- Alors, vous voyez ça ?

Stiles pointa du bout de son feutre un endroit d'un des plans de la banque qu'il avait réussi à récupérer on-ne-savait-où. Scott et moi l'avions retrouvé chez Derek le soir-même afin de mettre au point un plan qui permettrait à Boyd d'être sorti de cet enfer.

- C'est par là qu'ils sont entrés. Sur le toit du bâtiment il y a un conduit d'aération. Ce conduit débouche à l'intérieur du mur de la salle des coffres qui est là (il entoura un autre endroit en rouge). L'un des cambrioleurs est descendu à l'aide d'un câble dans ce puits d'aération, là. Le problème c'est qu'il y avait si peu d'espace que ça lui a pris douze heures pour réussir à percer le mur qui en passant est en pierre. Et du coup, pendant toute la nuit, il a fait passer le cash à ses complices qui étaient postés sur le toit par ce tout petit puits d'aération. Pas mal hein ?

- On loge là-dedans ? questionna Scott.

- Ouais on loge, mais à peine. Il va falloir se serrer et évidemment, ils ont renforcé le mur donc il va falloir un outil pour le percer. Moi je pensais à un diamant parce que...

- Laisse tomber le diamant, dit Derek.

- Pardon ?

- Si j'y vais en premier j'aurais assez d'espace.

- Et comment tu comptes t'y prendre ? En détruisant le mur à coup de poing ?

- Oui Stiles, je vais détruire le mur à coup de poing.

- J'essaierai de le geler pour le rendre plus fragile, assurai-je.

- Ce sera pas nécessaire merci, répondit Derek.

- Ah super ! Alors vas-y fait voir la marchandise. Fais voir ta grosse papatte un peu.

- Je ferais pas ça à ta place Stiles, le prévins-je.

Derek tendit le poing devant lui, impassible. Ça allait mal tourner.

- Allez sors les poings, n'ait pas peur. La grosse papatte du grand méchant loup. Et maintenant tu vois cet espace ? Cinq centimètres, c'est tout ce que t'auras pour prendre assez de recul et percer un mur de...

Derek frappa dans la main du brun et Stiles finit sa phrase dans un cri de douleur.

- Putain Derek ! m'écriai-je.

J'attrapai la main du blessé et fis baisser la température de ma propre main avant de la poser sur celle de Stiles qui commençait à gonfler. Je savais très bien à quel point les coups de l'Alpha pouvaient être violents. Le froid atténua la douleur, mais pas la rancœur. 

- Ça marche, gémit le jeune garçon.

- J'arriverai à passer le mur, assura Derek. Qui vient avec moi ?

- Compte pas sur moi, dit Peter, assis sur les escaliers en colimaçon du nouveau loft de Derek. Je suis pas encore en état de me battre et honnêtement, avec Isaac dans les vapes, vos perspectives de réussite sont assez réduites.

- Je suis censé faire quoi, les laisser mourir ? grinça Derek.

- L'une des deux c'est déjà fait.

- On n'en sait rien pour l'instant.

- Est-ce qu'il faut que je vous rappelle à qui vous voulez vous frotter ?

- Ça va ? chuchotai-je en enlevant ma main qui reprit une température normale.

- Oui merci, ça va, répondit Stiles dans un sourire.

- Une meute d'Alphas, reprit Peter. Tous des tueurs sanguinaires. Et si ça suffit pas à réduire vos testicules à la taille de noisettes, je vous rappelle que deux de ces bestioles arrivent à fusionner pour former un énorme Alpha.

- Sérieux ? m'exclamai-je en tentant de dissimuler mon enthousiasme.

- Je suis sûr qu'Erica et Boyd étaient très gentils, ils vont nous manquer.

- Quelqu'un peut le retuer, s'il vous plaît ? demanda Stiles, sarcastique.

- Derek, sérieusement, oublie ça. Ça n'en vaut pas la peine, insista l'ancien Alpha.

- Et toi alors ?

- Moi ? s'enquit Stiles. Bah ouais, moi je viens...

- C'est pas à toi que je parle.

- Scott, comprit le brun.

- Je sais pas pour Erica mais si Boyd est toujours en vie, il faut qu'on agisse. Ça vaut la peine d'essayer.

- Mais ?

- C'est qui l'autre fille ? Celle qui est enfermée avec Boyd.

- Aucune idée, on le découvrira bien assez vite.

- Hé là vous deux ! Vous oubliez pas quelqu'un ? m'exclamai-je.

Scott et Derek se jetèrent un regard interloqué avant de reporter leur attention sur moi.

- Je viens aussi avec vous, déclarai-je.

- C'est trop dange...

- Non Scott, ne dis pas un mot de plus. J'en ai marre d'être la cinquième roue du carrosse. J'ai des pouvoirs d'accord ? Je suis une Sirène, je suis capable de faire des choses que même toi tu n'arriverais pas à faire. Alors je viens que tu le veuilles ou non.

Scott chercha du soutien chez le jeune Hale, mais celui-ci resta silencieux.

- T'as pas intérêt à te faire tuer, menaça-t-il.

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- Qu'est-ce qui y a ? s'enquit Derek en voyant les mines contrariées de ses deux accompagnateurs.

- Y a quelque chose qui me trotte dans la tête, avoua Scott.

- La pleine lune approche, dis-moi ce que c'est.

- Le risque et la récompense.

- Oui mais encore ?

- On a pas encore assez d'informations pour évaluer tous les risques, on y va à l'aveugle.

- Scott a raison, ça peut nous porter préjudice, ajoutai-je.

- On sait qu'on a plus beaucoup de temps.

- Oui mais réfléchis. Ils ont peint le triskèle sur ta porte y a quatre mois. Qu'est-ce qu'ils ont fait pendant tout ce temps, pourquoi attendre jusqu'à ce soir ?

- Ecoute, on a pas le temps d'essayer de comprendre tous ces petits détails.

- Mais si c'était ce petit détail, la raison pour laquelle ils ont attendu ? fis-je remarquer. Si c'était ça le plus important ?

- Alors dans ce cas on fait rien et Boyd et Erica sont condamnés. Je sais très bien ce que je risque : ma vie contre la leur.

Sur ces mots, l'Alpha sauta contre le mur et atteint l'échelle d'urgence. Il se retourna une dernière fois avant de la remonter :

- Je vous en voudrais pas si vous préférez ne pas venir.

Je soupirai et créai des piquets de glace qui se fichèrent dans le mur. Avec prudence, je posai les pieds dessus, par chance mon escalier improvisé tint le coup et je pus remonter l'échelle à mon tour, suivie de Scott.

Comme convenu, une fois dans le puits, je posai une main sur la pierre et la gelai doucement. Fragilisée, elle ne mit pas longtemps à se rompre sous les coups répétés du jeune Hale. Scott et moi passâmes par le trou après l'Alpha qui interpella son Bêta.

Une silhouette se dessina dans le fond de la salle des coffres et l'homme à la peau sombre fit son apparition, toutes griffes dehors. Il faisait peur à voir, son humanité semblaient avoir disparue. Dans un geste protecteur, Scott me plaça derrière lui.

- Boyd ? C'est moi, c'est Derek.

Le téléphone du jeune McCall vibra. Il décrocha et je me rapprochai pour entendre Stiles.

- Non Scott, écoute moi. Cassez-vous de là tout de suite. Les murs de la salle des coffres sont fait avec un minéral appelé hécatolite. Ça disperse la lumière de la lune.

- Je comprends pas.

- Scott, soufflai-je, pétrifiée.

Je savais exactement à quoi servait ce minerai pour l'avoir étudié en classe. Et s'il dispersait bien la lumière de la lune, alors on était foutu.

- L'hécatolite dissipe la lumière de la lune. Ils ont pas senti les effets de la pleine lune depuis des mois, répéta Stiles.

- Imagine les gladiateurs dans le Colisée de Rome, s'incrusta Peter. Les romains affamaient les lions pendant trois jours pour les rendre encore plus féroces et plus incontrôlables. Deucalion bloque leur transformation depuis trois pleines lunes. Ça les rend beaucoup plus sensibles à ses effets.

- Ils vont être encore plus forts.

- Encore plus sauvages et plus assoiffés de sang. Scott ce sont eux les lions, les lions affamés et toi et Derek vous venez de pénétrer dans le Colisée.  

- Derek, je crois qu'on a un très gros problème, l'avertit Scott.

Une nouvelle silhouette apparut aux côtés de Boyd. Une jeune femme, transformée elle aussi. Le visage de Derek se figea à sa vue.

- Cora ?

- Qui ça ? questionna Scott.

- C'est toi Cora ?

- Derek, souffla la fille bruyamment. Reste pas là. Sors de là tout de suite !

Par le combiné, Stiles nous interpella Scott et moi. Je pris le combiné des mains du jeune loup qui semblait fasciné par quelque chose au sol. Je baissai les yeux et émis un gémissement. Du sorbier, nous étions coincés.

- Stiles, je crois qu'il va falloir qu'on y aille, dis-je.

La porte de la salle des coffres s'ouvrit et Mme Morell apparut. Elle déposa la poudre qu'elle contenait dans la main sur le sol, fermant ainsi le cercle.

- Non, faites pas ça ! hurla Scott.

- Aide-nous, soufflai-je une dernière fois avant de raccrocher.

Cora et Boyd grognèrent et se ruèrent sur les trois arrivants tels des chiens enragés.

Scott et Derek tentaient de maîtriser Cora alors que Boyd m'avait prise pour cible. Je mobilisai tout ce que Derek m'avait appris jusqu'ici et tentai de combiner mes pouvoirs à mes enchaînements de combat. Pourtant, le loup était plus rapide et plus fort que moi, il ne tarda pas à me mettre à terre avant de changer d'assaillant. Pendant de longues minutes, je me battis, alternant les mâchoires et les torses de Cora et Boyd. Durant un infime moment de répit, Derek, Scott et moi nous calâmes contre un mur, le souffle saccadé.

- Tu la connais ? s'enquit Scott.

- C'est ma sœur, ma sœur la plus jeune.

- Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ? m'exclamai-je.

- Comme si je le savais, je la croyais morte.

J'esquivai une attaque de Cora en sautant sur le côté. Alors que je m'apprêtais à rejoindre Allison qui venait d'apparaître dans l'embrasure de la porte de la salle des coffres, Boyd planta ses griffes dans le ventre de Scott. Je m'effondrai de douleur. Je poussai un cri puissant alors que je sentais ms entrailles partir en lambeaux. Avec difficulté, je me relevai tout de même en tentant de faire abstraction de ce foutu lien et de cette souffrance. Allison regardait la scène, impuissante. Elle se pencha sur le sorbier, mais Derek l'en empêcha.

- Non, ne rompt pas le cercle !

- Boyd ! hurla la Chasseuse en effaçant la ligne de sorbier.

Cora et l'interpellé ne se firent pas prier et se ruèrent à l'extérieur. Scott et moi toussâmes à l'unisson et je me décollai du mur, sentant déjà que le jeune McCall guérissait.

Derek rejoignit Allison et lui attrapa le poignet d'un air méchant.

- La touche pas, ! s'écria Scott.

- Bravo t'es contente ? explosa l'Alpha en s'exécutant.

- J'allais pas rester sans rien faire.

Je sortis de la salle des coffres à la suite de mon meilleur ami, en nage. Allison s'approcha de moi et passa un bras sur mon épaule pour me soutenir.

- On serait morts sans son aide, fit remarquer Scott.

- Qu'est-ce que tu crois qu'ils vont faire maintenant qu'ils sont dehors ? Tu te rends compte de ce que tu viens de lâcher dans la nature !

- C'est pas sa faute, m'agaçai-je, à bout de forces.

- Alors maintenant c'est ma faute ? C'est pas moi qui transforme des adolescents en tueurs sanguinaires, rétorqua Allison.

- Non, c'est seulement toute ta famille qui fait ça.

- Derek, grondai-je.

- Ok j'ai commis des erreurs. Mais ce que Gérard a fait, ça j'en suis pas responsable.

- Et ce qu'a fait ta mère ?

- Comment ça ?

- Ne l'écoute pas Alli', assurai-je en grimaçant.

Je réussis à me redresser et jetai un regard assassin à l'Alpha qui décida de m'ignorer.

- Dis-lui Scott. Alexia ?

Je fuis le regard de ma meilleure amie et m'écartai même d'elle en me frottant les bras.

- Me dire quoi ?

Personne ne répondit. Pourtant, la vérité devait éclater et Allison avait le droit de savoir que sa mère avait tenté de tuer son petit ami de l'époque et, par la même occasion, sa meilleure amie.