Aussitôt les loups se dispersèrent ainsi que Flocon. Seul deux loups restèrent, une louve blanche et un loup gris. La louve blanche s'avança.

- Pour commencer, je voudrais que Edelweiss et toi, déclara le vieux loup à l'attention du loup gris clair. Que vous montrez à ces jeunes la manière de vous battre. Edelweiss, tu feras la victime et Tournesol, tu feras l'attaquant.

Ils hochèrent la tête simultanément puis ils partirent chacun de leur côté. Ensuite Edelweiss arriva tranquillement vers eux, Tournesol surgit et bondit alors sur elle. Alors la jeune louve se retourna vivement sur le dos montrant son point faible. Puis au moment où son adversaire sauta sur elle pour la mordre au flan, celle-ci se retourna et bondit à son tour sur lui.

De son côté Anémone observait attentivement le combat, chaque attaque, chaque parade, chaque mouvement. Elle voulait enregistrer un maximum d'informations.

À présent Tournesol se trouvait sur le ventre, puis lorsque Edelweiss se pencha dangereusement sur son cou. Il la griffa au museau et planta ses crocs dans son cou.

- Bravo Tournesol ! Tu as très bien réagi, le félicita le vieux loup. Tu as fait ce qu'il fallait !

Le jeune loup gris inclina la tête respectueusement.

- Merci, Granite.

- Et toi, Edelweiss ! Qu'est-ce qu'on t'a appris ?!

Le vieux loup fulminait. La jeune louve baissa la tête. Granite se tourna vers Anémone et Ouragan.

- D'après vous, quelle erreur a-t-elle commise ?

Anémone répondit la première.

- Je crois que... hésita-t-elle.

Le vieux loup l'encouragea d'un signe de tête.

- Qu'elle n'aurait pas du... Prendre trop de temps pour lui planter ses crocs.

- Bien vu, c'est presque ça.

Granite se tourna alors vers la louve blanche qui gardait les yeux baissés.

- Edelweiss, il ne faut pas hésiter. On aurait dit un de ces Sans-griffes ! La prochaine fois tu as intérêt à me montrer ce que tu sais faire !

Edelweiss hocha la tête. Anémone eut soudain pitié pour Edelweiss. Elle la regarda, la louve blanche se retourna et croisa son regard. Il était plein de fureur, ses yeux lançaient des éclairs. La jeune louve recula d'un pas, son regard était tellement intense qu'il aurait pu bruler un arbre sur place.

- Bien, maintenant dites-moi un peu qui vous êtes, fit le vieux loup en se tournant vers eux. Vous ne vous êtes pas encore présentés.

Anémone se sentit mal à l'aise. Elle ne venait pas d'une meute. Elle croisa le regard d'Ouragan. Il reflétait le sien. Lui aussi ne fait pas parti d'une meute ! se souvint-elle, un peu plus rassurée de ne pas être seule.

- Euh... Je m'appelle Anémone, commença-t-elle. Je viens de la région montagneuse.

- Tu fais partit d'une meute des Montagnes ? demanda Granite en fronçant le museau.

La jeune louve secoua la tête négativement.

- Non, je viens d'un refuge des Sans-griffes. J'ai toujours vécu là-bas.

Leur entraineur hocha la tête, signe qu'il comprenait. Anémone en fut rassurée. De son côté, Edelweiss réprima une grimace de dégout.

- Très bien, merci Anémone.

Le vieux loup se tourna vers le loup noir.

- Euh... Moi, c'est Ouragan. Je viens aussi des Montagnes.

Granit hocha plusieurs fois la tête pour montrer qu'il comprenait.

- Bon, les jeunes. Il commence à se faire tard, on reprendra la leçon demain, déclara ensuite Granite en regardant le soleil qui déclinait à l'horizon.

L'autre groupe dans lequel était Flocon les rejoignit alors.

- On a assez travaillé, fit l'autre vieux loup. Vous pouvez y aller et reposez-vous bien surtout.

Aussitôt les jeunes loups présents se dispersèrent hormis quelques uns qui restèrent. Flocon s'approcha d'eux.

- Comment ça va ? Il n'a pas été trop dur Granite ?

La jeune louve l'entendit à peine. Edelweiss venait dans leur direction. Elle semblait furieuse. Son cœur rata un battement et elle se figea.

- Toi ! Je vois clair dans ton jeu ! siffla alors Edelweiss, les yeux réduits en fente. Tu n'es même pas une louve ! Retourne chez tes Sans-griffes, on ne veut pas d'un poids en plus ici !

Edelweiss lui cracha à la figure. Anémone recula d'un pas. Elle ne comprenait pas. Qu'avait-elle fait de mal ?

- Je...

- Tais-toi ! Tu n'as rien à dire ! Moi je t'aurai tué sur le champ !

Edelweiss était si furieuse que tout son être tremblait de colère.

- Les autres pensent à la prophétie ! Mais quelle prophétie ?! Personne ne va les sauver. Il faut voir les choses en face. Elle n'existe pas !

La louve blanche secoua la tête avant de former un rictus.

