IX - Amitiés - Partie 2
— Oh... soupira Akman. Tout ça pour ça ! Vous aimez tellement faire la mystérieuse, Solèna... Je pensais un instant que vous proposiez que l'on lapide Sawse de pierres.
Aria éclata franchement de rire tandis que le visage de l'Ange déchu se décomposait.
— Nous pourrions toujours essayer, remarqua très sérieusement la ministre.
— Un jeu... de précision ? cilla Lunera, perplexe.
— Eh oui, Dame Ariès ! Vous ne pourrez jamais me battre, déclara Solèna avec suffisance.
— C'est ce que nous verrons, sourit Aria. Mes dagues sont redoutables.
D'abord réticente, Solèna s'était finalement prêtée à ce moment de détente. Elle les invita à la suivre à l'opposé du terrain d'entraînement. Tous parlaient avec entrain, chacun vantant les mérites de ses propres aptitudes, si ce n'était le pauvre Arkh, observant avec dépit son sabre qu'il tenait en main. Ce n'était certainement pas avec une arme aussi imposante qu'il parviendrait à gagner.
La petite troupe décida qu'Aria commencerait. Le jeune blonde s'avança, tira deux dagues et les lança lestement, l'une après l'autre. Les deux lames filèrent vers la cible et avant même qu'elles ne l'atteignirent, Aria lança un troisième coutelas. Les trois dagues se fichèrent en un triangle parfait autour du centre.
— Précis mais pas assez, commenta Solèna.
— Vous plaisantez ? se récria Akman. C'est tout juste...
— Remarquable, compléta Arkh, ébahi.
La reine souffla, exaspérée par sa ministre.
— C'est votre tour, Votre Majesté, faites donc.
D'habitude, Lunera utilisait la Lame Jahanama en combat rapproché. Quand bien même elle la lançait, ce n'était que sur de très courtes distances face à un ennemi imposant qu'elle était certaine de ne pas rater.
— Précision, hein... grinça-t-elle.
Essayant de mimer les mouvements d'Aria, la reine lança son épée en essayant de viser au mieux. L'échec fut cuisant et les rires bien moqueurs. D'une redoutable force, le tir envoya l'arme se ficher comme une flèche bien au-delà de la cible pour venir briser une statue marbrée bien plus loin.
— Pauvre Dame Ariès, ricanait Akman.
— Quelle finesse, pouffa la ministre.
Aria souriait d'un air contrit, réprimant son rire face aux quolibets que lançait Akman doublés des remarques ironiques de Solèna. Les joues rouges, Ariès faisait mine de ne rien entendre. Arkh se posta à côté d'elle et posa gentiment une main à son épaule.
— Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des idiots.
Lunera se tourna vers lui et son visage s'embrasa de plus d'elle à la vue de son charmant sourire.
— Allez, allez, les amis, appela Akman. Observez donc ce maître qu'est Akman.
Il dégaina la gigantesque hache qui l'accompagnait au quotidien et passa son pouce sur le tranchant acéré.
— C'est donc avec ça que vous comptez...
— Taisez-vous Solèna et admirez, la coupa Akman avec un sourire serein.
Il fit tournoyer son puissant bras, chaque tour plus rapide que le précédent et lança la hache droit devant lui. Elle vint se planter au centre de la cible dans une remarquable percée.
— Oh ! s'émerveillèrent Aria, Ariès et Arkh devant l'exploit d'Akman.
— Talent inné, répondit-il en leur lançant un clin d'oeil.
Solèna émit un reniflement amusé.
— Je vous impressionne, Solèna ? roucoula le major en prenant une posture victorieuse. C'est pour ça que vous ne trouvez quoi dire ?
— Oh, nous verrons bien, dit la ministre, toujours aussi évasive.
— C'est au tour d'Arkh, maintenant ! enchaîna Akman. Fais-nous honneur, frérot.
Crispé, l'autre général s'avança et tira son grand sabre.
— Je... commença-t-il, hésitant.
— Tais-toi et fais.
— Mais-
— ALLEZ ! rugit Akman.
— J'ai foi en vous, encouragea Lunera.
Déglutissant, Arkh s'avança et lança son sabre tel un javelot. Malheureusement, la masse trop importante de la flamberge contra la vitesse initiale. À mi-chemin entre le départ et le point de mire, elle tomba lourdement par terre tout en soulevant un important nuage de poussière. Rouge de honte, Arkh s'avança pour récupérer sa lame tout en ignorant les gloussements d'Aria et les remarques sarcastiques de Solèna.
— Avec la reine, vous feriez une paire formidable ! se moqua Akman entre deux rires.
Ce fut au tour de Lunera de voir son teint virer au cramoisi. Cela n'échappa pas à Solèna qui haussa un sourcil en faisant une moue amusée. Arkh ne revint pas et alla s'assoir sur l'estrade de pierre. La reine allait le rejoindre mais Solèna décida à cet instant de sortir le grand jeu.
— Après vos piètres démonstrations, observez donc la fabuleuse Solèna !
Confiante en ses gestes, elle exposa enfin au grand jour la grande lance qui restait toujours perchée derrière son dos.
— Pointe de diamant, contour en corail, tranchant affûté, elle est parfaite, vanta la ministre. C'est un cadeau de mes parents, confia-t-elle ensuite. Un... héritage comme le disait la reine.
Lunera se sentit oppresser par cette dernière remarque mais fit de son mieux pour ne rien laisser transparaître.
— Je vais corser les choses, proposa Solèna.
Elle fit tournoyer sa lance entre ses mains tout en marmonnant une quelconque formule et sa cible se mit à se mouvoir assez vite de long en large.
— Oh, Solèna... Si vous y parvenez... remarqua Aria, éperdue d'admiration.
— Si vous comptez nous impressionner-
Akman n'eut même pas le temps de finir que l'hallebarde de Solèna fila comme une flèche pour venir s'ancrer pile au centre de la cible.
— Bravo ! félicita Aria tout en applaudissant.
Impressionnée, Lunera la rejoint dans ses vivats au dam d'Akman qui espérait rafler la victoire.
— J'aurais pu en faire autant, déclara-t-il cependant.
— Évidemment. En attendant, la victoire me revient, le nargua la ministre.
Alors qu'Akman répondait avec véhémence, tombant dans le jeu de Solèna, Lunera s'éloigna d'eux pour aller chercher sa Lame Jahanama qui avait malencontreusement décapité une statue. Elle fut aussitôt rejointe par la douce Aria qui entama la conversation.
— Je viens avec vous. Laissons-les se chamailler un peu, ils adorent ça.
— Arkh a l'air mécontent... remarqua la reine, soucieuse.
— Oh, il boude parfois, rit Aria. Mais ne vous souciez pas de lui. Quand il le veut, il a autant de venin qu'une vipère !
— Vraiment ? s'étonna Lunera.
— Ses joutes verbales avec Solèna sont légendaires. Ils sont si drôles, vous savez. J'aime beaucoup les rejoindre quand j'ai un peu de temps libre, on s'amuse bien.
— Même au temps de Sawse ? demanda Lunera, enviant un peu les liens de franche camaraderie qui les unissaient.
— Oh... C'était... plus compliqué, vous vous en doutez bien... Nous avions tout de même de petits moments sympathiques. Rares, certes. Sinon... c'était... très dur.
Aria baissa la tête, des souvenirs de son ancienne condition d'esclave revenant la hanter. Se doutant de ce qui devait se tramer dans ses pensées, Ariès réagit au quart de tour.
— Je ne voulais pas Aria, pardon, s'excusa la reine en lui pressant le coude.
— Ne vous inquiétez pas ! Ne vous excusez pas pour ce dont vous n'êtes pas responsable.
— Oui, mais tout de même...
— Je ne vous remercierai jamais assez pour ce jour-là. Ma vie a changé du tout au tout. Les chaînes qui m'emprisonnaient se sont tous déliées en à peine une après-midi.
— Vous avez été gentille avec moi avant ça, Aria... Ce n'était que justice.
— Solèna, Arkh, Akman, et plein d'autres personnes, étaient eux aussi mes amis. Mais personne n'a réagi pour moi. Ne vous méprenez pas, ceci dit ! Je ne leur en veux pas car moi-même j'ai été incapable de me dresser face à Sawse. Je ne pouvais pas attendre de l'aide venant des autres. Sawse N était vraiment trop puissante.
— C'est vrai que son pouvoir n'est pas commun... remarqua Lunera, en se souvenant de la surprenante manipulation de la glace par l'Ange déchue.
