Je fixai le sol d'un œil hagard, anxieuse comme jamais. Je me rongeai les ongles depuis presque une demi-heure, vieille habitude dont j'avais réussi à me défaire depuis plusieurs années. J'étais totalement déconnectée de la réalité.

Stiles avait disparu, personne ne savait où il se trouvait et je ne cessais de m'imaginer les pires scénarios. J'avais bien ma petite idée sur le kidnappeur mais aucune preuve solide qui me permettait de vérifier quoi que ce soit.

- Il faut que j'aille voir le médecin légiste pour comprendre ce qui est arrivé à Jackson, j'ai lancé un avis de recherches pour retrouver Stiles. Sa voiture est toujours sur le parking donc ça veut dire que...oh bon sang, je sais pas ce que ça veut dire.

Je relevai le regard sur le Shérif, totalement déboussolé et posai une main réconfortante sur son épaule.

- On va le retrouver. Je vous promets que je vais tout faire pour le localiser, assurai-je.

- Si vous arrivez à l'avoir au téléphone ou s'il répond à ses e-mails ou si vous l'apercevez quelque part...

- On vous appelle, assura Isaac.

J'offris un sourire triste au jeune Loup. Encore une fois, je me sentais impuissante. Je n'avais pas de sens aiguisés, je n'avais aucun moyen de rendre son fils au Shérif.

- Il a peut-être paniqué parce qu'il était le centre de l'attention pendant le match. On va le retrouver.

Je savais que Scott trouvait un prétexte pour ne pas avouer au Shérif que son fils avait sûrement été kidnappé par Gérard. Pourtant, je me contentai d'acquiescer.

- Oui, je vous dis à plus tard alors.

Le Shérif sortit ainsi du vestiaire et je m'adossai à un casier en soupirant.

- Ça va Lexi ?, demanda Scott, inquiet.

- Imagine qu'il lui ait fait du mal.

- Stiles est plus fort qu'il n'y paraît, il va s'en sortir.

- S'il le touche, je jure de le noyer moi-même, crachai-je.

- On n'est pas sûr que ce soit lui, argua Isaac.

- Qui ça pourrait être d'autre ? Ce vieux est une ordure !

- Calme-toi Lexi, chuchota Scott en caressant mon bras. Tes yeux...

Je sentais mes iris me chatouiller et changer de couleur, mais ce n'était pas le moment de faire un scandale.

- McCall, dit le Coach en nous rejoignant subitement. On a besoin de toi dans l'équipe, d'accord ? Tu sais que je pourrai pas te mettre sur le terrain la saison prochaine si t'améliores pas ta moyenne.

- Oui je sais Coach.

- Je m'en occupe Coach, Scott va remonter sa moyenne, je vais l'aider, assurai-je.

Si je pouvais être utile quelque part, c'était bien en aidant Scott à remonter sa moyenne.

- Tant mieux. Ecoute, voilà, je sais que je vous gueule pas mal dessus à tous...

J'arquai un sourcil et échangeai un regard surpris avec Isaac, adossé également au casier.

- Ça veut pas dire que je vous déteste. Bon, à part peut-être Greenberg mais lui, c'est une autre paire de manches. Tout ce que je veux te dire, c'est qu'on a besoin de toi dans l'équipe. Alors bosse, remonte ta moyenne.

- C'est promis.

- D'accord, ça marche, dit le Coach en s'en allant à son tour.

- Tout le monde est parti ?, s'enquit Scott.

- Ouais je crois.

Scott arracha la porte du casier de sport de Stiles et empoigna ses affaires.

- Qu'est-ce que tu fais ?, demandai-je.

- Tu veux le retrouver à l'odeur ?, questionna Isaac.

- On va le faire ensemble.

- Je vais pas vous être d'une grande aide, je ferais mieux de rentrer, soupirai-je.

- Non, tu devrais venir avec nous. Je suis sûr que tu pourras être utile, assura le frisé.

J'acquiesçai, peu convaincue. J'attrapai alors un des t-shirt de Stiles et le triturai entre mes mains avant de le humer discrètement. Son parfum y était toujours... avec une touche de transpiration.

- T'as le droit à une chemise et moi je me tape une godasse ?, s'indigna Isaac.

- Faut qu'on discute...

- Tous ensemble.

Je sursautai violemment en voyant apparaître Derek et Peter. Qu'est-ce qu'ils foutaient là ? Je n'avais pas le goût de me battre contre l'Alpha ni de lui faire remarquer que son oncle psychopathe n'était pas digne de confiance, je me contentai donc de l'observer en silence.

