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III - Reine des Abysses - Partie 2

25 février 1875 — Arkhess

— Voilà ! se réjouit Nani, satisfaite.

Elle poussa Ariès devant le miroir et la laissa observer sa tenue. Ariès tourna sur elle-même et jugea la robe noire que lui avait dégottée Nani comme étant satisfaisante. La jeune fille réajusta le ruban doré qui venait cintrer sa taille, et acquiesça.

— J'aime bien. Merci, tante Nani.

— Avec plaisir, ma fille, avec plaisir, répondit-elle affectueusement en lui tapotant la joue. Je vais préparer la table. Va donc nous chercher du pain, s'il te plaît.

Nani prit sa main et posa quelques pièces de bronze dans sa paume.

— C'est la boutique juste en face de la maison, celle où nous nous sommes rendues hier. Ne tarde pas trop, la parade commence bientôt.

Lunera enfila les nouvelles bottines que lui avait achetée Nani et sortit. Elle descendit les escaliers en bois qui menaient à l'appartement de sa tante et déboucha dans un grand boulevard où s'affairaient les arkhasiens. Allant et venant, ils semblaient s'évertuer à faire le plus de bruit possible. Les marchands criaient leurs ultimes promotions, proposant des prix réduits spécialement pour la parade.

Autrefois, cette agitation aurait suscité en elle de vives angoisses. Mais avec Nani, Lunera avait appris à apprivoiser sa peur. Désormais, elle ne ressentait qu'une certaine gêne devant autant de monde.

Lunera resta cloîtrée sur place pendant deux bonnes minutes, observant avec une curiosité non dissimulée ces gens vaquer à leur quotidien. Elle se remit à avancer tout en laissant son regard gambader. Elle récupéra son pain à la boulangerie du coin et rentra chez Nani, tout en s'adonnant à cette observation intéressée de la vie des hommes. Distraite, elle ne fit pas attention et une jeune femme la bouscula.

— Ah !

Toutes deux tombèrent. Lunera laissa échapper sa baguette qui alla se noyer dans une grande flaque d'eau, tandis que l'autre fit tomber un panier de course rempli de vêtements et d'aliments en tout genre.

— Oh, mademoiselle, pardonnez-moi !

La femme en question se releva promptement et tendit une main à Lunera.

— Je suis vraiment désolée, je ne vous avais pas vu... Je suis tellement pressée, j'ai un peu de retard avec les préparatifs de la parade, et... enfin bref, pardon.

Un peu mal à l'aise, Lunera secoua la tête et lui dit que ce n'était pas bien grave. Cette dernière se pencha et ramassa le paquet, dans lequel elle remit les affaires qui s'étaient déversées sur la chaussée. Parmi elles, figurait une robe rose fuschia de très mauvais goût. Lunera rendit ses biens à la jeune femme, qui les accepta non sans rougir.

— Je m'excuse vraiment pour votre pain... s'excusa une nouvelle fois la dame en observant la miche salie par l'eau fangeuse, tout en triturant d'épaisses boucles blondes.

— Ce n'est rien, ne vous...

Mais la nouvelle venue ne l'écoutait pas. Celle-ci tira une des deux baguettes qu'elle avait, et la tendit à Lunera avec un sourire.

— Prenez-là, c'est bien de ma faute si votre pain flotte dans cette eau sale...

— Non, je-

— Si, j'insiste ! l'interrompit la blonde. Je sais à quel point les temps sont durs... Disons, que je nage en plein dedans, ajouta-t-elle tristement.

Confuse, Lunera accepta le présent.

— Je vous remercie, madame...

— Aria, répondit-elle avec un sourire éclatant. Je m'appelle Aria. Et vous ?

— L... Ariès, se présenta Lunera, un peu maladroitement.

— Enchantée, Ariès. Je vous laisse, je suis vraiment pressée. Bonne journée à vous !

