"Can you hear them screaming out your name ?"

Stiles ressortit le plan qu'il avait de leur caveau et je me fis la réflexion que cela aurait été plus rapide de passer un coup de fil à Derek ; or, personne n'avait son téléphone portable. Je pensais alors à Arthur, que j'avais promis de rejoindre. Les circonstances faisaient que je devais une nouvelle fois prendre mes distances, et non pas le rejoindre, au risque de lui dévoiler ma nature et de le blesser. 

M. Yukimura prit la directive des opérations et étudia méthodiquement le plan avec l'aide de Stiles, plus doué que nous tous réunit pour ce genre d'entreprise. 

- Ok, c'est là que se trouve le panneau du lycée, donc la chambre forte doit se trouver par là. 

- Je suppose qu'il y a une deuxième entrée. Elle doit sûrement être accessible du rez-de-chaussée. 

- Elle est probablement quelque part dans ce hall. Le couloir ouest.

Stiles eut un vertige à son tour et trébucha. J'eus un mouvement et remarquai alors que mes doigts commençaient à devenir bleus et que de l'eau s'écoulait de mes pores. J'étais en train de me déshydrater et mes pouvoirs faisaient des leurs. Je n'imaginais même pas ce que je pouvais faire si j'en perdais le contrôle un peu plus à chaque minute. De plus, ils étaient bridés depuis des semaines et étaient donc semblables à des lions en cage avec la seule envie de tout détruire et exploser sur leur passage. Dans les pupilles de Kira, qui me fixait d'un air inquiet, je remarquai que mes yeux avaient perdu leur couleur chocolat et qu'ils alternaient maintenant entre le violet, le vert et le orange, de manière frénétique. 

- C'est en train de t'arriver à toi aussi, dit M. Yukimura. Ça y est, tu es malade : vous l'êtes tous. 

- Je me sens pas malade, fit remarquer Kira. 

Tandis que son père lui expliquait que cela se manifestait neurologiquement chez elle, de part sa copie étrange lors du test, je montrai mes mains à Scott.

- Tu les sens ? demandai-je.

Il acquiesça, peiné. Il me montra ses propres doigts, bleutés également et qui contrastaient avec sa peau bouillante.

- On doit couper le lien, on ne supportera pas nos symptômes et ceux de l'autre.

- Comment on contrôle l'Entrave si on ne se contrôle pas nous-mêmes.

Je soupirai. Il avait, évidemment, raison. C'était impossible. La seule chose que nous pouvions faire, c'était d'essayer de ne pas penser à l'autre et de bloquer le lien dès que possible.

Nous descendîmes dans le caveau des Hale à partir des sous-sols du lycée. Arrivés devant la porte, je me rendis compte que j'avais laissé une traînée de glace sous mes pas et la température ambiante se mettait à chuter.

- Vous êtes sûrs que vous voulez que je m'enferme avec vous ? demandai-je. Je vais tout geler autour de moi, vous allez mourir de froid avant de mourir de ce putain de virus. 

- On ne te laisse pas seule Lexi, dit Scott d'un ton autoritaire qui n'appelait pas à l'argumentaire. 

Même si je sentais le virus se répandre en moi comme une traînée de poudre et toucher chacun de mes organes, j'avais plus peur de blesser mes amis que ma santé se dégradât. Malgré un contrôle constant de ma part, je savais de quoi pouvaient être capable mes pouvoirs et je connaissais leur imprévisibilité. Rien ne me certifiait que je n'allais pas inonder cette pièce ou qu'une nouvelle compétence n'allait pas se débloquer en moi. D'extérieur, je paraissais plutôt en forme, malgré mes mains très blanches, mes lèvres transparentes et l'eau qui s'écoulait de mes pores. Je me sentais très fatiguée, mais les spasmes et les vertiges avaient cessé et seule la déshydratation me posait réellement problème. Je pouvais tenir bien plus longtemps que mes camarades garous qui avaient une tête à faire peur. 

Nous cherchâmes un moment la porte du caveau et ce fut Stiles qui repéra le symbole de la famille Hale. Avec Scott, ils repoussèrent les étagères qui bouchaient le passage et une porte en béton armé, ornée d'un gigantesque triskèle, nous fit face. 

- Regardez les fissures dans le mur, ce sont les mêmes que sur la porte de l'entrée. Ça s'ouvre avec des griffes, les griffes de n'importe qui, n'est-ce pas ?

Une drôle de sensation me parcourut. Mon empathie, maintenant à son apogée, m'envoyaient les milliers de signaux que produisaient mes amis et ceux de Stiles étaient clairs : il mentait. Quant à Scott, il était son complice. Je tentais de savoir ce qu'ils cachaient, puis compris soudain que seules les griffes d'un Hale pouvaient ouvrir ce caveau. Je m'apprêtais à en faire la remarque, mais Scott me coupa :

- Malia, tu peux essayer ?

- Pourquoi moi ?

Je fronçai les sourcils et croisai le regard très embarrassé de Kira. Elle était au courant. Pourtant, j'avais beau me creuser la tête, je ne faisais pas le lien logique. 

- J'arrive plus à les faire sortir, prétexta Scott en montrant ses mains immaculées. 

- D'accord, je vais le faire... mais d'abord je veux que tu me dises ce que tu me caches.

La panique s'empara des deux garçons et mes soupçons s'éveillèrent. Manifestement, ils cachaient quelque chose à Malia... et je n'étais pas encore au courant. 

- Comment ça ?

- Je sais que vous voulez me protéger, mais c'est bon je suis une grande fille. Allez... 

- Crachez le morceau, m'agaçai-je.

Scott me lança un regard, il ne voulait pas que j'en rajoutasse. Or, je sentais que cette histoire les affectait beaucoup et je voulais savoir, tout autant que la principale concernée, ce que toute cette mascarade signifiait. 

- Je sais que je suis sur la liste.

Un immense soulagement frappa tout le monde de plein fouet. Pourtant, malgré leurs réponses évasives, je savais que Scott et Stiles profitaient de cette supposition pour cacher la réelle raison de tout cela. 

- Oui c'est vrai. Juste en-dessous de Lexi, annonça Stiles.

- Alors combien ?

- Combien quoi ?

- Combien je vaux.

- Quatre millions.

S'ensuivit un silence embarrassant, durant lequel Malia encaissa le coup. 

- T'es sûre que ça va ?

- Ouais. Scott en vaut vingt-cinq, Alexia vingt-deux et Kira six ; ils vont vous tuer bien avant moi.

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. Elle avait de la répartie, il fallait l'avouer. Malia plongea donc ses griffes dans la serrure et la tourna jusqu'à ce qu'elle s'enclenchât et que la porte s'ouvrât. Et cela me fit tilt. C'était un caveau familial et les Hale n'aurait jamais laissé n'importe quel loup entrer à l'intérieur, ce qui voulait dire que seuls les membres de leur famille avaient la possibilité d'entrer. Je posai une main sur ma bouche et Scott le remarqua. Il baissa les yeux, conscient que j'avais compris : Malia était une Hale. Seulement, Derek n'avait pas eu de fille, c'était pratiquement sûr ; seul Peter était susceptible d'avoir enfanté sans que personne ne sût... 

J'entrai dans le caveau, le cœur battant. Non pas que cela me pose problème que Malia ait Peter comme père, elle n'était pas au courant elle-même. Seulement, malgré l'animosité qui existait entre nous, elle restait un membre de ma meute et la petite amie de Stiles. Je n'imaginais pas sa réaction quand elle apprendrait que son père biologique n'était pas celui qui l'avait élevée, mais bien un tueur en série psychopathe. 

La porte se referma sur nous et nous restâmes quelques secondes à contempler la salle qui allait être notre antre le temps de quelques heures. Nous ne savions pas encore si le virus allait disparaître, si nous allions guérir ou s'il nous fallait un antidote. Je préférais ne pas y penser tout de suite et plutôt me concentrer sur mes pouvoirs qui s'écoulaient de mes doigts. Je m'assis contre une caisse et Scott s'installa en face de moi. Il prit ma main dans la sienne et la serra jusqu'à ce qu'elle soit totalement trempée.

