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XXIV - Agitation Arkhasienne - Partie 2

28 juillet 1875 — Arkhess

Pénétrant l'austère porche qui menait au domaine de Dlavonine, Qatmon et Andrade marchaient silencieusement côte à côte.

— Je n'aime pas venir ici, frissonna Qatmon.

Il jeta un regard craintif aux démoniaques figures ailées qui décoraient le portail en fer forgé de la propriété. Tantôt un griffon menaçant aux serres mortelles, tantôt des serpents aux crochets démesurés, tantôt un dragon rugissant, les créatures des ténèbres peuplaient cette muraille implacable.

— Je me serais passé aussi de cette visite, marmonna Andrade de mauvaise humeur.

Le gravier du sentier crissant sinistrement sous leur pas rendait Qatmon encore plus impressionnable. Il ne cessait de glapir chaque fois qu'ils rencontraient une des statues du jardin, cachées derrière de grands massifs de pivoines et d'hydrangées rouges. D'une blancheur surnaturelle, les statues représentaient des figures archangéliques entourés de chérubins qui affichaient des visages souffrants. Tenant des chaînes de pénitencier, des cornes de démons sur le front, les anges déchus se tenaient dans des positions effarantes, tels des suppliciés. En contrebas, sur un piédestal de marbre, on pouvait y lire des adages de la famille Dlavonine qui faisaient froid dans le dos.

— Ah ! jappa Qatmon, sa face de rat distordue en une grimace terrifiée.

Il avait pris un collier d'amarantes qui cerclait le cou d'un démon pour une vipère.

— Cessez de couiner ! ragea Andrade, le foudroyant du regard.

En sursautant, Qatmon se força à marcher d'un pas plus digne en essayant d'ignorer le défilé des sculptures qui saluait leur venue.

— Nous arrivons...

L'imposant manoir des Dlavonine se dressait devant eux aussi sévère qu'était le jardin. Une oeillade discrète d'Andrade vers la fenêtre du premier lui renseigna que Dlavonine était dans son bureau. Le rideau écarté, il avait vu son visage hargneux espionner en contrebas.

Il nous attend avec impatience, visiblement...

Alors que Qatmon grimpait les marches du perron, Andrade le rejoint rapidement et l'attrapa par le col.

— Attendez... murmura-t-il. Vous serez aimable de ne pas lui dire que je suis allé dans le sens de la reine. Pas que j'ai peur de Dlavonine, ajouta-t-il. Simplement, je préfère éviter le conflit.

Il lâcha la chemise du patriarche et s'essuya nonchalamment la main sur son pardessus, comme s'il s'était sali.

— Et puis, franchement, la reine a déjà assis son pouvoir... Elle est aimée de tous. Lutter contre elle ne nous apportera que du malheur. Vous avez bien vu cet... idiot de Dlavonine ! Il est le plus puissant des nobles et pourtant, il s'est fait rétamé devant tout Arkhess... Je me demande si...

Il ne termina pas et haussa les épaules avant de se détourner. Il donna des coups secs à la porte et un majordome affable vint leur ouvrir immédiatement. Réfléchissant aux paroles de son confrère, Qatmon resta songeur quelques instants avant de suivre Andrade.

☾☾☾

Ses doigts tambourinant sur la riche table de noyer de son cabinet, Dlavonine contenait difficilement son impatience. La disgrâce ne lui réussissait pas. Le bandeau noir qui cachait son oeil crevé était un rappel constant de son terrible échec. L'humiliation était au rendez-vous chaque fois qu'il se regardait dans la glace.

De naturel déjà colérique, l'humiliante défaite infligée par la reine l'avait rendu plus aigri, plus irascible. La toute-puissance de la famille des Dlavonine ne valait plus rien, aujourd'hui. En osant s'aventurer dehors après sa défaite, il n'avait récolté que les injures du peuple et des ricanements dédaigneux quant à son déshonneur. Il n'inspirait plus le respect et la crainte d'autrefois. Même sa famille ne lui adressait que très peu la parole et les rares fois se faisant, ce n'était qu'avec un ton chargé de reproches. Alors, il aboyait à tout va, hurlant le feu ardent de la rage qu'il contenait dans son corps.

