CHAPITRE 2
Nous avons marché toute la journée à travers les ruines d'une ville abandonnée et déserte tout en essayant d'oublier notre soif. Je ne serais pas contre un grand verre d'eau fraîche ainsi qu'une bonne douche. La première étape de récupérer des affaires utiles à notre escapade puis de nous rendre chez Chris afin de bénéficier de l'aide de ses parents. Il encourage notre fuite cependant il ne veut pas partir avant d'avoir abordé le sujet avec ses parents.
C'est seulement en fin de journée que nous sommes arrivées dans notre bonne vieille ville. J'éprouve une certaine crainte à l'idée de tout abandonner cependant je ne serais pas seule durant cette aventure. Ma maison étant la plus proche, nous décidons d'y passer en premier. A mon grand soulagement, aucune trace de la police. Je soulève un pot de fleur camouflant une clé de secours puis entre dans la maison. Tout est incroyablement silencieux, mais chaque chose est en ordre.
— Est-ce que ça va aller ? demande Benny.
— Il le faut bien.
Je referme la porte dans notre dos puis marche à travers mon ancienne maison. Mes parents ne sont plus là et je ne veux pas rester dans un tel endroit.
— Servez-vous dans le frigo.
— Tu es sûre ?
— Absolument. Autant que cette nourriture serve à quelque chose avant que je parte. Je vais aller prendre une douche, la place sera libre pour tout le monde.
Avant de me rendre dans la salle de bains, je pousse la porte de ma chambre. Celle-ci est en ordre. On pourrait presque croire que mes parents se sont absentés. Je me mets à retourner les tiroirs de la commode, des tables de chevets afin de trouver de l'argent. Nous avons besoin d'une certaine somme pour de faux papiers. Nous ne pouvons pas partir avec nos véritables identités. Je connais une personne capable de me fournir ce dont j'ai besoin.
J'abandonne les recherches d'argent liquides puis me rends dans ma propre chambre. Celle-ci est parfaitement rangée, mieux qu'avant ma disparition. J'attrape une pile de vêtements que je pose sur le lit ainsi qu'un grand sac de voyage. Je saisis un jean propre ainsi qu'un débardeur et une veste noire que je dépose sur ma chaise de bureau. Je vais directement dans la salle de bains puis tourne le bouton d'eau chaude. Des larmes coulent le long de joues, la tristesse m'envahit aussitôt. Je n'avais pas pleuré une seule fois depuis la mort de mes parents.
Je frissonne en prenant conscience de mon allure désastreuse. Je suis une orpheline en fuite qui ne sait absolument pas comment gérer ses émotions. Un sanglot sort de ma bouche, en cet instant je me sens de nouveau vulnérable. Le courage dont j'ai fait preuve lors de notre évasion n'est plus qu'un lointain souvenir. Je redeviens cette pauvre adolescente qui a peur de son ombre.
Je prends le temps de me laver les cheveux puis quitte la cabine de douche. Je m'enroule dans une serviette propre puis ouvre la porte de la salle de bains. J'écarquille les yeux en tombant nez à nez avec Benny. Mes joues chauffent ce qui me pousse à serrer davantage la serviette autour de moi.
— Je cherchais les toilettes, déclare-t-il simplement.
— Deuxième porte à droite en partant des escaliers.
Je regagne ma chambre en songeant à ce qui vient d'arriver. Je passe une main sur mes joues encore chaudes en me demandant ce qui se passe exactement. J'éprouve une certaine attirance pour lui, c'est une évidence, malheureusement je ne suis pas certaine qu'ils soient réciproques. De plus ce n'est pas le moment de penser aux relations amoureuses alors que nous préparons notre départ ! J'enfile rapidement mes vêtements puis passe un coup de brosse dans ma chevelure brune. Je n'ai plus aucune raison de cacher les mèches violettes, elles font parti de moi.
Je m'occupe de préparer mon sac de voyage en y mettant quelques pantalons et des hauts convenant à la saison. J'ajoute le nécessaire en veillant à ne pas trop le charger. Je fouille également dans mes tiroirs à la recherche de mon mobile malheureusement celui-ci est introuvable. Il faut absolument que je le détruise avant notre départ. Il ne doit plus exister aucune trace de la famille Addison.
Je retourne auprès des autres afin de manger à mon tour. Je suis surprise de les trouver devant la télévision diffusant un programme spécial. La photo de Rachel apparaît à l'écran accompagné de celle de Chris et Benny. Je ne tarde pas à apparaître non plus, une image peu flatteuse selon moi.
— Rachel Underwood, Benny Truscott, Chris Montgomery et Taylor Addison. Ces adolescents sont soupçonnés d'être en fuite après avoir assassiné Charles Addison ainsi que Jack et Emily Underwood. La police met tout en oeuvre pour les retrouver et découvrir ce qui est vraiment arrivée.
Rachel arrache la télécommande des mains de Chris puis éteins la télévision. Nous restons silencieux un moment avant que Benny ne décide de l'interrompre. La situation est plus critique que je ne le croyais. Non seulement nous sommes contraints de prendre la fuite pour échapper aux Abominations, mais nous sommes suspectés par la police !
— Qu'est-ce qu'on va faire maintenant qu'on est recherché ? déclare-t-il.
— Quitter le pays est notre unique solution, ajoute Chris.
— Quoi ? Tu es dingue ! s'exclame Rachel.
Laïa est la seule à rester silencieuse face à cette nouvelle. Elle n'est techniquement pas concernée par ces déclarations cependant où irait-elle ? Nous sommes les seuls capable de l'aider. Elle aurait sûrement préférée être avec sa famille malheureusement c'est également une orpheline.
— Où irions-nous ? demandé-je.
— Au Canada, suggère Benny.
— Et comment arriverons-nous à quitter le pays ?
Qui est responsable de ces odieuses accusations ? Nous sommes peut-être différents cependant cela ne fait pas de nous des monstres. Je me sens insultée par ces fausses déclarations, l'ensemble de la ville va croire à ces fausses accusations. Est-il possible que mon grand-père soit déjà aux commandes ? La police risque de débarquer d'un instant à l'autre, nous ne pouvons pas perdre de temps.
— Il faut partir immédiatement, déclaré-je.
— Mais notre douche ? ajoute Chris.
Rachel le frappe doucement sur la tête en grommelant des mots ressemblant vaguement à des insultes.
— La voiture de ma mère est encore utilisable, on va la prendre avant que la police ne vienne. On ne pourra pas aller très loin sans des faux papiers.
Je me rends dans le bureau de mon père dont l'odeur me hérisse les poils. Ce parfum qui hante désormais mes cauchemars. Contrairement à son habitude, la pièce n'est pas soigneusement rangée. Des documents traînent négligemment sur le bureau, une tasse renversé ainsi qu'une assiette datant probablement de quelques jours.
— Qu'est-ce que tu cherches au juste ? demande Benny.
— L'argent sale de mon père.
Je retourne les tiroirs les uns après les autres dans l'espoir de trouver ce dont nous avons cruellement besoin. Je jette les dossiers avec une colère presque bestiale en savourant ce sentiment. Une main presse délicatement mon épaule cependant je ne m'en préoccupe pas. Nul n'est en mesure de me faire une leçon de morale.
— Ce sont des recherches portant principalement sur nous.
Benny ouvre une page d'une pochette révélant une grande photo de Chris. La famille de celui-ci n'est pas inconnue pour notre famille, c'est la raison pour laquelle il y a tant de détails à son sujet. Mon père avait-il des soupçons sur moi depuis ces derniers mois ? Je ne serais pas étonnée d'apprendre que celui-ci se soit débrouiller pour me surveiller.
— Il était cruel et aimait le pouvoir.
— Ton père n'est plus de ce monde, il ne peut plus faire de mal.
J'aimerais tellement que les choses soient aussi simples hors ce n'est pas le cas. Il y a toujours un Addison capable de reprendre le flambeau. Notre meilleure option est de prendre la fuite avant que tous les problèmes ne nous rattrapent. J'ouvre le tiroir central puis débute une nouvelle recherche, les pensées chamboulées.
— Il y a un double fond, déclare mon ami.
— Quoi ?
Benny repousse délicatement mes mains puis soulève la planche avec facilité. Je le remercie en lui lançant un petit sourire puis découvre une importante somme d'argent dans celui-ci. J'attrape le sac en papier contenant l'argent puis le pose sur le pupitre tout en continuant de fouiller. Une chaleur caresse main lorsque celle-ci frôle un objet que je n'identifie pas.
Nous reculons de quelques pas en voyant le bureau trembler et une vive lumière violette envahir la pièce. Le violet prend de plus en plus d'ampleur puis un épais ouvrage flotte jusqu'à moi. Je tends la main avec crainte. Des visages apparaissent dans mon esprit passant d'une jeune fille à celui d'un homme. Je ne connais pas ces personnes cependant elles se succèdent à grande vitesse puis s'arrête brusquement sur mon propre visage. Le livre flotte encore quelques secondes avant de tomber directement dans mes mains.
— C'est ton livre familial ! s'exclame Benny.
— Mon père l'avait en sa possession depuis toutes ces années, murmuré-je.
— Maintenant il est à toi, l'unique Gardienne de ta famille.
Je hoche la tête en serrant un peu plus le livre contre moi.
— Il est temps de mettre les voiles.
— Prête à partir ?
Benny prend le sac contenant l'argent puis nous sortons du bureau. Les autres ont réuni une grande quantité de nourriture et d'eau. Ils ont également fouillé dans les affaires de camping afin de dénicher de quoi camper.
— Nous allons faire un petit détour chez mes parents, ils peuvent nous aider, déclare Chris.
— Est-ce vraiment bien sage ?
— Si on veut quitter le pays et trouver un plan, c'est la meilleure chose à faire.
Je lui lance les clés de la voiture afin qu'il installe nos provisions dans le coffre. Notre présence risque d'être répéter à la police, mais nous nous en préoccuperons en temps voulu. Je vérifie une nouvelle que je n'ai rien oublié lorsque Laïa saisit mon bras.
— Prend garde à l'ombre sur ton passage.
— L'ombre ?
Ses pupilles prennent une teinte obscure me faisant immédiatement reculer. La lampe préférée de ma mère éclate en mille morceaux. Je n'ai pas eu le temps de me pencher sur son fameux pouvoir, mais je crois que nous méritons une certaine explication.
— Qu'es-tu capable de faire au juste ?
— Attention à l'ombre.
Ils reprennent une couleur normale à mon grand soulagement cependant je ne suis pas certaine d'avoir totalement confiance en une personne dont les yeux deviennent aussi noirs que les ténèbres.
— Laïa ?
Elle ne répond pas à mon appel et contente de courir à l'extérieur. Bien que je ne connaisse pas l'étendu de son pouvoir, je ne peux m'empêcher de me questionner à son sujet. Elle se montre relativement discrète depuis qu'elle est en notre compagnie. Nous n'avons pas pris le temps de lui demander comment elle allait. Il faut vraiment que nous parlions davantage sinon Laïa n'aura jamais confiance en nous.
Je veille à refermer la porte à clé puis balance la clé dans les buissons. Je monte dans la voiture tout en regardant une dernière fois la maison de mon enfance. Il est probable que je ne revienne jamais, je n'ai aucune raison de le faire. Chris démarre rapidement la voiture, nous entendons les échos des voitures de police retentir au loin. Ce n'est que le commencement de cette interminable fuite.
12/05/2021
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