Derek et moi trouvâmes enfin les toilettes de la banque et nous nous y engouffrâmes. L'Alpha me souleva pour m'installer sur l'évier. Il attrapa ensuite quelques vieilles serviettes en papier qui traînaient dans le coin et les imbiba d'eau avant de les passer sur mes plaies. L'eau me fit un bien fou, je me sentais déjà recouvrer la santé.

- Il fallait lui dire, dit alors le jeune Hale.

- Je sais, soufflai-je. Mais ça sera la dernière image qu'elle aura de sa mère et ça me brise le cœur.

- Elle se doit d'assumer les choix de sa mère, bons ou mauvais, ils faisaient d'elle qui elle était.

- Allison a tellement souffert...

- Tout le monde souffre.

Derek avait raison. Scott souffrait de la perte d'Allison. J'avais perdu mes parents et devais surmonter mon chagrin d'amour, Allison avait découvert être une chasseuse et avait perdu sa mère. Quant à Derek, toute sa famille avait été décimée dans un incendie.

- Comment se fait-il que tu ne sois pas au courant que ta sœur est vivante ?

- Je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas revu Cora depuis l'incendie. Je la pensais morte comme les autres.

- Tu dois être soulagé...

- Je le serai quand on l'aura retrouvée sans sang sur les mains.

J'acquiesçai et descendis de l'évier. J'ouvris ensuite le lavabo et bus de grandes gorgées d'eau. Je sentis celle-ci s'insinuer dans le moindre de mes vaisseaux, régénérer ma peau partiellement entaillée, revigorer mes organes.

- Ça fait du bien...

Derek fit un signe de la tête et sortit des toilettes. Je lui emboîtai le pas. Soudain, l'Alpha huma l'air.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

La grimace qui déformait son visage trahissait la mauvaise odeur. Au détour d'un couloir, un placard était entrouvert. La veste d'Allison recouvrait le sol et j'entrai en première à l'intérieur. Je plaquai alors une main sur ma bouche et ressortis aussitôt. Derek menaça d'entrer à son tour, mais je plaquai deux mains sur son torse.

- N'entre pas... C'est Erica. Je suis désolée.

L'Alpha me repoussa doucement et entra dans le placard. Il en ressortit, le corps de la blonde dans les bras. Un sanglot obstrua ma gorge et je posai une main sur l'épaule du jeune Hale, abattu.

Nous rejoignîmes Allison et Scott qui semblaient venir de terminer leur discussion. Le regard froid que me lança Allison me fit baisser les yeux, mais son attention se reporta bien vite sur le corps sans vie d'Erica Reyes.

J'espérai réellement qu'elle me pardonnerait. Mais au vu du regard de Scott et des sentiments qu'il éprouvait et que je ressentais grâce à notre Entrave, je partais plutôt pessimiste.

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Les bois étaient sombres pourtant, j'arrivais à distinguer une silhouette menue loin devant moi. Pas aussi rapide que la louve, j'avais bien du mal à suivre sa trace. Essoufflée, je me posai contre un tronc. Mon téléphone vibra alors dans ma poche et je décrochai.

- Derek, j'y arrive pas. Elle est trop rapide. Je te rappelle que je suis pas comme vous.

- Au prochain entraînement, tu courras.

Je grognai. Super ! Je détestais courir.

- Appelle Scott et rejoignez-moi, je commence à plus rien voir non plus. Quoi, Hale, tu veux aussi m'apprendre à voir dans le noir ?

L'Alpha ne répondit pas et raccrocha. Quelques minutes après, deux silhouettes atterrirent souplement à mes côtés tandis que j'étais toujours adossée contre l'arbre.

- Alors ?

- On a perdu la trace de Boyd, répondit Scott.

- Et moi de Cora.

Derek scruta le sol. Une empreinte fraiche de chaussure déformait la boue.

- C'est eux ?, demanda Scott.

- On n'est pas les seuls à vouloir rester ensemble.

- Ça va être plus facile ou plus dur de les attraper ?