- Qu'est-ce que c'est que ce délire ?

- C'est marrant, j'ai pensé la même chose quand je t'ai vu discuter avec Gérard au poste de police.

Aïe ! Je grimaçai et croisai les bras sur ma poitrine. Alpha : 1, Bêta : 0.

- Attends, c'est pas pareil, il avait menacé de tuer ma mère !, répliqua alors Scott. Il fallait que j'aie l'air d'être dans son camp, j'avais pas le choix.

- Je soutiens Scott là-dessus. Non mais t'as vu sa mère ? Elle est sublime !

- Eh doucement toi !, m'énervai-je alors que Scott et Derek ordonnaient au psychopathe de se la fermer.

- C'est qui ça ?, demanda Isaac.

- Peter, l'oncle de Derek. Y a peu de temps, il a essayé de nous tuer, on lui a mis le feu et Derek l'a égorgé, expliqua Scott.

- Salut !, dit Peter avec un sourire hypocrite.

- C'est bon à savoir...

- T'oublies de dire que c'est un vrai psychopathe, crachai-je.

Je me rappelais encore de tout ce que Scott et Stiles m'avaient raconté sur leur vie avant mon arrivée. Il avait mordu Scott et avait ensuite tué des innocents avant de tuer Kate Argent et de venger sa famille.

- Tu es la Sirène, Alexia c'est ça ? Derek m'avait prévenu que tu avais ton caractère.

Je lui jetai un regard noir, mes yeux prirent une autre teinte le temps d'une seconde mais je m'abstins. Je n'avais, de toute façon, pas la force de tenter quoi que ce soit.

- Comment ça se fait qu'il soit vivant ?, s'enquit Scott.

- Pour faire court, il sait comment arrêter Jackson. Peut-être même le sauver.

- C'est vraiment très gentil sauf que, Jackson est mort.

- Quoi ?

- Ouais, il est mort, c'est arrivé pendant le match.

- Il s'est tué lui-même, ajoutai-je.

- Pourquoi personne n'a l'air de trouver que c'est une bonne nouvelle ?

- Parce que si Jackson est mort c'est que ce n'est pas arrivé par hasard, répondit Peter. Gérard voulait que ça arrive.

- Pourquoi ?

- Eh bien, c'est ce qu'il va falloir qu'on découvre et quelque chose me dit que notre marche de manœuvre est en train de se réduire, très rapidement.

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- Oh bon Dieu, où tu es passé Stiles ?

Le Shérif faisait les cents pas dans la chambre de son fils, se rongeant les sangs. En voyant son père dans cet état, Stiles eut une boule au ventre.

- Je suis là, dit-il alors.

Le Shérif releva la tête, son fils se tenait dans l'embrasure de la porte, le visage tuméfié.

- Papa, t'inquiète pas, ça va, je...

- C'est qui ?

- C'est rien, c'est juste des mecs de l'équipe adverse, ça les a foutu en rogne d'avoir perdu et moi, j'arrêtais pas de la ramener, du coup ils se sont...

- Qui c'était ?

- Je sais pas trop, je les ai même pas vus en fait, mentit Stiles.

Il ne pouvait pas raconter à son père que Gérard Argent l'avait frappé parce qu'il l'avait agacé, il aurait dû alors raconter toute l'histoire sur le Kanima et cela lui aurait attiré des ennuis.

- Je veux une description.

- Ecoute, ça va, c'est pas si grave que ça.

- Je vais appeler leur lycée, je vais y aller et je te préviens, je vais les matraquer un à un ces petits salopards !

- Papa, arrête ! Je te dis que c'est rien !

Le Shérif céda et serra son fils contre lui. Stiles était heureux de le retrouver, il avait hâte de revoir Scott aussi et Alexia... Il avait besoin de parler à quelqu'un, Scott devait être occupé et elle était parfaite pour écouter les autres. Il avait envie de la voir, durant son escapade chez Gérard, il s'était rendu compte qu'il n'avait même pas eu le temps de la voir après le match et il l'avait vu arborer une mine triste quand il avait échangé un regard avec Lydia. Elle ne méritait pas ça et, même si ses sentiments n'étaient pas encore aussi forts pour elle que pour Lydia, il l'appréciait beaucoup et avait très envie de la voir.

- Tu pourrais faire venir Alexia, papa ? J'ai... j'ai besoin de lui parler.

