4. Un secret dévoilé ❆
Durant la journée entière qui suivit, je ne cessai de me triturer les méninges. Scott paraissait très distant, ce que je comprenais étant donné que nous ne nous étions pas vus depuis des années, mais il semblait en plus cacher de choses. Ses amis aussi semblaient bizarres. Pensant être de trop, je passai la journée avec Danny Mahealani. Le garçon m'avait tout de suite reconnue, à mon plus grand bonheur. Nous avions partagé nos années de primaire et je me rappelais même avoir été amoureuse de lui en CE2. Danny avait toujours été un gentil garçon et j'étais heureuse de constater que cela n'avait pas changé. Plusieurs fois dans la journée, je jetai des coups d'œil à Scott qui semblait nerveux. Je le vis parler avec Erika dans les couloirs, mais je détournai immédiatement les yeux, ne voulant pas m'en mêler.
- Bon alors Stiles... si j'ai bien compris il aime Lydia non ? demandai-je à Danny pendant le déjeuner pour me sortir toutes ces histoires de la tête.
Je ne cessai de penser à ce qu'il s'était passé à la patinoire, cela ne faisait aucun doute, Stiles aimait Lydia. Curieuse comme j'étais, il fallait que j'en eus le cœur net.
- Tu rigoles ? Il est complétement accro ! Je crois qu'il l'aime depuis une petite dizaine d'années.
Je manquai de recracher ma viande.
- Pardon ? Et Lydia elle n'a toujours rien vu ?
- Entre nous, je crois surtout qu'elle fait semblant de ne rien voir. Après tout, c'est la fille la plus populaire du bahut et Stiles, c'est... Stiles.
Je souris timidement. Cela me faisait de la peine pour lui. Pourtant c'était un gentil garçon, il était très drôle et visiblement intelligent.
Je soupirai puis scrutai la cantine. Mon regard se posa sur mon meilleur ami qui regardait une table vide. Je fouillai dans sa mémoire et me rappelai que c'était celle de Boyd, celui qui avait prêté les clés de la patinoire à Stiles pas plus tard que la veille.
Scott se leva alors soudainement et les deux amis sortirent de la cantine. Je fronçai les sourcils, mais décidai de faire comme si de rien n'était et finis de déjeuner rapidement. C'était sûr maintenant, quelque chose de louche se tramait et je comptais bien le découvrir le plus tôt possible.
###
Alors, j'eus l'idée la plus stupide du monde : je suivis Scott après les cours. Il se rendit de nouveau à la patinoire. Discrètement, j'entrai à sa suite et m'accroupis derrière les bords tandis que Scott se rendait au milieu de la piste glacée. D'ici, j'entendais absolument tout.
- Boyd, je veux juste qu'on parle. Allez Boyd, steuplé. Est-ce que Derek t'a tout dit ?
Je fronçai les sourcils. Parlait-il de Derek Hale ? L'homme dont la famille avait brûlé plusieurs années en arrière ? Celui que tout le monde traitait de psychopathe ? J'avais entendu des histoires, à l'époque où je prenais encore des nouvelles de Beacon Hills. Il avait été accusé de meurtre quelques mois auparavant, d'après les dires de mon chauffeur de taxi bavard.
Dans quoi Scott s'était-il réellement fourré ?
- Je ne parle pas seulement du fait que tu deviens incontrôlable à la pleine lune, mais de tout le reste.
J'étouffai un cri. La pleine lune, j'avais bien entendu.
- Il a été très clair, il m'a parlé des Chasseurs.
- Et ça te suffit pas pour que tu lui dises non ? s'indigna Scott.
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et je priai pour que personne ne l'entendît à part moi. Il était question de Chasseurs et de pleine lune. Je connaissais de vieilles légendes, des légendes que j'aurais pu ne jamais croire si mes parents n'avaient pas été mes parents et si je n'étais pas née... différente. Pourtant, je n'arrivais pas à croire que Scott pût être au courant de tout cela.
- Y a d'autres moyens pour avoir ce que tu veux, reprit Scott.
- Je ne veux pas déjeuner seul tous les jours...
- Crois-moi je peux t'assurer que si tu cherches des amis, tu peux trouver beaucoup mieux que Derek.
- Ça me fait de la peine Scott.
Je me concentrai maintenant sur la voix du nouvel arrivant. Elle était grave et rauque. Un frisson remonta ma colonne vertébrale et je fermai mes yeux qui commençaient à s'agiter. Prudemment, je me tournai et découvris le sommet de mon crâne le temps d'une seconde pour apercevoir qui venait d'arriver. Je replongeai dans ma cachette immédiatement et tentai d'expirer silencieusement. Derek Hale se trouvait sur la patinoire. Je ne l'avais jamais vu, mais il était très grand et costaud. Ses yeux verts lançaient des étincelles et son sourire narquois faisait peur. À ses côtés, je reconnus Erika et un autre garçon que je ne connaissais pas avec une masse de cheveux bouclés et des yeux bleus qui me rappelaient la mer.
