Juste avant que Scott ne décidât de partir au travail et que Stiles allât faire réparer sa Jeep, je savais tout. Pendant près d'une heure, j'étais restée assise sans broncher sur le lit de Scott, à les écouter lui et Stiles m'expliquer leur vie depuis la nuit où Scott s'était fait mordre. Tout avait commencé un soir de pleine lune, deux mois auparavant. Un gigantesque loup - qui s'avérait être un Alpha - lui avait sauté dessus et l'avait mordu. À partir de ce moment-là, tout s'était enchaîné. Allison était arrivée, mais s'était avérée être la fille de Chasseurs de Loups-Garous, la famille Argent. Peter Hale, l'oncle supposé traumatisé de Derek avait avoué être l'Alpha qui traquait la famille Argent et donc celui de Scott. Kate Argent, la tante psychopathe d'Allison lui avait avoué quelle était sa famille et l'avait embrigadée. Finalement, Derek s'était avéré un allié plutôt utile et avait tué Peter afin de voler son pouvoir après que celui-ci eût tué Kate. 

Étonnamment, j'avais tout rapidement assimilé et avais bien pris la chose. Mon meilleur ami était un Loup-Garou. Et alors ? Même si les deux garçons mettaient mon mutisme et mon manque de réaction sur le compte du choc, j'hésitais à leur avouer la vérité. Or, je ne me voyais pas leur annoncer de but en blanc que je connaissais les Loups-Garous et toutes ces drôles de créatures qui peuplaient notre monde pour la simple et bonne raison que j'étais l'une d'elle. De plus, Scott avait coupé court en apprenant qu'il fallait qu'il allât travailler. J'avais raté mon occasion. Plus j'y réfléchissais, plus je me rendais à l'évidence que mon secret devait être dévoilé. Quelques meurtres s'étaient déjà produits à Beacon Hills durant ces derniers jours, et d'après les dires des deux experts, cela pouvait être une cause surnaturelle. Une créature non identifiée se baladait dans les rues et il était certain que j'allais être impliquée, maintenant que je savais. J'imaginais que Scott voulait que je restasse en dehors de tout cela, et c'était pour cette raison que je devais tout lui dire sur moi, lui faire comprendre que j'étais impliquée là-dedans depuis ma naissance. 

Scott était dorénavant parti et Stiles s'apprêtait à faire de même. Pourtant, il ne cessait de me fixer de ses grands yeux agités. L'hyperactif ne cessait de se triturer les doigts, et sûrement les méninges par la même occasion. 

- Tu n'as pas l'air... chamboulée, dit-il alors. 

Devais-je lui avouer sur le champ ? J'aurais pu le faire si je n'étais pas si lâche.

- J'ai lu des histoires. Peut-être qu'au fond de moi, j'ai toujours pensé que ça pouvait exister.

Ce n'était pas un mensonge. Je lisais des contes et des livres de légendes depuis que j'avais appris ce que j'étais réellement. Les Loups-Garous, les Vampires, les Sorcières, cela n'avait plus de secret pour moi. Ma mère m'avait dit que d'autres créatures existaient, que nous n'étions pas seuls. Aujourd'hui, je me sentais finalement soulagée de ne pas porter un tel poids toute seule. 

- Donc le tueur... c'est une créature que vous ne connaissez pas, c'est ça ? repris-je.

Stiles acquiesça, toujours un peu surpris par ma réaction. Pendant quelques minutes, il m'exposa les éléments que Scott et lui avaient, ce qui n'équivalait pas à grand chose. 

- La bonne nouvelle, c'est que maintenant, je vais pouvoir vous aider.

Le brun tourna la tête, étonné. Je lui souris chaleureusement. Mon naturel devait paraître étrange, mais je ne pouvais pas feindre l'étonnement. Une fois Stiles partit, je m'allongeai sur le lit de Scott en soupirant. Qui aurait cru qu'en arrivant à Beacon Hills, j'allais découvrir une ville peuplée de créatures dans mon genre ? Moi qui pensais emporter mon lourd secret dans ma tombe, il semblerait que le fait de l'avouer à mes nouveaux amis soit dorénavant inévitable.

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- Je suis vraiment désolé pour l'autre jour. Je fais ce que je peux, on va s'en sortir, assura Stiles.

Scott sourit, alors que je me retenais d'éclater de rire.

- Et j'en suis sûr parce que je t'aime, acheva le brun.

Scott et moi soupirâmes en chœur, touchés par les mots profonds du jeune Stilinski.

- Je t'aime plus que... oh c'est pas vrai, j'peux pas. Il vous faut un meilleur moyen de communication avec Allison.

- Steuplé, demanda Scott en ignorant mes éclats de rire. T'es le seul en qui on peut avoir confiance. Elle vient au match ce soir ?

- Oui, soupira Stiles. C'est bon, message délivré. Parle-moi de ton patron.

Je me stoppai et me rapprochai des deux garçons, assis sur la marche en-dessous de la mienne. Scott venait d'avouer que son patron, un certain Alan Deaton, n'était pas si ignorant qu'il en avait l'air sur sa condition de Loup-Garou et qu'il semblait, lui aussi, cacher des choses.

Comme quoi les secrets étaient de tradition par ici.

Néanmoins, une voix au fond de moi me hurlait que c'était ma chance. Si cet homme savait quelque chose sur les Loups-Garous, il pourrait peut-être m'aider. Mes parents n'avaient pas eu le temps de tout m'apprendre et je savais que beaucoup de secrets ne m'avaient pas été dévoilés, notamment sur la famille de ma mère. Peut-être que le vétérinaire pourrait m'aider.

- Il pense que la famille d'Allison garde une sorte de manuel de toutes les créatures qu'ils ont chassées. Un bouquin.

- Bien sûr, c'est certainement un bestiaire, répondit Stiles.

- Un quoi ?

Je soupirai devant la culture médiocre de mon meilleur ami.

- Tu sais, un bestiaire, répéta Stiles.

- Stiles, je crois que tu veux dire bestialité, ricana Scott.

- Non, pas du tout. C'est comme une encyclopédie de toutes les créatures, assura le brun alors que je me pinçais l'arête du nez.

- T'es vraiment un pervers Scott, soupiré-je.

- Quoi, mais tu peux m'expliquer pourquoi je suis toujours le seul à pas savoir ça ? s'emporta le Loup.

- Ecoute, t'es mon meilleur pote et t'es une créature de la nuit, donc c'est une priorité pour moi.

- D'accord, on peut essayer. Si on arrive à trouver ce livre et qu'on découvre ce que c'est...

- Et qui c'est, ajoutai-je.

- Il nous faut ce bouquin, finirent les deux garçons en même temps.

Comme si ça allait être simple...

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Le match de Crosse du soir même fut plus violent que je ne l'imaginais. Pourtant Scott était impressionnant, je ne l'avais jamais vu aussi doué dans un sport. À croire que ses nouvelles habilités lui conféraient un athlétisme épatant.

J'étais contente de faire partie du plan des garçons, même si cela consistait à m'assurer que tout se déroulait pour le mieux. Chacun avait son rôle à jouer et me retrouver au coeur de l'action me donnait le sentiment de m'intégrer enfin à cette nouvelle vie. Même si cela risquait de devenir dangereux. 

Je me triturai les doigts avec violence alors qu'un joueur de l'équipe adverse - toujours le même - venait d'envoyer un des Cyclones au tapis. Je grimaçai de nombreuses fois devant la brutalité de cet adolescent et me demandais comment il pouvait encore être sur le terrain et pas sorti pour faute de délicatesse. Certes, la Crosse n'était pas un sport de fillette, mais tout de même, s'il continuait comme ça, le joueur allait tuer toute l'équipe.

Je jetai des coups d'œil furtifs à Allison. Scott et Stiles avaient un plan génial qui consistait à récupérer les clés du proviseur - qui était également le grand-père Chasseur d'Allison - et d'ainsi fouiller son bureau pour lui voler le bestiaire.

Quel plan fabuleux, ironisai-je en souriant à la jeune fille pour l'encourager.

Je regardai donc sagement Allison subtilement demander le manteau de son grand-père pour ensuite récupérer les clés et les faire passer discrètement au jeune Stilinski. J'avais eu interdiction de me mêler de cette affaire pour le moment, mais mon aide serait la bienvenue pour plus tard. D'après Scott, je devais me contenter de profiter du match et de faire confiance à Stiles. Pourtant, je bouillonnais, toute cette adrénaline m'excitait et me faisait penser aux entraînements que ma mère me faisait pour exercer mes pouvoirs. Ceux-ci étaient enchaînés depuis tellement longtemps que j'avais de plus en plus de mal à les contrôler et j'espérai m'en servir le plus rapidement possible avant que tout n'explosât. Or, je savais que ce n'était pas beau à voir. Je parlais en connaissance de cause.

