
4. Heather ❆
- Quoi ?
- Comment ça quoi ?
Je relevai les yeux de mon téléphone pour scruter les deux garçons. Depuis que Stiles était venu nous chercher, nous n'avions pas ouvert la bouche, un record à mon humble avis. Quant à moi, j'harcelais Derek de textos pour le faire changer d'avis concernant l'arrêt des entraînements. Il m'avait bien fait comprendre qu'il ne reviendrait pas sur sa décision, mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Il ne connaissait pas encore la ténacité d'Alexia Miller.
- Tu vois très bien ce que je veux dire, insista Stiles.
- Non je vois pas, répondit Scott.
- T'as vu la tête que tu fais ?
- C'est ma tête normale.
- J'ai très bien vu, ça saute aux yeux Scott.
- Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Tu fais la tête de quelqu'un qui préférerait aller se pendre plutôt que d'aller à une soirée.
- C'est pas bête ça. L'un de vous aurait-il une corde ? demandai-je.
Stiles me jeta un regard noir et je soupirai. Je n'étais pas d'humeur à aller dans une fête. D'abord parce que celle qui l'organisait était une amie d'enfance de Stiles, mais en plus parce que la déprime de Scott se faisait ressentit au fond de mon cœur. Ce lien commençait à avoir pas mal de mauvais côtés.
- Non, c'est juste que, c'est une soirée avec des gens d'un autre lycée et je trouve ça bizarre, se justifia Scott.
- Je tiens à dire que moi aussi ! m'immisçai-je une nouvelle fois.
- C'est juste pour un verre, ça va pas vous tuer ! Détendez-vous deux secondes. Cette fille, j'étais en maternelle avec elle et elle m'a promis qu'elle me présenterait à tous ses potes. Ça veut dire que ce soir, pas d'Allison, pas de Lydia. On tourne la page.
Stiles se stoppa un instant et me jeta un coup d'œil discret, mais j'avais déjà rebaissé les yeux vers mon téléphone. Evidemment, j'avais très bien entendu et malheureusement pour Stiles, je suivais Scott partout. Impossible pour lui de ne pas me traîner par la même occasion.
Je savais très bien que je pouvais refuser n'importe quoi, je n'avais pas besoin de rester sans arrêt avec Scott, mais je me sentais obligée. Juste pour m'assurer qu'il allait bien et, je l'avoue, passer du temps avec Stiles même si ça me brisait de l'intérieur.
- T'as raison, concéda Scott.
- Un peu que j'ai raison !
- On tourne la page.
- On tourne la page et on passe à un autre chapitre.
Je relevai enfin la tête, pris une grande inspiration, rangeai mon téléphone dans ma poche et passai entre les garçons pour prendre la tête.
- On tourne la page, m'écriai-je en entrant dans la maison bondée.
Un groupe de filles hurla en levant leurs verres et une blonde et une noire se détachèrent du groupe pour discuter. J'inspectai la maison de mon emplacement, en tournant la tête de tous les côtés, espérant voir quelqu'un que je connaissais. Maintenant que j'étais à l'intérieur, cette soudaine poussée d'adrénaline s'était envolée.
Stiles et Scott entrèrent enfin et la blonde s'approcha d'eux. Scott s'arrêta à mon niveau tandis que Stiles souriait à pleines dents.
- Alors comment va la reine de la...
Le jeune Stilinski fut coupé par une paire de lèvres. Par réflexe, j'attrapai l'avant-bras de Scott et plantai mes ongles dans sa veste en cuir tandis que la blonde se détachait enfin d'un Stiles plus que surpris.
- Je suis ravie que tu sois là.
- Moi aussi...
- Tu viens m'aider à choisir une bouteille de vin à la cave ?
- Ça marche...
Les deux adolescents s'éclipsèrent et je tentai de les suivre, mais Scott me retint par la main. Son sourire en coin retomba immédiatement quand une tristesse profonde s'empara de lui. Je savais que c'était de ma faute, mes émotions déteignaient sur lui et puis, même si l'Entrave n'existait pas, mes yeux me trahissaient.
- Je... je vais aux toilettes, dis-je.
Evidemment, je ne me ruai pas dans les toilettes comme je l'avais dit, mais je suivis Stiles et Heather, trop curieuse de savoir où elle l'avait mené. Comme convenu, ils descendirent dans la cave. La voix de Stiles s'éleva du fond, mais elle se stoppa net. Je collai l'oreille à la porte et décidai même de l'entrouvrir pour mieux écouter. Je savais que ce n'était pas une bonne chose, que ce qu'ils faisaient dans cette cave n'était pas mes affaires, mais c'était plus fort que moi, il fallait que j'en aie la certitude.