— Et puis vous êtes arrivée... Le nouvel Ange d'Arkhess. Même dans mes plus beaux rêves, je ne voyais pas une telle lueur d'espoir... L'espoir de voir Sawse être renversée. Sawse N a fait beaucoup de mal pendant qu'elle siégeait au trône. Meurtres, humiliations, mauvaises paroles... Elle était haïssable. Elle répond enfin de ses actes.
— J'espère que vous lui rendez bien la monnaie de sa pièce, ricana Lunera.
Aria tourna ses yeux bleus vers la reine et soupira.
— Ces mains seraient incapables de faire le moindre mal, même à Sawse. Même si je le voudrais, je ne parviendrais pas à le faire. C'est contre ma nature. Dame Ariès... Le mal est bien la seule chose qu'il faut éviter de semer. Les souffrances qui en découlent... Les larmes... La tristesse... J'ai été brisée mais je me reconstruis petit à petit. En attendant, je ne veux léser personne.
Soudain honteuse, Lunera ne répondit pas.
— Désolée... murmura Aria. Je vous ennuie sûrement avec mes états d'âme...
— Non ! s'exclama Ariès, ne désirant surtout pas qu'il y ait mésentente sur son précédent silence. Je suis ouverte à toute discussion, Aria.
Un bref souvenir s'interposa dans ses pensées. Celui où elle avait prononcé ces mêmes mots lors de son arrivée à Sultakara, quelques semaines auparavant. Elle secoua sa tête, chassant ces bribes de son esprit. Elle ne voulait revivre le rejet brutal d'Assad.
— Il faudrait plus de personnes comme vous à la hiérarchie d'Arkhess, affirma Aria.
— C'est-à-dire ? demanda Lunera en tentant de se concentrer davantage sur la conversation.
— Eh bien... Les Anciens Décrets d'Uraera sont nos lois... Je les respecte, bien sûr ! Cependant... hésita la jeune femme.
Celle-ci lança un coup d'oeil craintif à la reine comme si ses propos tenaient du blasphème. Ariès acquiesça pour l'inviter à poursuivre.
— Se baser... sur la simple force pour conquérir le trône... est une idée vraiment... grossière ! Cela n'a rien contre vous ! s'empressa d'assurer Aria, en hochant frénétiquement la tête. J'ignore l'histoire précise des décrets... Uraera les a-t-elle écrits elle-même ? D'où viennent-ils ? Pourquoi le royaume d'Arkhess est-il temps attaché à eux ? Quoiqu'il en soit, il est sûr que les rois passés d'Arkhess ont obtenu le pouvoir par la force. Les plus forts pensent-ils au plus faibles ? Je ne pense pas... Il suffit de voir les dix-sept années de règne de Sawse N. Sa cupidité a desséché les ressources d'Arkhess, déjà bien affaiblies par le passé.
Aria s'arrêta et se tourna vers la reine. Ses iris flamboyaient d'une lueur déterminée.
— Je souhaite qu'Arkhess soit une nation de grandeur et d'excellence ! Elle ne peut l'être seulement si le souverain au trône ne se soucie sincèrement de la destinée d'Arkhess. Les plus forts s'en fichent de l'avenir du pays. Seul compte leur confort immédiat. C'est quelque chose que je ne peux accepter !
Lunera déglutit, presque intimidée par la volonté d'Aria. Cette dernière se radoucit.
— Mes maigres forces ne suffiront jamais... soupira-t-elle, mélancolique. Mais j'ai le sentiment que vous, Dame Ariès, serez capable de faire rayonner Arkhess. Vous êtes différente, je le sens.
Diriez-vous la même chose, lorsque vous apprendrez que je suis la fille de Darkodem ?
— Ne placez pas vos espoirs en moi, marmonna Lunera, amère. C'est un conseil que je vous donne, Aria. Je ne suis pas celle que vous pensez être, vous me surestimez trop !
— Vous êtes modeste, Dame Ariès. Une belle qualité pour une reine, répondit Aria avec gentillesse.
Elle se pencha et ramassa la Lame Jahanama, qui gisait dans un tertre boueux et la tendit à la reine.
— Gloire à l'Ange et la reine Ariès.
Émue, Lunera la remercia et reprit son épée.
