Chapitre 1
Félix soupira en quittant la boîte d'intérim dans laquelle il venait de passer un entretien, au moins le sixième cette semaine. Fraîchement licencié pour raison économique, le jeune homme de vingt-deux ans peinait à retrouver du travail. D'abord apprenti puis employé dans une menuiserie artisanale, voilà qu'il écumait les boîtes d'intérim dans l'espoir de trouver un contrat, n'importe lequel, juste pour dire de toucher de l'argent. Malgré son expérience peu commune, les entretiens s'enchaînaient sans jamais donner de résultat, il était trop peu qualifié dans les autres domaines et personne ne cherchait actuellement de menuisier.
Félix s'arrêta devant la vitrine d'une autre agence, à y regarder de plus près, il s'y était déjà présenté une semaine auparavant et il n'y avait pas de nouvelles annonces affichées. C'était peine perdue. Il passa la main dans ses cheveux de jais, dégageant ainsi les mèches trop longues qui lui tombaient devant les yeux. Il ne pouvait pas se permettre le coiffeur ce mois-ci, l'échéance pour le loyer de la maison de retraite allait bientôt tomber et, pour ce mois-ci, il avait le montant pile sur son compte, il ne pouvait donc pas s'offrir de petit extra.
Après le divorce de ses parents et le décès de sa mère quelques années plus tôt, Félix s'était retrouvé à devoir payer les frais de la maison de retraite de son grand-père maternel. La pension que touchait celui-ci n'était pas assez élevée et son petit-fils étant sa seule famille directe, c'était à lui que revenait la tâche de payer le reste. Tout le temps qu'il avait un emploi le problème ne s'était pas posé, Félix vivait simplement et pouvait ainsi régler la note, mais une fois au chômage, la tâche s’était compliquée.
Sans nouvelle de son père depuis le divorce, Félix n'avait personne sur qui compter, il devait se débrouiller seul.
Désespéré, Félix reprit la route, espérant qu'avec un peu de chance, une offre d'emploi finirait par tomber du ciel.
— Excuse-moi !
Félix leva la tête, attiré par l'appel provenant d'une voiture qui venait de s'arrêter à sa hauteur. La fenêtre côté passager baissée, un homme d'une trentaine d'années, lunettes de soleil vissées sur le nez, était appuyé sur la portière. Félix jeta un œil autour de lui.
— Oui oui, c'est à toi que je parle. Dis-moi ça t'intéresse de gagner 300 000 wons ?
Félix manqua de s'étrangler en avalant sa salive. Ça devait être une caméra cachée, c'était justement le montant dont il avait besoin pour payer la maison de retraite.
— Alors ? insista le passager.
Félix s'approcha du véhicule pour plus d'intimité. Le chauffeur baissa le son de la radio quand le jeune homme s'adressa au passager.
— Comment ?
L'inconnu sourit et retira ses lunettes de soleil pour lui tendre la main.
— Je m'appelle Wonho, je suis manager chez Yellow Wood production tu connais ?
— Euh, je ne suis pas sûr.
— On est une agence de porno gay, reprit-il en lui tendant une carte de visite. On tourne quelques vidéos pour un nouveau concept : on offre 300 000 wons en échange d'une vidéo.
Félix sentit ses joues chauffer, bien sûr Yellow Wood production, il avait déjà vu leur nom et logo sur des vidéos porno lorsqu'il allait sur des sites pour adultes. Il refusa poliment la carte de visite, gêné.
— Désolé mais je ne fais pas ce genre de choses.
— Vraiment ? C’est dommage, t’es mignon, tu plairais vachement ! On n’est pas difficiles, tu montes dans la voiture, on se pose dans un endroit tranquille et on te filme pendant que tu te branles ou ce que tu veux. En échange, je te file 300 000 wons en cash.
Pour preuve, il sortit une liasse de billets de l'intérieur de sa veste et la secoua devant lui. Félix déglutit, avec cette somme il pourrait payer les frais de son grand-père un mois de plus, ce qui lui laisserait plus de temps pour retrouver du travail. Jamais de sa vie il n'avait envisagé faire du porno, mais finalement l'offre était alléchante.
— C'est sérieux ou…
Wonho lui sourit d'une façon bienveillante ce qui surprit le jeune homme. Il sortit quelques feuilles de la boîte à gants.
— Ça c'est un mini contrat si tu as des doutes. Tu peux monter si tu veux qu'on en discute.
Félix réfléchit à la va-vite. La boîte existait vraiment, l'homme lui avait montré l'argent et il avait remarqué sur le contrat le tampon d'une grande enseigne d'avocats. Tout avait l'air en règle. Il arqua un sourcil et fit un pas vers le véhicule.
— Et vous, vous allez faire quoi ?
Wonho leva innocemment les mains.
— Nous on filme juste. Enfin à moins que tu aies besoin de nous, mais sinon rien.
Félix se mit à rougir à l'entente de cette proposition et se racla la gorge pour cacher sa gêne. Il pesa le plus vite possible le pour et le contre avant de se lancer, il n'avait rien à perdre vu sa situation actuelle.
— Ok.
Le visage de Wonho s‘illumina.
— Sûr ? Génial ! Vas-y grimpe.
Il déverrouilla les portières et Félix monta à l'arrière de la voiture. Wonho ferma la fenêtre et donna une adresse au chauffeur qui se mit en route.
— Lui c’est Shownu, chauffeur quand on en a besoin, sinon il est cameraman.
— Salut, lança l'homme musclé au volant.
Félix lui adressa un petit signe de tête dans le rétroviseur, pas vraiment certain de quoi faire dans ce genre de situation.
— Du coup, reprit Wonho en se tournant sur son siège, on va se garer dans un coin tranquille, je vais baisser les sièges arrière pour que tu sois à l'aise, je baisse les stores des fenêtres et nous on filme pendant que tu fais ta petite affaire.
Félix pinça les lèvres, ça avait l'air si facile présenté comme ça.
— Je sais pas vraiment ce que je suis censé faire.
Wonho haussa les épaules.
— Ce que tu veux, ce qui te met le plus à l'aise. Te branler, te mettre des doigts, ce que tu veux. Dis-toi juste que tu es là pour passer un bon moment et qu'en plus ça va te rapporter de l'argent.
Il lui tendit la liasse de billets.
— D'ailleurs tiens, mets ça dans tes affaires tout de suite.
Félix cligna des yeux, si les deux hommes n'avaient pas été des armoires à glace, il aurait très bien pu s'enfuir avec l'argent mais ça n'était pas du tout son genre. Il plia les billets et les rangea dans son portefeuille. Le fait de savoir qu'il allait rentrer dans ses frais un mois de plus l'avait totalement détendu et il en était arrivé au point de voir cette offre comme un simple petit boulot.
— Ton prénom ? demanda Wonho en le regardant dans le rétroviseur.
— Félix.
Ça n'était pas son vrai prénom mais c'était ainsi qu'il se faisait appeler hors du cadre professionnel.
— Félix ? C'est mignon, je peux mettre ça dans la description de la vidéo ?
— Euh oui ?
— