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XXXVII - Soeur Enchaînée - Partie 1

23 août 1875 — Ailleurs, Geôle d'Uraera

Lunera observa l'étrangère avec des yeux ronds, n'en croyant pas ses oreilles, comme si elle avait reçu un coup de massue sur le crâne qui paralysait ses pensées : Uraera ? Uraera ? L'une des Trois Soeurs ?

— Ahaha... Je suis amusée par ta réaction, croassa-t-elle, après un faible ricanement, comme si elle était épuisée. J'ai tellement, tellement, tellement attendu ce moment !

De choc, ses cordes vocales incapables de résonner, Lunera ne put s'exprimer et se contenta de dévisager du regard cette prétendue Uraera avec des yeux écarquillés à l'extrême.

Sa longue chevelure noire descendait raide comme une cascade derrière ses épaules emprisonnées, pour venir rejoindre le bas de son dos, lui-même enchaîné. Ses yeux en croix étaient d'une teinte violette presque similaire à ceux de Lunera et son visage entier était encadré de marques violacées, comme tatouées. Ces dessins faisaient le contour de son visage et se terminaient en éclairs qui zébraient sa peau à hauteur de son menton. Surtout, le plus saisissant était sans nul doute la lune entrecroisée d'arabesques, le fameux symbole d'Uraera, estampillé sur le front de cette femme à la jeunesse éternelle.

— J-je v-vous ai déjà vue ! s'écria Lunera, retrouvant soudainement la parole.

— Tu as bonne mémoire, répondit Uraera, sarcastique. C'est vrai, ceci dit... Nous nous sommes déjà vues dans tes rêves.

Lunera déglutit.

— Qui êtes-vous ? répéta-t-elle. Où est mon père ?

— Je te l'ai déjà dit, grinça durement Uraera, en faisant agiter ses chaînes. Je suis Uraera, l'aînée des Trois Soeurs. Quant à ton père, ajouta-t-elle avec un sourire perfide, il n'est pas là... Et il ne viendra jamais !

La jeune femme sentit son coeur tomber dans sa poitrine. Se ressaisissant de justesse avant qu'elle ne défaillisse, elle secoua sa tête : sûrement, c'était un mauvais rêve ! La magie du Coeur Arkhale l'avait rendue confuse ! Dans quelques instants, elle ferait revenir l'âme de Darkodem, comme prévu depuis le tout début !

— C'est faux... murmura-t-elle. C'EST FAUX ! Il viendra et... et... et nous-

— Tu sais pertinemment qu'il ne viendra pas, minauda Uraera, avec délectation, comme si elle se repaissait du désespoir des autres.

— Pitié, implora Lunera, il m'a dit... Il me l'a écrit ! Le Coeur Arkhale peut faire émerger les âmes mortes, on peut les guider pour les faire revenir sur Terhera et-

— Il t'a écrit ? releva Uraera en l'interrompant. Il t'a écrit ?

Elle laissa échapper un rire aigüe et froid, amusée par l'ingénuité de cette pauvre Lunera.

— Mais il ne t'a rien écrit, ma chère... répondit-elle enfin, son hilarité passée. Tout... oui, tout ! Tout dépend de moi, et moi seule. JE t'ai écrit cette lettre que tu trimballes dans ton bustier comme une malpropre.

Lunera fit un pas en arrière, une main sur la poitrine comme si la prisonnière l'avait touchée en plein coeur.

— C-comment... savez-vous ? murmura-t-elle d'une voix blanche.

Personne ne savait pour sa lettre.

— Je te l'ai dit, expliqua Uraera sur un ton de suffisance, je suis tout !

— Impossible... impossible ! répétait Lunera avec à chaque fois, davantage de ferveur que la fois passée. Darkodem me l'a dit ! Je peux guider son âme, la ramener sûr-

— Pauvre idiote ! l'insulta Uraera, perdant patience devant ses gémissements. Penses-tu vraiment que ramener les morts à la vie, c'est possible ? Dès lors qu'une âme est arrachée, il n'existe aucune magie ni aucun moyen capable de l'insuffler à nouveau dans un corps. Ramener Darkodem, en chair et en os, ah !

