7. Arthur ❆
"Looking in your eyes, I see a paradise"
J'ouvris les yeux en grognant. Mon dos s'était remis durant la nuit, mais j'avais toujours cette vilaine coupure dans le cou. Postée devant mon miroir, du maquillage dans la main, je repensai à la veille au soir. Les retrouvailles avec Derek avaient été chaleureuses, mais de courte durée. Son caveau familial avait été dépouillé de 117 millions de dollars par un total inconnu. Dorénavant, Peter et lui, aidés de Braeden, devaient remettre la main sur leur argent, c'était leur priorité absolue ; ainsi que de découvrir ce que le malfrat comptait en faire. Beacon Hills promettait de connaître une autre période sombre. Mes doutes furent confirmés quand, lors du petit-déjeuner, Melissa nous annonça, à Scott et moi, qu'un tueur à la hache avait frappé dans notre petite ville. Un adolescent était hospitalisé et avait perdu toute sa famille. Pourtant, ni Scott ni moi-même n'avions envie de prendre part à tout ça. Il fallait que nous tentions de lâcher l'affaire pour une fois, et de laisser le Shérif et ses équipes retrouver cet assassin. Tant que ça ne relevait pas du surnaturel, on pouvait se permettre de fermer les yeux et de vivre notre vie.
Après le cours de Français, je rejoignis mon casier, où j'y trouvai mes deux bâtons de glace, savamment cachés derrière une vieille veste. Je les emmenai toujours par précaution, préférant les savoir tout près en cas de problème.
- Salut.
Je refermai la porte d'un coup sec et découvris Arthur, un sourire resplendissant scotché sur les lèvres. Sans que je ne pusse l'en empêcher, le mien étira à son tour mes lèvres.
- Salut, répondis-je.
- T'as cours ?
Je secouai la tête, étonnée par sa question. Arthur se dégagea des casiers et commença à emboîter le pas d'autres élèves dans le couloir. Naturellement, je marchai à ses côtés, attirée vers lui par une force magnétique que je ne comprenais pas encore. Mon empathie s'affolait quand il se retrouvait dans les parages. Je ressentais son aura bienfaisante, son sourire illimité, sa bonne humeur. De plus, un feeling étrange passait entre nous, comme si nous étions destinés à nous rencontrer.
- J'ai une heure de libre, on pourrait la passer ensemble. Faire connaissance.
Son audace me plut. Je souris de nouveau malgré moi et acceptai sa proposition.
- Je ne connais pas encore très bien la ville et encore moins le lycée, avoua-t-il en se plantant devant un escalier.
- Ne t'inquiète pas, je vais te montrer un endroit.
Je lui fis signe de me suivre et passai les portes du lycée. Après avoir traversé le parking, je nous fis passer sous l'arche et me dirigeai vers les gradins du terrain de sport. Un peu plus loin, juste sous l'un d'entre eux, se trouvait mon endroit culte.
- Je viens souvent ici quand je veux être seule, ou que je veux discuter.
- Et tu as déjà amené beaucoup de garçons ici ?
Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, pourtant je fronçai les sourcils. Il n'avait visiblement aucune gêne. Arthur sembla remarquer qu'il avait dépassé les limites, puisqu'il baissa les yeux en s'excusant.
- Je manque parfois de tact.
- Je vois ça, dis-je, cependant avec le sourire.
Je m'installai sur une barre en fer, très confortable malgré son étroite taille, et Arthur fit de même. Au début, nous restâmes dans le silence le plus complet. C'était étrange de rester là, à rien dire, profitant du silence et surtout du calme. Pas de pouvoirs, pas de loups, pas de problèmes surnaturels. Il n'y avait qu'avec Danny que je ressentais ça. Or, avec Arthur c'était encore quelque chose de différent. Une drôle d'atmosphère planait au-dessus de nous, il semblait y avoir un fil tendu à l'extrême entre nos deux corps, manquant de se rompre à tout moment. Arthur me jetait des regards appuyés, des sourires amicaux. Il était toujours dans mon champ de vision, quoi que je fisse, comme si mes yeux ne pouvaient se détourner de son visage beau comme les anges. Finalement, il brisa le silence et je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration depuis plusieurs secondes.