- Tu ne devrais pas rester auprès de moi, le prévins-je. Je commence à tout faire geler.

En effet, le sol sur lequel j'étais commençait à blanchir et une plaque de verglas s'étendit autour de moi jusqu'aux chaussures de Scott.

- Je reste avec toi. Est-ce que tu as mal ?

- Ça va mieux, exprimai-je. Mes cellules se mettent à geler, alors je ne ressens plus grand chose.

- Ça va s'arranger Lexi. Je ne te perdrai pas une nouvelle fois.

Je souris tendrement. Kira explorait le caveau, étant plus en forme que nous, tandis que Malia était étendue dans les bras de Stiles. J'enviais leur relation. Certes, Scott était là pour moi, d'ailleurs il s'était installé contre la caisse et avait entouré mes épaules de son bras pour que je pusse reposer ma tête sur lui, cependant c'était mon frère. J'avais envie que quelqu'un m'aimât, qu'il me séduisît, que sa chaleur m'apaisât dans le moindre de mes tourments. Et celui qui apparaissait dans mon esprit à chaque fois que j'émettais ce souhait, c'était Arthur. Je ne voulais pas plus l'impliquer dans ma vie, mais j'avais désespérément envie de lui à mes côtés. Le baiser de l'autre soir avait laissé sa trace sur mes lèvres et je rêvais de le sentir me serrer dans ses bras et m'embrasser une nouvelle fois.

Une douleur lancinante se réveilla alors au creux de mon estomac et j'eus un haut-le-cœur. Le virus faisait encore des siennes et s'attaquait à la moindre de mes cellules. Je sentais mes organes geler pour se protéger, mes pouvoirs se rebeller pour exploser et mon sang battre dans mes veines. La seconde vague de douleur fut si intense que je me contractais de tout mon être et me redressais. Scott enleva précipitamment son bras et me demanda ce qui se passait. Malia, Kira et Stiles se tournèrent vers moi, inquiet de la façon dont tout cela tournait. J'inspirai et expirai bruyamment en essayant de savoir ce qu'il se passait. Quelques minutes passèrent et je la sentis brûler mes entrailles. La douleur fut si horrible, que je ne pus m'empêcher de pousser un cri. Celui-ci fit vibrer les murs, tout le monde se boucha les oreilles et je sentis la magie m'envelopper toute entière. Quand je rouvris les yeux, elle avait disparut aussi vite qu'elle était apparut, semblant avoir attendu de sortir pour me laisser en paix. Scott était vaseux. Son regard hagard se posa sur moi, puis il cligna frénétiquement des paupières et sembla reprendre contenance. Kira était agenouillée au sol et Stiles, comme suspendu dans le vide. 

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda la Kitsune en se relevant.

- C'est Alexia qui a fait ça, affirma Malia. 

- Je suis désolée. Je n'ai pas pu le contrôler.

J'avais toujours eu du mal avec la partie qui nécessitait mes cordes vocales. Toute bonne Sirène avait le privilège de chanter comme une déesse, ce qui avait le don de rendre ceux qui l'entendaient complètement gaga, mais également de pousser un cri qui avait le mérite de désorienter celui à qui il était destiné. Je n'avais plus crié depuis un moment, malgré de nombreux entraînements. Seulement, le virus donnait l'avantage à mes pouvoirs de s'exprimer. Je regrettais de ne pas encore savoir chanter - du moins pas dans le but de manipuler mes auditeurs - et j'imaginais très clairement que mes camarades le regrettaient également.

Scott vérifia de nouveau mon état puis se réinstalla comme précédemment, cette fois en vérifiant de temps à autre si je n'avais pas mal. Or, la douleur était partie, s'étant expiée de mon corps et résonnant encore dans les murs. 

