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XXXIX - Là Où Tout a Commencé - Partie 1

23 août 1875 — Ganymède

Une brèche spatiale déchira l'atmosphère et recracha Lunera, suivie de Solèna, Saphir et Assad. Elle ne prit même pas une seconde de répit qu'elle se releva immédiatement avant de se jeter sur Solèna.

— Solèna ! hurla-t-elle, mortellement soulagée de la retrouver malgré la terreur sourde qui enserrait ses entrailles.

L'ancienne ministre se redressa, confuse.

— C'était un piège ! pleura Lunera. Uraera... Elle a tout manigancé... Je-

Au nom d'Uraera, le regard de Solèna se fit plus lucide.

— Rassurez-vous, souffla-t-elle, j'ai tout entendu avec les sultakarois.

— Quoi ? s'étonna Lunera.

— Je sais tout... J'ai tout entendu... Darkodem n'était qu'une... victime, en réalité.

Lunera acquiesça, ébranlée : oh, elle ne s'en remettrait jamais de toutes les annonces crues d'Uraera. Sa vie n'était qu'un vaste mensonge, une plaisanterie amère.

☾☾☾

Saphir ne souffrit point d'avoir été chassé par les pouvoirs d'Uraera. Sa propre magie la protégeant machinalement, elle s'en sortit sans blessures. La princesse aida son père à se relever.

— Tout n'était que tromperie, grogna-t-elle. Au final, même Lunera a été dupée. Qui aurait pu croire qu'Uraera elle-même ait été emprisonnée au sein-même du Coeur Arkhale ?

— Elle est une menace encore plus grande que Darkodem, grinça Assad, en dégainant son sabre.

Il guettait de tous les côtés, s'attendant à ce que l'illustre Sorcière, menace millénaire, ne se manifeste pour les occire un par un.

— Le... Palais des Chimères ? s'étrangla-t-il.

Effaré, il reconnut l'humble demeure de Lunera, au milieu des landes fleuries ganymèdiennes qui s'étendaient à perte de vue.

— Mais c'est vrai, maintenant que tu le dis ! s'écria Saphir.

— Lunera et cette Solèna sont là-bas ! indiqua Assad, qui venait de les repérer.

Résolue, Saphir marcha vers elles.

— Allons-les voir, dit-elle avec tellement d'assurance et d'autorité qu'Assad ne contesta même pas.

☾☾☾

Les deux parties ne s'étaient pas rejointes qu'une nouvelle brèche spatiale secoua l'air environnant, fragmentant le néant avec un son de fêlure, dans un sursaut magique redoutable.

— Uraera ! cria Saphir.

Lunera et Saphir se parèrent des Lames Soeurs, Jahanama et Janna respectivement, tandis qu'Assad et Solèna sortirent leurs armes triviales. Uraera émergea de la distorsion, toute-puissante.

Son apparence était changée, s'imprégnant de l'essence du Coeur Arkhale comme elle l'avait juré à Lunera. Ses cheveux noirs et vaporeux serpentaient dans les airs. Fugaces comme une ondée, ils se mouvaient étrangement, pulsant en harmonie avec sa formidable énergie. Cette lune aux arabesques majestueuses qu'elle nommait son symbole, marquait sa longue tunique et chaque parcelle de sa peau découverte. Uraera se complaisait dans un amour-propre malsain.

Mais, le plus impressionnant dans cette nouvelle allure, était sans nul doute son immense poitrail cristallin qui faisait office de gorge. Lunera reconnut à hauteur de son coeur, l'épaississement moyenne du Coeur Arkhale, qu'elle s'était amusée à comparer à une écharpe de cristal. Uraera avait tout bonnement fusionné avec l'Âme de la Planète. Sa magie et celle du Coeur Arkhale ne faisaient plus qu'un.

— Il faut vaincre Uraera ! s'écria Saphir, d'une voix perçante.

— Taisez-vous ! gronda Solèna, impérieuse, en se retournant. Elle ne nous a pas encore remarqués.

L'ancienne ministre disait vrai. Les yeux fermés, Uraera semblait se délecter de cette force formidable qui était maintenant sienne. Saphir et Assad se postèrent à leurs côtés.