Mais où sont passés ces idiots ?

Il se leva et bondit vers la fenêtre où il repoussa le rideau, laissant son unique oeil inspecter ses jardins. Andrade et Qatmon y étaient tout à l'heure, juste sous le porche. Il ne comprenait pas pourquoi ils prenaient autant de temps. On toqua alors à la porte de son bureau.

— Monsieur ?

Il se retourna et vit le battant s'ouvrir. Andrade et Qatmon entrèrent suivi du servant.

— Asseyez-vous, gronda Dlavonine sans même leur souhaiter le bonjour. Kaozium, vous allez nous ramener le thé et... Combien de fois vous ai-je dit de ne pas marcher sur le tapis avec vos sales pattes ?

Son rugissement fit sursauter les deux nobles mais Bahamut ne s'adressait pas à eux. La vue de son employé marchant sur son riche tapis mêlant soie et laine avec ses souliers pourtant parfaitement propres et cirées, l'avait fait sortir de ses gonds. D'un geste peu amène, il fit naître une bourrasque magique qui jeta le pauvre homme hors de la pièce comme un malpropre. Dlavonine s'approcha ensuite de la porte qu'il claqua avec force, faisant trembler les murs.

— Ne cesserez-vous donc jamais de crier dans nos oreilles ? grinça Andrade.

Il s'assit sur une des luxueuses assises du salon et tira un cigare tandis que Qatmon observait craintivement le noble éborgné.

— Si vous continuez à parler comme ça à vos majordomes, soyez certain qu'ils vous fuiront comme la peste. Être noble ne vous donne pas les pleins droits.

— Je me passerais de vos remontrances !

— Hmpf... renifla Andrade. Ne me dites pas que je ne vous aurais pas prévenu. Il semblerait que vous avez déjà trois majordomes qui vous ont quitté, d'après votre fils. Poursuivez Dlavonine, poursuivez, et vous laverez votre linge-

— Taisez-vous, idiot ! s'enflamma-t-il. Je ne vous ai pas amenés ici pour conter fleurette. Dites moi tout de suite ce qui s'est dit lors de cette réunion.

Expirant tranquillement le rebut de la fumée envoûtante du cigare, Andrade s'étouffa soudainement. Il toussa fort deux ou trois fois avant de se lever, les joues rouges. D'effort ou de colère, on n'en savait rien.

— N'oubliez pas que nous sommes amis, Dlavonine, remarqua-t-il en le fusillant du regard. Le respect est une constante que j'exige de votre part. Je ne saurais tolérer la moindre impertinence. Surveillez donc votre langage ou vous pourriez très bien... vous retrouvez avec une langue en moins, s'ajoutant à votre palmarès d'organes perdus.

Bahamut cilla. Un soufflet ne lui aurait pas remis les idées en place avec autant d'efficacité.

Ce n'est pas Qatmon... Je dois faire attention.

Les lèvres pincées, il inclina maladroitement la tête avant de s'installer sur sa chaise en bout de table.

— Bien... Vous avez sans doute raison...

L'avouer lui arrachait la bouche. Il se fit violence pour se calmer.

— Qatmon, marmonna-t-il. Je vous écoute.

Après un énième couinement de surprise qui exaspéra Andrade, Qatmon s'attela à raconter les tenants et aboutissants du conseil invoqué par la reine. Il veilla à éluder le ralliement de son confrère à la cause de l'Ange d'Arkhess.

— Hum... réfléchit Dlavonine, une fois le récit terminé. C'est très curieux tout cela... Pourquoi pas si on considère Ariès comme étant Ariès... Mais je n'oublie pas qu'elle est la fille de Darkodem... Hum...

Il jeta un coup d'oeil à Andrade qui haussa les épaules. Cela lui importait peu, seule tirer son cigare et s'envelopper dans la fumée âcre l'égayait quelque peu.

— La fille de Darkodem est en conflit avec Sultakara depuis l'assassinat de l'épouse Sulta... C'est curieux tout ça... Très curieux... Je me demande s'il ne s'agit pas d'un prétexte pour écraser l'Adrastée en utilisant les forces d'Arkhess.

Se creusant la tête quant aux motivations de la reine, Bahamut en vint à dire :

— Quelles sont les failles dans son plan ? Comment pourrais-je lui faire mordre la poussière ?

— Encore cette même rengaine, patriarche Dlavonine ? soupira Andrade, las. Nous sommes fatigués, cessez donc. La reine Ariès...

Lunera ! cracha-t-il.

— ... Lunera, si vous préférez, se reprit-il non sans un regard venimeux, est admirée de tous. Vous ne parviendrez à rien. Repentez-vous plutôt, peut-être qu'à terme vous serez aussi bien vu que Tayi-

— JAMAIS ! JAMAIS, M'ENTENDEZ-VOUS ?

— Bah...

— Je ne perds pas espoir de la descendre plus bas que terre, mugit Bahamut avec un souffle furieux. Et ce, par tous les moyens !

Il se leva et se mit à marcher dans le grand salon, désireux d'évacuer la fougue qui l'animait. Il s'approcha de la grande baie vitrée et tira les rideaux. Les mains jointes derrière le dos, le noble se mit à guetter l'horizon tout en lançant au palais royal des regards noirs à intervalles réguliers.

— Oui... par tous les moyens, murmura-t-il à nouveau.

Le noble se tourna vers ses confrères, le visage animé par un air machiavélique. Son esprit semblait avoir concocté une machination terrible.

— C'est-à-dire ? demanda Qatmon.

— Imaginez que la reine sort perdante de cette bataille, susurra-t-il, la voix presque tremblante d'excitation. Imaginez qu'elle revienne avec des pertes monstrueuses et une défaite catastrophique pour le royaume, quelles que soient ses raisons... Et là ! Alors qu'elle se montre le visage couvert de honte vers ses sujets, j'interviens en exposant son infecte identité et son lien avec Darkodem ! Je corrèle ça avec la défaite précédente, arguant que la reine ne suit que les traces de son damné père... Elle sera alors haïe et moi, adoré ! Le peuple chantera mes louanges et pour mieux les dominer, je leur rappellerais toutes les fois où ils m'ont méprisé depuis ma défaite alors que j'essayais noblement de les convaincre du danger de cette dégénérée.

Qatmon ricana, trouvant le plan formidablement démoniaque. De son côté, dégoûté, Andrade écrasa son cigare dans le cendrier à proximité avec davantage de violence que nécessaire.

— Vous seriez donc prêt à espérer la défaite et la déchéance de votre propre pays pour... pour votre vendetta personnelle ? reformula Andrade, dédaigneux.

— Oui ! cria Dlavonine, furieux de ne pas voir l'engouement dans le visage de son allié. Cette Lunera doit mourir ! Et vous savez quoi, Andrade ? Je suis même prêt à vendre ces informations à Sultakara pour monter une intrigue formidable qui dégagera Lunera du trône.

— NON ! cria Andrade, outré.

Il se leva subitement mais le choc lui fit perdre l'équilibre. Il se rattrapa de justesse sur sa chaise. Le patriarche Qatmon avait la bouche ouverte stupidement, scandalisé par le toupet de Bahamut Dlavonine.

— ASSEZ ! hurla Andrade.

Il abattit son poing sur la table, la faisant bringuebaler dangereusement.

— Dès lors où vous avez osé proférer des paroles aussi choquantes, je coupe net tout accord entre les Andrade et les Dlavonine. Je ne saurais en tolérer d'autres vilenies. Trahir Arkhess... comment avez-vous seulement pu y songer ? Vous êtes un personnage dégoûtant... Oui, c'est ça ! Vous me dégoûtez, Bahamut !

