Chapitre 2
Je suis au volant de ma voiture, les yeux rivés sur la route lorsque un signal clignote.
Je soupire.
Presque plus d'essence.
Je me gare à la station service la plus proche.
Le soleil est déjà en train de se coucher et la température chute de plus en plus. Je frissonne en sortant du véhicule.
Juste une voiture est garée devant la mienne mais personne n'est autour. Une lumière vacillante éclaire la station faiblement.
- Je suppose que le noir est ta couleur préférée, dit une voix d'homme derrière moi.
Je sursaute laissant échapper un léger gémissement.
- Désolé je ne voulais pas te faire peur.
Je me retourne rapidement. Un homme est posté à quelques mètres de moi, les mains sur les hanches et les pieds bien ancrés dans le sol. Ses yeux bruns m'observent attentivement.
Je souffle et essaye de me rassure : ce n'est qu'un inconnu mais mon cœur s'accélère et les bouts de mes doigts se mettent à trembler.
Trouve quelque chose à lui répondre et après vas t'en !
- Euh... je ne suis pas gothique.
Je fais demi-tour puis quelques pas pour m'éloigner de lui.
- Non, non ce n'est pas ce que je voulais dire, s'empresse-t-il de répondre. C'était juste un constat.
Je m'arrête et tourne la tête vers lui une seconde fois. Une ride s'est formée entre ses sourcils et son regard est différent mais je ne saurai dire comment. Il est plus doux peut-être...
- Ah. Oui, j'aime bien cette couleur, je réponds simplement avant de m'en aller, cette fois pour de bon.
Je rejoins ma voiture et démarre sans même le regarder. Je veux juste m'éloigner le plus vite possible. Ne plus jamais le revoir pour ne plus me sentir comme ça. Il m'a rendu faible, incapable de me défendre et je déteste ça. Pendant quelques minutes ou secondes même, je n'étais plus moi-même, j'étais une inconnue complètement tétanisée.
Je conduis le plus vite possible pour me calmer. Je finis par enfin rejoindre mon immeuble.
Maintenant il fait tout à fait nuit.
- Tu ne veux rien aujourd'hui ? me demande une voix alors que je suis devant l'entrée du bâtiment.
Je tourne la tête pour apercevoir la personne qui me parle. J'aperçois une ombre sur le côté. Je plisse les yeux pour mieux distinguer la silhouette.
L'homme fait un pas en avant. Sa figure ressort de l'ombre et je suis enfin capable de le reconnaitre.
Jeff.
- Oh. Non c'est bon j'ai déjà fait mes réserves hier, je réponds rapidement.
- Aller, tu n'as presque rien acheté. Tu n'avais même pas de quoi faire 15 joints.
- Non mais je n'en ai pas besoin pour l'instant.
- Tu ne veux pas au moins me rendre un service, me demande-t-il en levant un sourcil et affichant un sourire narquois.
Oh merde.
- Désolé, pas aujourd'hui, je tente de répondre.
- Aller tu sais très bien que tu as aimé la dernière fois et puis... je peux te payer plus cher aujourd'hui si tu veux.
- Non je vais juste remonter, dis-je en continuant mon chemin.
- Très bien, très bien. Je garderai ma ceinture fermée alors, me lance-t-il.
Je rentre chez moi précipitamment.
Je m'affale sur mon canapé.
Soudain des sanglots me prennent violemment et me secouent.
Des souvenirs qui étaient enfouis au fond de moi resurgissent.
Je gémis et me débat tant la douleur m'attaque.
Des paroles que Jeff m'avaient adressées me reviennent. Je me bouche les oreilles pour essayer de ne plus rien entendre mais sa voix résonne dans ma tête.
Je crie, je hurle.
Des larmes sillonnent mes joues.
Puis, soudain, je me calme.
Mes joues sèchent peu à peu et ma respiration ralentis.
Je sens la bile remonter le long de ma gorge provoquant une envie de vomir.
Comment en suis-je arrivée là ? Parfois je souhaite être morte. J'ai déjà pensé à mettre fin à mes jours mais à chaque fois quelque chose me retient. Je ne suis qu'un pantin qu'un seul fil tient en vie dans ce monde d'aveugles.
Pourquoi personne ne voit ma détresse ?
On dit que chaque atome de notre corps faisait autrefois partie d'une étoile. Peut-être que je ne partirai pas, peut-être que je rentrerais chez moi. Je me blesse, je me coupe mais je n'arrive pas à mettre le dernier coup, celui qui mettrait fin à tous mes problèmes, celui qui me rendrait la paix. Simplement la paix. Le vide qui m'accueillerait les bras ouverts.
Je prends un couteau de la table devant moi.
Ma vie ici n'est rien.
Je l'enfonce dans la peau de mon poignet déjà couverte de cicatrices.
Je veux juste être libre.
Je la plante encore une fois séparant ma peau et laissant une plaie béante.
Le sang se mélange à mes larmes et coule le long de mes bras, lentement. Le couteau tombe par terre et l'impact résonne dans le silence de la mort. Ma vue se trouble et je n'espère qu'une chose.
Que cette fois soit la bonne.
Ca fait une heure que je me suis réveillée, au même endroit.
A quoi je pensais ? Que quelqu'un allait venir m'aider ?
Ma stupidité me fait rire. C'est normal, mon subconscient me dit, tu viens de consommer. Chaque fois je me dis que je ne recommencerai pas mais le besoin prend toujours le dessus sur mon esprit. Et je me remets à rire, j'avais bien dit que je suis stupide. Peut-être je serais mieux dans un hôpital psychiatrique, je rencontrerais des gens.
Un gloussement s'échappe de ma bouche. Tous des fous. Alexa, tu devrais vraiment te coucher, l'intérieur de moi-même me conseille.
Je m'étale sur mon lit, encore hilare par toutes mes pensées de droguée et je n'ai pas de mal à m'endormir.
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