— Vous venez ou pas ? cria la puissante voix d'Akman. On vous attend !
Aria donna encore une de ses beaux sourires à Ariès et s'en alla en courant vers le terrain vague. Lunera l'observa quelques instants, le coeur serré. D'où venait la franche sympathie qu'avait Aria et tous les autres à son égard ?
Ils sont tous si gentils avec moi...
Le resterait-il une fois qu'ils découvriraient qu'elle ne répondait pas au nom d'Ariès, mais à celui de Lunera ? Aimeraient-ils toujours cette Lunera, haïe par l'Adrastée, fille de Darkodem et dont les crimes s'étalaient en une longue liste ? Ou bien la repousseraient-ils avec la même virulence qu'Assad, en apprenant l'identité de son géniteur ?
Confuse, Lunera s'empressa tout de même de les rejoindre. En attendant, elle ferait tout pour entretenir des relations les plus amicales qui soient. Lunera n'avait jamais connu ça. Des êtres humains gentils et aimables avec elle ; la jeune fille en rêvait presque.
Des personnes que j'aime...
— Dame Ariès ! héla Arkh. Allez !
... et qui m'aiment aussi.
Heureuse comme elle ne l'avait jamais été auparavant, Lunera se hâta auprès de la petite troupe.
— Mais qu'avez vous fait avec votre épée ? demanda Solèna en faisant une grimace dégoûtée.
Ariès baissa ses yeux vers la Lame Jahanama et vit qu'elle était toute maculée de boue.
— Oh, je n'avais même pas remarqué... Vaguiem !
Un jet d'eau se matérialisa du néant et rinça l'arme, lui rendant son éclat habituel.
— Vous vous débrouillez vraiment bien, envia Aria.
— Ce n'est qu'un simple sortilège, sourit Lunera. Rien d'incroyable.
— Je sais bien, mais...
— Aria a beaucoup de mal avec les sortilèges de magie noire, expliqua Akman.
— Mais elle excelle en magie de soin ! remarqua Arkh.
— Vraiment ? C'est exactement l'inverse pour moi ! s'écria Lunera.
— Navrée de vous interrompre, marmonna Solèna, mais nous avons du travail, Dame Ariès. Nous verrons tout ceci...
— Plus tard. C'est exactement ça, Solèna, approuva Akman en lui prenant un bras.
Il lança un regard éloquent à son frère qui lui prit l'autre bras.
— Aria et Ariès - euh, Dame Ariès, pardon - vont...
— Il n'y a pas de mal, minauda Lunera, ravie.
— ... vont nous faire de belles démonstrations de magie. Le travail sera pour plus tard. En attendant, nous allons nous assoir !
Les deux majors emmenèrent de force la ministre vers les gradins, ignorant délibérément ses protestations.
— C'est bon ! crièrent à l'unisson Arkh et Akman, une fois assis.
— Faites-donc, qu'on en finisse, bougonna Solèna, bloquée entre les généraux.
— Quelle joyeuse troupe, commenta Lunera. Bon. Approchez-vous, Aria.
Lunera se mit alors à expliquer les principes théoriques de la magie élémentaire.
— La magie noire est un bien grand nom ! C'est de la magie élémentaire, en réalité. Vous devez matérialiser votre magie sous forme de l'élément choisi. Soyez créative dans votre imagination.
Avec un pincement au coeur, Lunera repensa à Darkodem. Elle reprenait là ses explications, quand il lui apprenait la magie, bien des années auparavant.
— Je vois... Hum... réfléchit Aria. Je pensais surtout que c'était une question de puissance pure.
— C'est un cliché que l'on a de la magie élémentaire. Bien sûr, expliqua la reine, la notion de force est essentielle ! Mais insuffisante. Reprenons. Élargissez votre esprit, représentez vous pleinement les éléments de la nature. Pour le feu...
Lunera s'interrompit, se demandant comment elle pourrait expliquer le concept à Aria. Elle se tourna vers les majors, en quête d'un peu d'aide. Akman mima alors une explosion avec ses mains et des bruits de bouche peu reluisants.
— Pour le feu, imaginez... imaginez un torrent de flammes rutilantes qui embrasent tout ce qu'elles touchent ! reprit-elle en adoptant un ton théâtral. Pour la glace, un blizzard épouvantable dont le souffle algide gèle les coeurs dans les poitrines. Pour le vent, des rafales tranchantes et tempétueuses déchaînant les cieux et la terre.
— Pour la lumière, cria Akman, des éclats sidéraux ployant le temps et l'espace !
— Super, Akman ! s'extasia la reine. À vous, Arkh !
— Pour les ténèbres, des traînées obscures dévastatrices annihilant tout espoir de survie.
— Ce que vous pouvez être pessimiste, pesta Solèna en levant les yeux au ciel.
— Proposez quelque chose au lieu de critiquer, répliqua Arkh.
— On vous écoute, Solèna, dit Lunera, ravie que tout le monde participe à son jeu.
— Pour la foudre, j'imagine une colère céleste envoyant des éclairs et étincelles qui carbonisent mes adversaires.
— Vous avez entendu Aria ? s'enquit Lunera. À vous de faire preuve d'imagination.
— Pour l'eau... réfléchit-elle. Ce sera... ce sera... des vagues énormes... euh... c'est un peu difficile...
— Lancez le sortilège, ordonna Ariès.
— Euh... Aqualevia Vaguiem !
Deux éclats de lumière bleue montèrent haut dans le ciel avant de plonger vers le centre du terrain vague. Au point d'impact surgit une masse aqueuse qui tourbillonna quelques instants sur elle-même, avant de disparaître.
— Hum... C'est pas mal, conclut la reine, mais vous manquez d'imagination. Il faut conceptualiser davantage les éléments que vous manipulez.
— Je vois.
— Retenez aussi que ces sortilèges ne sont pas toujours à visée offensive... remarqua Lunera.
— Vraiment ? S'étonnèrent les majors.
Même Solèna restait sur le qui-vive, curieuse de comprendre où voulait en venir la reine.
— Vaguiem !
Une gerbe d'eau glaciale fut propulsée vers Sawse N, assise de l'autre côté de l'arène. Elle tomba à la renverse tout en hurlant. Tous se mirent à rire, amusés par cette blague.
— Vous êtes vraiment drôle... s'esclaffa Akman.
— Sawse N comprend enfin la sensation d'être humilié devant tout le monde, dit Solèna en souriant à pleines dents.
— Comment... comment osez-vous ? vociféra Sawse. Attendez... attendez seulement !
— Nous n'attendrons rien du tout, Sawse N, déclara Arkh avec froideur. Votre temps est fini. Désormais, vous n'êtes rien.
Complètement hors d'elle, Sawse se leva et s'avança d'un air menaçant vers la petite troupe. Les généraux calmèrent la situation avec bien des difficultés, tandis qu'Ariès et Aria riaient de la situation. Dans son coin, Solèna observait la reine, curieuse. Son intérêt envers la prétendue Ariès, comme elle l'appelait dans ses pensées, croissait de jour en jour.
La ministre avait vérifié les registres douaniers, à la fois portuaires et aériens. En ce qui concernait la surveillance de la population, il y avait des dossiers très précis et bien fournis. Lors de ses recherches, Solèna apprit que les trois ports d'Arkhess n'avaient jamais reçu une fille qui se nommait Ariès. Et encore moins l'espace aérien unique de la capitale.
La ministre avait tenté de comprendre ce que cela pouvait signifier. Ariès prétendait venir de Viridis. Pourquoi ne figurait-elle donc pas dans les répertoires de recensement ? La seule conclusion plausible était qu'Ariès mentait et qu'elle avait toujours vécu à Arkhess. Solèna n'avait pas vérifié les registres des naissances, elle avait donc une idée d'où reprendre ses recherches la prochaine fois. D'autant plus qu'étant une Sorcière, la reine devait être née à la fin du mois de janvier. Ces informations lui faciliteraient grandement la tâche.
Pourquoi mener autant de recherches ? Solèna, elle-même, l'ignorait. Tout ce que la ministre savait, c'était son besoin de satisfaire sa curiosité à l'égard de cette étonnante fille que se tenait en face d'elle. Les mythes de Terhera l'avaient toujours passionnée... Les Sorcières Hératérra, dès leur naissance, faisaient vite le tour de Terhera.
— Solèna ! Appela la reine. Pourquoi vous restez seule ? Venez !
— Oui, oui, répondit-elle distraitement.
Comment Ariès a pu rester méconnue de tous pendant tant d'années ?
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