- Vous savez que c'est ici que tout avait commencé ? demanda alors Stiles. C'est le coffre où se trouvait l'argent.

Scott, Kira et moi tournâmes le regard vers le-dit coffre et je reposai ma tête sur l'épaule du loup, commençant soudain à avoir un peu froid. Sa fièvre augmentait la température de son corps et contrastait superbement avec la mienne, de plus en plus glaciale. Mes yeux ne cessaient de clignoter, passant par plusieurs palettes de couleur. 

- Cent dix-sept millions en bons au porteur. 

- Comment on fait pour changer des bons au porteur en argent liquide ?

- A la banque j'imagine. Ils les ont laissé pourrir ici. Vous savez que l'utilisation des bons au porteur n'existe quasiment plus ?

- Et alors, quelle importance ?

- T'as une idée du nombre de problèmes que cet argent résoudrait ?

- Pour toi.

- Pour moi et pour mon père. Il est ruiné à cause d'Eichen House et des IRM.

- Ma mère elle fait ce truc : chaque fois elle note chacune de nos dépenses dans une colonne et combien elles nous coûtent. Ensuite, elle les additionne et calcule combien il nous reste avant... avant qu'on perde la maison.

Je relevai la tête et ouvris difficilement les yeux, cherchant Scott du regard. 

- Tu ne me l'avais jamais dit.

- Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour nos dépenses. Encore moins maman.

- Mais je suis un coût en plus. Vous ne devriez rien me payer.

- Maman t'a adoptée Lexi, tu es sous sa tutelle et tu fais partie de notre famille. Bien sûr qu'on doit subvenir à tes besoins.

- Non, j'ai assez d'argent pour me débrouiller toute seule. Je peux même vous dépanner, dépanner Stiles !

- Garde ton argent, Lexi. Tu en as autant besoin que nous, assura Stiles.

Je m'apprêtai à répondre quand des voix s'élevèrent de l'extérieur. Scott et Stiles se levèrent et le loup posa son oreille contre le béton.

- Ils sont en train de nous chercher. Il faut que l'un d'entre nous retourne là-haut. 

Voyant que Malia, réveillée, avait des problèmes de respiration, je décidai de me redresser à mon tour. Mes articulations craquèrent et mes muscles eurent du mal à reprendre leur rôle, mais je me dirigeai vers elle pour poser ma main gelée sur son front. Elle m'adressa un sourire amical ; c'était la première fois qu'elle me souriait de manière sincère. 

- Je vais remonter, assurai-je en jetant un regard aux garçons.

- Tu dois te reposer Lexi.

- J'ai surtout besoin de m'hydrater pour reprendre des forces. Et je dois trouver Derek ou n'importe qui qui pourrait me donner des infos sur ce virus. On doit trouver un moyen de nous soigner. Personne ne mourra ici. 

Scott hésita un instant. Il savait que l'un de nous devait remonter pour rassurer les autorités, tandis que je devais me réhydrater pour espérer tenir quelques heures de plus. Pour finir, je devais récupérer un téléphone et appeler des renforts. Deaton, Derek, n'importe qui qui pourrait m'aider à y voir plus clair et à aider les autres.

- Je vais l'accompagner, affirma Stiles.

Je secouai la tête puis me reconcentrai sur Malia pour calmer sa fièvre. Si on continuait ainsi, on allait tous mourir un par un. 

"Legends never dies"

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Salut tout le monde ! Ah ce que ça me manque d'écrire cette fanfiction ! (et oui elle est terminée et au chaud dans mes brouillons depuis plusieurs semaines déjà). Heureusement que vos commentaires sont là pour me remonter le moral ! Bonne rentrée à tous ! Moi j'ai le temps jusqu'au 28 septembre, ça me permettra d'écrire à fond et de profiter encore un peu de mon repos et de mes amis ^^ A vos claviers !

Ecrit le 29 février 2020, 1 mars 2020, le 2 mars 2020, corrigé le 16 Juin 2020 et publié le 2 Septembre 2020.