Sa poitrine se levant et s'affaissant rapidement sous sa respiration endiablée, le noble Andrade poursuivit sa diatribe :

— Vous me décevez tellement ! Je ne vous aurais jamais cru capable de trahir Arkhess pour Sultakara, nos ennemis de toujours ! Et puis, en réalité, je trouve que la reine Ariès n'est pas si terrible que ça. Bien au contraire, elle a réussi là où d'autres ont échoué en assurant la réunification d'Arkhess. Mais pour vous, cracha-t-il avec un reniflement méprisant, ça ne signifie rien n'est-ce pas ?

— Ha ! Ha ! Vous penchez vers l'ennemi, maintenant ? s'excita Dlavonine, sa tension gravissant des sentiers jamais encore explorés.

Andrade reprenait déjà son manteau.

— Le seul ennemi, pauvre fou, c'est bien vous. Trahir Arkhess... Nom de Dieu, quelle folie !

— Restez où vous êtes ! ordonna Dlavonine en le voyant s'approcher de la porte.

Mais Andrade avait déjà la main sur la poignée.

— Je ne dirais rien à la reine, Bahamut, car je ne suis pas un traître. Gare à vous si vous cédez à cette folle décision. Je serais le premier à me dresser contre vous.

— Vous ne me faites pas peur, ni vous, ni votre maudite Lunera !

— Vous êtes franchement puéril... Vous avez déjà défié Ariès une fois. Je ne vous rappelle pas ce que la défaite vous a coûté, ce bandeau de mauvais goût suffit amplement.

Piqué au vif, Dlavonine s'embrasa de plus belle.

— Continuez de lutter contre Ariès, reprit Andrade, et cette fois, vous en ferez les frais de votre vie.

— C'est Lunera ! L'auriez-vous oublié ?

Andrade lui jeta un coup d'oeil méprisant avant de partir.

— Vous n'êtes plus ce que vous étiez. Dérangé et instable... Quelle honte pour votre clan.

Et la porte claqua derrière lui. Hors de lui, Dlavonine bondit vers la chaise vacante d'Andrade, la prit de ses puissants bras musclés et la jeta à travers la large vitre qui se brisa, laissant éclats de verre et mobilier tomber en contrebas dans une pluie de débris. Le fracas fit sensation auprès de Qatmon qui se ratatina sur sa propre assise.

— RAH ! beugla-t-il. AU DIABLE, VOUS ET VOS IMPRÉCATIONS !

Il revint à la table qu'il martela de coups poings rageurs tout en maudissant la défection du patriarche Andrade. Soudain, Dlavonine leva son oeil injecté de sang vers Qatmon.

— J'espère aucun abandon de ta part non plus... Nous n'avons pas besoin de ce poltron ! Si l'envie de le suivre germe dans ta tête, sois certain que je ferais tomber le couperet qui achèvera le semblant de dignité que ta pitoyable famille parvient encore à garder.

Il sauta à lui et se pencha vers son visage, une lueur folle dans le regard.

— Les Dlavonine ont réduit à néant une famille de nobles par le passé... C'est facile pour nous, tu sais... N'oublie pas que si vous vivez encore dans votre taudis, toi et ta famille, c'est grâce aux hypothèques que l'on t'a fait pour payer tes monstrueuses dettes... Obéré comme tu es, tu ne peux que rester sagement ici.

— Mais la reine... balbutia Qatmon.

CHUT ! cingla-t-il.

Dlavonine se releva et revint à sa chaise. Il posa ses coudes sur le table et se prit la tête dans les mains, ses méninges tournant à pleine vitesse. Sa folle idée était tentatrice et le séduisait drôlement. 

☾☾☾

30 juillet 1875 — Arkhess

Deux jours plus tard, une nouvelle renversante saisit Arkhess. Au plus grand étonnement de tous, le patriarche de la noble et ancienne famille des Andrade avait rompu publiquement toutes ses alliances avec la famille des Dlavonine. Point de raison ne fut donnée. On murmurait cependant qu'une telle rupture ne pouvait signifier qu'une chose : un fait à la gravité inouïe avait dû se produire.  

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