— Uraera est notre plus grande menace, commenta le roi de Sultakara, comme si elle parlait à des compagnons de longue route. Nous acceptons vos pourparlers.

Lunera sursauta, n'ayant pas remarqué avant cela la présence de ses anciens ennemis.

— Vous m'en voyez ravie, répondit Solèna. Cela dit... elle ne mourra pas aussi facilement, pas après des milliers d'années de scellement.

En proie à une extase malsaine, Uraera ouvrit enfin les yeux, interrompant les commentaires de la nouvelle équipe : ah ! Quel goût grisant avait cette liberté ! Janna et Jahanama avaient perdus, sa patience était enfin récompensée.

En voyant leurs mines patibulaires et leurs armes dégainées férocement pour défendre leur peau, Uraera laissa échapper un ricanement amusé. Pensaient-ils vraiment faire le poids face à elle, la Sorcière millénaire, porteuse de l'essence-même du cristal régissant cette planète ?

— Il n'y a pas deux minutes, vous étiez ennemis, et maintenant, vous êtes complices. Comme c'est intéressant.

Ses traits se durcirent.

— Je vais vous tordre vos visages de singes, grinça-t-elle avec perfidie. Mais avant... retrouvons ensemble la Forteresse d'Uraera !

Elle leva ses mains qui se mirent à luire intensément. Nimbées d'une énergie magique pure, jaillirent d'elles une myriade de flèches violines. Celles-ci montèrent haut, très haut dans les cieux, jusqu'à devenir un point à peine perceptible dans le firmament, avant de replonger à une vitesse infinie vers la masure où vivait autrefois Lunera avec pour seul mot d'ordre : détruire.

— NON ! hurla-t-elle, au comble du désespoir.

La jeune femme tomba à genoux, des larmes tout plein les yeux. Uraera lui avait tout enlevée, n'était-ce pas assez ? Pourquoi devait-elle surenchérir avec la destruction du Palais des Chimères ? Malgré son aversion pour lui, ce palais de fortune restait tout de même son chez elle !

Son ancienne demeure fut frappée par les rayons magiques, foudroyant chaque mur, brisant chaque fenêtre, terrassant chaque objet qui s'y trouvaient, pour ne laisser à la fin qu'un cratère fumant où débris et gravats s'entassaient par milliers.

— Que le Palais des Chimères renaisse de ses cendres ! cria l'aïeule des Amadolors, théâtrale.

Elle gonfla sa poitrine cristalline et souffla de toutes ses forces. Le rebut de sa respiration, animé par sa magie profane, se mua en vents dévastateurs. D'une teinte verdâtre, semblable à un breuvage gâté par quelque poison, ces brises violentes serpentèrent dans l'espace et vinrent saisir les restes de l'ancien Palais des Chimères. Les gravats s'envolèrent, chassés sans cérémonie par cette rafale formidable, et furent jetés très loin, atteignant presque la cime des monts rocheux qui ceignaient le Palais des Chimères, lapidant les falaises escarpées de cette pluie de destruction.

Alors, la terre se mit à trembler intensément, parcourues de violentes secousses, tandis qu'un vent nouveau, rougeâtre cette fois, venait entourer les fondations du Palais des Chimères. Sous les regards médusés des quatre compagnons, une impressionnante forteresse sortit de sous terre, comme si le véritable palais dormait dans les catacombes de Ganymède, n'attendant que l'ordre formel de sa maîtresse pour recouvrir son apparence originelle.

Un conglomérat grandiose de tours pointa vers les cieux. Toutes étaient reliées par de grands bâtiments construits dans une pierre noire, ténébreuse, occultant toute clarté environnante. L'ensemble était vraiment saisissant, laissant les quatre ennemis d'Uraera bouche bée.

