VI - Un Vent Nouveau - Partie 2
Il fallut bien une dizaine de minutes pour évacuer les gouverneurs, qui n'avaient cessé de protester et d'hurler. Selon eux, les preuves de Solèna étaient truquées et que tout cela n'était qu'une énorme supercherie. Ils n'avaient cessé de l'accuser de menteuse et de traîtresse. Finalement, ils ne consentirent qu'à s'en aller qu'au moment où la ministre les menaça d'un duel singulier pour réparation due à une diffamation, en vertu, cette fois encore, des Anciens Décrets d'Uraera.
Une fois qu'ils sortirent, Solèna glissa discrètement un « Continuez, vous vous en sortez bien ! » à Lunera, avant de se rassoir, diablement satisfaite. Aria lui lança un grand sourire. Sans doute, la disgrâce des gouverneurs représentait beaucoup pour elle.
Si Solèna a jugé que je me suis bien débrouillée, alors ça va... Je devrais me renseigner sur ces lois d'Uraera... Ils ne cessent d'en parler.
— Eh bien, commenta Tayitoma, nous voilà débarrassés de ces...
Elle laissa sa phrase en suspens.
— Animaux ? suggéra une dame aux longs cils d'argent.
— Je ne tenais pas à employer un tel mot, mais c'est cela.
Les deux femmes rirent, amusées. Reconnaissant la matriarche Dediaja, Lunera ne put s'empêcher de la trouver bien étrange. Son apparence physique était des plus singulières. Outre ses cils et ses longs cheveux argentés, elle arboraient de larges bandes noires qui couvraient toutes les surfaces découvertes de son corps.
— Les événements de cette après-midi se sont enchaînées à une allure folle, déclara une voix grave masculine. Bien que certains me laissent... perplexe, ajouta-t-il en fixant méchamment Lunera, je ne nie pas que le départ de ses nuisibles est salutaire.
Lunera dut fouiller dans sa mémoire pour retrouver le nom de ce désagréable personnage.
— Hohoho, gloussa un autre homme à ses côtés, il y a du vrai dans ce que vous dites, Monsieur Andrade.
Oui ! Andrade et Qatmon, les deux alliés de Dlavonine selon les documents de Solèna...
Regardant alternativement le crâne dégarni d'Andrade et les petits yeux larmoyants de Qatmon, Lunera en vint à penser que ce dernier avait des airs de rat.
— Décidément, la nouvelle reine semble être capable de faire de bons ch-
Qatmon n'eut pas le temps de finir. Le regard furieux que Dlavonine darda sur lui le dissuada de poursuivre. Tout craintif, il sembla se tasser sur sa chaise.
Sont-ils vraiment alliés ? Eh bien... ce Dlavonine est même retors avec ses partisans.
Sous la lourde table, Lunera sentit une vive douleur à sa jambe. Elle se tourna imperceptiblement vers Solèna, qui répondit en faisant les gros yeux comme pour lui dire « Continuez ! ». Mal à l'aise, Lunera toussota pour attirer l'attention.
— Hum... Pour... pour pallier à la perte non regrettée des gouverneurs, l'administration royale pourra compter sur de nouveaux esprits, beaucoup plus dignes de confiance. Je n'ai pas leurs noms sous les yeux, mais dès demain, ces individus prendront très vite leurs fonctions. Je peux déjà vous dire que madame Aria en fera partie.
Aria écarquilla ses yeux, stupéfaite.
— Dame Solèna m'a fait part des injustices que vous a faite subir Sawse N... En réparation, Arkhess vous offre ce que le pays a de meilleur. Vous serez maire de la capitale.
Les larmes aux yeux, Aria remercia la reine avec déférence.
— Par ailleurs... le corps royal n'est pas le seul à devoir subir de grands changements. L'armée doit se soumettre à une réorganisation durable.
— Pour sûr, répliqua la matriarche Tayitoma. Arkhess a toujours été fermée aux autres pays. Nous sommes stigmatisés et considérés comme les parias de Terhera, alors que nous sommes la Terre Mère.
— Peu importe, ma chère, lui répondit Dediaja. Tant qu'Arkhess rayonne, l'avis des autres nations ne nous importe guère.
— Précisément ! Avec nos forces affaiblies et une telle empotée au trône, Arkhess est tombée dans la déchéance. Ces vingt dernières années ont été rythmées par la perte de grands et vaillants guerriers. De grands noms qui inspiraient le respect. Je suis heureuse d'apprendre que vous placez une telle décision comme étant prioritaire, Dame Ariès. Les forces d'Arkhess ont besoin d'être consolidées.
La matriarche inclina brièvement sa tête vers la monarque. Se rappelant de l'avertissement de Solèna lui indiquant qu'il était nécessaire d'entrer dans les petits papiers de Tayitoma, Lunera se sentit toute chose. Le coeur battant à une vive allure, la reine bredouilla un remerciement chaleureux. Sawse N les lorgnait toutes deux avec hargne.
— À qui envisagez-vous de confier le commandement de l'armée ? demanda Andrade. Il me semble que nous n'avons pas de généraux.
— Euh... Ce n'est pas encore sûr, mais normalement-
— Y'a-t-il seulement un fait sur lequel vous êtes certaine, Dame Arias ? vilipenda Dlavonine.
— Ariès ! s'enflamma Lunera, faisant preuve d'une vivacité qui lui avait défaut jusque là. Je n'aime pas le ton que vous prenez, Patriarche Dlavonine. Je suis la reine d'Arkhess, ne l'oubliez pas.
— Porter le titre ne suffit pas, répliqua durement le patriarche aux cheveux flamboyants. Il faut en avoir l'étoffe. Vos décisions me semblent être bien tangibles ! Que ce soit à propos de la souillon de Sawse ou de votre ignorance flagrante, je remarque déjà des déficiences certaines.
Un soufflet n'aurait pas changé l'expression de Lunera. Bien que la tournure qu'avait pris son arrivée à Arkhess ne lui plaisait guère, s'exprimer devant toute cette éminente assemblée n'était pas aussi épouvantable qu'elle se l'était imaginer. Avec les encouragements de Solèna, les sourires bienveillants d'Aria, le regard plutôt aimable de Tayitoma, Lunera s'était prêtée au jeu.
— Patriarche Dlavonine, commença Solèna, accourant à la défense de la reine comme elle lui avait promise.
— Dame Solèna, attendez.
La ministre se tut, stupéfaite. La reine se leva. S'efforçant de réprimer une colère féroce envers cet impertinent personnage, elle pointa vers lui un doigt menaçant. Sur sa chaise, Qatmon recula comme s'il craignait que la foudre ne s'abatte sur lui.
— Il me semble, Dlavonine, que dans cette assemblée, vous devez vous limiter à un simple droit consultatif et non pas un droit de veto. Donnez votre avis, nous en discuterons peut-être. Mais ne contestez ni mes décisions, ni mon pouvoir, car je vous le défends ! Cette « souillon », comme vous dites, vaut mille fois plus que votre noble mais sale engeance. Aria a le coeur et l'honneur qui vous font défaut. Observez votre comportement ! Vous vous comportez comme un enfant car le Sceau de l'Ange ne vous a pas reconnu comme étant digne de mener Arkhess. Vous êtes pitoyable. Arkhess se passerait bien de vous.
Cette déclaration jeta un vent glacial sur l'assemblée. Dlavonine semblait avoir reçu une gifle. Son caquet rabattu par Lunera le laissa coi. Aria et Solèna regardaient la reine avec des yeux ronds, abasourdies des propos forts qu'elle avait lancé. La reine venait de l'insulter publiquement ; la guerre était déclaré. Le visage du noble prit une teinte écarlate et au moment où il s'apprêtait à se lancer dans une diatribe mordante, il fut interrompu par la voix suave mais ferme de Tayitoma.
— Patriarche, laissez la reine finir. La royauté est sujette à de grands changements. Pour l'instant, je m'estime satisfaite des décisions de la reine. Arkhess a besoin d'un vent nouveau, peut-être que Dame Ariès nous l'apportera. Une nouvelle ère commence. Je suis intéressée d'entendre la suite. Alors, je vous prierais de cesser.
Quand la matriarche Tayitoma parlait, on écoutait et on se taisait. Satisfaite, Lunera lui lança un sourire éclatant et poursuivit.
— Je vous ai globalement tout annoncés. Ceci dit, il me reste encore quelque chose à résoudre avant de clore cette réunion. Sawse N, levez-vous ! aboya la reine.
Se devant d'obéir à l'Ange d'Arkhess, Sawse se leva, non sans un regard haineux.
— Dame Solèna, je vous laisse la parole.
Solèna se leva à son tour, en tentant de réprimer un sourire. Elle allait enfin se venger de cette vieille carne de Sawse.
— Après avoir reçu l'aval des nobles — Sawse N jeta un regard effaré aux gens de la noblesse — votre sentence pour avoir invoquer les Arcanes d'Arkhess sera décidée par la reine. Votre acte détestable relève de la folie pure. Vous étiez pleinement consciente des risques, Sawse N !
— Comment ? se récria Dlavonine, furieux. Ce n'était pas précisé dans votre lettre que la reine elle-même prendrait la décision.
— Comment osez-vous ? hurla Sawse N en même temps. Vous m'avez trahi après tant de loyaux services.
— Mutisma ! siffla Dediaja, irritée. J'en ai plus qu'assez d'entendre vos cris de goret. Voilà dix-sept années que je les supporte. Votre règne a jeté l'opprobre sur notre royaume. Nous avons décidé de vous punir comme il se doit.
Les marques noires de son corps brillèrent d'une lumière profane. Le silence forcé interdit les cordes vocales de Sawse de proférer le moindre son. Elle se mit alors à gesticuler faisant ainsi bouger violemment la table.
— Cessez, ordonna Solèna, avant que je ne vous jette un Immobilis bien placé.
— Solèna, expliquez-vous, ordonna Dlavonine. J'ignorais que la reine devait choisir-
— Votre Majesté, l'interrompit la voix agacée de Tayitoma, nous vous écoutons.
Stupéfait, Dlavonine se tut, tout comme Lunera, étonnée elle aussi. Ce n'était plus Dame Ariès, mais « Votre Majesté ».
Pour une victoire, c'en est une !
— Sawse N, dit Lunera. Vous êtes condamnée à verser l'intégralité de vos biens personnels en guise de dédommagement à la cité d'Arkhess.
La femme ouvrit grand la bouche et plaqua ses larges paumes sur la table, l'ébranlant sous son poids.
— Du calme, ce n'est pas fini, ajouta durement Lunera. Vous serez officiellement la servante d'Aria, en réponse aux sévices que vous lui avez infligée pendant toutes ces années.
De choc, Sawse tomba par terre. Tous, y compris la matriarche Tayitoma, pourtant réputée pour sa froideur, tournèrent leur tête en direction de Lunera, abasourdis. Mais nul étonnement ne dépassait celui d'Aria. Dediaja éclata de rire.
— Vous ne manquez pas d'air, Votre Majesté !
Lunera sut qu'elle avait gagné à cet instant, une impression favorable à son égard. Elle lui lança un sourire radieux.
— M-majesté... bégaya la jeune femme aux boucles blondes. Je ne pense pas que... ce soit judicieux...
— Ne craignez rien, jeune fille, au contraire, rétorqua Dediaja en battant ses longs cils d'argent. La noble et ancienne maison des Dediaja est réputée pour ses sortilèges de scellement. Je veillerais personnellement à sceller les pouvoirs de Sawse. Ainsi, elle ne pourra attenter à votre vie et vous pourrez reprendre votre revanche sur elle.
— Vous répondez enfin de vos actes, Sawse, déclara Solèna, très heureuse.
Sawse N ne les écoutait plus. Elle semblait être en proie à une crise d'hystérie. Se lamentant silencieusement, elle se griffait le visage et s'arrachait les cheveux. Jusqu'à ce que, prise de pitié, Dediaja l'immobilisa pour de bon.
— Ne vous inquiétez pas, Aria, la rassura la reine. Si jamais Sawse N vous fait du mal, je me chargerai personnellement de son cas !
Aria répondit par un timide sourire. La vie venait de changer du tout au tout pour elle, songea Lunera. Sur cette réjouissante nouvelle, celle-ci estima qu'il était temps de conclure la réunion. Elle remercia l'assemblée, s'attirant autant de sourires cordiaux que de regards antipathiques. Après l'habituelle formule de l'Ange, Lunera se leva et sortit de la salle de conférence accompagnée de Solèna. La reine ne ferma même pas la porte qu'elle entendit la voix grave de Dlavonine siffler avec véhémence.
— Ouf... Je ne vous cache pas être soulagé d'en avoir fini.
— Oui, acquiesça Solèna aux soldats qui se tenaient au garde-à-vous dans le couloir. Prenez Sawse N et jetez là au cachot.
Lunera la regarda d'un air perplexe.
— Ne vous méprenez pas, Dame Ariès... Ce n'est que le début.
— Vous êtes drôlement encourageante, dites donc, grommela Lunera en haussant ses sourcils.
— Néanmoins, j'estime que globalement vous vous en êtes bien sortie. Vous voyez ! Ce n'était pas si terrible, finalement. La royauté vous sied à-
Solèna n'eut pas fini sa phrase que la reine s'éloigna d'elle, agacée.
— Il y a mésentente, Solèna, ne l'oubliez pas !
La ministre l'observa s'en aller d'un pas que Lunera voulait digne.
— Vous savez, Dame Ariès, que pour regagner vos appartements, il faut emprunter ce même couloir mais dans l'autre sens.
Lunera s'arrêta net et grimaça. Elle fit volte-face et remonta le couloir. Une fois près de Solèna, celle-ci marcha à ses côtés.
— Au risque de me répéter, je suis contente que vous ayez su imposer votre autorité. Ce n'était pas une réunion comme les autres, nous étions en petit comité vu que les gouverneurs ont été chassés. Néanmoins, c'est pas mal du tout.
Lunera grogna juste pour la forme. Elle n'aurait avoué que sous la torture de sa joie d'entendre Solèna complimenter ses performances à la réunion.
Je m'en suis bien sortie, c'est vrai...
— Une servante vous attend derrière la porte, l'informa Solèna une fois arrivées devant ses appartements. Elle vous aidera au quotidien. Demain, je viendrai vous chercher à neuf heures du matin. Nous aurons un programme très chargé alors reposez-vous bien.
Résignée, Lunera la remercia.
— Je compte sur vous demain. Seule... ce sera compliqué, dit Lunera avec un sourire contrit.
Lui souhaitant bonne nuit, la reine entra dans sa grande chambre et referma sa porte derrière elle. Dans la pénombre, Solèna la regarda refermer la porte derrière elle et esquissa un sourire.
Cette journée se termine beaucoup plus favorablement que je ne le pensais... Continuez, Dame Ariès, continuez à solliciter mon aide. Loin des esprits retors et avec votre pouvoir, je pourrais restaurer le blason d'Arkhess. Parole de Solèna !
☾☾☾
27 février 1875 — Arkhess
La grande horloge sonna deux heures. Allongée et emmitouflée dans les épaisses couvertures royales d'Arkhess, Lunera observait les moulures de ses nouveaux appartements. Songeuse, les événements de la journée repassaient en boucle dans son esprit.
Solèna a bien raison... Qui aurait pu croire que je coucherai au palais d'Arkhess. Pas plus tard que hier, j'étais en compagnie de tante Nani...
