6. Qui je suis ❆
Durant l'absence de Scott, Stiles semblait se sentir très mal à l'aise à mes côtés. Il mourrait sûrement d'envie de tout savoir tout de suite et ne cessait de gigoter sur son lit, attendant que son meilleur ami daignât revenir. Moi-même je ne cessais de tripoter mes cheveux encore humides après la douche revigorante que je m'étais accordée. Scott en avait alors profité pour aller chercher Melissa à son travail comme prévu mais, soudainement, j'avais ressenti une violente douleur au niveau de mon flanc. Cependant, ma peau était immaculée, aucune plaie, aucun hématome.
La douleur avait disparu aussi vite qu'elle était venue et pour une raison qui m'échappait, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était lié de Scott.
- Ça va Stiles ? demandai-je au brun qui se rongeait maintenant les ongles.
- Oui pardon, je... Qu'est-ce qu'il fout ?
- Ne t'inquiète pas, je ne te ferai pas de mal. Il ne faut pas que tu aies peur de moi d'accord, sinon je...
- Non pas du tout, s'empressa de répondre le brun en m'attrapant les mains. Je suis simplement très curieux et un tantinet hyperactif, c'est pour ça que je bouge.
Il accompagna ses dernières paroles d'un sourire sincère. Il n'avait pas peur de moi...
Une bouffée de soulagement m'étreignit, suivie d'un long frisson qui remonta dans mes bras quand la peau chaude du jeune Stilinski entra en contact avec la mienne. J'avais moi aussi envie de tout lui expliquer sur le champ pour que cette boule d'angoisse qui entravait ma gorge disparût enfin, mais je ne me sentais pas capable de répéter toute mon histoire une seconde fois à Scott une fois qu'il serait là.
Stiles relâcha mes mains et se leva, comme pour faire quelque chose. La porte s'ouvrit alors et il se rassit en voyant Scott entrer. Celui-ci s'assit sur le lit et je croisai mes jambes en tailleur pour faire face aux deux amis.
- Bon... commençons pas le début.
» Peu avant que je ne fête mes onze ans, j'ai commencé à avoir des douleurs atroces, je ne sais pas si tu te souviens Scott, mais il m'arrivait de ne pas aller à l'école car j'étais courbaturée de partout. (Celui-ci acquiesça, un sourire triste sur les lèvres.) C'est à ce moment précis que mes parents ont décidé qu'il était temps de déménager et de repartir en France, le pays natal de ma mère. Mon père l'y a rencontré lors d'un voyage à l'étranger alors qu'elle venait de terminer ses études d'infirmière. Ce n'est qu'une fois mariés qu'ils sont partis aux Etats-Unis pour rejoindre de la famille à mon père. Finalement, ils ne sont pas restés et ont emménagé à Beacon Hills juste après ma naissance.
» Nous sommes donc partis pour Nice et y avons emménagé. J'ai tellement haï mes parents de m'arracher à mes racines comme ça ! Mais finalement ça a été bénéfique. À mes douze ans, alors que les douleurs devenaient de plus en plus insupportables, ils sont allés consulter un druide qui leur a conseillé de trouver une sorte d'arbre surnaturel magique, et que cela m'aiderait grandement. Nous nous sommes alors rendus à Toulouse, une petite ville à l'Ouest de la France et avons trouvé ce fameux arbre. Au moment où j'ai posé le pied dans la forêt, les douleurs ont miraculeusement disparues. Je me sentais tellement bien ! Je l'ai dit à mes parents et nous avons décidé de retrouver notre voiture, mais dès que j'ai quitté le sentier forestier, mes douleurs ont repris. Nous sommes revenus sur nos pas et l'arbre est apparu après plusieurs minutes de marche. Je ne pourrais pas vous décrire vraiment ce qu'il s'est passé ensuite. Je me suis sentie appelée par l'arbre et m'en suis approchée. Ma mère m'a alors soufflé que ma vie allait bientôt radicalement changer et que je comprendrais tout une fois que j'aurais assumé qui j'étais.
» J'ai posé une main sur le tronc et une vague de froid puis de chaud m'a traversée. J'en suis restée muette pendant plusieurs secondes. D'un seul coup, je me sentais entière, comme si quelque chose s'était insinué en moi et avait complété une partie manquante. Nous sommes rentrés chez nous à Nice et ma mère m'a avoué que j'étais une Sirène, comme elle. Les Sirènes et les Tritons sont des créatures surnaturelles. Comme les Loups-Garous, une partie d'eux est surnaturelle et demande de l'entraînement pour être maitrisée. Ma mère avait un total contrôle sur elle-même et elle s'engagea immédiatement à m'entraîner. Mais ça a été difficile, d'ailleurs, elle n'a pas eu le temps de tout m'enseigner. Mes pouvoirs sont plus puissants et plus incontrôlables que ceux de n'importe quelle Sirène parce que je ne le suis que partiellement. Mon père était humain, ce qui signifie qu'une partie de moi l'est également et n'a aucun contrôle sur ma partie Sirène. Mais ça n'a pas que des désavantages d'être à moitié humaine. Ma mère était obligée de passer une nuit dans la mer chaque nuit pour renouer avec sa nature et s'hydrater correctement. Je n'ai jamais eu à faire ça. D'ailleurs, ça va vous paraître bizarre, mais je n'ai jamais eu l'autorisation de me baigner dans la mer Méditerranée. Mes parents m'assuraient que cela me ferait perdre le contrôle étant donné que c'était la mer assignée à la famille de ma mère. Chaque Sirène est assignée à une mer, majoritairement celle où vit sa famille et où elle est née. Toujours est-il que la seule fois où je l'ai fait, j'ai effectivement failli perdre mon pouvoir et quelques heures plus tard, mes parents étaient morts.
Cela jeta un froid. Après ma longue explication durant laquelle Scott et Stiles m'écoutaient avec attention, tentant de traiter chaque information, un silence s'abattit. J'attendis qu'ils eussent tout assimilé puis leur offris un sourire gêné.
- Donc, si j'ai bien compris tu es à moitié Sirène, à moitié humaine, répéta Stiles pour lui-même. Ce qui implique, plus de pouvoirs, moins de contrôle et aucun besoin de nager comme un poisson dans l'eau ?
- C'est ça.
- Tu as une queue ? s'enquit Scott.
Je pouffai avant de me rendre compte que cette question était loin d'être ridicule.
- Non, pas du tout, mais je peux respirer sous l'eau.
- Et tu peux faire quoi d'autre ? demanda Stiles, maintenant curieux d'en savoir plus.
- Je génère de l'eau en faible quantité et contrôle celle qui m'entoure. Ma mère m'a également laissé entendre que je pouvais changer son état, ou l'utiliser à des fins plus précises, mais je n'ai jamais expérimenté cette facette de mon pouvoir. Pour le reste, c'est un peu flou.
- C'est déjà pas mal, avoua Scott.
- Je peux également faire ça.
Sur ce, je permutai la couleur de mes yeux pour qu'ils prissent une teinte rouge vif, puis une verdâtre et repris enfin ma couleur noisette.
Stiles et Scott se regardèrent, interloqués.
- Les Sirènes n'ont pas de couleur d'iris prédéfinie, ce qui fait que nos yeux changent sans cesse de couleur. C'est la première chose que ma mère m'a apprise, à me focaliser sur une seule et même couleur.
Un silence s'abattit, les deux garçons cogitaient à plein régime, mais semblaient plutôt contents de leur découverte.
- Je m'excuse de ne pas vous l'avoir dit plus tôt, mais j'avais peur. Les Sirènes sont tellement rares et, même quand j'ai appris que tu étais un Loup-Garou, Scott, j'ai pas osé exposer ma propre vérité. En plus, j'ai vraiment du mal niveau contrôle, j'ai encore trop à apprendre et je n'ai plus personne pour rien m'enseigner. Alors je dois me débrouiller seule et je ne veux pas risquer de vous faire du mal.