- Dis-moi combien tu vois de doigts ? demanda le Coach à Danny qui se tenait la tête.

- Quatre ? hésita le garçon.

- Dis-moi deux, chuchota Finstock.

- Deux ? réessaya Danny.

- Parfait, tu peux retourner jouer, sourit le Coach en envoyant le pauvre garçon sur le terrain. Et prend ta Crosse !

- Il vous manque encore un joueur, fit remarquer l'arbitre.

Le Coach trépigna et se retourna vers le banc.

- Où est Stilinski ? Où est Stilinski ? répéta-t-il à mon adresse alors que je me trouvais - à mon grand dam - au premier rang.

Prise au dépourvu, j'haussai bêtement les épaules alors que le Coach semblait chercher quelqu'un dans les gradins.

- Toi, là-haut. Oui, toi, tu sais jouer à la Crosse ?

Je me tournai vivement et écarquillai les yeux en voyant que c'était Boyd le désigné.

- Oh non, soufflai-je quand celui-ci se leva pour rejoindre le terrain.

Le Coach ricana, satisfait. J'eus un très mauvais pressentiment. Cela tournait au vinaigre.

Mon instinct me dirigea étrangement vers Stiles en premier. Le garçon allait avoir des ennuis et à cette idée, mon cœur se serra. Je devais avouer que je m'étais rapidement liée d'amitié avec lui et le savoir sans défense et seul ne me disait rien de bon. Je m'éclipsai donc discrètement, consciente que Scott m'étriperait quand il s'en rendrait compte, avant de voir Boyd éjecter le joueur brutal à terre.

Je rejoignis le gymnase en catimini. Derek et Erika étaient présents et faisaient face à Stiles. Je ne devais pas leur montrer ma présence. Même si Scott m'avait assuré que Derek avait un bon fond et avait tenté de lui apprendre à se contrôler, il me faisait un peu peur. Sans bruit, je rasai les murs pour me placer derrière un bac de ceintures pour piscine. L'Alpha n'était pas au courant de mon existence et, d'après Scott, cela valait mieux pour moi.

- D'accord, céda le brun. Cette créature était très souple et très rapide. Sa peau était foncée, avec plein de taches dessus ou des motifs, je crois que j'ai vu des écailles. Ça vous suffit ? Parce que, quelqu'un m'attend et je dois lui parler.

J'arquai un sourcil, de qui parlait-il ? Je me souvins alors avoir aperçu la voiture de Lydia Martin allumée sur le parking. Tout était clair. Il racontait sûrement à Derek ce qui était arrivé par plus tard qu'hier soir. Alors qu'il allait faire réparer sa Jeep, comme convenu, la créature l'avait paralysé et tué le pauvre mécanicien. Le pauvre Stiles avait assisté à la scène, impuissant. 

En voyant l'air de l'Alpha, Stiles soupira.

- D'accord, j'ai compris. Alors ses yeux, ses yeux étaient plutôt jaunes et reptiliens. Cette chose a plein de dents, oh et elle a une queue aussi. Ça vous va, maintenant ?

Erika releva lentement la tête vers le haut, le souffle saccadé. Je regardai dans sa direction et étouffai un cri. La créature décrite par Stiles venait juste d'apparaître au-dessus de sa tête. Son aspect reptilien me faisait penser à un énorme lézard à la forme humaine.

- Vous êtes bizarres, j'ai l'impression que vous voyez exactement de quoi je parle, dit Stiles avant de se retourner.

La bête émit un feulement et sauta à leurs pieds, envoyant Erika voler contre un mur. La jeune femme retomba inconsciente et Derek cria à Stiles de courir avant de se prendre un coup de griffe derrière la nuque. Les informations de Scott remontèrent toutes à la surface en même temps. Le venin de cette chose paralysait quiconque le touchait. Je m'apprêtais à bondir les aider puis me ravisai, ne voulant pas créer de panique et préférant réfléchir à un plan intelligent avant d'agir. Ma mère m'avait toujours appris à réfléchir avant d'attaquer. De plus, je n'avais plus confiance en mes pouvoirs. Ils étaient enchaînés depuis trois longs mois. 

Stiles rattrapa l'Alpha avant que celui-ci ne tombât à terre et le traîna autour de la piscine.

- C'est quoi ? demanda Derek.

- Tu le vois ? s'affola Stiles.

- Non ! Mais dépêche-toi. Appelle Scott !

Le portable de Stiles tomba à terre alors qu'il le sortait. Les secousses firent basculer Derek qui plongea dans l'eau. Le jeune Stilinski hésita avant de plonger au secours du jeune homme. Mon coeur se comprima dans ma poitrine. Mes tripes commençaient à remuer. Les douleurs musculaires m'arrachèrent un gémissement. J'en avais envie, mais je ne pouvais pas. 

- Où il est passé ? demanda Stiles tout en tentant de les maintenir, lui et le Loup-Garou, à la surface.

Au bout de plusieurs moments d'angoisse pendant lesquels Stiles faisait du surplace dans l'eau et que je me demandais en quoi je pouvais les aider sans me faire tuer, le jeune Stilinski décida d'aller récupérer son portable.

- Attends, arrête-toi, ordonna Derek en voyant la créature leur tourner autour.

- Qu'est-ce qu'il attend ? s'étonna Stiles.

La créature s'approcha de l'eau puis s'écarta brusquement, attirant mon attention.

- Eh Derek, t'as vu ça ? Je crois qu'il sait pas nager, fit remarquer le brun.

Mon cerveau fut pris d'une idée lumineuse. Si cette chose ne savait pas nager, j'avais un énorme avantage et pouvais certainement le faire fuir. Or, cela impliquerait d'énormes conséquences, notamment la découverte de mon secret et je ne savais pas comment allaient réagir mes amis.

D'un autre côté, mes pouvoirs s'agitaient en moi, je les sentais attirés par l'eau de la piscine. Mes yeux et mes doigts me démangeaient et je savais que j'allais perdre le contrôle d'une minute à l'autre. Ma mère m'avait toujours dit de rester concentrée sur la couleur de mes yeux. C'était la seule chose que je maîtrisais parfaitement et le maintien de contrôle suffisait à me contenir. Malgré tout, c'était la première fois que je n'avais pas utilisé mes pouvoirs pendant un certain temps et ceux-ci commençaient sérieusement à avoir la bougeotte. Mon ventre se tordit et je compris que c'était le moment d'agir avant que je n'implosasse. Tant pis pour mon secret. 

Je redressai la tête et me levai d'un bond en voyant Stiles laisser couler Derek pour aller récupérer son téléphone. Le jeune Stilinski tenta d'appeler son meilleur ami sans succès. Il rejeta donc le portable et plongea récupérer l'Alpha. Ma décision enfin prise, je m'avançai prudemment vers la piscine où se trouvaient les deux garçons.

- Alexia, non va-t-en ! hurla Stiles en maintenant Derek.

- Dégage d'ici, surenchérit le Loup-Garou.

Je ne leur lançai pas un regard et m'approchai jusque sur le plongeoir en ne quittant pas la créature des yeux.

Je restai concentrée sur la vague qui se déchaînait en moi. Doucement, je m'agenouillai sur le plongeoir et tendis la main vers l'eau. Celle-ci vibra et la créature se figea pour me scruter avec surprise. Stiles et Derek étaient silencieux, ils regardaient les ronds que formaient l'eau sous ma main. Quand le liquide froid entra en contact avec ma peau, je fermai les yeux, prise d'un vertige. Le contact me fit un bien fou et m'arracha même une larme. Une tempête se déclencha dans mon organisme. La douleur céda place à l'apaisement et je me sentis revivre.

Je me redressai alors, consciente que mes yeux avaient changé de couleur et peut-être même clignotaient. Effet secondaire. Je levai la main et, instantanément, l'eau répondit à mon appel et se dressa au-dessus de la piscine. Stiles manqua de faire tomber Derek.

Je fis un geste et l'eau se mit à poursuivre la créature autour de la piscine. Celle-ci feulait à s'en déchirer les cordes vocales et je réussis à assez l'éloigner pour m'occuper de Stiles et Derek.

Je plaçai deux mains devant mon visage et soulevai l'eau de la piscine. Celle-ci supporta le poids des deux garçons et les déposa délicatement sur le bord. 

Concentrée à l'extrême, je bougeai mes mains en rythme avec l'eau qui s'abattit sur la créature écaillée. Celle-ci poussa un cri et s'éloigna un peu plus. Quand je sentis mes forces faiblir, je décidai de m'arrêter là. Mes yeux flamboyaient, et quand j'aperçus mon reflet dans l'eau, je les découvris d'un orange flamboyant. Je ne savais jamais quelle couleur mes iris allaient prendre quand j'utilisais mes pouvoirs, c'était ce qui me plaisait le plus. C'était sûr que naître sans une couleur d'yeux prédéfinis n'était pas mainte affaire, mais ça me permettait de choisir de moi-même. Quand j'étais jeune, et ignorante de mes capacités, mes yeux s'étaient naturellement dirigés vers le marron, la couleur des yeux de mon père. Quand mes pouvoirs s'étaient déclenchés, c'était la première chose que j'avais appris à maîtriser, et j'avais gardé cette couleur. Ma mère changeait régulièrement, passant du bleu au vert, puis au marron clair. Moi, je voulais rester proche de mon père. Or, l'utilisation pleine de mes pouvoirs me permettait de me lâcher, de laisser tomber ce contrôle permanent, si bien que mes yeux altéraient entre différents pigments. 

Je soupirai en apercevant Scott, puis descendis difficilement du plongeoir. La créature rasa le mur afin de ne pas m'approcher et je lui offris un sourire provocateur. Ma tête me lança subitement et je compris que l'usage de mes pouvoirs après de si longues semaines d'abstinence se faisait ressentir. C'était comme si j'avais été assise dans un fauteuil pendant plusieurs mois et que d'un seul coup, je me mettais à courir un marathon ; la douleur musculaire était intense. Au moins, je me sentais débarrassée d'un poids considérable et j'avais l'impression de respirer de nouveau. Mon cœur n'était plus oppressé par cette vague de pouvoir que je contenais. 

Je m'écroulai près de Stiles et Derek qui me regardaient, abasourdis. Je lus dans les yeux de l'Alpha qu'il savait ce que j'étais, mais je n'avais pas la force de lui demander comment.

Scott se jeta alors sur la chose qui l'envoya valser contre une glace qui se brisa en mille morceaux. Scott en ramassa un bout et le brandit, prêt à attaquer. En voyant son reflet, le reptile sembla s'adoucir et s'enfuit soudainement par le plafond, comme effrayé par lui-même.

Scott soupira et sortit du gymnase en évitant soigneusement mon regard. Je savais que Stiles et lui mourraient d'envie de me poser des centaines de questions, pourtant ils ne perdirent pas leur objectif de vue et enfoncèrent la fameuse clé USB où se trouvait le Bestiaire - comme quoi les Argent ne se la jouaient pas à l'ancienne - puis ouvrirent un dossier. Scott fit défiler des pages entières écrites dans une langue incompréhensible. Je n'osais pas ouvrir la bouche, même pour faire remarquer que cela ressemblait à une sorte de latin, trop gênée par ma récente performance. Mes jambes tremblaient encore et j'avais hâte de prendre une bonne douche chaude pour me revigorer. De plus, mes sens recommençaient à s'ouvrir et je pouvais sentir les émotions autour de moi : la surprise, l'inquiétude, la déception... 

- Et maintenant, comment on va faire pour trouver c'que c'est ?

- C'est un Kanima, déclara Derek alors qu'Erika le rejoignait.

- Tu le savais depuis longtemps ? s'enquit Stiles, agacé.

- Non, seulement quand il a été troublé par son reflet, répondit l'Alpha.

- Il sait pas ce qu'il est, souffla Scott.

- Ni qui il est, acheva Derek.

- Tu sais autre chose ?

- J'ai entendu des histoires, des rumeurs...

À ces paroles, l'Alpha me jeta un coup d'œil en biais et je baissai les yeux en rougissant.

- Mais il est comme nous ? interrogea Scott.

- C'est un Métamorphe, oui. Mais c'est, un peu plus que ça. C'est comme...

- Une abomination, finit Stiles.

Le Loup-Garou acquiesça puis s'apprêtait à partir quand Scott l'interpella :

- Derek, il faut qu'on s'unisse contre cette créature. Et peut-être en parler aux Argent.

- Tu leur fais confiance ? s'indigna l'Alpha.

- Personne ne fait confiance à personne, c'est bien ça le problème, répondit Scott en me jetant un regard plus qu'éloquent. Pendant qu'on est là en train de s'engueuler pour essayer de savoir qui est dans quel camp, cette bête effrayant plus forte et plus rapide que nous, tue des gens ! Et pour l'instant, on sait toujours rien sur elle.

- Je sais une chose, répondit Derek. Quand je la trouverai, je la tuerai...

- Et toi ?

Le cœur battant la chamade, je relevai les yeux sur Stiles qui me regardait, interloqué.

- Tu es quoi toi ? demanda-t-il.

Son ton vibrait d'incompréhension, et un peu de colère. La veille, j'aurais pu m'expliquer et j'avais préféré tout passer sous silence. Je comprenais leur désarroi. Je m'apprêtais à répondre, enfin prête à tout leur avouer, mais Derek me coupa la parole.

- C'est une Sirène. Des créatures très puissantes et dangereuses. C'est la première fois de ma vie que j'en vois une, ce sont des créatures extrêmement rares. Faites bien attention à elle.

Sur ces mots, il tourna les talons et s'en alla, accompagné par Erika.

Les deux garçons me jetèrent des regards interrogateurs, mais je les ignorai pour monter dans la voiture et les inciter à faire de même. Je devais me préparer mentalement à une explication carabinée, pourtant ce n'était pas l'endroit approprié. Durant tout le trajet, je me repassai les dernières paroles de Derek. Signifiaient-elles que j'étais dangereuse et qu'il fallait assurer ses arrières, ou au contraire me protéger coûte que coûte ? Après tout, je ne connaissais pas la moitié des capacités de mon espèce. Mise à part ma mère, je n'avais eu affaire à aucune autre Sirène et encore moins à un Triton, pourtant je savais que nous étions rares. Mes parents avaient toujours été très secrets quant à mes origines, or je savais que nous ne pouvions pas, ma mère et moi, être les seules créatures surnaturelles de la famille. Si tel était que j'avais une famille. 

Je comptais sur le bestiaire pour m'aider à en apprendre plus sur mes pouvoirs. Peut-être que ce fameux Deaton et Derek Hale pourraient m'être utiles également. Peut-être avaient-ils des informations importantes à me communiquer. C'était à voir. Pour le moment, il fallait que je m'explique.

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Point de vue omniscient

Scott se gara devant l'hôpital pour attendre sa mère. Alexia et Stiles l'attendaient chez le jeune Stilinski pour pouvoir répondre à leurs questions. Qu'était Alexia ? Et surtout, pourquoi ne leur avait-elle rien dit ? Evidemment, le jeune McCall pouvait comprendre qu'un secret de cette ampleur ne se dévoilait pas à n'importe qui, mais depuis qu'elle était au courant pour les Loups-Garous - il comprenait maintenant pourquoi elle avait si bien réagi - elle aurait pu leur avouer son secret.

Il sortit de la voiture de sa mère quand quelqu'un le fit se retourner et lui planta un couteau dans le ventre. Une vive douleur se répandit dans tout le corps de l'adolescent qui gémit.

- Tu ne bouges pas. Même si je peux presque sentir autour de la lame, les tissus qui essaient déjà de cicatriser, on ne peut jamais savoir avec un Bêta. Et puis il serait sans doute dommage de gâcher un tableau si émouvant. Le gentil et affectueux grand-père qui embrasse son petit-fils préféré après avoir entendu les bonnes nouvelles des médecins, cracha Gérard Argent en enfonçant plus profondément la lame. Tu vois Scott, je suis capable de jouer au gentil grand-père un peu gaga, qui aime cuisiner et raconter des histoires, le charmant petit papy très affectueux.

Scott eut une grimace quand le Chasseur lui ébouriffa les cheveux. Il avait senti, durant son dîner chez les Argent, que quelque chose clochait, qu'il avait compris.

- Alors crois-moi, je peux être beaucoup plus convaincant que toi dans le rôle de l'adolescent éploré au cœur brisé, tu m'entends ?

- Oui, souffla Scott.

- Parfait. Maintenant, je vais te demander un service un de ces jours et tu vas me le rendre parce que sinon, ce couteau finira planté dans son ventre.

Scott tourna la tête pour voir sa mère discuter avec une autre infirmière. Hors de question qu'on lui fît du mal.

- Scott, si tu veux mon avis, je crois sincèrement qu'il est toujours préférable de tout faire pour éviter que des évènements regrettables arrivent à des gens biens. Tu n'es pas d'accord ?

- Si, souffla Scott avant que Gérard ne s'en aille.

- Salut toi, lança Melissa McCall.

- Salut, suffoqua le jeune Loup.

- Tu vas bien ?

- Oui ça va... tout va très bien...

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Encore un très long chapitre de 4000 mots, promis les autres sont de longueur raisonnable !

Ecrit le 11 Octobre 2017 et corrigé/réécrit le 26 Avril 2021.