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XIV - Entre Loyauté et Déloyauté - Partie 2

18 juin 1875 — Arkhess

Un silence sépulcral régnait dans le palais d'Arkhess. La nuit était déjà tombée, mais cette fois, elle n'était pas synonyme de repos. Une tension palpable régnait dans l'air et dès que le soleil s'était couché, tout le monde s'était empressé de regagner ses appartements. Seuls les soldats, en effectif renforcé, patrouillaient. Aucun couloir n'était laissé sans surveillance.

Prise d'une insomnie tenace, Lunera sentit le besoin irrépressible de sortir marcher un peu hors du cocon qu'étaient ses quartiers. Elle avait congédié les chevaliers qui avaient été affiliés à sa protection, désirant désespérément rester seule. Ses pas la menèrent inévitablement au lieu du drame.

L'annonce d'un meurtre en plein domaine royal avait jeté un vent de panique à la capitale. Lorsque Lunera et Solèna avait gagné le couloir où gisait le corps sans vie de Shân, elles avaient espéré que la nouvelle ne se diffuse pas dans la ville, le temps qu'elles puissent reprendre leurs esprits. En vain.

En arrivant, l'odeur ferrique du sang agressa les narines de la jeune femme qui fut prise d'une subite nausée. Ses sensations se mélangeaient toutes ensembles, et son esprit s'affairait à rejouer la scène de la découverte du coprs avec Solèna, en veillant au soin du détail.

Elle revoyait Shân, allongée et brisée, sauvagement assassinée, flottant dans la mare de son propre sang. Des entailles à en faire frémir le plus valeureux des hommes sillonnaient son corps entier et des hématomes venaient bleuir sa peau à intervalles réguliers. Le plus terrible était l'empreinte boueuse de chaussure qui salissait son visage. Le meurtrier l'avait humiliée même dans la mort.

Lunera se rappellerait toujours de la réaction de Solèna, pourtant la personne la plus courageuse et la plus prompte à conserver son sang-froid qu'elle connaissait. La ministre s'était ruée hors du couloir, prise de hauts-le-coeur terribles. À cette vision s'ajoutaient d'autres, de son passé quand elle bataillait contre l'Adrastée.

Lunera s'avança silencieusement et s'arrêta à hauteur de l'emplacement du corps, maintenant emporté à la chambre glacière du château. Ses souvenirs dérivèrent vers la détresse extrême du vieux père de Shân, dernier parent qui lui restait. Les rumeurs avaient circulé à une vitesse stupéfiante et pas une seule personne à Arkhess n'ignorait le crime. Les curieux avaient vite rejoint la lisière du domaine royal, se confinant tous au sein de la grande place, en quête d'informations.

Un communiqué officiel de Lunera était venu dissiper cette agitation, satisfaisant la curiosité mortifère des arkhasiens. Mais, le pauvre homme avait demandé à entrer au domaine royal et à la vue de la dépouille défigurée de sa fille, ses lamentations avaient retenti dans tout le château. Personne ne resta indifférent à ses pleurs amers.

Le hurlement qu'il avait poussé avait ébranlé Lunera, lui rappelant un autre, quelques mois auparavant lorsqu'un pareil crime survint. Ses souvenirs se mélangeaient... Le sang de Zahya, le sang de Shân... Le cri d'Assad, le cri du père... Le meurtre barbare des deux...

Son estomac fut agité par une secousse plus forte et Lunera se plia en deux, les yeux écarquillés à l'extrême, une main plaquée sur la bouche. Elle tomba agenouillée mais se releva immédiatement et se jeta vers les fenêtres cassées où un courant d'air frais passait. Elle en respira goulûment une grande bouffée, espérant dissiper le malaise qui saisissait tout son être. Lunera porta une main au col de sa robe de chambre et le tira, dénudant ainsi son épaule. Une fièvre semblait s'emparer d'elle, la jeune fille étouffait tout entière.

Comment... comment... ai-je pu... ?

Elle regarda ses mains, terrifiée par sa folie antérieure. Bien que propres, serties de bracelets et de bagues, les ongles soignés, Lunera n'y voyait que du sang. Des tâches vermeilles, brillant d'une lueur obscure et profane, marques indélébiles de ses péchés.

— Vous aussi, vous n'arrivez pas à dormir ? retentit une voix dans la pénombre.

Lunera se retourna et vit Solèna s'approcher, vêtue de son propre peignoir.

— Vous n'êtes pas rentrée-

— Oh, non... soupira la ministre, lasse. Je dois rester au château autant de temps qu'il le faut pour vous épauler...

Touchée par la fidélité spontanée de Solèna, la reine esquissa un petit sourire. La ministre ne la remarqua pas, beaucoup trop tourmentée.

— Des temps durs... murmura-t-elle, la voix enrouée, très durs s'annoncent... Je ne pensais pas que la paix serait aussi vite brisée... Pourtant... pourtant, nous faisons tout pour la maintenir... Un crime... un crime au sein du château !

Complètement sonnée, Solèna s'efforça de s'extirper des pensées ténébreuses qui polluaient son esprit et regarda la reine.