- T'es loin d'être seule, assura Scott. On va t'aider et j'essaierai de parler à Deaton, pour voir s'il n'est pas au courant de quelque chose concernant ce que tu es. On trouvera une solution.
Je souris puis rougis. Ça me faisait tellement plaisir de partager ce secret avec quelqu'un d'autre que mes parents pour une fois dans ma vie et ça m'allégeait d'un poids considérable.
- On a une amie Mutante, c'est génial ! s'écria soudainement Stiles.
J'éclatai alors de rire, vite rejointe par Scott et Stiles. Il n'y avait aucun doute, j'avais une totale confiance en eux et maintenant qu'ils savaient qui j'étais et que j'avais retrouvé l'usage de mes pouvoirs, cette créature n'allait pas nous embêter bien longtemps.
Le lendemain, Allison fut mise au courant de ma nouvelle nature. La brune fut extrêmement gentille et compréhensive ce qui m'étonna assez. Nous fîmes alors plus ample connaissance durant la matinée et décidâmes même de manger ensemble accompagnées de Lydia. Je découvris en la rousse, une jeune fille très intelligente et finalement sympathique. Nous convînmes finalement, toutes les trois, d'un rendez-vous le soir-même au centre commercial pour me le faire découvrir. Je n'osai pas leur avouer que je le connaissais comme ma poche et acceptai avec entrain. Je jetai alors un regard à Scott et levai deux pouces en l'air pour lui faire comprendre que je venais peut-être de me faire de nouvelles amies.
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- Pourquoi Alexia ne mange pas avec nous ? demanda Stiles en jetant un coup d'œil à la brune qui mangeait avec Lydia et Allison.
- Elle fait connaissance. Faut la comprendre, elle doit en avoir marre de trainer avec nous, sourit Scott.
- N'importe quoi, c'est ta meilleure amie !
Le Loup-Garou redressa la tête et huma l'air.
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Stiles.
- Je sens quelque chose... de la jalousie.
L'hyperactif s'offensa.
- Qu'est-ce que tu racontes...
- Invite-la à sortir si tu l'apprécies. C'est vraiment une fille géniale. Et puis, au moins, elle ne t'ignorera pas pendant dix ans...
Stiles baissa les yeux sur son repas. Il ne se formalisa même pas de l'allusion à Lydia Martin, tant son cerveau tournait à plein régime. Pour la première fois de sa vie, il pensait à une autre fille que Lydia, cela voulait-il signifier quelque chose ? Après tout, s'il appréciait Alexia ça ne voulait pas tout de suite dire que Lydia ne comptait plus. La brune était très gentille et drôle, et intelligente aussi. Ils s'entendaient très bien, c'était une bonne amie... C'était décidé, il lui demanderait d'aller au cinéma ce soir, en simples amis et sans ambiguïté.
En plein cours de Littérature, Stiles décida de se jeter à l'eau. Sa voisine semblait captivée par le cours de son professeur, le brun se sentit donc un peu coupable de la couper.
- Hum... Alexia, chuchota le jeune Stilinski.
La jeune fille se retourna et sourit au brun.
- Ça... ça te dit d'aller au ciné ce soir ?
Le sourire de la brune s'élargit. Pour une raison qu'elle ignorait pour le moment, cette proposition l'enchantait plus qu'elle ne le devait. Elle appréciait énormément Stiles. Depuis le premier jour, elle avait senti qu'ils allaient bien s'entendre et pour le moment c'était le cas.
- Avec plaisir, murmura-t-elle.
- Monsieur Stilinski et Mademoiselle Miller, vous avez peut-être quelque chose à dire ?
Les deux adolescents sursautèrent en entendant leur professeur. Alexia rougit en se rendant compte s'être fait prendre, mais Stiles, de son bagou légendaire, répondit :
- Rien qui ne soit intéressant pour le cours, Monsieur.
La brune pouffa discrètement et regarda le professeur froncer les sourcils.
- Bien, alors taisez-vous !
Stiles rebaissa la tête et regarda sa voisine qui sourit en guise de remerciement. Il ne put s'empêcher de lui rendre son sourire et de se retourner pour adresser un signe de tête à Scott qui comprit immédiatement.
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La fin des cours arriva bien trop lentement à mon goût. Je saluai rapidement Scott à la sortie du cours d'Economie en lui assurant le prévenir de l'heure de mon retour à la maison, puis me ruai sur le parking où Lydia et Allison m'attendaient.
Je montai dans la voiture noire de la jeune Argent et nous nous rendîmes au centre commercial. La soirée se passa merveilleusement bien. Je me sentis à ma place dans ce petit trio de pipelettes. Je fis connaissance avec les deux adolescentes et en appris un peu plus sur leurs vies respectives, notamment la relation compliquée qu'entretenaient Lydia et Jackson Whittemore, le co-capitaine de l'équipe de Crosse mais aussi, d'après Scott, un nouveau Loup-Garou qui n'avait toujours pas manifesté sa transformation et refusait d'entrer dans la meute de Derek. Je n'appréciais pas beaucoup Jackson. Je l'avais connu dans le temps et comme à l'époque, c'était un prétentieux pourri gâté par ses parents adoptifs. Certes, sa vie ne devait pas être facile, surtout quand on ne connaissait pas ses parents biologiques, mais Jackson avait un caractère qui agaçait tout le monde, sauf Lydia apparemment.
Ce fut ensuite à moi de me révéler sur ma vie. Lydia s'étonna que je fusse une ancienne habitante de Beacon Hills, étant donné qu'elle n'avait jamais croisé mon chemin. Je tentai plusieurs fois par la suite, de parler de Stiles pour aider le jeune homme avec la rousse, or celle-ci changeait constamment de sujet à chaque fois, m'obligeant à abandonner.
Un peu avant dix-neuf heures, Allison me ramena chez moi après avoir déposé Lydia.
- Alors, tu sors avec Stiles ce soir ?
Je fronçai les sourcils, étonnée.
- C'est Scott qui me l'a dit, avoua Allison. Ça va vous faire du bien à tous les deux de souffler. Je pense qu'on devrait faire ça Scott et moi... mais en douce.
La jolie Argent baissa la tête, dépitée. Sa relation secrète devenait très difficile à supporter, elle aurait aimé afficher son amour au grand jour. Comprenant son désarroi, je posai une main sur l'épaule de la jeune fille et lui souris.
- Ça va s'arranger, ne t'inquiète pas...
Allison sourit à son tour et me prit, contre toute attendre, dans ses bras. Heureuse, je répondis à son étreinte. J'avais enfin une amie féminine qui, en plus, savait qui j'étais et ça, ça n'avait pas de prix.
Lydia me permettrait de rester un tantinet normale sans surnaturel, mais Allison serait là pour m'écouter à chaque fois. Je sentais que nous allions devenir de bonnes amies. Scott et Stiles étaient adorables, mais parler à des garçons et à des filles ne signifiait pas la même chose...
Mon téléphone sonna soudainement. Je m'écartai de la brune en m'excusant.
- Oui ?... Euh, oui, oui je suis chez moi. Tu peux passer me prendre... D'accord, merci à tout de suite Stiles.
Je raccrochai et glissai mon téléphone dans ma poche.
- Amuse-toi bien, dit Allison.
- Merci, souris-je en sortant de la voiture.
Je saluai une dernière fois Allison avant de rentrer chez moi et de monter me préparer. Encore une fois, j'eus juste le temps de saluer Scott avant de ressortir et de monter dans la belle Jeep de Stiles.
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