- Stiles, commença Heather. J'ai eu dix-sept ans aujourd'hui. Et tu sais ce que je veux pour mon anniversaire ?
- Un vélo ? plaisanta Stiles.
- Ne pas être une vierge de dix-sept ans.
Je fermai les yeux, je sentais qu'ils avaient déjà changé de couleur. Mes mains tremblaient et ma respiration commençait à se faire saccadée. Je n'entendais plus rien, mon cœur tambourinait contre ma cage thoracique. Des bruits de pas dans les escaliers me ramenèrent soudain à la réalité. Je m'éloignai de la porte et attrapai un gobelet posé sur un meuble en faisant semblant de boire dedans.
Stiles passa en trombe devant moi en demandant aux passants où se trouvait la salle de bains. Il ne m'avait même pas accordé un regard.
Finalement je décidai d'avaler le contenu du gobelet. L'alcool me brûla la gorge, mais me fit un bien fou. Je descendis dans le salon à la recherche de Scott pour lui annoncer que j'allais rentrer, mais je ne le trouvai nulle part. Alors je fis la seule chose que je pensais irraisonnable, stupide mais nécessaire sur le moment. J'attrapai un verre vide et le remplis à ras bord avant de le descendre d'un trait. Déjà, la pièce commençait à tourner, mais je continuai en me servant un second verre. Je sentais le liquide se balader dans mon sang et embrumer mon cerveau. J'entendis alors deux filles discuter sur le côté.
- Il est plutôt mignon, Heather va revenir et elle sera enfin dépucelée. Quel beau cadeau d'anniversaire !
Je jetai le gobelet vide par terre avec rage. Le rire rauque des deux amies résonnaient dans ma boîte crânienne et je me rendis dehors en titubant. Ne sachant absolument pas comment j'allais faire pour rentrer sans la voiture de Stiles, je décidai de déambuler dans les rues, espérant retrouver mon chemin à un moment ou à un autre. Je décidai de couper par la forêt, c'était plus rapide. Le pas traînant, je manquai plusieurs fois de trébucher. Pourtant, l'alcool ne semblait plus faire autant effet qu'auparavant. Des filets d'eau coulaient de mes mains sans que je ne puisse les contrôler et je me rappelai une conversation que j'avais eu avec Deaton. Les Sirènes ne pouvaient pas être empoisonnées ni droguées très longtemps puisque la perte de contrôle de leurs pouvoirs faisait que la substance s'échappait de leurs corps dans leurs filets d'eau. Je grognai, je ne pouvais même pas me soûler un instant et tenter d'oublier à quel point Stiles me faisait souffrir ?
Un bruit se fit entendre. Je me retournai un peu trop violemment et tombai dans le tapis de feuilles mortes.
- Alexia, c'est toi ?
Je me relevai difficilement, mais un poigne ferme m'aida à me remettre sur mes pieds. Mon regard croisa celui azur d'Isaac et un sourire fendit mon visage. Au clair de lune, il était magnifique, sa mâchoire saillait et son front plissé par l'inquiétude et la surprise lui donnaient un air très séduisant.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu sens l'alcool.
- J'ai un petit peu trop bu je crois.
Je ricanai mais d'un rire qui ne me ressemblait vraiment pas. Un petit rire de gamine qui vient de désobéir à ses parents.
- Viens, je te ramène chez toi.
Isaac passa un bras par-dessus mon épaule pour me guider entre les arbres. Il sentait vraiment très bon et je me sentis tout de suite apaisée. Bientôt, nous rejoignîmes la route. Au fil de notre avancée, je sentais que je retrouvais un peu de lucidité au fur et à mesure que je perdais en eau. L'hilarité et la joie laissèrent alors place à la honte et au dépit. Je me fis de plus en plus lourde dans les bras du Loup-Garou et les larmes me piquèrent les yeux. J'étais tellement pathétique. Stiles m'avait brisé le cœur, il ne m'aimait pas parce que j'étais faible et que je n'arrivais pas à la cheville de Lydia. La rousse ne se serait pas soûlée afin d'oublier un chagrin d'amour, elle aurait relevé la tête et aurait tourné la page.
La maison McCall à peu de distance, je soufflai :
- Je suis désolée Isaac.
- Tu n'as pas à être désolée. Ça arrive ce genre de choses. C'est Stiles qui t'a mise dans cet état ?
- Comment tu sais ?
- Je te connais bien maintenant Alexia. Tu m'as parlé de lui tout l'été et je sens encore ton cœur battre la chamade quand tu poses le regard sur lui.
Je baissai les yeux puis m'écartai du frisé en lui assurant que j'avais décuvé et que je pouvais marcher seule. Il me raccompagna pourtant jusqu'à ma porte. Je glissai les clés dans la serrure et poussai la porte.
