"I'm a mess, I'm a loser"

Tout ça était beaucoup trop. Tout ça était sur le point de la faire revenir. Or, elle ne voulait pas revenir. Le venin du loup coulait dans ses veines, se mêlait à son sang d'être de l'eau et ensemble ils cohabitaient, ils s'apprivoisaient et faisaient d'elle un être exceptionnel. Toute cette puissance avait un prix et ses émotions était un prix convenable, un prix dont elle pouvait se passer. Elle avait accepté sa condition, accepté de changer de vie, de ville, de personnalité, de pouvoirs. Elle voulait changer. Pourquoi ne la laissaient-ils pas tranquille ?

Ce matin-là, Alexia n'avait même pas voulu ouvrir les yeux, elle voulait rester dormir pour toujours, ne jamais avoir à faire face à aucun autre visage. Le prochain qui passerait pour lui parler de son passé avec elle risquait de l'achever. La faim lui tiraillait les entrailles, elle avait soif et envie d'aller aux toilettes. Elle voulait prendre une bonne douche et se défouler sur quelqu'un, se reposer pour de bon, arrêter de souffrir de ces chaînes, de ces cordes et de ces plantes abominables. Elle voulait reprendre sa vie, quitte à promettre de ne plus tuer personne, de vivre de son côté sans jamais causer de tort, sans plus faire parler d'elle. Elle promettait... elle promettait.

Cette torture devait prendre fin, elle la rendait faible, elle la rendait pathétique, elle la rendait... humaine. Et elle ne voulait pas redevenir humaine, pas redevenir simplement Sirène, ressentir de nouveau la souffrance. La souffrance d'avoir perdu ses parents, de ne pas avoir l'homme qu'elle aimait, de devoir sans cesse rester dans l'ombre parce que son corps ne suivait pas, regarder ses amis briller et se contenter des entraînements avec Derek pour espérer faire mieux. 

Quand Peter entra avec le déjeuner, ses sens s'activèrent. Elle avait faim, plus que jamais. Elle aurait pu avaler un lapin vivant si elle le pouvait mais elle ne devait pas céder. Ils ne l'auraient pas à l'usure, elle voulait continuer de leur montrer qu'elle menait la danse depuis le début, qu'elle décidait de ce qu'elle voudrait et que même affaiblie, elle restait supérieure à eux. 

- C'est pas à moi que tu feras le coup de la sieste. Je sais que tu ne dors pas Alexia mais soit, si ça t'amuse.

L'ainé Hale posa le plateau sur le sol, il savait qu'il repasserait dans deux heures pour le trouver encore plein. Derek passa une heure plus tard pour lui annoncer qu'il s'absentait et la provoquer un peu en lui demandant de ne pas bouger de sa chaise. Alexia ne releva pas et continua de faire semblant de dormir. La position dans laquelle elle se tenait était très inconfortable et tous ses muscles semblaient engourdis mais elle ne voulait pas ouvrir les yeux, pas voir leur visage familier et risquer de ressentir quelque chose, n'importe quoi. Elle l'avait senti elle aussi, l'Entrave. Ça avait été comme une décharge électrique et depuis, l'Hybride avait constamment l'impression de se battre contre elle-même, de chercher à avoir l'ascendant sur son cœur. 

Sur les coups de seize heures, ou peut-être dix-sept - à vrai dire elle avait perdu la notion du temps - quelqu'un poussa lentement la porte et s'installa sur la chaise.

- C'est dommage que tu dormes.

Cette voix, ce timbre, cet écho.

- Je voulais te montrer quelque chose Alexia mais j'imagine que ce sera pour plus tard. 

Quand il disait son nom, c'était comme une bouffée d'oxygène, il roulait sur sa langue comme si c'était le plus beau nom du monde, comme si le souffler le rendait plus intense, plus spécial. 

- Stiles..., murmura Alexia.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait soufflé son nom et maintenant, elle s'en voulait.

Sans ouvrir les yeux, elle perçut le raclement de la chaise sur le sol, le souffle d'air à sa droite et le parfum de Stiles qui se déposa dans ses narines. Il sembla ouvrir un livre, du moins c'est ce que l'Hybride entendit, ce son familier de pages tournées. 

- J'ai récupéré ça chez Scott. Il m'a dit que ça pourrait me servir.

Alexia ouvrit un œil, puis deux. Ses épaules et son cou lui tiraient atrocement et ses jambes ressemblaient à de la guimauve. Elle redressa la tête et sentit ses cervicales craquer, son dos s'étirer. Ses cheveux retombèrent devant ses yeux mais Stiles lui dégagea la vue avec tendresse. 