Étouffant soudain, Lunera se leva et marcha pieds nus vers le balcon de sa chambre. Son affable dame de chambre avait fermé la porte, que la jeune fille s'empressa d'ouvrir. Elle accueillit avec joie la légère brise du soir. La reine sentit un frisson remonter le long de ses bras et la parcourir jusqu'à la nuque. Le froid n'était pas responsable. Il y avait... autre chose.
Lunera s'accouda sur la balustrade ornée et laissa son regard divaguer. La nuit était bien silencieuse. Ses appartements ne donnaient pas sur la ville d'Arkhess mais sur les grands jardins du royaume, entourés par une vaste forêt qui s'étendait loin dans l'horizon. La jeune fille se pencha quelque peu et repéra quelques soldats qui effectuaient leurs gardes nocturnes. Les fontaines en contrebas émettaient un clapotis régulier, seul son qui venait troubler le silence de cette calme soirée de février.
Paisible. Lunera aurait décrit les lieux comme paisibles. L'angoisse et la tension des dernières heures s'étaient évanouies. Cette royauté qui lui revenait de force la terrorisait toujours autant, mais... elle n'y pensait plus avec autant de fatalité.
— Reine d'Arkhess... Je prends le même rôle que ma mère... mais toi, c'était par choix n'est-ce pas ?
Il fallait avouer que partager un tel lien, aussi ridicule soit-il, avec sa défunte mère séduisait beaucoup Lunera.
Nous aurions été très heureux... Maman, il n'y a pas une chose que je ne regrette plus que ta mort. J'aurais tant voulu te connaître.
Avec un pincement au coeur, Lunera soupira. Cette pensée récurrente du bonheur suprême qu'elle aurait pu saisir à pleines mains ne l'abandonnait jamais. Darkodem prétendait que c'était de la faute de l'Adrastée.
Ils sont coupables, cela ne fait aucun doute... Mais je ne te crois plus... Tu as perdu ce droit.
Comme chaque fois que Darkodem s'immisçait dans ses pensées, une rage sourde s'emparait de Lunera : s'il y avait bien un être pleinement impliqué dans la déchéance de sa famille, c'était bien lui ! Ces dernières semaines le lui avaient bien confirmée et la précédente surenchère de Solèna à son sujet ne la rassurait guère.
— Tu n'as cessé de me mentir, père. Tu peux être certain que je découvrirais ta véritable nature ! Le rang de souveraine me donne toutes les clés pour faire des recherches et j'y parviendrais !
Avec un sourire amer, elle songea qu'elle était bien tombée. La Terre Mère devait être une mine d'informations.
Peut-être que la royauté a du bon, finalement...
Haussant les épaules, Lunera regagna son lit. Le sommeil ne tarda pas à l'emporter mais son somme ne fut guère reposant. Elle rêva d'être cernée par une horde d'arkhasiens qui la ligotèrent avant de poser un gigantesque casque doré et ailé sur sa tête. Il était si lourd qu'elle ne parvenait pas à maintenir sa tête droite. Près d'elle, Solèna lui lançait des regards noirs et les nobles la toisaient avec mépris. Mais elle n'avait d'yeux que pour Darkodem, qui au loin, lui lançait des quolibets moqueurs.
Étourdie, elle essaya de se détacher de ses liens, mais elle était trop à l'étroit. Elle le vit s'approcher. Lentement, avec la même régularité qu'un métronome, Darkodem diminuait la distance entre eux, des chaînes de pénitencier à ses bras. Une fois à sa hauteur, Lunera constata que ses traits étaient différents. Il avait un air féminin qu'elle ne lui connaissait pas. Darkodem ressemblait à une créature androgyne. Se penchant vers elle, il lui agrippa la gorge d'une poigne féroce et la serra. Haletante, Lunera le suppliait d'une voix étouffée.
« N'oublie pas... n'oublie pas, Lunera... le... ur... dél... attends... le Coeur Arkhale. »
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