- Je sais pas.

- Derek, commença Scott. J'ai vu Boyd essayer de massacrer deux gamins. Ils vont tuer tous les gens qu'ils trouveront ?

- Tout le monde et n'importe qui.

- Génial !, ironisai-je.

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- Isaac !

Je me ruai sur mon petit ami qui venait d'être envoyé valsé contre une branche d'arbre. J'aidai le frisé à se relever et l'auscultai rapidement pour être sûr qu'il n'avait rien de cassé. Scott et Derek, eux, encerclèrent Cora.

- T'as mis une écharpe comme je t'avais dit ?, minaudai-je en déposant un baiser sur la joue du jeune Loup. Elle te va comme un gant.

Celui-ci sourit et nous nous tournâmes vers notre assaillante. Une pauvre humaine regardait la scène, tétanisée. Cora s'apprêta à se jeter sur elle mais je la repoussai en lui balançant un puissant jet d'eau. La louve s'enfuit alors dans une direction opposée, nous la suivîmes entre les arbres.

- On l'a encore perdu, s'énerva Derek en s'appuyant contre un tronc.

Scott et moi émergeâmes d'entre les feuilles, surpris de voir Isaac et son Alpha arrêtés.

Soudain, le téléphone du jeune McCall sonna. Il décrocha et me murmura "Stiles".

- T'es sûr ?, demanda le Loup dans le combiné.

- Ouais, il a la gorge lacérée et y a du sang partout. On dirait Shining ici. Si des jumelles sortaient des bois et me demandaient de jouer avec elles pour toujours, je serais pas surpris.

- Tu peux t'approcher de lui pour t'assurer que c'est bien eux ?

- M'assurer que c'était eux ? Qui d'autre se balade en ce moment et égorge les gens ?

- S'il te plait. Regarde de plus près.

Scott raccrocha après quelques minutes et se tourna vers les trois autres.

- Ça n'a aucun sens, fit remarquer Derek. La piscine est de l'autre côté de la forêt, on n'a vu aucune trace qui prouve qu'ils étaient dans ce coin là.

- Derek, ils ont tué quelqu'un.

- Comment ils peuvent aller aussi vite ? Ils peuvent pas être aussi rapides à pied.

- Ils ont tué quelqu'un. Un garçon qui était innocent est mort. Et c'est de notre faute.

- C'est ma faute.

- Il nous faut un coup de main.

- On a Isaac maintenant.

- Derek, je crois que Scott parle d'un autre coup de main, insistai-je.

- Je parle d'un vrai coup de main.

Isaac releva la tête, vexé.

- Ils sont trop rapides pour nous, se justifia le jeune McCall. Pour nous tous. Ils sont trop forts, trop enragés.

- On les attrapera, assura Derek.

- Et après ?, s'enquit Isaac. On les retient jusqu'à ce que le soleil se lève. Comment on va faire ?

- Peut-être que ce serait plus facile de les tuer.

- Non mais je rêve, m'emportai-je.

- Tuer Cora et Boyd, c'est pas la solution.

- Merci Scott !, m'exclamai-je, toujours aussi sidérée par les propos que les hommes pouvaient tenir dans les situations délicates.

- Mais c'est peut-être la seule qui nous reste, avoua Isaac.

- Non pas toi, m'agaçai-je.

- Si on peut même pas les attraper, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ?

- Trouver quelqu'un qui connaît leurs réactions.

- Qui ?

- Quelqu'un qui sait comment on chasse les Loups-Garous.

- Scott, je sais pas si c'est une excellente idée..., avouai-je.

- C'est notre dernière option. On n'a plus le choix.

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- Il est là.

Je désignai Monsieur Argent du doigt et Scott et moi allâmes à sa rencontre. Celui-ci refermait le coffre de sa voiture. Il se retourna vivement et nous pointa un flingue dessus.

- Wow !, m'écriai-je.

- Euh... bonsoir, bégaya Scott.