- Accompagnée d'un loup des Montagnes en plus...

- Edelweiss, arrête ! grogna Flocon, qui venait de retrousser ses babines.

- Je vois bien ce que tu veux faire, tu caches bien ton jeu !

- Edelweiss...

Anémone regarda Ouragan, il semblait aussi sidéré et surpris qu'elle. La jeune louve ne comprenait pas pourquoi Edelweiss l'agressait ainsi. Cela ne faisait pas longtemps qu'elles avaient fait connaissance et la voilà qui l'insultait. Elle sentit une rage montait en elle. De quel droit se permettait-elle de lui dire ça ?

- Comment oses-tu me faire des remarques sur ce que j'ai à faire lors d'un combat ? Toi qui n'a jamais combattu ! continua-t-elle en grondant, les yeux remplis de fureur, le museau retroussé.

- Qu'est-ce qu'il y a, Edelweiss ? demanda la jeune louve en essayant de contrôler le grondement qui sortait de sa gorge. Tu ne me fais pas peur.

- Oh, mais bien sûr ! minauda-t-elle. Tu vas appeler ta môman ?

Sa réponse resta bloquée dans sa gorge. Elle n'avait pas le droit de parler de sa mère comme ça ! La rage montait en elle comme une fusée.

- Edelweiss, ça suffit ! gronda Flocon prêt à bondir.

- Oh, tu appelles le petit Flocon en aide, minauda-t-elle à l'intention du jeune loup. En fait où est ton père ?

- Il... Tais-toi !

Anémone sentit la fureur grandir au fur à mesure qu'Edelweiss parlait à tel point qu'elle avait du mal à se contrôler de lui sauter à la gorge. Alors n'y tenant plus, la jeune louve l'attrapa par le flan et la jeta par terre.

- Stop ! s'écria Ouragan derrière elle. Arrête Anémone !

Elle s'apprêtait à la mordre lorsqu'elle vit qu'Edelweiss souriait. Anémone cligna des yeux. Mais oui ! comprit-elle soudainement, en reculant d'un pas. Elle me provoque, elle veut que je commette une faute. Elle continua alors de reculer doucement. Son adversaire semblait furieuse.

- Pourquoi ne m'attaques-tu pas, sale chienne ?!

C'était une des pires insultes, pourtant elle ne se retourna pas et se dirigea vers ses amis malgré la furieuse envie de lui sauter à la gorge. Enfin lorsqu'elle entendit Edelweiss se relever, elle se retourna. Un rictus malfaisant faisait lui déformait le visage.

- Tu ne mérites pas que je te combatte, répondit enfin Anémone platement, sa colère évaporée.

- Tous ce que tu sais faire c'est faire du mal aux gens ! renchérit Ouragan en découvrant ses crocs.

Edelweiss contracta sa mâchoire puis sans un mot, leur tourna le dos et partit au camp. Flocon se tourna vers Anémone. Il était soucieux.

- Je me demande bien ce qu'il lui a pris.

- Elle avait l'air tellement...

La jeune louve frissonna en se rappelant son regard dément lorsqu'elle l'avait agressé.

- Le principal c'est que tu ailles mieux, déclara le loup noir. Mais il va falloir rester sur nos gardes, je ne crois pas qu'elle en restera là.

- Oh, j'espère que si.

- Tu as bien réagi, la rassura le jeune loup blanc en la regardant de ses yeux bleu azur. Si tu ne t'étais pas arrêtée avant, on aurait dû t'en empêcher et ça aurait pu dégénérer.

- Tout à fait ! approuva Ouragan, les crocs toujours à découvert. J'étais prêt à la tuer. Tout ce qu'elle a dit, c'était tellement atroce.

Flocon hocha la tête songeur, l'air accablé.

- Edelweiss se croit privilégiée et supérieure à tout le monde. Le mieux à faire c'est de faire comme si on n'existait pas, ajouta Flocon. Quand elle choisit quelqu'un, il faut juste prier pour qu'elle se lasse de toi.

- Oh, non ! se lamenta la jeune louve. Ce n'est pas vrai...

Décidément il lui en arrivait de drôles d'histoires.

- Et pourquoi fait-elle ça ?

- Elle est clairement jalouse, lui répondit Flocon en levant les yeux au ciel. Et comme elle est la fille d'Alpha ça n'arrange pas les choses.

A présent elle comprenait mieux. Si elle avait été jusqu'au bout, elle aurait attiré de sérieux ennuis à Ouragan et à elle.

- Notre Alpha, Basalte, sait que le caractère de sa fille est parfois un peu excessif mais il a tendance à fermer les yeux, continua Flocon.

- Je déteste ce genre de louve, soupira Ouragan.

La jeune louve lui jeta un coup d'œil et elle remarqua que la nuit était quasiment tombée. Elle le dissimulait. Anémone ne voyait qu'une forme sombre.

- On devrait y aller, murmura-elle alors, pas très rassurée.

Flocon hocha la tête et prit la tête de la troupe. Ils s'élancèrent à travers les collines sombres. Le soleil rose du soir leur donnait un air paradisiaque.