- Tu veux entrer ?
Isaac acquiesça et entra à ma suite. Je nous servis un verre d'eau à chacun et bus le mien d'une traite. Toute cette eau perdue m'avait affaiblie. Je n'avais plus qu'une envie : dormir.
- Je suis crevée, je vais me coucher. Merci Isaac.
Je déposai machinalement un baiser sur la joue du jeune homme et j'aurais juré le voir rougir. Je montai ensuite les escaliers et entrai dans ma chambre.
- Tu vas me raconter ?
Je sursautai. Isaac se trouvait dans l'embrasure de la porte de ma chambre, adossé au mur, les bras croisés sur sa poitrine.
- Je... pas ce soir.
Le frisé me rejoignit sur le lit et s'assit, bien décidé à rester.
- Je ne pars pas tant que tu ne me l'as pas raconté.
Je soupirai puis fis une moue en signe de résignation. Il ne lâchait jamais rien. Il me faisait penser à moi des fois.
- On était à une fête d'anniversaire. Heather, une amie d'enfance de Stiles l'a embrassé dès qu'il est entré. Comme ça, sans raison ! Il m'a pourtant certifié qu'il ne la voyait plus depuis longtemps. Elle est scolarisée dans un autre lycée. Cette garce l'a tiré par la main et l'a emmené dans sa cave. Je les ai suivis et... elle lui a dit que le plus beau cadeau qu'elle pouvait recevoir c'est de ne plus être vierge...
- Oh...
- Ouais comme tu dis.
- Il ne te mérite pas Alexia, n'y penses plus.
- C'est facile à dire...
Isaac posa sa main chaude sur la mienne. Je la fixai longuement.
- Tu es tellement gentil, soufflai-je.
Après tout, c'était vrai. Isaac avait été là pour moi durant tout l'été, à supporter mes sautes d'humeur dès qu'un sujet tournait autour de Stiles, à cacher mon secret quant à mes entraînements, à tenter de me faire passer le temps pour oublier tous les problèmes que j'avais rencontré depuis mon retour à Beacon Hills.
Je relevai les yeux. Ceux d'Isaac brillaient dans l'obscurité de ma chambre. Sur le moment, ses lèvres devinrent très attirantes. Je posai les yeux sur ces dernières et m'approchai doucement.
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Le loup ne bougea pas, attendant patiemment qu'elle se décide. Elle, la fille qu'il protégeait depuis maintenant quatre mois, la fille à qui il s'était attaché, celle qui le faisait sourire rien qu'en apparaissant dans son champ de vision, celle qu'il voyait s'entraîner d'arrache-pied et qui lui paraissait si courageuse.
Quand elle posa les lèvres sur les siennes, Isaac crut que ses yeux allaient changer de couleurs. L'émotion était tellement forte qu'il dut se contenir pour ne pas sortir les griffes. Pourtant, Alexia arriva à le détendre en passant une main derrière sa nuque. Isaac se décida alors à rendre le baiser et celui-ci devint plus intense. Les deux adolescents soufflaient bruyamment entre chaque baiser fougueux. Alexia se leva, entraînant le brun dans sa suite. Elle retira son t-shirt doucement et le jeta sur le sol. Isaac fit pareil avec le sien et colla le corps brûlant de l'adolescente contre le sien. Les mains d'Alexia atterrirent alors sur la boucle de la ceinture du frisé et son pantalon finit à sa pied, rapidement suivi par le jean de la brune.
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Je poussai alors Isaac sur mon lit et lui sautai dessus, l'embrassant à pleine bouche. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis longtemps. Cette adrénaline, cette chaleur, cette intensité, me faisaient oublier mes problèmes et je me demandais pourquoi je n'avais pas fait ça avant. Isaac m'avait toujours plu. C'était un beau garçon et, s'il n'y avait pas eu Stiles et s'il ne s'était pas transformé en antipathique tordu, je l'aurais sûrement apprécié depuis longtemps. Ces derniers mois nous avaient considérablement rapprochés et il m'était arrivé de m'imaginer lui tenir la main ou de caresser ses cheveux, mais un seul regard vers Stiles et je me détournais de cette pensée. Pourtant, Stiles ne m'accordait aucune importance, c'était à peine s'il me considérait comme une amie. Et le déclic de laisser tomber une bonne fois pour toute mon amour pour lui aurait dû apparaître depuis longtemps dans mon esprit.
Nous passâmes une bonne partie de la nuit l'un contre l'autre, mêlant nos chaleurs et nos émotions comme si demain allait être le dernier jour de notre vie. Finalement, je m'endormis dans les bras d'Isaac, enfin apaisée.
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Ecrit le 25 Octobre 2017 et corrigé le 21 Septembre 2019
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