— Vous êtes bien pâle, dites donc... remarqua la ministre.

Elle vit ensuite son épaule nue et moite d'une sueur glacée. Celle-ci imbibait même le col de sa robe de chambre, dont un liseré foncé et mouillé ressortait à travers la soie fine du vêtement. Solèna couvrit la reine avec des gestes doux, qui apparurent comme ceux d'une mère aimante aux yeux de la jeune fille.

— Vous risquez de tomber malade ! se fâcha-t-elle. La reine doit être en pleine forme pour-

Solèna s'interrompit devant l'absence de réaction de la souveraine.

— Les circonstances en font une question déplacée... remarqua-t-elle. Mais... êtes-vous sûr d'aller bien ?

Lunera jeta un regard furtif vers les tâches de sang qui maculaient les dalles marbrées du palais avant d'hocher la tête en signe d'affirmation. Bien sûr, rien n'échappa au regard de la politicienne chevronnée.

— Le meurtre a de quoi bouleverser, pour sûr... Je pensais... cependant, ajouta-t-elle en veillant à choisir les bons mots, que... vous n'en seriez pas dérangée pour autant...

Lunera se braqua immédiatement, comprenant l'allusion à Zahya.

— Qu'insinuez-vous ? cracha-t-elle d'une voix blanche.

— Rien, répondit Solèna, irritée. Ce n'est qu'un constat.

— Je-

— Ravie de savoir que vous conservez encore une part d'humanité.

Lunera cligna des yeux, médusée.

— Je... Comment dois-je le prendre ?

Pour toute réponse, Solèna se contenta d'un sourire énigmatique.

— Passons, si vous le voulez. Vu que nous sommes enfin seules, j'aimerais vous faire part de plusieurs choses, en vue de la réunion d'urgence de demain.

— Allons dans votre bureau, proposa la reine, je ne veux plus rester ici.

Une fois tranquillement installées, s'observant toutes deux droit dans les yeux, la lueur vacillante d'une chandelle éclairant le cabinet de la ministre, Lunera ouvrit la discussion :

— Pourquoi Shân est morte... ? Avez-vous des idées ? Des hypothèses ? Je ne comprends pas... Cette femme était pourtant... Elle n'avait rien fait !

Voyant que Solèna ne répondait pas, la reine poursuivit :

— Personne n'a vu la scène ?

La ministre demeurait muette, comme si elle avait perdue sa langue.

— Répondez, enfin ! Votre intuition pourra sûrement nous aider !

Elle soupira et consentit enfin à prendre la parole :

— Nous - c'est-à-dire vous et moi - avons des ennemis à Arkhess. Ces ennemis nous guettent comme des prédateurs.

Ahurie, Lunera cligna des yeux sottement, ne s'attendant pas à cette réplique.

— C'est... une évidence, remarqua la reine en haussant ses sourcils.

— Non... Vous ne comprenez pas...

Solèna jeta un regard équivoque à la main de la reine, où trônait docilement le Sceau de l'Ange.

— C'est vrai que... commença Lunera en triturant la chevalière dans son doigt, beaucoup sont peu favorable à ma présence au trône. Notamment, le patriarche Dlavonine et sa suite. Mais je ne vois pas en quoi-

— Précisément, la coupa Solèna, les poings serrés. Dlavonine. Les choses vont beaucoup trop loin ! Un meurtre dans le château, vous rendez-vous compte ? Les journaux feront leurs choux gras dès demain ! Ces ennemis ne reculent devant rien, pas même le meurtre, pour arriver à leurs fins !

— Vous êtes énervante à dire « ces ennemis, ces ennemis » ! s'emporta la reine. Dévoilez donc le fond de votre pensée !

— Même si nous n'avons pas de preuve, il est clair que le patriarche Dlavonine est incriminé de près ou de loin, annonça la ministre.

Un soufflet n'aurait pas provoqué plus grand ébranlement de l'expression de Lunera.

— Comment... Quoi ?!

— C'est vrai... confirma Solèna, d'une voix faible qui alarma la monarque. C'est vrai... Je ne voulais moi-même pas le croire... Arkhess a toujours été prise dans des conflits fratricides... mais je ne pensais pas que des nobles puissent vraiment... Oh... je suis tellement ridicule à penser comme ça !

— Solèna, reprit Lunera avec davantage de douceur. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi les nobles vous inquiètent-ils tant ?

La ministre déglutit, ce qui eut pour don d'inquiéter la reine.

— Si les nobles sont coupables, nous devrons nous attaquer à eux. Mais ils sont puissants... beaucoup trop puissants !

— Ce n'est pas la puissance qui manque, répliqua Lunera en palpant son biceps, dans une vaine tentative de détendre l'atmosphère.

— À votre avis... l'ignora la ministre. Pourquoi les nobles ont-ils un rang sacré auprès de l'histoire d'Arkhess ? Réfléchissez un peu.

— Euh... car ce sont de vieilles familles ? proposa la reine.

— Presque... La famille royale n'existe pas à Arkhess car nous suivons les Anciens Décrets d'Uraera, j'ai dû déjà vous le dire ? Les six familles de nobles d'Arkhess sont les témoins de la pérennité de notre royaume, de la Terre-Mère. Leurs racines remontent à des millénaires dans le passé !

— Six, dites-vous ? s'étonna Lunera.

Elle commença à compter avec ses doigts.

— Les Dlavonine... Les Qatmon... Andrade... Dediaja... Tayitoma... Il en manque une !

— Une famille a été détruite, quelques siècles auparavant. Ils ont tout perdu, depuis leurs richesses, leur titre de noblesse, et aujourd'hui, leur nom de famille. Il ne reste que des vestiges et les rares membres restants ont vécu sous un autre nom.

— Bah, dites donc... commenta Lunera, stupéfaite qu'une telle chose puisse être possible.

— Les ancêtres de Dlavonine ne sont pas étrangers à cette déchéance, d'ailleurs, expliqua Solèna.

— Décidément ! s'embrasa Lunera. Ils sont partout !

— J'aurais cru Dlavonine plus raisonnable... murmura la ministre, se lamentant silencieusement de la situation. S'attaquer de front à la reine d'Arkhess alors que le pays va bien...

— Mais Shân...

— Aussi haïssables que soient les nobles, la coupa Solèna, le peuple d'Arkhess reste profondément attacher à eux. Shân sera vite oubliée et soyez certaines que jamais Dlavonine ne sera accusé.

— Mais c'est horrible ! rugit Lunera.

— Ce n'est qu'une victime collatérale, si vous voulez mon avis...

— Et pourquoi les nobles s'attaqueraient à Shân ? Vous faites erreur à mon avis.

— Ils iront aussi loin qu'il le faut pour orchestrer votre destitution. Shân se trouvait sûrement au mauvais endroit, au mauvais moment... Vous l'avez dit tout à l'heure, Shân a été retrouvée près de votre bureau.

— Et alors ? demanda Lunera, ne comprenant plus rien.

Solèna lui confia l'effraction du mois de février, lors de son absence.

— Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ?

— Vous étiez suspecte, expliqua la ministre, sans filtre.

— Ah ! se fâcha la reine, en prenant de grands airs. C'est donc comme ça !

Les lèvres de Solèna tressautèrent dans une parodie de sourire.

— Regardez donc votre doigt coupé... Vous auriez pu tout aussi bien être responsable. Maintenant, je sais que non.

Lunera jeta un coup d'oeil à son auriculaire tranché, marque de la Sorcellerie profane usitée contre Assad quelques mois auparavant. Elle chassa les images de son esprit, n'ayant ni le temps, ni l'envie d'y repenser.

— Quelqu'un a cherché à s'introduire dans mon bureau et a déjà réussi, reprit Solèna avec plus de sérieux. Aucune donnée sensible n'a pu être volée, heureusement. J'ai pu constater un autre ébranlement de mes sortilèges de défense, aujourd'hui. Je vais devoir mettre la sécurité maximale. Heureusement, rien ne manquait cette fois.

« Cependant... Imaginez que le coupable ait décidé de se reporter sur votre cabinet. Quoi de mieux que les documents de la reine lorsque l'on cherche des données confidentielles ?

— Je n'ai aucun sortilège de protection ! se lamenta la reine en agrippant ses cheveux.

— Rah ! ronchonna la ministre. Quelle erreur de débutant ! La vie n'est pas toute rose, Lunera, vous le savez bien ! À coup sûr, des papiers ont été volés. Cette personne n'a pas laissé passer sa chance et je pense que Shân l'a prise en flagrant délit...

— Elle a donc été réduite éternellement au silence... conclut Lunera, en frissonnant. Je vois... Mais quel rapport avec moi ?

— Ce ne sont que des suppositions... Et puis franchement, qu'irait-on chercher d'autre à part des informations sur vous ?

— Vous... vous basez... sur des... suppositions ? répéta Lunera, abasourdie.

— Oui.

— Mais c'est tout bonnement ridicule ! s'emporta la reine, dans tous ses états.

— Eh bien, vous verrez, affirma la ministre d'un ton cassant. Réfléchissez à tout ceci et soyez certaine que dès demain, votre nom sera traîné dans la boue. On vous accusera d'ingérence, de négligence et vos opposants ne perdront pas cette occasion pour vous enfoncer plus bas que terre. Tous les bienfaits qu'aura apporté le règne de Sa Majesté Ariès seront effacés par son incapacité à assurer la sécurité au sein du saint domaine royal. Vous comprendrez alors que cette machination n'a qu'un seul but : votre éviction du trône.

Horrifiée, Lunera se leva et fusilla sa ministre du regard. Des larmes - de colère, cette fois - s'amoncelaient dans ses yeux.

— Vous n'êtes pas gentille !

— Puéril... Préparez mieux vos réparties pour demain, lors de la réunion. On vous demandera des comptes.

— Mais-

— Je dis ça pour votre bien... la coupa Solèna, non sans douceur. Vous devez êtes prête... 

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