Mortifiée, Lunera tomba agenouillée, blessée par les paroles crues d'Uraera : alors, cette quête n'était-elle qu'un vaste mensonge depuis le début ? Pourtant, la jeune fille se releva.

— Uraera remonte à un lointain passé ! s'écria Lunera. Si ce que vous prétendez est vrai, alors expliquez-moi comment vous avez survécu à autant de millénaires.

— Hohoho... Voyez-vous ça, la petite fille qui se rebelle... J'ai transcendé les limites du corps et de l'esprit. Mon essence perdure avec les siècles et se renforce sous l'ombre du temps.

— Quel rapport... avec Darkodem ? murmura la jeune fille, confuse, ne comprenant plus rien.

— Darkodem... n'est que mon esclave, mon pantin ! rugit Uraera. Et toi aussi... vous êtes les outils de ma renaissance !

Lunera eut l'impression que la prisonnière l'avait violentée d'un soufflet. Elle vacilla et tomba à la renverse, sur les fesses, la bouche grande ouverte tant elle était stupéfaite. Uraera s'était désintéressée d'elle et fixait la voûte céleste. Pourpre comme les cieux du domaine du Coeur Arkhale, le geôle d'Uraera commençait à s'éclaircir. Parmi le camaïeu de rouge, des points bleus s'établissaient, qu'Uraera semblait surveiller de très près.

— Hmpf... Nous avons encore le temps... maugréa-t-elle.

Elle se reporta vers la jeune Lunera, hébétée par ce début de révélations.

— J-je ne comprends rien... D-darkodem, où est-il ? Sa renaissance est-

— Mort ! Mort ! cria Uraera, énervée. Ton damné père est mort ! Il ne renaîtra jamais ! La seule renaissance sera la mienne, plus forte, plus puissante que jamais. Tu y assisteras aux premières loges, ajouta-t-elle, comme si elle faisait un don à Lunera d'un honneur suprême.

La jeune fille fut comme frappée par les propos d'Uraera.

— Nous avons encore le temps, répéta la prisonnière. Je peux bien te raconter mon histoire... Ça m'évitera de te voir avec cet air sot que tu gardes depuis le début...

— Père... père disait que le Coeur Arkhale offrait la possibilité de ramener l'âme de ma mère... J'y ai cru, je le crois toujours-

— N'arrêteras-tu pas de geindre comme ça ? gronda Uraera. Tu crois Darkodem ? Ah, tu fais une piètre menteuse... J'ai vu dans ton coeur et ton coeur est mien... Le doute t'a corrompu... Tu te serais terrée à Arkhess pour le restant de tes jours si je n'étais pas venue te forcer la main dans ton sommeil. Tu n'as jamais cru Darkodem, ton seul espoir était de voir si le processus de résurrection existait vraiment !

— C-comment savez-vous tout ça ? demanda Lunera, blême.

— Oh... Tu voulais ramener ta pauvre maman, puis ton cher Arkh, hein ?

— AH ! glapit Lunera, effarée par cette parole vraie. Comment... comment les connaissez-vous !

Uraera connaissait des détails privés ; cela ne lui disait rien qui vaille. Elle se mit à ricaner comme une démente, amusée par la détresse qu'elle insufflait par ses simples paroles. Son rire faiblit et se mua en une série de toussotements et de crachotements, comme si sa gorge n'était plus habituée émettre ce son.

— Argh... grinça-t-elle d'une voix rauque. Je suis tellement fatiguée... la libération ne saurait plus tarder.

Elle releva ses yeux vers Lunera, toujours terrassée qu'elle en sache autant sur elle.

— Ils ne reviendront jamais, crut-elle bon de préciser avec méchanceté. Tu peux tirer une croix sur tes vaines ambitions.

Les yeux de Lunera se remplirent de larmes, comme si elle venait de perdre Arkh et sa mère une deuxième : oui, c'est vrai, elle nourrissait la volonté de les réanimer eux aussi, si le processus était viable. Elle se serait damnée pour rendre justice à ce pauvre Arkh, décédée sous sa bannière. Sa mère aurait naturellement suivie, n'ayant jamais eu la chance de la connaître.

— Quel... rapport avec Darkodem ? eut toutefois la force d'émettre Lunera. Pourquoi serait-il venu ici si... c'est impossible ? souffla-t-elle enfin.

— Tu es longue à la détente, ma pauvre... répondit Uraera, méprisante. Darkodem est mon pantin, je te l'ai déjà dit. Il est venu me libérer.

— Quoi ? s'étrangla la jeune femme.

La détenue leva imperceptiblement ses bras enchaînés.

— Vois-tu ces chaînes ? grommela-t-elle, comme souffrante. Elles sont extrêmement lourdes. C'est ma pénitence pour avoir été vaincue autrefois par Janna et Jahanama. Mes... soeurs cadettes, cracha-t-elle, avec dégoût, comme si ce lien la révulsait. Il y a plusieurs milliers d'années, Terhera n'était qu'une vaste étendue de terre cerclée par l'océan. Je faisais partie d'un peuple d'êtres magiques, les Amadolors, qui vivait dans les bas-fonds de la planète, près du Coeur Arkhale où nous pouvions jouir de ses pouvoirs. À la surface, les êtres humains, dépourvus de magie, vivaient comme des animaux.

— Des êtes humains... sans pouvoirs magiques ? répéta lentement Lunera, comme si l'idée lui paraissait saugrenue.

— C'est cela... confirma Uraera. De vrais porcs. Depuis toute petite, je leur voue une haine féroce. Je ne supportais plus de vive recluse dans les catacombes de la terre. Je voulais voir cette surface que l'on glorifiait tant dans nos livres sacrés ! Les anciens répétaient toujours que nous nous sacrifions nous-mêmes pour assurer la pérennité des humains au-dessus de nous. Ha ! Me sacrifier pour eux, moi, Uraera ? Jamais !

Son visage était tordu dans une telle grimace de haine que Lunera prit peur. Elle eut l'impression de voir son propre reflet lorsque, des mois auparavant, elle se consumait de rage envers ses ennemis de Sultakara.

— Un jour, je suis allé à l'encontre de nos règles. J'ai entrepris un voyage dans le monde des hommes. La surface de Tehrera regorgeait de richesses... mais aussi se gâchait dans une fange dégoûtante où pataugeaient ces chiens d'êtres humains. J'ai été persécutée de tous les côtés car figure-toi qu'ils n'ignoraient pas que la magie existait. Ils m'ont traitée en paria alors que j'étais capable de déchaîner les éléments sur eux. Ma haine croissait de jour en jour, pendant mon voyage... Alors, je les ai dominés , bafouant les préceptes des anciens qui prônaient la protection de ce peuple d'ingrat.

« J'ai vite investi Terhera de plusieurs sanctuaires où je vivais recluse pendant de nombreux mois. Je profitais de la force de la nature pour mener des expériences magiques formidables qui m'aidèrent à rendre mon essence encore plus noble qu'elle ne l'était. Les humains me retrouvèrent vite, par contre... Ils montèrent leurs meilleures armées... que j'ai pourtant pulvérisé d'un souffle furieux.

Lunera cilla devant ce babillage incessant. Uraera semblait prendre un immense plaisir à conter sa vie, le début d'une série millénaire d'efforts pour propulser sa renaissance suprême.

— Des... expériences magiques ?

— Tout plein... répondit-elle avec un sourire carnassier. Les Filles d'Uraera, les six Rituels de magie, tout pleins de sortilèges que j'ai inventé, l'Invisiaja, le Gravija, le-

— Vous mentez ! réagit automatiquement Lunera, presque triomphante de contredire Uraera. C'est père qui les a inventés !

Pour toute réponse, le visage d'Uraera se fendit d'un sourire énigmatique.

— Oh... susurra-t-elle. Je me tâte, oh, oui, que je me tâte de briser cette colère en t'avouant à quel point Darkodem était un pantin complaisant. Une poupée de cire que je tordais à ma guise.

— Je-

— ASSEZ ! cria Uraera, soudain enragée.