Aria fila comme une tempête, aussi vite qu'elle était venue. Lunera observa la chevelure dorée se noyer dans la foule avant de disparaître. Alors, elle fit volte-face, et regagna l'appartement de Nani, assez contente. Les gens étaient-ils tous aussi cordiaux et aimables que cette Aria ?

☾☾☾

25 février 1875 — Arkhess

Après le repas, Nani et Ariès se rendirent à la grande place d'Arkhess, près du château royal. La disposition des lieux fit froncer les sourcils de la jeune fille, tant elle était similaire au royaume de Sultakara. Chaque fois qu'elle y repensait, une sensation malaisante la prenait sans qu'elle ne puisse comprendre ce que c'était.

Nani lui expliqua que la reine Sawse N avait décidé que la parade passerait par toutes les rues latérales de la ville, avant de se terminer au niveau de l'allée centrale, là où il y aura un grand feu d'artifice. Le tout pour célébrer ses dix-sept ans de règne. De ce fait, Sawse N exigeait la présence de tous les arkhasiens, que ce soit les habitants de la capitale ou bien ceux des villages alentours.

— Regarde là-bas, Ariès, l'interpella Nani.

Lunera suivit le doigt qu'elle pointait vers une estrade à la périphérie de la place, près de l'avenue qui menait au château. Dessus, de grandes et larges assises accueillaient ce qui semblaient être des personnalités distinguées.

— Ce sont les patriarches et matriarches d'Arkhess. Les chefs des clans de la noblesse arkhasienne. Il y a aussi la ministre et les gouverneurs.

— Leurs vêtements contrastent nettement avec... le reste des habitants, remarqua Lunera.

— Comme je te l'ai dit à dernière fois, Arkhess a été le théâtre de grands drames. Ses souverains n'ont cessé de creuser chaque fois plus durement les inégalités du pays... Surtout à cause d'eux, maugréa Nani.

— Pardon ?

— Les gouverneurs de Sawse N ! s'écria Nani, en colère. Ce ne sont que de vieilles carnes qui aspirent les richesses du pays tout en laissant le peuple mourir de faim. Les populations les plus pauvres n'ont même pas de quoi s'acheter une demi-baguette de pain pour la journée...

☾☾☾

25 février 1875 — Arkhess

La parade arriva à son terme ; la reine venait d'apparaître sur son char. Comme prévu, elle avait sillonné toutes les rues d'Arkhess avant de conclure son défilé sur la grande place. Lunera se demandait comme cette femme avait pu être accepté par son peuple, après toutes les horreurs la concernant que Nani lui avait racontée.

Sur son char coloré, Sawse N ne cessait de lancer ses sourires aguicheurs autour d'elle. Munie d'un éventail, elle souriait d'un air supérieur à la foule. Une troupe de huit danseurs masqués aux costumes criards gesticulaient dans tous les sens. Devant eux, une femme jetait des pétales de fleurs sur leur chemin tout en esquissant de timides pas de danse.

Autour de la reine, deux plateformes lévitaient, soutenues par des mages, et accueillaient tout un contingent de musiciens. S'évertuant à jouer une joyeuse musique festive, ils égayaient l'atmosphère. Celle-ci restait givrée car le peuple n'applaudissant que froidement et sans véritable engouement.

Lunera se mit sur la pointe des pieds et tendit sa tête. La danseuse aux fleurs était parée d'une robe rose hideuse.

Serait-ce...

Alors que le char s'approchait de là où demeuraient Nani et Lunera, cette dernière laissa échapper une exclamation de stupeur.

— Aria !

Son cri passa inaperçu du fait de la forte musique, mais Nani réagit au quart-de-tour.

— Lun... Ariès ! Chut ! murmura-t-elle, sa voix frôlant les aigus. Il ne faut surtout pas perturber la parade de la reine !

Lunera ne lui répondit pas, perturbée par la scène en face d'elle. Aria peinait dans cette tenue trop grande et trop ridicule. Son visage était aussi rouge qu'une pivoine, honteuse de se trémousser devant tout le monde pour satisfaire l'insatiable ego de Sawse N.

La souveraine d'Arkhess, quant à elle, n'en avait que faire des sentiments d'Aria. Grisée par les acclamations, Sawse N déborda sur le programme et imposa plusieurs tours de la grande place supplémentaires, ne se contentant pas des trois prévus initialement.

— Allez, Aria ! jubila-t-elle en riant grassement. Plus de vigueur dans vos pas.

Outrée et révulsée, Lunera regardait la reine avec un dégoût et un mépris grandissant.

Comment peut-elle agir de la sorte ?

Aria peinait de plus en plus. Une intense fatigue s'ajoutait à sa raideur. Sawse N ne lésinait pas sur ses ordres. Alors qu'elle quémandait un huitième tour, Aria glissa sur les pans de son chiffon trop grand et trébucha. Sa maladresse eut raison d'un des danseurs, qu'elle percuta de plein fouet. Celui-ci tomba également et emporta dans sa chute un des magiciens qui maintenait la lévitation.

S'en suivit d'une débandade sans nom. La lévitation des plateformes avait été pensé de manière stricte. Sawse N n'avait pas envisagé la possibilité d'un quelconque problème pouvant venir gâter sa parade. Ainsi, l'estrade de l'orchestre se déséquilibra et bascula jetant à terre musiciens et instruments, le tout dans un grand fracas mêlant bruits de ferraille et cris.

La direction du char de Sawse fut brutalement déviée, et ce dernier culbuta les mages qui animaient la seconde plateforme, qui s'écroula à son tour. La parade de Sawse N avait viré à la catastrophe en à peine quelques secondes.

Stupéfaite, la foule retenait son souffle. Sur leurs trônes nobiliaires, les patriarches d'Arkhess arboraient pour la plupart un sourire moqueur ; Sawse N s'était ridiculisé devant tout Arkhess.

Un silence mortel plana dans l'air. Personne ne bougea, pas même les personnes à terre. Sawse N se releva, rabattit ses robes bigarrées et descendit du char. Elle fit quelques pas en direction d'Aria. Une aura profane entourait la reine et des effluves glaciaux diffusèrent dans l'atmosphère. Sa magie devenue instable témoignait de son courroux suprême. Son visage joufflu rougissait de colère, tandis que sa poitrine se soulevait et s'abaissait au gré de son souffle, comme celle d'un taureau furieux. Les yeux de la monarque brillaient d'un éclat peu commun et ses mains étaient saisies par des tremblements, tant elle était énervée. Toute sa gestuelle promettait une punition terrible à la responsable de la débâcle.

Le poing épais de Sawse se crispa autour de l'éventail et ses jointures blanchirent à vue d'oeil. CRAC ! Son cher objet se brisa. Le même destin semblait attendre Aria, qui, terrorisée, pleurait déjà en voyant la reine s'approcher d'elle. Peut-être qu'entre subir la colère noire de Sawse N ou descendre en enfer, aurait-elle choisi la seconde option ?

De son côté, Lunera bouillonnait mais demeurait immobile, les lèvres pincées, observant avec de grands yeux la scène.

— ARIA ! tonna Sawse d'une voix si puissante, que les feuilles des arbres en tremblèrent.

Même les nobles ne riaient plus.

— Comment... as-tu... osé ? parvint à articuler Sawse N.

Aussi vite que lui permettait son corps gras, la reine d'Arkhess s'approcha de la jeune blonde, leva son bras potelé et lui administra une gifle si violente qu'Aria fut propulsée par terre, son autre joue rencontrant brutalement les pavés du sol. Sawse N s'approcha d'elle, ses talons résonnant avec force dans la grande place silencieuse. Une fois à sa hauteur, elle lui cracha dessus, poussant l'humiliation à son acmé.

À quelques mètres d'elles, Lunera explosa de fureur.

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