"He's gonna hurt the ones he loves"

Je fermai la porte de mon casier et soupirai en ne découvrant personne à mes côtés. Je m'étais habituée à la présence d'Arthur chaque matin, me racontant ses parties de jeux vidéos infernales et le roman qu'il avait finit la veille. J'avais dorénavant un grand vide dans le cœur et il me faisait souffrir. Je relevai les yeux et le découvris m'observer au détour d'un couloir. Je fis un pas en avant, mais il disparut aussi vite. Mon cœur se serra et je me rendis en cours, pourtant je ne pus pas me concentrer. A la sortie, Arthur m'attendait près de mon casier et je me sentis tremblante. Qu'allait-il me dire ? Me balancer des horreurs ou essayer de se rattraper ?

Il m'accueillit avec un maigre sourire et je me sentis un peu plus confiante. 

- Je suis désolé/e ! nous écriâmes-nous en même temps.

S'ensuivit un gloussement gêné. Je posai une main sur le bras d'Arthur, chose que je n'avais encore jamais faite de façon aussi tendre, puis baissai les yeux sur mes pieds.

- Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé vendredi soir. Je ne te cache rien, seulement j'ai perdu mes parents et mes amis sont la seule chose qui compte pour moi, dorénavant. Ils sont comme ma famille. Et quelle famille n'a pas de cadavres dans son placard ? 

Je conclus avec un nouveau rire nerveux et relevai des yeux brillants sur Arthur. Il posa la tête contre un casier et je le trouvai réellement adorable à ce moment précis. 

- C'est moi qui ai été con. Tu as eu une vie avant mon arrivée, et on ne se connait pas assez pour que tu te livres pleinement. Je comprends que tu aies besoin de temps. Sache que je serai toujours là, qu'importe ce que tu diras. 

Je soupirai de soulagement et souris à Arthur qui sembla hésiter un instant. Finalement, plus impulsive que lui, je me jetai à son cou, beaucoup trop contente de le retrouver. Je ne m'étais jamais disputée avec l'un de mes amis, malgré quelques désaccords. Arthur n'était pas un membre de la meute, il ne faisait pas partie de ma famille, mais je savais qu'il comptait énormément pour moi et je ne voulais pas le perdre aussi rapidement. Il me permettait de me sentir normale et son humour et son sourire égayaient mes journées. Nous nous séparâmes après une longue étreinte et ne pûmes nous empêcher de rire nerveusement. 

- Allons en cours, dit-il simplement.

Je le suivis, toute guillerette. Cependant, je ne devais pas perdre mon objectif et mes préoccupations de vue : je venais de "récupérer" Arthur, mais des assassins se baladaient toujours dans le lycée. Durant le reste de la matinée, je m'employais à ressentir chaque émotion. Je passais chaque élève au scan sentimental en espérant trouver lequel était un meurtrier assoiffé d'argent. Or, mes pouvoirs étaient beaucoup amoindris par la pilule que j'avais pris ce matin et je n'avais pas la portée que je voulais avoir. Je dus en bousculer plus d'un pour m'assurer de sa sanité d'esprit, si bien qu'Arthur se moqua de moi en affirmant que je n'avais pas décuvé de la pauvre bière que j'avais avalée à la soirée de Lydia. 

Au déjeuner, Stiles et Scott se penchèrent vers moi pour m'annoncer qu'ils avaient trouvé ce qu'était l'arme du crime.

- C'est une crosse, lâcha Stiles.

- Une crosse ?

- Elle doit avoir été améliorée, expliqua Scott avec de grands gestes. 

- C'est donc un membre de l'équipe.

- On a hésité à faire annuler le match, mais Kira pense que ce sera plus simple pour le débusquer s'il est maintenu.

J'hésitai un instant puis m'affalai sur le dossier. J'inspectai la cantine à la recherche d'un quelconque indice, mais rien ne me vint.

- Très bien, dis-je enfin. Je ne prendrai pas ma pilule de l'après-midi et je collerai aux basques de chacun des joueurs pour essayer de trouver *cet enfoiré.

Stiles sourit, content de mon initiative, mais je savais aussi qu'il adorait lorsque je jurai en français. Nous finîmes notre repas calmement, essayant de penser à autre chose que le fait que l'un de nos camarades voulait notre mort, puis je rejoignis mon casier pour récupérer mon flacon de pilules que je fourrai au fond de mon sac. Il ne me servirait pas pour le reste de la journée. En quelques heures, je ressentis les effets de cet oubli : mes pouvoirs fourmillèrent dans mes veines et mon empathie se décupla. J'occupais mon heure de libre à traquer les membres de l'équipe de crosse, me valant plusieurs regards noirs. Tandis que je tournai dans un couloir pour suivre le numéro dix-sept, j'aperçus une silhouette plus que familière. Un grand sourire étira mes lèvres et je trottinai jusqu'à Derek pour le prendre dans mes bras. Ça me faisait toujours beaucoup de bien de le voir et de passer du temps avec lui. Je n'oubliais pas qu'il m'avait appris tout ce que je savais et que je le considérais comme un grand frère. 

- Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?

- Rendre visite au bêta de Scott.

- Complètement fou n'est-ce pas ? Je sens qu'il est tétanisé par cette nouvelle, mais il l'air de bien s'en sortir pour le moment.

- Scott est le meilleur Alpha que Liam pouvait avoir, il va assurer. Et toi aussi.

- Moi aussi ?

- Tu es l'Entrave de Scott, tu es aussi importante que lui pour la meute.

J'haussai les épaules, peu convaincue par ses propos. Scott était un Vrai Alpha, tandis que j'étais une Sirène qui faisait tout pour cacher ses pouvoirs. J'acceptai cependant le compliment et lui adressai un nouveau sourire.

- J'ai envie de reprendre les entraînements avec toi. Tu penses que ça serait possible ?

Derek ricana puis pointa mon bras en écharpe du doigt.

- Je crois que tu en as bien besoin.

Je lui donnai un violent coup de poing dans le bras de ma main valide, pourtant il avait raison. 

- Je sais que tu as d'autres soucis en tête, mais depuis que Kate t'a fait redevenir jeune, on ne se voit plus.

Je pris une moue attristée qui amusa Derek. J'était contente d'être la seule à pouvoir percer sa carapace. 

- Quand ton bras sera rétabli, appelle-moi, on se calera une séance. Je veux voir ce que tu vaux sans pouvoirs. 

Je poussai un cri de victoire avant de serrer une nouvelle fois Derek contre moi. Il prit congé et me salua une dernière fois avant de reprendre son chemin. Avant de tourner dans les escaliers, je lançai, un peu ironiquement :

- Passe le bonjour à Peter de ma part. 

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Je parcourais les couloirs au pas de course. J'avais assisté de loin à l'affrontement entre les élèves de l'ancienne école de Liam et lui-même. J'avais ressenti sa colère à l'autre bout de préau, malgré la pilule que j'avais prise ce matin. Scott et Stiles s'étaient ensuite occupés de taire toute cette testostérone et avait emmené Liam dans l'enceinte du bâtiment. Le temps que je fendisse la foule, ils avaient disparu ; or, je savais exactement où ils se trouvaient. D'ailleurs, mon instinct ne me trompa pas puisque je découvris les trois garçons dans les vestiaires des garçons, Stiles et Scott maintenant Liam sous le jet d'eau pour l'aider à se calmer. Ses yeux luisaient dans la pénombre et ses crocs étaient sortis. 

- Ça va, c'est bon ! dit-il en reprenant forme humaine. 

Les garçons le laissèrent s'écarter et aller s'asseoir contre le mur tandis que je m'approchais prudemment. Scott m'adressa un regard inquiet et Stiles me salua.

- On aurait bien apprécier tes charmes devant ces montagnes de muscles, fit-il remarquer.

- Je croyais que c'était la voiture d'un prof que t'avais démoli, s'agaça Scott. 

- C'était aussi mon coach. Il m'a écarté pendant toute la saison. 

- Qu'est-ce que t'avais fait ?

- J'ai eu quelques cartons rouges. 

- Quelques, c'est tout ? demanda Stiles, un peu ironique. 

- Tu dois être honnête avec nous, dit Scott en s'accroupissant.

- Liam, fais nous confiance. On ne te veut aucun mal, le rassurai-je. 

- Il s'est passé quoi d'autre ? renchérit Scott.

- Mais rien du tout ! J'ai été viré du bahut, on m'a envoyé chez le psy pour savoir ce que j'avais. 

- Et il a dit quoi ?

- Trouble explosif intermittent.

- TEI ? Alors t'es un TEI ?

Je soupirai discrètement et m'adossai au mur près de Stiles qui pointait Liam du doigt, comme s'il venait d'avouer être un espion russe. 

- Super, t'as donné des super pouvoirs à une bombe à retardement.

- On est tous des bombes à retardement, fis-je remarquer. 

- Ils t'ont donné un traitement ?

- Je dois prendre un médicament. C'est un antipsychotique. 

- Super, ça à l'air de bien marcher. 

- Oui, bah je le prends pas !

- Evidemment, railla Stiles.

Je grognai doucement, un peu agacée par son manque de compassion. Je pouvais comprendre le fait que Liam se sentît dépassé par ses émotions et qu'il ait du mal à les gérer. J'étais dans le même cas que lui, à la différence que ce n'était pas d'ordre médical, mais que j'avais simplement une hypersensibilité accrue dont je n'arrivais pas à me défaire. 

- Sinon, je peux pas jouer à la Crosse, ça me crève trop. 

- D'accord, je crois pas que tu devrais jouer. Dis au coach que ta jambe te fait mal, suggéra Scott. 

- Non ! s'opposa Liam en se levant. Je peux y arriver... surtout si t'es avec moi.

- Liam, le problème c'est pas simplement le match : on pense que celui qui a tué Demarco est peut-être dans notre équipe. 

- Qui c'est Demarco ?

- Celui qui a livré la bière à la fête, le mec qu'on a décapité, tu te rappelles ?

- On pense que la personne qui a commandé le fût, a tué Demarco.

Le regard du jeune homme se voila et je compris, autant que Stiles et Scott, qu'il savait quelque chose. D'ailleurs, Scott ne tarda pas à le lui demander.

- Je ne sais pas qui a commandé le fût de bière, mais je sais qui l'a payé.

- Qui ça ? questionnai-je.

- Garrett. 

"Bad boy, bad boy"

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Ecrit le 8 février 2020 et le 14 février 2020, corrigé le 19 Mai 2020 et publié le 15 Juillet 2020.