- Tu habites ici depuis toujours ?
- Je suis née ici, puis à mes treize ans j'ai déménagé en France, avant de revenir ici il y a plus d'un an.
- Ça a dû faire bizarre de retrouver tes amis après tant d'années, ton quartier, ta maison.
- Oui, au début. Après, ça a été comme si je ne les avais jamais quittés.
- Je te vois souvent traîner avec ces deux garçons... Scott et l'autre avec le nom bizarre...
- Stiles, dis-je en riant. Oui, c'est aussi accessoirement mon ex.
Je ne savais pas pourquoi j'avais lâché ça. Ça s'était fait naturellement, sans gêne. Après tout, ça faisait déjà presque neuf mois que nous n'étions plus ensemble. Le temps passait vite.
- Vraiment ? Et tu arrives à rester son amie ?
J'haussai les épaules. Notre relation, à Stiles et moi, était bien plus compliquée que ça. Je ne savais pas si nous étions amis, ennemis, si nous étions ex ou autre chose encore. Tout nous reliait : nos amis, nos problèmes, nos âmes. Je ne pouvais définitivement pas le sortir de ma vie. Je me contentai d'une réponse simple pour le garçon que je ne connaissais que depuis quelques jours.
- On a le même cercle d'amis et... de l'eau a coulé sous les ponts.
Arthur se contenta d'acquiescer, même si je sentais qu'il voulait en savoir plus. A vrai dire, j'avais l'impression qu'il voulait tout savoir, me percer à jour, connaître mes moindres secrets. Ça aurait dû m'effrayer, mais pour une fois, j'avais le contrôle. Je pouvais décider de celle que je voulais être avec Arthur. Je partais de rien, il ne connaissait pas une seule partie de ma vie. Je pouvais être qui je voulais.
- Parle-moi plutôt de toi, dis-je. D'où tu viens et comment as-tu atterri à Beacon Hills ?
- Je viens du Texas. Mes parents et moi avions besoin de quitter toute l'agitation de la grande ville. Mon père a trouvé un boulot en Californie et Beacon Hills nous a paru une ville idéale pour ce que nous recherchions. C'est calme et paisible.
J'émis un ricanement discret. Mis à part les Alphas, les Nogtisunes, les Kanimas et toutes ces autres bestioles, certes Beacon Hills était une ville paisible.
- J'habite à la sortie de la ville, c'est un peu isolé mais ça nous convient bien.
J'hochai la tête puis expliquai brièvement à Arthur où j'habitais. J'omis de dire que je vivais chez Scott et sa mère, que mes parents étaient morts et tout le tragique de ma vie. Le reste de la discussion fut légère. Arthur me raconta comment était le Texas et je lui racontai des anecdotes sur Nice. Pas une seule fois nous parlâmes de nos familles respectives ou de nos amis. Seulement de nous, de notre nous profond. Comme moi, il aimait les livres, les séries qui ne prenaient pas la tête et les films d'espions. De plus, il était complètement fou de poisson cru et donc, de sushis. Ce qui me valu des yeux ronds et une envie folle de le prendre dans mes bras.
- Je te jure ! s'exclama-t-il en riant.
- Personne n'aime les sushis mis à part moi !
Encore une fois, j'omis de dire que la raison première était que j'étais à moitié poisson, mais tout ça était bien secondaire. Arthur éclata de rire en déclamant son amour pour les sushis et nous repartîmes sur une longue discussion, commentant chaque algue, grain de riz et autre ingrédient qui composait cette nourriture délicieuse. La sonnerie retentit alors et j'essuyai mes yeux perlés de larmes de rire. Arthur jeta un regard vers le lycée, un peu déçu. Il m'adressa un nouveau sourire - le centième depuis que nous étions ensemble - puis soupira.
- C'est passé trop vite, avoua-t-il. Dommage que le devoir nous appelle.
- On remettra ça, promis-je.
- J'espère bien.
Nous nous séparâmes dans le couloir après un dernier salut et je rejoignis le cours avec le sourire aux lèvres. J'avais passé un agréable moment en compagnie d'Arthur, et je devais dire que ça faisait du bien de ne parler de rien d'autre que de soi pendant une heure. J'avais mérité cette pause. Et je commençais à me dire que j'avais bien envie de m'en octroyer de plus en plus, histoire de souffler et de ne pas paniquer à chaque nouvelle attaque surnaturelle. Si je voulais être au maximum de mes performances, je devais prendre du temps pour moi. Arthur me semblait être une parfaite distraction.