- Bien sûr Stiles, je vais l'appeler.

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Peter nous emmena Isaac, Scott et moi chez Derek. Il semblait qu'il voulait nous montrer quelque chose d'important. A peine eus-je passé la porte que je reçus un coup de téléphone. J'aperçus le nom du Shérif apparaître et m'empressai de décrocher.

- Allô ?

- Alexia, Stiles est revenu à la maison, il aimerait te voir.

Mon cœur manqua un bond. Je restai muette une seconde, ne croyant pas encore ce que je venais d'entendre.

- Il est revenu, c'est vrai ?, demandai-je au bord des larmes.

A ces paroles, les quatre Loups-Garous se tournèrent comme un seul homme pour me scruter.

- Oui, il t'attend.

- J'arrive tout de suite, m...merci, dis-je en raccrochant.

- Ils ont retrouvé Stiles ?, s'enquit immédiatement Scott.

- Oui, j'y vais tout de suite. Stiles n'habite pas loin de la forêt, je peux y aller toute seule.

- Il est hors de question que tu y ailles toute seule, grogna Derek. Gérard est toujours dehors, qui sait ce qu'il pourrait te faire ?

- Je crois savoir me défendre.

- Derek a raison, je t'accompagne, suggéra Scott.

- Non, reste ici, j'y vais. Tu me raconteras ce que ce psychopathe vous a dit.

Peter prit une mine offensée, Scott hésita un instant. Il me fixa et je levai les yeux au ciel, agacée d'être surprotégée.

- D'accord, Isaac tu l'accompagnes et tu reviens ici. Tu m'appelles quand tu as terminé, Lexi.

J'acquiesçai en soupirant et sortis de la maison du jeune Hale. Apparemment, je ne pouvais pas aller quelque part seule et ça m'agaçait plus que de raison. Isaac et moi traversâmes la forêt sombre côte à côte, sans bruit. Je décidai de briser le silence quand nous atteignîmes la route.

- Tu n'étais pas obligé de m'accompagner...

- On ne sait jamais ce qui peut arriver.

- D'accord mais Scott aurait très bien pu jouer l'ami surprotecteur à ta place.

- Si Peter a quelque chose d'important à révéler, Scott sera plus à même de trouver une solution que moi.

L'excuse du frisé était valable pourtant, même dans la pénombre, je pouvais voir qu'il fuyait mon regard et que ses joues étaient plus colorées qu'à leur habitude. Je ne cherchai pas plus loin, nous étions déjà arrivés devant la maison Stilinski. Je m'apprêtais à remonter l'allée mais le Bêta m'interpella :

- Scott m'a raconté pour tes parents. Je sais que ça les ramènera pas mais je suis désolé.

Je souris timidement. Isaac avait également eu une vie difficile avec ses parents. Sa mère était morte quand il était jeune, il avait perdu un frère à l'armée et son père était violent avec lui avant de mourir à son tour. Ça faisait du bien de rencontrer quelqu'un qui comprenait.

- Merci, Isaac. Je suis désolée pour ta famille également. Personne ne mérite ce qu'il nous est arrivé.

Le frisé acquiesça et j'atteignis la porte à laquelle je toquai. Je me retournai une dernière fois pour adresser un signe de la main au jeune Lahey avant que le Shérif ne m'ouvre.

- Ah, tu es là, soupira-t-il. Stiles est dans sa chambre.

- Merci de m'avoir appelée, dis-je en entrant.

Le Shérif m'indiqua les escaliers et je rejoignis la chambre du jeune Stilinski. Il m'ouvrit immédiatement et m'accueillit avec un sourire chaleureux. Je lui sautai immédiatement au cou et le serrai jusqu'à l'en étouffer.

- J'ai eu tellement peur..., soufflai-je.

- Je suis désolé, répondit-il en me serrant plus fort contre lui.

Je m'écartai doucement pour regarder le visage tuméfié de Stiles. Toutes mes mauvaises pensées avaient disparues au moment même où j'avais appris sa disparition. Stiles comptait beaucoup trop pour moi pour que je laisse tout tomber si vite.

Du bout des doigts, je caressai ses blessures. La rage que je nourrissais pour Gérard s'amplifiait à mesure que je touchais une nouvelle plaie.

- Qui t'a fait ça ?

- Tu le sais très bien.

- Je vais le tuer.

Stiles sourit, pour une raison qui m'était inconnue. Je crus d'abord qu'il se moquait de moi mais il essuya une de mes larmes avec son pouce et approcha doucement son visage du mien pour m'embrasser tendrement. Je crus m'évanouir au contact de ses lèvres douces et ne pus m'empêcher de sentir le léger goût de sang qu'elles portaient. Je mis fin au baiser, un peu tôt peut-être et insistai de nouveau :

- Raconte-moi ce qu'il t'a fait.

- Je crois que ça ne servira à rien.

J'hésitai un long moment. J'allai m'asseoir sur le bord du lit du jeune Stilinski et attendis qu'il me rejoigne pour le prendre une nouvelle fois dans mes bras. Il enroula les siens autour de ma taille et je posai ma tête sur son épaule.

- Tu as raison, cédai-je à contrecœur.

Nous restâmes un moment comme ça avant que Stiles ne me propose quelque chose à boire. J'acceptai et laissai Stiles descendre dans la cuisine. J'en profitai pour inspecter rapidement les lieux, plus par curiosité qu'autre chose. Sa chambre lui correspondait parfaitement, dérangée mais chaleureuse et apaisante. Je pris le cadre posé sur le bureau du jeune homme. Nous avions pris cette photo le jour de mon arrivée. Scott, Stiles et moi sourions à pleines dents, inconscients des prochains évènements qui allaient nous tomber dessus. Nous avions l'air de nous connaître tous les trois depuis une éternité. Pourtant, je venais de rencontrer Stiles et je l'avais tout de suite apprécié. Scott m'avait plus d'une fois répété que nous aurions pu être jumeaux dans une autre vie tellement nos caractères étaient similaires : loyaux, drôles et plus courageux que nous le paraissions.

Les bracelets posés sur le bureau à côté, attirèrent mon attention. Je les regardai longuement puis fronçai les sourcils, ça n'était pas mon anniversaire et ces bracelets étaient féminins, je ne voyais pas à qui d'autre Stiles pouvait les offrir... Je stoppai ma réflexion pour inspecter les autres coins de la chambre. Une télévision écran plat était entreposée dans un coin et d'autres bijoux jonchaient les étagères.

- Lydia... soufflai-je.

- Tu as dit quoi ?

Je sursautai en entendant la voix de Stiles. Celui-ci portait un plateau avec deux verres remplis de jus de fruit. J'en portai un à ma bouche et me forçai à sourire pour que le brun ne se doute pas de quelque chose. Stiles s'assit sur son lit et but à son tour. Je savais que j'avais soudainement changé de comportement, Stiles me regardait, interrogateur, et je m'interdisais de m'asseoir à ses côtés. Il aimait toujours Lydia, je ne pouvais pas continuer. Pourtant, je ne voulais pas mettre fin à notre relation pour le moment, trop de choses se passaient dans notre vie pour que nous nous encombrions avec une rupture. Je n'avais pas la force de le quitter pour le moment. Stiles jeta alors un coup d'œil à son bureau. Je m'aperçus qu'il écarquilla les yeux mais ne dis rien. Il avait repéré les cadeaux qu'il avait achetés à Lydia, tous les cadeaux. Je reposai mon verre à présent vide et fis mine de regarder mon téléphone.

- Je crois que je vais y aller, suggérai-je en me dirigeant vers la porte. Scott m'attend.

Stiles acquiesça. Une fois arrivé à la porte, il tenta de m'embrasser mais je détournai la tête, il déposa donc un baiser sur ma joue. Je le saluai une dernière fois et rejoignis le hall où se trouvait le Shérif Stilinski. Celui-ci ouvrit la porte d'entrée, je crus m'effondrer en voyant Lydia sur le pas de la porte. La rousse m'offrit un sourire triste, des larmes faisaient encore briller ses yeux, elle venait de perdre Jackson, je n'imaginais même pas dans quel état elle se trouvait. Le Shérif la laissa entrer et me salua avant que je ne m'éclipse. Je remontai l'allée et m'assis sur le bord de la route. Je laissai mes larmes couler quelques minutes avant de me décider à appeler mon meilleur ami.

- Scott ? J'ai terminé, tu peux venir me chercher, murmurai-je en tentant de contrôler mes sanglots.

- Lexi, tout va bien ?

- Oui, viens juste me chercher, s'il te plaît...

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Voilà, encore un chapitre de bouclé. Je pense que le prochain sera l'avant-dernier de ce premier tome. J'espère que vous posterez votre avis et que cela vous a plu ^^ 

Ecrit le 28 Décembre 2017 et corrigé le 30 Mai 2019