Mais ce n'était pas tout ! Bien qu'hors de la terre, la forteresse poursuivit son ascension. Soulevée par la formidable impulsion d'Uraera, la palais tout entier se mit à léviter, montant de plus en plus haut dans les cieux. Les hautes murailles noires, surplombées de créatures démoniaques hurlantes, s'élevèrent à leur tour, venant ceindre le domaine par leur aspect austère. Des chaînes extrêmement épaisses venaient rattacher l'immense citadelle à des blocs de pierre imposants qui gisaient sur les décombres de l'ancien palais. Telles des ancres, elles semblaient empêcher le nouveau Palais des Chimères poursuivre son ascension vers l'empyrée.

Parmi toutes les choses extraordinaires que Solèna avait pu voir depuis qu'elle côtoyait Lunera, la renaissance du Palais des Chimères était de loin la plus impressionnante qu'elle n'ait jamais vu. Elle avait entendu Uraera aborder le sujet du Palais des Chimères, tout à l'heure. Mais l'entendre et le voir étaient deux choses différentes.

— Alors, j'avais raison, chevrota-t-elle, en se rappelant de cette délicieuse journée de juin où elle avait parlé à la reine des Quêtes Éternelles pour la première fois. Vous avez même séjourné dans la Forteresse d'Uraera. J-je n'en crois pas mes yeux...

Personne ne l'écoutait. Les autres avaient l'oeil vitreux, se contentant d'observer la force faramineuse d'Uraera. Lunera était anéantie, Assad demeurait coi de stupéfaction et même Saphir, pourtant dotée d'une formidable volonté, redoutait Uraera, de ce que Solèna voyait de l'expression de son visage. Une lueur de désespoir traversa leurs mines, à tous. Sans doute, la pensée générale était qu'Uraera était trop forte ; une ennemie d'une autre trempe, d'une envergure redoutable.

Une pensée fit irruption dans son esprit, celle d'une parole proférée par Uraera tout à l'heure : « Dans ce chemin vers l'idéal magique, le tout-être spirituel, j'ai réussi à enfermer la moitié de mon essence dans un cristal spécial, à l'image de ce que vous appelez, vils êtres humains, des cristaux catalyseurs. Quand j'ai ouvert les yeux après que Janna et Jahanama m'aient scellée, j'ai compris que mon expérience était un véritable succès. Même après des milliers d'années, j'étais incapable de mourir, mon âme éternellement rattachée à Terhera, dans un endroit bien spécial... »

— Reprenez-vous ! les secoua Solèna. Il faut agir avant qu'Uraera nous terrasse.

— À nous, mes amis... murmura leur ennemie d'une voix caressante.

Un frisson parcourut l'échine de Solèna qui tourna un regard effrayé vers la première reine d'Arkhess, quelques millénaires auparavant. Saphir et Assad réajustèrent leur garde, elle-même fit tournoyer sa lance entre ses mains, mais seule Lunera restait à terre, vaincue avant même de lutter.

— Lunera, grinça Solèna. Reprenez-vous !

— Cette fillette ne peut plus rien, se moqua Uraera.

Effectivement, Lunera ne pouvait plus rien faire. L'esprit brisé, les membres atrophiés, elle ne parvenait à esquisser le moindre mouvement. Sa peine de coeur était trop grande. Elle ne voulait plus souffrir. Elle ne voulait qu'une chose : en finir. Lunera tendrait sa nuque à Uraera, celle-ci n'avait qu'à la briser.

Vacuum ! rugit Uraera.

Invisible, une force venue du néant culbuta Lunera et l'envoya valser plus loin. Incapable de se défendre, la jeune femme tomba durement à terre, mordant la poussière à pleines dents.

— Lunera ! cria Solèna.

Uraera ricana, amusée de ces gens pitoyables.

— Plus nous tardons et plus nos chances de vaincre s'amenuisent. Ne perdons pas de temps, Saphir, occupez-vous d'elle, conjura l'ancienne ministre.

Sans crier gare, elle fit volte-face, attrapa Assad par la manche et dévala la colline qui surplombait autrefois le Palais des Chimères.

— Eh ! s'écria Assad. Lâchez-moi !

À mi-chemin, il se détacha de la poigne féroce de Solèna et le roi de Sultakara tonna, scandalisé :

— Comment osez-vous ? Ma fille-

— Arrêtez de geindre, l'interrompit Solèna, j'ai un plan !

