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XXVII - Hauts les Coeurs ! - Partie 2

21 août 1875 — Aux abords de l'Adrastée

— Terre ! cria un soldat juché sur le mirador du vaisseau-mère d'Arkhess, les yeux plissés derrière ses jumelles.

Docilement accoudée à la rambarde du grand pont, Lunera sursauta et fila vers la proue de l'aéronef, ses pas résonnant sur le parquet de bois. Elle enjamba le parapet sans craindre de tomber et escalada la figure de proue, un buste angélique surplombé de quatre ailes. La jeune reine d'Arkhess se posa enfin sur une des ailes et s'appuya sur la tête de l'ange. Elle plaqua le tranchant de sa main sur son front et s'attela à l'observation de l'horizon.

En effet, au loin, par delà les eaux abyssales de l'océan, un fin liseré brunâtre se détachait de la jonction entre le ciel et la mer. Il s'agissait du littoral sultakarois ; les troupes arkhasiennes entraient en Adrastée.

Le teint blafard, Lunera se releva et gagna le pont d'un bond agile. Son visage trahissait une certaine appréhension à l'idée de croiser ceux qu'elle appelait auparavant « ses ennemis de l'Adrastée ». Leurs visages ne manqueront pas de la dévisager avec haine, Lunera le savait. Elle aussi, auparavant, les aurait toisés avec mépris et dégoût. Maintenant, elle n'en savait rien.

Comment réagirait-elle si elle se retrouvait face à face avec Assad ? Aurait-elle la force de se lancer avec lui dans un nouveau duel à corps perdu ? Pourrait-elle marquer Grenat d'une nouvelle estafilade handicapante comme la première fois ? Que devenait l'autre Sorcière ? Irait-elle jusqu'à se damner pour venger sa mère ?

Courage, Lunera... La probabilité que tu te retrouves face à face avec eux est extrêmement faible. Le plan est fait pour être rapide. Cette attaque sera expéditive.

Lunera craignait de les revoir. Elle sentait, elle savait qu'elle ne pourrait être aussi vindicative qu'autrefois. Seule contre tous, cette fois, elle choiera. L'Ange d'Arkhess fit quelques pas pour rejoindre le centre du pont et vit ses amis, qui n'étaient pas là tout l'heure, attendre son retour.

Non... Tu n'es pas seule Lunera, ne l'oublie jamais. Tu as tes amis et en tant que reine d'Arkhess, tu as l'approbation de tout ton royaume.

Elle baissa sa tête, détaillant encore la ravissante (mais pratique !) tenue de combat confectionnée par un couturier de renom, offerte par le peuple pour lui souhaiter bonne chance.

Je suis bien entourée... Cela ne fait aucun doute.

Ragaillardie, elle s'approcha de ses amis et s'assit sur un petit banc soudé au pont. Lunera réajusta le fourreau de cuir où était rangée la Terreur Lunaire avant de les regarder un par un.

Solèna ne tenait pas en place. Se levant et s'asseyant chaque deux secondes, elle avait le teint pâle. De toute son expérience de ministre, c'était une grande première pour elle de livrer bataille aux autres pays. Ses cheveux étaient noués en un imposant chignon où venait se loger à intervalles réguliers la pointe adamantine de sa lance, tant elle était intenable.

Irritée de ces va-et-vient incessants, Sawse N lui lançait des regards mauvais tout en agitant lestement son éventail pour se faire de l'air. Malgré toutes les remarques qu'elle avait reçu, elle avait refusé catégoriquement de se dévêtir de son manteau de fourrure bariolé. Affublée comme un clown, elle demeurait toutefois toujours aussi imposante. Assise sur l'accoudoir de sa chaise, Aria triturait ses boucles blondes, comme à son habitude lorsqu'elle était angoissée. Elle était la seule maire d'Arkhess à s'être jointe à l'offensive, par amitié envers la reine.

Enfin, Arkh et Akman se partageaient une chaise, assis dos à dos. Les têtes baissées, ils semblaient chacun absorbé par leurs besognes même si parfois, ils les relevaient et se murmuraient des mots à l'oreille avant de se concentrer à nouveau sur leurs tâches. Akman tenait sa hache sur ses jambes et l'affûtait grâce à une des dagues d'Aria. De temps à autre, il lançait un regard chargé de reproches à la reine.

À côté, se tenait Arkh. Drapé dans ses éternels vêtements noirs, sa cape et ses cheveux, ébènes également, filaient au gré de la brise aérienne et donnaient une funeste impression de labilité comme si son âme allait s'envoler d'un instant à l'autre. Tournant entre ses mains son sabre noir à la lame aiguisée et mortelle, Lunera se souvint un instant du sifflement de son arme lorsque son maître s'en servait. Insaisissable comme la mort, elle trompait les sens de son adversaire jusqu'à que le trépas vienne le surprendre.

Je n'aimerais pas être l'ennemie d'Arkh... Je plains ceux qui se mettront sur son chemin, tout à l'heure.

Tous ensemble, ils n'étaient pas seuls. Sans compter les nombreuses troupes dans les étages inférieurs du vaisseau-mère, il y avait un formidable convoi de trente-deux aéronefs, seize de chaque côté du navire principal. Fendant les cieux à une vitesse constante, l'armée arkhasienne ressemblait à un rapace féroce.

— Puisque vous ne vous décidez pas à parler, commença Solèna, à fleur de peau, je vais le faire moi-même !

— Pardon, ma chère amie, s'excusa Lunera avec un frêle sourire. J'étais pensive...

Solèna alla sur la rambarde et se pencha.

— Nous survolons le rivage ! s'écria-t-elle.