- On a besoin de votre aide Monsieur, enchaînai-je. Il y a eu un problème et Boyd, un Bêta de Derek et son amie - si on peut l'appeler comme ça - ont, comme qui dirait, perdu la boule.

- Ils ont été enfermé durant plusieurs mois dans une pièce cloitrée et maintenant qu'ils sont sortis...

- Ils se sont transformés en serial killer et veulent tuer tous les gens qui sont sur leur passage.

Scott me lança un regard réprobateur et j'haussai les épaules.

- Primo, pourquoi je devrais me soucier de quelqu'un qui est lié à Derek et secundo, je connais pas ce Boyd, je connais même pas son nom de famille.

- C'est son nom de famille, s'empressa de répondre Scott.

- C'est quoi son prénom ?

- Vernon. Et juste par curiosité, je peux savoir pourquoi ce pistolet est toujours pointé sur moi.

- C'est vrai que c'est flippant, concédai-je.

- Il y a certainement une part de moi qui veut te tirer dessus.

- Je vois ça, oui.

- Ok, carrément flippant...

Argent soupira et rangea son arme dans sa ceinture.

- Scott, Alexia, j'ai vu comment mon père avait réussi à endoctriner ma fille. Il a presque réussi à la transformer en tueuse.

- Presque, répétai-je. Allison n'est pas une meurtrière.

- Oui. Mais ce monde, votre monde a décimé le mien. Ma femme, ma sœur, mon père, toute ma famille. Pourquoi je m'engagerai encore là-dedans ?

- Parce que des gens vont mourir et parce que vous savez comment attraper Boyd et Cora sans avoir besoin de les tuer.

- Je suis désolé, je peux pas vous aider.

- Argent !, insistai-je.

- Euh..., reprit Scott. Vous pensez que vous pouvez m'accorder une toute petite faveur ?

Le jeune McCall m'adressa un signe de tête, je lus en lui comme dans un livre ouvert et acquiesçai à mon tour.

Je rejoignis alors la Camaro de Derek et pris place à l'arrière tandis que Scott montait avec Argent.

- Alors ?, demandèrent Derek et Isaac d'une même voix.

- Scott va nous faire faire un petit détour et après, ce sera dans la poche.

Surpris, Derek démarra tout de même et nous suivîmes le 4x4 jusqu'à la piscine. Scott voulait montrer la scène de crime à Argent, en espérant que cela le ferait changer d'avis. Et ce fut le cas puisque le 4x4 reprit la route en direction de la forêt.

Une fois à l'intérieur, Argent déposa un sac plein sur le sol.

 - Vous les suivez grâce aux traces de pas ?

- On essaie.

- Si c'est le cas, vous perdez votre temps. Il n'existe qu'une seule créature sur terre qui peut suivre les traces de pas en les examinant. C'est l'homme. Si vous n'êtes pas entraînés comme moi, vous ne savez pas si celles-ci sont de Boyd et celles-là...

- Sont de Cora, acheva Isaac.

- Non, ce sont les tiennes. Tu as piétinés celles de Cora en venant ici. Je sais que trois d'entre vous concentrez la moitié de votre énergie à contrôler vos pulsions durant la pleine lune et la dernière, à se contrôler tout court. Mais ça vous donne un sérieux désavantage sur Boyd et Cora qui eux sont à plein régime. Ils ont le pied au plancher et vous atteignez à peine la vitesse autorisée.

- Alors on fait quoi ?, interrogea Derek.

- Concentrez-vous sur votre odorat. On sait que les vrais loups peuvent suivre leur proie sur une distance de 160 kilomètres par jour. Un chasseur entraîné peut utiliser les odeurs pour les piéger. Si le vent est favorable, les loups peuvent repérer une odeur à trois kilomètres à la ronde, ce qui veut dire qu'on peut les attirer vers nous ou dans un piège. La pleine lune nous donne un avantage, ils auront une signature thermique plus importante, ce qui les rend plus facile à détecter par infrarouge.