- Parce que, si tu es venu ici pour me critiquer, au moins tient compte de l'avis général, reprit Derek en désignant ses deux accompagnateurs. Erika, comment est ta vie depuis notre rencontre ?
- En un mot... métamorphosée, répondit-elle.
Elle poussa ensuite un grognement bestial qui me fit chanceler. Je n'osai pas jeter un nouveau coup d'œil, j'étais effrayée à l'idée de ce que j'allais découvrir. Finalement, je pris mon courage à deux mains et me redressai pour admirer la scène.
- Isaac ? demanda Derek.
- C'est pas très drôle d'être devenu un fugitif, mais... pour tout le reste c'est génial, répondit le frisé.
- Attendez, c'est pas un combat équitable, fit remarquer Scott.
- Alors rentre chez toi Scott, sourit Derek.
Erika et Isaac s'avancèrent vers l'adolescent et mon cœur fit un bond. J'hésitai un instant, prête à me lever et à le rejoindre, quitte à montrer à tout le monde ce que j'étais, mais Scott frappa la glace de son poing. Celle-ci se fissura. Il releva alors son visage et je réprimai un cri. Son visage était totalement transformé, il était hideux et couvert de poils. Mes yeux m'irritèrent une seconde et mon ventre se tordit, m'obligeant à m'asseoir sur le sol, toujours à l'abri des regards. Une décharge violente me traversa puis, quand la douleur disparue, la voix de Scott, plus grave que jamais, s'éleva.
- En fait, je parlais surtout pour eux !
Un rugissement encore plus bestial que celui d'Erika retentit.
Cette fois, plus aucun doute, Scott était l'une de ces créatures que l'on appelait Loup-Garou. Si un jour on m'avait dit que mon meilleur ami d'enfance faisait partie du monde louche auquel j'appartenais, je n'y aurais jamais cru. Une part de moi se réjouissait de savoir que je n'étais peut-être pas seule, mais une autre me disait que je n'aurais jamais dû revenir à Beacon Hills. Maintenant, mon secret n'était pas le seul que je devais garder, je devais en plus vivre avec celui de ces fameux Loups sur la conscience.
Plusieurs fois, le sol vibra, mais je me refusais à bouger.
- Vous ne comprenez pas ? Derek ne fait pas ça pour vous, dit finalement Scott. C'est juste pour accroître sa propre puissance, uniquement pour lui ! Il vous fait croire qu'il vous offre un cadeau alors que tout ce qu'il fait, c'est vous transformer tous les deux en chiens de garde !
- C'est vrai, il ne s'agit que de puissance, répondit Derek.
D'autres bruits se firent entendre et je fermai plus fermement les yeux. Une larme roula sur ma joue alors que j'imaginais la pire des scènes derrière moi. J'entendis alors Scott souffler bruyamment.
- Fais pas ça, je suis sûr que tu veux pas être comme eux.
- T'as raison, répondit Boyd. Je veux être comme toi...
Alors, le silence se fit. Les pas de Boyd et des trois autres s'estompèrent et seul le souffle de Scott brisa le silence de la patinoire. Pétrifiée, je ne savais pas quoi faire entre m'enfuir en courant, rejoindre Scott ou rester là, immobile. Finalement, j'optai pour la seconde option. Sans relever le regard du sol, je me mis debout. Je sentis le regard de Scott et pendant une seconde, je me vis à travers ses yeux, les bras croisés sur la poitrine et mes longs cheveux bruns devant mon visage en larmes. Quand je redressai la tête, Scott ouvrit la bouche, prêt à parler. Une énorme balafre striait son torse et mon instinct de protection faillit me faire commettre l'erreur d'aller nettoyer cette plaie. Je n'en fis pourtant rien et me contentai de monter sur la piste et d'avancer lentement vers lui. Quand j'arrivai à sa hauteur, je m'agenouillai à ses côtés et posai une main glacée sur son épaule. Mes larmes avaient séchées sur mon visage et je me faisais violence pour concentrer mes efforts sur mes yeux qui menaçaient à tout moment de quitter leur couleur noisette pour devenir violets, bleus, jaunes, que savais-je ?
La voix de Stiles retentit alors dans le bâtiment. Il accourut vers nous en hurlant :
- Scott ! Scott ! Ça v...
Le jeune Stilinski se figea en m'apercevant. Il jeta un regard désemparé à Scott qui soupira.
- Il est temps de lui expliquer, souffla-t-il.
------------------------
Ecrit le 7 Octobre 2017 et corrigé/réécrit le 25 Avril 2021.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro