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XIII - La Couverture Tombée - Partie 1

17 juin 1875 — Arkhess

Les artères de la capitale battaient leur plein lorsque Solèna se présenta devant le bâtiment où habitait la tante Nani. Encapuchonnée de sorte à dissimuler son identité, elle pénétra les lieux, décidée à recueillir le fin mot de l'histoire. Elle n'avait pas tergiversé et dès le lendemain de sa veillée nocturne aux archives, la ministre s'était rendue chez la vénérable dame.

Elle se présenta au seuil de la porte et toqua trois fois. Un peu fiévreuse à l'idée de nouvelles révélations, Solèna inspira longuement pour détendre ses nerfs agités. Des pas firent craquer le parquet, une clé tourna dans la serrure et la porte s'entrebâilla.

— Bonjour, que puis-je pour vous ? demanda aimablement Nani.

Solèna remonta sa capuche et se présenta sous son regard stupéfait.

— Madame Narim Elmyr Kalaa, bonjour. Je suis Solèna Thévena, la ministre d'Arkhess. J'aimerais m'entretenir avec vous, c'est pourquoi je suis venue incognito. Puis-je entrer ?

Coite de stupéfaction, autant par l'utilisation de son nom complet (tant elle avait l'habitude qu'on l'appelle simplement Nani) que par la visite ministérielle, la vieille dame ne répondit pas tout de suite. Elle reprit ses esprits au bout de quelques secondes.

— B-bien sûr, entrez !

Nani ouvrit la porte et invita Solèna à entrer. Elle l'installa avant de se rendre dans la cuisine préparer du café. Nani revint avec un plateau où se mêlaient biscuits et boissons.

— Merci, souffla Solèna en acceptant la tasse.

— Pardonnez-moi pour tout à l'heure... Je ne m'attendais pas à vous voir au seuil de ma porte, sourit Nani. On ne vous voit pas souvent, alors...

— C'est vrai, concéda la ministre. Nous avons beaucoup à faire au château... Ceci dit, ne vous inquiétez pas, ce n'est rien... C'est moi qui ne vous ai pas prévenue de ma visite.

— L... Ariès va bien ?

— Elle se porte comme un charme.

Plus pour longtemps...

Solèna sirota une gorgée de son café et en savoura l'amertume, avant d'en venir aux faits.

— Je profite de la paix à Arkhess pour retravailler sur d'anciennes affaires qui ont marqué notre royaume, notamment... la guerre civile d'il y a dix-sept ans... après le départ de Darkodem.

Mentionnant volontairement le nom honni de l'ancien roi, Solèna guetta scrupuleusement les expressions faciales de Nani. D'une implacabilité rivalisant presque avec la sienne, son visage resta imperturbable et la vénérable dame acquiesça. Presque déçue, Solèna poursuivit.

— En l'occurence, je m'occupe des portés-disparus. Un d'entre eux n'est ni plus, ni moins, la reine d'Arkhess, madame Zahira Qamar Javn.

Cette fois, le visage de Nani trahit une angoisse vive.

— Zahira... murmura-t-elle avec peine.

— Dans les documents médicaux de Zahira, j'ai appris qu'elle était enceinte. De même, j'ai vu que vous étiez désignée comme sa personne de confiance. Je suis donc venue à vous, en quête d'éléments qui pourraient nous apporter des réponses quant à sa disparition.

Tendue, Nani réfléchit quelques instants aux mots qu'elles allaient dire. Aborder Zahira serait naviguer sur une mer dangereuse. Lunera ne devait surtout pas être évoquée.

— Zahira et moi étions de grandes amies... J'étais... plus âgée qu'elle, d'au moins une quinzaine d'années. Mais nous étions voisines, et je la considérais comme ma petite soeur. Du jour au lendemain, elle a disparu. J'étais dévastée...

— Pensez-vous que l'épouse Arkhasia ait pu être assassinée ?

— Mon Dieu ! s'écria Nani. Ne dites pas de telles choses !

Que la ministre évoque tout haut ce dont elle redoutait tout bas avait ébranlé Nani. Dès lors, le rapport de force alla en la faveur de Solèna qui se reprit et présenta ses excuses.

— Parlez-moi un peu de son lien avec Darkodem... Aucune famille ne reste de Zahira, vous êtes la seule qui la connaissiez. Comment se sont-ils mariés ? D'anciens articles de journaux disent qu'ils se connaissaient depuis plusieurs années avant l'accès au trône de Darkodem. Remarquiez-vous déjà ce garçon auparavant ?

Nani se tut, des souvenirs obscurs déferlant dans son esprit.

— Cette version est biaisée.

— C'est-à-dire ? Je ne comprends pas.

— Je... J-je n'ai jamais confié cela à qui que ce soit...

Nani se prit le visage dans les mains, les yeux terrifiés.

— Est-ce... vraiment nécessaire ? Je... je préfère...

— Oui, la coupa Solèna avec douceur. Nous devons rendre justice à l'épouse Arkhasia. En sa mémoire.

Comme si elle se tenait sur des charbons ardents, la vieille femme ne cessait de gesticuler dans tous les sens, très mal à l'aise. Elle serrait ses poings avec tant de force que ses ongles s'ancrèrent presque dans sa chair.

— Pourquoi ? Pourquoi une telle question vous perturbe autant ? s'inquiéta Solèna.

— PARCE QUE JE N'AI RIEN FAIT !

Les yeux remplis de larmes, Nani détourna son visage du regard scrutateur de Solèna, le coeur en lambeaux. La ministre resta abasourdie devant les émotions labiles de la vieille dame.

— Je voyais la tristesse dans ses yeux... Une peine infinie... Zahira avait toujours été un peu étrange... Elle n'a pas eu une enfance facile, vous savez... Mais avec moi, elle était si heureuse ! Si enjouée ! Mais depuis ce jour, elle n'a plus été la même.

— Quel jour ?

— Trois jours avant son mariage... Darkodem a toqué à sa porte. Les parents de Zahira étaient déjà morts... Je ne sais pas ce qui s'est passé précisément. Mais il a décrété qu'il l'épouserait, de gré ou de force. Ce n'était pas l'homme qu'elle attendait, je le sais ! Et pourtant, elle a accepté.

— Comment ça ? demanda Solèna, fébrile. Ils ne se connaissaient pas ?

— Pas le moins du monde. Je ne l'ai jamais vu dans le quartier, ni même dans la ville. De ce que Zahira m'a confié, il est juste venu demander sa main et elle a accepté.

Solèna cligna des yeux, stupéfaite. Nani se frappa le visage tout en sanglotant.

— J'ai été si bête ! Si bête ! Je voyais qu'elle était malheureuse, mais je n'ai jamais cherché à aller plus loin. Il est évident maintenant qu'il lui a fait quelque chose pour l'obliger à l'épouser ! C'EST ÉVIDENT !

— Calmez-vous, madame, calmez-vous.

— Je crois qu'au fond... j'avais surtout peur de Darkodem... et elle aussi. Alors, je cherchais des prétextes, et au final... ma lâcheté a précipité...

Nani ne poursuivit pas.

— Quelle histoire terrible, commenta Solèna. Vous pensez donc qu'elle est morte ?

— Sans aucun doute, répondit Nani d'un ton cassant, en fusillant la ministre du regard, outrée qu'elle y aille aussi crûment.

— N'aurait-elle... pas... fui avec Darkodem ? demanda Solèna, suspicieuse.

— Non ! cracha Nani avec hargne, scandalisée par les insinuations de la ministre. Quand bien même, Zahira n'est pas une renégate. Si elle a été emmenée, c'est de force.

— Hum... Je comprends... Je suis désolée de faire ressurgir ces vieilles histoires avec autant d'insensibilité...

Nani acquiesça.

— Du coup, j'imagine que vous n'avez pas de nouvelles concernant son enfant ?

— Non, répondit la vénérable dame avec un flegme impressionnant.

— Aucun document à Arkhess n'explicite sa naissance... Zahira était pourtant à terme. Une autre vie gâchée par les luttes fratricides d'Arkhess... soupira Solèna, tout en gardant un oeil sur Nani.

Cette dernière ne répondit pas, ailleurs.

— Zahira n'avait pas de frères, ni de soeurs... Vous auriez pu faire une bonne tante, pourtant.

Nani lui décocha un regard empli d'effroi et déglutit.

— S-sans doute...

La ministre feignit un sourire, qui s'étendit davantage en voyant la réaction de Nani.

— Votre lien devait donc être très fort... continua la ministre, en prenant d'infinies précautions.

Soulagée de passer à un autre sujet, le visage de Nani se fendit en un faible sourire.

— Elle est la soeur que je n'ai jamais eu...

— Vraiment ? Vous avez une soeur, pourtant, non ? débita la ministre, contrôlant difficilement sa voix qui vibrait presque de triomphe.

Devant l'agitation soudaine de son invitée, Nani ne sut que répondre, en proie à un grand désarroi.

— Hein ?

— La mère d'Ariès, précisa Solèna.

La vieille dame cessa net de bouger, comme tétanisée. À cet instant précis, elle comprit la raison de la visite de Solèna Ignis Thèvena. Zahira n'est qu'un prétexte.

Cette femme est dangereuse... très dangereuse.

— Ah oui, oui, bien sûr... Je l'oublie toujours... C'est ma demi-soeur, voyez-vous.

Bien sûr, répondit Solèna, glaciale.

— Elle est décédée, voilà maintenant plusieurs...

Mais Solèna n'écoutait plus les justifications de Nani, vaines désormais. Elle se leva.

— Madame Nani... susurra-t-elle, l'interrompant de sa voix de velours. Merci pour toutes vos réponses, qui me seront d'un très grand secours.

Pâle, Nani raccompagna poliment Solèna à la porte et ne s'autorisa à souffler que lorsque la porte se referma. Quant à cette dernière, rabattant son capuchon sur ses cheveux bruns, elle regagna le château, satisfaite. L'entretien avec Nani avait été évasif, mais elle était presque certaine de sa théorie.

Patience, Ariès, patience. Ton heure est bientôt venue !

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