Argent lança une paire de lunettes à Isaac puis à moi. Il en lança ensuite une à Derek qui la tourna dans ses mains.

- Merci mais, j'ai déjà le mien.

- Rappelez-vous que nous ne chassons pas des animaux sauvages. Malgré leurs pulsions bestiales, au fond d'eux-mêmes, ils restent deux êtres humains intelligents. Ne croyez pas qu'ils ne se servent pas de leur côté humain. Il n'est pas apparent mais il est toujours là. Il leur rappelle comment masquer leur odeur, couvrir leurs traces, survivre.

Tout le monde acquiesça silencieusement. Je tournai et retournai ma paire de lunettes dans mes mains. Encore une fois, j'étais inutile.

- Quant à toi Alexia, reprit Argent comme s'il avait lu dans mes pensées. Ressens les vibrations de l'eau souterraine. Si Cora et Boyd piétinent un sol, tu le sentiras grâce à l'eau qui coule dessous. N'aie pas peur de lâcher la bride, c'est la seule façon pour toi de développer tes capacités.

Je jetai un regard interrogateur à Scott qui m'offrit un sourire encourageant. Je suivis les quatre hommes au bord de la colline de Beacon Hills et m'agenouillai en posant une main sur le sol. Je fermai les yeux et me concentrai.

- Quand as-tu vu ta sœur la dernière fois ?

- Ça fait des années, je la croyais morte dans l'incendie.

- Tu penses te rappeler son odeur ?

Derek secoua la tête.

- Scott, tu peux te fier à tes facultés ?

Je ne sentais rien, rien d'autre que l'herbe fraiche chatouiller la paume de ma main pourtant je savais que de l'eau coulait quelque part la dessous, il suffisait juste de la trouver.

- Franchement, je sais pas. La plupart du temps, j'essaie de pas penser à tout ce que je sens.

- Très bien, le problème c'est qu'après le bois, ils atteignent la zone résidentielle. Une fois passé le lycée, ils seront en plein milieu de Beacon Hills.

- Ils vont quand même pas, tuer tous ceux qu'ils croiseront non ?, s'enquit Isaac.

- Non, mais il y a une énorme différence entre les loups et eux. Les loups chassent pour se nourrir et il y a un moment où ils sont rassasiés. Boyd et Cora chassent pour le plaisir de tuer. Ils sont poussés par une pulsion prédatrice irrésistible, animés par le seul plaisir de réduire un corps chaud en lambeaux et qui sait quand ils seront satisfaits ?

- On peut pas les tuer, répéta Scott.

J'eus alors un soubresaut, du bruit me parvenait aux oreilles, je savais que j'étais la seule à pouvoir le percevoir, ce ruissellement si infime. De l'eau...

- Et si on peut pas les attraper ?

- Il suffit peut-être de les isoler quelque part, suggéra Argent. Il n'y a personne au lycée la nuit non ?

- Vous voulez les piéger là-bas ?, demanda Derek.

- S'il y a un endroit avec un porte assez solide. Sans fenêtre ni ouverture qui donne sur l'extérieur.

Je la sentais courir sous la terre, s'enrouler autour des racines, vibrer au rythme des pas des cerfs alentours.

- Pourquoi pas la chaufferie ?, proposa le jeune Lahey. Elle est fermée par une grosse prote en acier.

Un oiseau venait de se poser sur le sol au loin. J'y étais presque.

- Vous êtes sûrs qu'il n'y a personne au lycée ?

Les vibrations se faisaient de plus en plus fortes. Plus que quelques mètres et...

- En principe non, il peut pas y avoir quelqu'un à cette heure-là pas vrai ?, tenta de se rassurer Scott.

Mes yeux s'ouvrirent soudainement. Je me relevai, le sourire aux lèvres. Les quatre garçons fixaient mes yeux avec étonnement. Je les sentais briller dans la lueur de la nuit. Peut-être en violet, en bleu ou même en vert. 

- Je les ai trouvé, déclarai-je. J'ai trouvé Cora et Boyd.