, cette vérité omniprésente depuis tant d'années mais qu'il s'est toujours refusé à accepter.
[ Les génocides sont tout pour moi ]
Quand a-t-il commencé à faire se raccourcit, a songé qu'il n'a que ça ? Peut-être que si on ne l'avait pas encouragé dans cette voie, il ne se serait pas bloqué dans cette seule éventualité.
[ Je n'ai rien d'autre ]
Il emboite le pas à son père. Les battements de son cœur paraissent ralentir, joignent son esprit embrumé par la confusion.
Le bruissement de la lame gagne ses oreilles, semble se répercuter contre les murs sans que quiconque d'autre que lui ne l'entende.
Il frémit, les yeux encrés sur le dos imposant de l'homme non loin.
Le métal froid glisse de sa manche, frôle sa paume, ses doigts, vite suivit du pommeau qu'il s'empresse de saisir.
Le temps est en suspens. Asgore se retourne au ralenti, plonge son regard dans celui de Chara. Son visage impassible change de couleur, devient livide, alors que ses yeux s'écarquillent, qu'il va pour saisir son trident.
Mais c'est trop tard.
Le couteau la tranche nette, dans un bruit strident qui accompagne le regard rougeâtre de Chara, son regard fou qui exprime toute sa haine et sa rage.
Le cri étranglé d'Asgore retentit, son corps s'écroule à genoux, il peine à respirer. Sa main vient se poser fébrilement sur la plaie béante, ses pupilles interrogent Chara avec peine.
Mais nul mot n'est prononcé. Seules les respirations rompent le silence.
Et pour la première fois, la toute première fois, Chara est celui qui domine, qui regarde de haut.
Jusqu'au moment où le corps de son père s'écroule en amas de poussière.
[ Chara Dremurr LV 2 ]
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