Devant ces paroles improbables, Assad resta stupéfait. Solèna profita de son choc pour l'attraper par le poignet et continuer à descendre la butte fleurie.

— Q-quoi ?

— Ne l'avez-vous pas entendue ? expliqua-t-elle. Uraera aurait dû mourir comme tout être ! Même scellée, la vieillesse aurait dû normalement avoir raison d'elle.

— Mais elle a dit que son âme était comme accrochée à Terhera et-

— Justement ! s'écria Solèna. Enfermée dans une sorte de cristal catalyseur, comme celui que nous avons à Arkhess et que vous avez sûrement à Sultakara.

Assad se détacha une nouvelle fois des mains de Solèna.

— Bon Dieu ! vociféra-t-il. Mais où voulez-vous que ce cristal puisse être ? Terhera est vaste et cette Uraera a trempé dans tous les endroits louches, depuis Io qu'elle disait être le lieu de ses laboratoires, à Callisto, où-

Pour toute réponse, Solèna pointa du doigt l'immense Palais des Chimères qui flottait dans les airs.

— Le... Palais... murmura Assad, comprenant soudain l'empressement de l'ancienne ministre.

— Lui-même, grogna-t-elle. Venez !

Elle reprit sa manche.

— Je suis certaine que le Palais des Chimères abrite l'âme maudite d'Uraera. Nous savons tout deux à quoi ressemble un cristal catalyseur, nous sommes les plus à mêmes de détruire cette demie-âme.

— Mais, et ma fille ?

— Votre fille ! Votre fille ! gronda Solèna. Est-ce que j'en fais des tonnes en ce qui concerne Lunera ? Elle est très chère à mes-

— Je me fiche d'elle, pesta Assad. Votre bonne Lunera a précipité cette apocalypse, je l'ai toujours dit, et vous l'avez aidée. Elle peut bien crever ! Depuis le début, elle ne sème que la mort. D'abord mon épouse, puis-

— Je n'ignore rien de tout cela, le coupa Solèna, agacée. Nous règlerons nos comptes plus tard, si vous le voulez bien. Nous avons plus urgent. Quant à votre fille et Lunera, je leur fais confiance pour éliminer Uraera.

— Vous riez ? grogna Assad. Vous avez bien vu comment cette malheureuse est anéantie ! Saphir ne pourra rien faire, seule. Je dois retourner pour lui prêter assistance !

Les deux arrivaient devant une des ancres du palais. De près, la pierre et l'immense chaîne adamantine étaient vraiment impressionnantes.

— Elle retrouva sa volonté... J-je lui fais confiance pour ça. Laissez ces deux Sorcières affronter Uraera. Elles s'occuperont de sa demie-âme et nous, de l'autre.

— Mais-

— Sulta ! le houspilla Solèna. Reprenez-vous ! Je ne connais rien de Saphir, pourtant vous n'avez pas contesté sa force. Alors moi non plus, croyez-moi quand je vous dis que Lunera pourra se relever.

Assad ne répondit pas. Il y avait du vrai dans les paroles de la ministre.

— Et puis, reprit-elle, même si nous nous mettons à quatre pour combattre Uraera, nous ne la détruirions guère. Tant que son ancre restera sur Terhera, son ombre planera éternellement.

Elle se tut un instant. Voyant qu'Assad ne réagissait pas, elle termina, satisfaite d'avoir le dernier mot.

— Enfin, vous les avez bien vues. Lunera possède Jahanama et Saphir, Janna. Comme Uraera a été défaite une première fois, espérons qu'elle le sera une seconde. Prions pour leur réussite.

Ils continuaient de courir mais Assad se détacha une énième fois de la poigne de Solèna. Exaspérée, celle-ci s'arrêta pour tenter de convaincre une dernière fois le monarque. Mais celui-ci la dépassa, en se précipitant droit devant, vers le Palais des Chimères.

— Je peux courir seul, grogna-t-il. Ne me tenez pas comme si j'étais un enfant.

Esquissant un demi-sourire, Solèna se reprit et le poursuivit. Ils devaient se hâter ; leur mission était capitale.

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