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XXXVIII - Ennemi malgré Lui - Partie 1

23 août 1875 — Ailleurs, Geôle d'Uraera

Bouleversée, Lunera comprit ce qu'Uraera voulait dire en parlant de Darkodem comme son pantin. Elle avait investi son esprit et s'était jouée de sa personne pour délier les pièges de Janna et de Jahanama.

Uraera ne l'observait pas, occupée à contempler le firmament. Cette fois, le bleu du ciel rivalisait de moitié avec l'éclat pourpre. Satisfaite, elle déporta son regard vers la jeune femme. Les yeux à demi-ouverts, Lunera craignait la suite des vérités giflantes que ne manquerait pas de lui adresser l'odieuse détenue.

— Je suis arrivée quand Darkodem avait trois ans, commença Uraera. Je me suis réveillée dans son esprit à Sultakara.

— À S-s-sult-tak-kara ? balbutia Lunera, stupéfaite.

— Oui, ma chère, répondit Uraera avec un sourire perfide. Darkodem était l'héritier légitime du trône, le premier prince de Sultakara.

Lunera poussa un glapissement effrayé et tomba à la renverse, les mains plaquées devant sa bouche.

— Assad... ! Assad ! s'écria-t-elle. Il est le frère d'Assad ! Il est... mon oncle ? Je suis d'origine sultakaroise ? Saphir est... ma cousine ?

Parcourue d'un frisson d'extase, Uraera se délectait du désespoir de Lunera.

— Oui, pauvre idiote ! Ces mêmes gens que tu as lésé avec tes crimes, persifla-t-elle en employant des mots qu'elle savait douloureux à l'oreille de Lunera, étaient ta famille !

Ses yeux se remplirent de larmes.

— Oh non... Mon Dieu, gémit Lunera. Qu'ai-je... qu'ai-je fait ?

— Tes maigres remords n'effaceront pas le sang sur tes mains, déclara la prisonnière avec dédain. J'ai profité du jeune âge de Darkodem pour le détruire. J'assombrissais son esprit, je lui tordais l'âme, je le torturais de propos cruels, si bien qu'il s'est vite abandonné à moi, me laissant reprendre les rênes de son être tout entier. Malgré tout, il était jeune, je ne pouvais partir à l'aventure avec sa frêle constitution. Je devais attendre qu'il devienne plus grand et plus fort. J'ai attendu des millénaires, une poignée d'années supplémentaires, ce n'était pas grand chose.

« Je lui ai fait apprendre les bases de la magie, je lui ai appris les plus noirs sortilèges, je lui ai appris tout mon savoir, qu'il a fini par maîtriser. Je me suis attelée à le faire haïr de tous pour qu'il soit seul à jamais, dévoué à moi de son être. Je ne voulais pas qu'il trouve un échappatoire ailleurs, j'avais tout fait pour qu'il se noie dans ma noirceur et qu'il soit brisé à jamais. Ainsi, je pouvais mener mes affaires à bien.

Peinée, Lunera pleurait silencieusement. Elle se montrait très touchée de l'enfance ténébreuse de son père : il avait dû tellement souffert ! Ravie de la voir souffrir elle aussi, Uraera eut l'idée d'attiser sa douleur. Elle ferma ses yeux et se concentra intensément. Tout à coup, entre elles, un rectangle lumineux se forma dans les airs. Les lumières s'assemblèrent ensemble pour former une image. Lunera interrompit ses sanglots, observant avec ses yeux rouges la magie d'Uraera s'animer.

Alors, entre le rectangle lumineux, un jeune Darkodem apparut. Les cheveux courts, habillé dans son pourpoint de jeune prince, son visage juvénile était tordue dans une grimace de souffrance. Se griffant le visage, le cou, les bras, il semblait être en proie à un mal terrible qui le rongeait tout entier. Le son de sa voix parvint aux oreilles de la jeune femme : il hurlait à la mort. Un hurlement effroyable comme jamais elle n'en avait entendu auparavant.

— NON ! s'écria Lunera, au bord du gouffre, en voyant cette image.

Vraie ou fausse, peu lui importait. La vue de son jeune père était comme un coup de poignard en plein coeur.

— Ce souvenir est-il à ton goût ? ricana Uraera. J'en ai d'autres, il suffit de demander.