Lunera se tut, épouvantée. Elle pensa qu'après tant de millénaires recluse dans son geôle, la prisonnière devait être folle à liée !

— Les Filles d'Uraera sont ma plus grande réussite... Des êtres suprêmes nés de l'élévation spirituelle d'un élément donné. La force de la nature à la surface couplée aux élans de magie brute du Coeur Arkhale souterrain. Tout le reste est très charmant... continua-t-elle en parlant de ses créations. Mais nettement moins impressionnant.

« Pour ne pas perdre mon savoir, j'ai créé ce que vous autres appelez un « cristal catalyseur ». À Terhera, l'énergie du Coeur Arkhale est de mauvaise qualité, comme brouillée. Le cristal catalyseur venait accueillir sa magie en son sein avant de la redistribuer uniformément.

— Et mon père, dans tout ça ? s'égosilla Lunera, se fichant totalement du reste.

— Patience... mon oisillon.

Lunera se tendit. Seul Darkodem l'appelait ainsi. Était-ce une coïncidence ? Elle ne pensait pas... Toutefois, elle essaya de ne rien montrer de sa soudaine rigidité. Heureusement, Uraera ne la regardait pas. Contemplant le ciel, elle vit, satisfaite, que les points bleus étaient plus nombreux parmi les nuages pourpres.

— J'ai parcouru le monde, j'ai détruit des royaumes et j'ai monté mon propre domaine que-

— Arkhess, la coupa Lunera, comprenant ce qu'Uraera désignait par « son domaine ».

— Hohoho... J'avais presque oublié que tu étais reine d'Arkhess, toi aussi... Tu as pu voir à quel point mes Anciens Décrets sont formidables ! J'ai rassemblé tout mon savoir dans cette cité fantastique ! Elle est devenue la ville magique la plus incroyable qui soit, une passerelle entre le savoir de mon peuple et la surface de Terhera que j'aimais tant. Mon château royal surplombait les cieux et la terre. Les êtres humains ne pouvaient que courber l'échine devant moi, je devenais une véritable reine qui pouvait agir comme bon lui semblait. Ces êtres sans magie ne pouvaient rien. Protestaient-ils seulement que je les réduisais à néant.

— Dire qu'à Arkhess... on vous glorifie presque ! cracha Lunera.

— Parce que je suis celle qui a créé la Terre-Mère, s'enorgueillit Uraera avec un reniflement dédaigneux.

— J'ai lu vos Anciens Décrets... dit Lunera. Vous êtes horrible ! Il n'y a qu'une longue suite de sanctions pour tout et n'importe quoi !

— Ah ! Parce que tu pensais que j'allais laisser l'opportunité à ces bâtards galeux de me renverser ? questionna-t-elle sur le ton de l'évidence. Les Décrets étaient là uniquement pour leur donner l'illusion qu'à Arkhess, tout était possible. Le premier Décret dit que le Sceau de l'Ange saute d'un monarque à un autre dans le seul et unique cas où le roi actuel se fait battre par un prétendant au trône lors d'un duel. Les êtres humains les plus valeureux faisaient la queue pour essayer de me destituer... Je les ai avilis comme il se doit, ajouta-t-elle avec un sourire sardonique.

— Vous m'écoeurez ! murmura Lunera, effarée par ce goût du sang.

— Me jugerais-tu... toi ? Ha ! Tu es une belle hypocrite.

— J'ai du regret, avoua Lunera, même si je ne me retrouve pas avec mes-

— Toute introspection ne m'intéresse pas, la coupa durement Uraera. Tu ne m'intéresses pas, tu es insigni-

— Alors que vous, cria Lunera pour couvrir sa voix, même après des milliers d'années, vous ne regrettez-

— PARCE QUE JE SUIS L'ÊTRE SUPRÊME ! hurla Uraera.

— Vous avez été battu par vos Soeurs ! Rien n'est resté ! Ni votre savoir, ni votre château, et Arkhess vit dans la paix !

À la mention de ses Soeurs, Uraera fut comme saisie d'une douleur extrême. Elle détourna son visage, déformé par la haine.

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