Puis, en revenant :

— À partir d'ici, il ne nous reste qu'une heure avant d'arriver à la capitale. Donnez-nous donc vos derniers ordres. Les douze champions des différents vaisseaux ont déjà pris leur place. Il ne reste qu'Aria, Arkh, Akman et Sawse. Moi, bien sûr, je-

— Vous restez avec moi, termina Lunera en hochant la tête. Tout à fait. Vous prenez le commandement du vaisseau-mère pendant mon absence et vous dirigez les opérations.

Les deux femmes hochèrent la tête, entendues.

— Maintenant, rappelons une dernière fois notre stratégie, dit Solèna. Nous devrons nous y tenir parfaitement.

Lunera acquiesça et commença ses explications. Ça devait être la vingtième fois qu'elle répétait le plan. Elle connaissait par coeur la démarche à suivre.

— Dès que vous rejoindrez vos postes, j'appliquerais un Sortilège d'Invisibilité massif sur l'ensemble des aéronefs. Notre entrée devra être la plus discrète possible. Tous les vaisseaux se tiendront près des palissades sultakaroises et je pénétrerais seule la Porte Sud. Je prendrais déjà de l'avance et à mi-chemin, je lancerais le signal pour le début de l'offensive. Vos soldats devront descendre sur les créneaux et envahir massivement la ville à partir des trois portes. Veillez à ce que dans chaque vaisseau, il reste quelques chevaliers qui assureront une retraite des navires le temps de l'attaque. Il ne faudrait pas que nous en perdions.

« Je profiterais de la cohue général pour continuer ma course vers le château. Le temps que les défenses sultakaroises s'organisent un minimum, le Saphir Sidéral sera déjà en ma possession. Le vaisseau-mère devra s'approcher de la plus haute tour du palais. Une fois à ma portée, je sauterais sur le pont et nous entamons alors notre retraite du pays. Je donnerais moi-même le signal.

— D'accord, murmurèrent ses amis.

— N'oubliez surtout pas, rappela-t-elle, en levant son index. Transmettez ceci à tous les soldats : protégez chèrement vos vies et celles de vos compatriotes, portez secours aux blessés d'un simple charme de protection, et dès que vous poserez le pied à terre, la première chose que vous devrez faire sera d'activer vos balises de téléportation. Veillez à toujours les avoir près de vous.

— Merci à Tayitoma, souffla Aria.

— Hum, dit Lunera. Cette dame est vraiment formidable, je l'ai toujours dit... Notre retraite doit se faire très vite. En les employant, nous pourrons regagner les vaisseaux sans les exposer à nouveau aux tirs des sultakarois. Et...

Lunera hésita un instant.

— Ne blessez pas la population, murmura-t-elle d'un souffle.

— Nous ne sommes ni des barbares, ni des voyous, nous, grinça Akman. Et encore moins des criminels.

La reine grimaça. Même si Akman lui reparlait, il semblait conserver une certaine hargne à son égard.

— Akman... gronda Arkh.

Lunera posa une main délicate sur le général et il se tut. Elle passait toutes les vilaines paroles de son frère, estimant ceci comme une pénitence à ses mensonges. Elle sourit à nouveau.

— Ça, ce sont les ordres de la reine. Maintenant, voici les conseils d'une amie, offrit Lunera.

Avec un regard indifférent, Akman se leva et les quitta, sans un regard en arrière. Il gagna son propre aéronef. Le sourire de la reine se fit frêle, blessée cette fois qu'il s'en aille aussi froidement. Elle reprit, avec une petite voix toutefois.

— Vous êtes si précieux pour moi, avoua-t-elle. Merci... merci infiniment pour tout votre soutien et toute votre gentillesse depuis... depuis le début.

Lunera se précipita vers Aria et prit ses mains dans les siennes.

— Tout a commencé avec vous, Aria, se rappela-t-elle, émue. Vous êtes d'une loyauté et d'une bonté touchantes. Je suis heureuse de vous avoir avec moi.

Aria serra les mains de la reine dans un élan de gratitude, touchée elle aussi. Celle-ci sauta à Sawse N ensuite, qu'elle prit dans ses bras à son plus grand étonnement.

— Nous sommes comme des soeurs secouées par la vie, Sawse, murmura-t-elle. Nos destins n'ont pas été faciles pourtant nous bataillons pour reprendre nos droits. Votre présence me réchauffe les épaules, je ne saurais m'en délier... Merci.

L'ancien Ange lui rendit son étreinte, bouleversée. Ensuite, Lunera s'approcha d'Arkh et croisa ses doigts dans les siens. À son annuaire, la chevalière du général brillait d'une belle lueur. De son autre main, Lunera caressa tendrement le visage du général.

— Arkh... Pour vous, mes sentiments dépassent la raison. Je...

Elle ne put terminer.

— Moi aussi, murmura-t-il d'un souffle.

À leurs intenses regards de braises, leurs mains unies dans une parfaite union, ils se comprenaient sans avoir besoin de l'exprimer. Lunera resta encore quelques instants à le fixer, perdue dans les délicieuses paillettes dorées de ses yeux d'ambre avant de se détacher de lui avec un dernier sourire tout plein de volupté. Elle termina enfin avec Solèna.

— Solèna... commença-t-elle, la voix rendue rauque par la tension du moment. Je vous ai laissée à la fin car vous êtes tout pour moi. Je... Je...

Elle se mit sur la pointe des pieds et lui embrassa le front.

— Les mots ne suffisent même plus, avoua-t-elle finalement, vaincue par ses émotions.

— Ma reine... murmura Solèna.

— Allez, mes amis ! cria Lunera, grisée. Revenons tous vivants ! Nous fêterons notre victoire à Arkhess autour d'un grand banquet ! Bonne chance !

Elle leva sa main vers le ciel et ils suivirent, emportés par l'élan de Sa Majesté. 

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