- C'est qui le beau brun ?
Je me tournai vers Lydia. Je ne m'étais même pas rendue compte que je mordillais mon crayon alors que le prof venait de faire son entrée. Je repensais à notre conversation, à nos rires et à nos sourires entendus. Je ne m'étais pas sentie aussi bien avec une nouvelle personne depuis longtemps.
- Il s'appelle Arthur, chuchotai-je en tournant les pages de mon cahier.
- J'ai seulement droit à ça ? Raconte !
Lydia semblait toute excitée à l'idée que je parlasse avec un autre garçon que Scott, Stiles ou Danny. Depuis Isaac, je n'avais pas eu de relation à cause de mes sentiments pour Stiles et pour la première fois, je laissais tomber la barrière. Je comprenais son sourire.
- Il vient d'arriver en ville avec ses parents. Il vient du Texas et la première fois que je l'ai vu, je faisais mon footing. Il est très gentil et il est humain, surtout.
Lydia sourit de nouveau et posa une main sur mon avant-bras. Son regard devint plus sérieux.
- Continue comme ça, Lexi. Laisse-le entrer. On s'en fout que tu sois une Sirène et qu'il ne soit au courant de rien. Tout ce qui importe c'est que tu sois heureuse. Tu le mérites, sûrement plus que n'importe lequel d'entre nous. Ça fait trop longtemps que tu souffres.
J'acquiesçai lentement et posai à mon tour, ma main sur la sienne pour la presser tendrement. Je me souvenais d'une après-midi qu'Allison, Lydia et moi avions passé entre filles. Beacon Hills sombrait dans le chaos, mais nous avions décidé de nous changer les idées. Lors d'une conversation, dans laquelle le nom de Stiles était de nouveau sorti, Allison et Lydia m'avaient fait promettre de tout faire pour l'oublier et de ne pas me fermer si un garçon venait à me plaire ou m'aborder. Je méritais le bonheur, avaient-elles dit. Me voir heureuse les rendait heureuses. C'était l'une des plus belles phrases qu'on m'avait dite. Pendant que je les serrais dans mes bras, je m'étais fait la réflexion que c'était totalement réciproque. Voir le sourire de Lydia, alors que tout allait mal et entendre le rire cristallin d'Allison quand l'un de nous sortait une blague était l'une des choses qui me rendait le plus heureuse.
Mon cœur se comprima au souvenir de notre meilleure amie. Elle me manquait si fort. Sans Lydia, ou Scott, j'aurais totalement sombré, mais avec leur soutien, j'arrivais à ne garder que les bons souvenirs d'Allison Argent. Maintenant, Lydia et moi étions seules contre le monde (si on ne comptait pas Scott et Stiles). Notre quatuor était ce qui me tenait le plus à cœur et je promettais devant toutes les divinités, à chaque combat qui m'attendait, de les protéger au péril de ma vie. Sans eux, je n'aurais rien surmonté : la mort de mes parents, être la nouvelle au lycée, retrouver mes pouvoirs, les morts du Kanima et du Nogitsune, Viktor, Ambre, ma transformation en Hybride, la culpabilité, les cauchemars, les insomnies.
Sans eux, je serais peut-être déjà morte.
"Nothing gonna stop us now"
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Fin un peu morose, qui montre bien les sentiments de Lexi envers ses amis. Promis, je ne vais pas faire de mental break down à tous les chapitres. Vous savez à quel point Stiles, Scott et Lydia aiment Alexia et à quel point elle les aime, pas besoin de développer toutes les cinq minutes. Pourtant, je trouve ça important de faire un point de temps en temps, vous n'êtes pas d'accord ?
Pour ce qui est d'Arthur, que pensez-vous de ce beau brun ? Vous attendez quoi de sa relation avec notre chère Sirène ? ^^
Ecrit le 27 Septembre 2019, le 28 Septembre 2019 et le 30 Septembre 2019, corrigé le 27 Mars 2020 et publié le 29 Avril 2020
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