Pendant de longues secondes, ils s'observèrent en silence, puis un léger sourire étira les lèvres du garçon et il reporta le regard sur sa trouvaille. C'était un album photo. Il y avait une échographie puis Melissa et Raphael, Scott dans leur bras. Stiles tourna la page pour laisser découvrir un petit garçon en train de jouer dans l'herbe. Sur la photo d'après, un petite fille l'avait rejoint et ils riaient tandis que leurs parents discutaient autour d'un barbecue. C'était leur voisin qui avait pris la photo, elle s'en souvenait. Il était prof dans une université et aidait souvent maman avec ses fleurs. Il avait la passion des plantes. Après avoir déménagé, maman avait arrêté de s'occuper du jardin. 

Photo suivante : leur entrée à la maternelle, leurs anniversaires, leurs parents, leurs mères dans les bras l'une de l'autre, leur stéthoscope autour du cou. Plus les années passaient, plus les photos de Scott et Alexia ensemble se faisaient rare puis arrivé à celles du collège, Alexia n'apparaissait plus mais Stiles oui. On les voyait tous les deux grandir sans elle, construire leur amitié, partager des moments de joie intense comme eux deux avant elle. Puis Alexia réapparut. D'abord avec Allison et Lydia puis avec Scott. Ils semblaient s'aimer tellement fort, on aurait dit un frère et une sœur que rien ne pouvait séparer. Stiles s'attarda sur l'une des dernières photos. Alexia l'embrassait sur la joue en lui tenant la main puis sur l'autre, ils s'offraient un baiser très épuré, à côté Scott riait aux éclats. 

L'album s'arrêtait sur une photo de leur meute au complet, prise juste avant l'arrivée de la meute d'Alphas. Malgré la tension entre Stiles et Alexia et entre Scott et Allison, ils semblaient tous heureux. Nous étions heureux. 

Alexia secoua la tête, voilà qu'elle se mettait à penser. 

Stiles referma délicatement l'album qui retraçait la vie de Scott McCall puis releva son regard noisette sur celle qui avait un jour fait battre son cœur. Revoir ces photos l'avait lui-même replongé dans une profonde nostalgie. Alexia lui manquait terriblement, plus que de raison. Il rêvait de la prendre dans ses bras, d'entendre son rire, de la voir se dresser contre un ennemi et se battre comme la reine qu'elle pourrait un jour devenir, pleurer, sourire, lui expliquer pour la énième fois la leçon d'économie, se mettre en colère contre ceux qui osaient se moquer d'un de ses amis, taquiner Derek, lever les yeux au ciel quand Lydia critiquait un style vestimentaire ou encore manger comme une goinfre, juste pour montrer à quel point elle pouvait rester naturelle en toutes circonstances. 

Stiles était tombé amoureux de toutes ses qualités, de tous ses défauts, de toutes ses névroses, de tous ses TOC, de ses insécurités et de ses fiertés. Il avait souffert de la quitter, souffert de la voir se mettre avec un autre, de la voir tourner la page, de la voir heureuse sans lui. Mais il donnerait tout pour la revoir de nouveau, la Alexia Miller qui flottait dans ses pensées avant qu'il ne s'endorme et quand il se réveillait. 

Alexia ouvrit la bouche mais rien ne vint. Le visage de Stiles se rapprocha du sien jusqu'à ce qu'elle sente son souffle sur le sien. Elle ferma les yeux et une vague glacée la saisit toute entière. Quand elle rouvrit les yeux, Stiles la scrutait avec un air inquiet. Après plusieurs minutes à ne rien dire, elle observa son environnement, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Stiles reçut un coup de fil puis se leva d'un bond. Il s'approcha de la sortie, mais se retourna une dernière fois.

- Excuse-moi, Lexi, je repasse plus tard.

Stiles disparut. Il avait laissé l'album photo sur la chaise. Alexia lui jeta un coup d'œil et une nouvelle vague glacée la gela sur place. Ses poumons se bloquèrent dans sa poitrine, son cœur se congela et elle se tendit de tous ses muscles. L'air ne passait plus, elle se sentit suffoquer, son esprit s'embrouiller, le sang se bloquer dans les veines. Elle était en train de mourir, elle le sentait. Elle vomit sur le sol et observa longuement la tache noirâtre qui se répandait sur le parquet, se mélanger à la poudre. Son estomac se souleva de nouveau et elle rendit une nouvelle fois un épais liquide de couleur charbon. Sa respiration se bloqua de nouveau et sa tête tourna. Elle ferma les yeux et se laissa lourdement retomber sur sa chaise. 

Une seule larme coula sur la joue d'Alexia alors qu'elle rendait son dernier souffle.

"Everything gonna be alright"

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Wawwww, quel beau chapitre ! Les pensées de Stiles sont trop mignonnes, j'ai été ravie de les écrire et je dois dire que j'ai pas mal écrit sur ce coup ! 

Alexia est morte ? Comment c'est possible ? 

Décidemment, j'adore mettre des gifs dans les segments, ça retranscrit super bien l'ambiance et les émotions des personnages ! Ce tome promet d'être génial, j'ai adoré l'écrire et j'espère qu'il vous plaira ! ^^

Ecrit le 2 Février 2019, corrigé le 13 Avril 2019 et publié le 20 Avril 2019