Alors, ce fut une véritable descente en enfer. Sous les yeux hantés d'une Lunera anéantie, des images funestes défilaient à la chaîne. Ici, Darkodem pleurait silencieusement, du haut de ses dix-sept ans, en conjurant Uraera de faire cesser son parasitisme. Là, Darkodem était allongé, las, la mort dans l'âme, formulant une prière silencieuse de mourir. De ce côté, Darkodem se tenait la poitrine, comme si son coeur était assailli d'un violent mal ; au loin, la voix d'un vieil homme résonnait : « Tu n'es pas mon fils ! ». Là-bas, Darkodem, blême de douleur, entendait un petit garçon qu'elle devina être Assad dire : « Pourquoi Darkodem est-il méchant avec nous ? »

Les souvenirs se mêlaient dans un méli-mélo de lumière où divers pans de la vie de Darkodem s'offrirent à Lunera. La jeune femme pouvait toutes les relier par un seul mot : tristesse. Darkodem, à chaque fois, se consumait dans une tristesse et une souffrance, toujours plus grandes.

— Passé la vingtaine, nous sommes partis de Sultakara. Nous sommes allés à Arkhess, je voulais m'imprégner vraiment de ma propre magie, de mon cristal catalyseur originel avant de commencer à déjouer les pièges de Janna et de Jahanama. J'ai chassé ce porc de Garland V du pouvoir et j'ai gagné le Sceau de l'Ange.

— Arkhess... murmura Lunera. Ils l'ont accablé de tous les maux... À Sultakara aussi... L'Adrastée... Terhera tout entière... alors... qu'il n'a rien fait !

— Tout à fait, répondit Uraera avec un sourire démoniaque. Soyons clairs, fillette, J'AI agi avec le corps de Darkodem. Ce pauvre idiot ne me servait que de corps temporaire !

Lunera laissa échapper un sanglot amère : oh ! Qu'elle s'en voulait ! Elle-même avait accablé Darkodem de toutes les avanies possibles et imaginables. Alors que depuis le début, il était innocent. Le visage d'Uraera s'assombrit.

— Tout devint beaucoup plus difficile... Darkodem commença à se rebeller. Il me résistait ! Il parvenait parfois à me chasser hors de son esprit pour reprendre les rênes de son existence. Mais je revenais toujours et je le brisais davantage. Mais le fait est que : il me résistait.

« Je ne pouvais pas laisser passer ma chance. J'avais une trop belle âme à ma disposition. Alors, j'ai saisi la première occasion qui se présenta à moi. Alors que le couple royal de Sultakara, ses parents, rentraient d'un évènement à Assenass, je les ai tués en plein vol ! Voir ses propres mains souillées du sang de ses parents l'anéantit, il m'obéit docilement par la suite.

Cette fois, Lunera pleurait encore plus bruyamment. Ce parricide effroyable l'effarait et imaginer la souffrance de son pauvre père la prenait aux tripes. Uraera s'esclaffait d'un rire gras.

— Je ne voulais plus qu'un pareil évènement se reproduise. Darkodem devait être à ma merci totale jusqu'au bout. Alors, j'ai pensé à un plan de secours : la conception d'un second pantin, mené par la force d'un amour maladif. En d'autres termes... toi !

Lunera frémit. La suite des terreurs d'Uraera ne lui disait rien qui vaille. Toutefois, elle se révolta.

— Je ne suis pas un pantin ! cria-t-elle en essuyant ses larmes d'un revers de main rageur. Je suis une Sorcière Hératerra ! Je décide seule, je-

— Tu es vraiment une idiote, la coupa la dédaigneuse Uraera. Ne penses-tu pas que j'y ai pensé, à tout ceci ? Je suis la seule capable de faire d'une personne un Sorcier ou une Sorcière. Les êtres humains se fourvoient en pensant qu'une Sorcière est une femme bénie par les transes du Coeur Arkhale. C'est absolument faux. Moi, et moi seule, envoie l'élan nécessaire pour élever une telle personne. Si tu es une Sorcière, c'est grâce à moi, et moi seule !

— Saphir est une Sorcière aussi ! contra Lunera. Pourtant, je suis sûre que vous ne l'incluiez pas dans votre plan !

Uraera émit un reniflement méprisant.

— Tu dis vrai... répondit-elle. Peu de Sorciers et Sorcières ont foulé Terhera... L'élan vient de moi mais je ne peux pas le contrôler tout à fait. Janna et Jahanama m'ont scellée en fin janvier. Chaque année, leur malédiction comprime ma propre magie et la fait jaillir vers la surface. J'ai trouvé la parade nécessaire pour contrer cet effet mais parfois, je ne peux plus tenir, tellement ça m'étouffe et je libère tout. Quand tu es née, j'ai libéré une grosse quantité de magie volontairement. Mais... Saphir n'était qu'un cas collatéral. Elle n'aurait jamais dû être une Sorcière.

Lunera se tut, accablée par la tristesse. Même son rang de Sorcière, son orgueil d'autrefois, était placé sous le joug et la décision d'Uraera.

— Je voulais pas faire reproduire Darkodem avec n'importe quelle pimbêche... Je voulais prendre ma revanche sur mes Soeurs. Je savais Darkodem le descendant direct de Jahanama, il me fallait donc la descendante directe de Janna. Malheureusement, les prétendus nobles d'Arkhess s'étaient déchirés entre eux. Les Javn avaient disparu de la circulation.

— Et c'est là que vous avez trouvé ma mère... compléta Lunera. La descendante de Janna.

— Exactement, gronda Uraera. L'enfant né des deux devait être ma solution de secours. J'ai trouvé Zahira, la dernière des Javn.

— J-je suis... une descendante d'une famille de noble d'Arkhess.

— Nobles, cracha Uraera, c'est vite dit. Les Javn n'étaient que des porcs. Les Dlavonine les ont dépossédés de toutes richesses par le passé.

Lunera fut comme frappée par la foudre. Dlavonine parlait donc de sa propre famille en évoquant la sixième famille nobiliaire réduite à néant ?

— Il ne restait que leur sang à protéger. Au fil des générations, ils se sont épousés entre eux pour garder une prétendue authenticité du sang des Javn. Ha ! se moqua-t-elle. S'ils savaient. Dans tous les cas, il n'y a qu'une fange bourbeuse qui stagne dans leurs veines. Leurs mariages entre cousins créèrent un désordre mental qui a souillé tous les Javn. Ta mère n'était que l'ultime monstre. Sans esprit, sans intelligence, des monstres de bêtise, des fous à lier, et Zahira n'était que-

— LA FERME ! LA FERME ! LA FEEEEERME ! Ne parlez pas de ma mère comme ça !

Ses larmes devinrent des larmes de rage. Lunera était hors d'elle, ne supportant pas qu'Uraera parle de sa mère en des termes aussi dégradants.

— Qu'est-ce qu'il y a ? se moqua Uraera. Tu manques d'air, tu t'agites... La vérité te blesse ?

— Taisez-vous, espèce de...

Lunera ne trouva une insulte suffisamment odieuse pour accabler la prisonnière.

— Vous êtes cruelle ! Méchante ! Comment-

— Tu ne me crois pas, hein... Et maintenant ?

Uraera se concentra une nouvelle fois, et de nouvelles images jaillirent. Hébétée, Lunera vit sa propre mère commettre les actes les plus étranges qui soient : dans un appartement semblable à celui dans lequel vivait Nani, Zahira sautillait dans tous les sens, nue, en chantonnant à tue-tête. Une autre image la montra en train de se mutiler la peau des bras avec un coutelas aiguisé. Une autre image encore : Zahira brisait son mobilier en poussant des mugissements de bête blessée.

— M-mère... balbutia Lunera en tendant sa main.

Ses doigts rencontrèrent les lueurs de la magie d'Uraera qu'elle essaya de saisir, en vain. Fugaces, elles s'évanouissaient au moindre contact.

— La plupart du temps entre ses folies, reprit Uraera, ravie de voir Lunera coite, Zahira restait silencieuse, assise dans son coin, à ne rien faire. Ses parents moururent dès son plus jeune âge, c'est une voisine qui l'a élevée.

— Tante Nani... ?

Une ultime image montra Zahira, terrée sous son lit. Ses yeux grands ouverts guettaient le plafond, murée dans un silence profond.

— Darkodem l'a donc épousée, sous mon impulsion, et l'a mise enceinte dès que possible. Une telle bête ne supportait pas les désagréments de la maternité, pesta Uraera. Elle haïssait tout enfant qui naissait dans ses entrailles. Chaque fois, elle se rouait de coups elle-même pour avorter.

Choquée, les yeux de Lunera se remplirent de larmes.

— J-je ne... suis pas... dé-

— NON ! rugit Uraera en lui coupant la parole. Zahira et Darkodem ne t'ont jamais désirée !

Cette parole fut comme un soufflet qui terrassa Lunera. Agenouillée, sa tête bascula en arrière et elle tomba sur le dos, son être tout entier écrasé par la cruauté d'Uraera.

— Ils ne se sont même pas désirés eux-mêmes ! Cette pauvre folle n'avait personne ! J'ai forcé la main à Darkodem pour la violenter, l'obliger à supporter l'enfant qui se formait dans ses entrailles. À la fin, elle a cédé.

— Arrêtez ! pleura Lunera faiblement, ne supportant pas d'en entendre davantage. Mère m'aime ! Elle m'aime !

— Elle te haïssait ! rugit Uraera, bestiale.

D'autres images se matérialisèrent. Zahira, encore une fois, apparut sous les yeux de Lunera, toujours allongée. Elle se frappait le ventre, le visage strié de larmes amères tandis qu'elle se lamentait : « Je voudrais que tu meures ! Je voudrais que tu meures ! »

— Non... souffla faiblement Lunera.

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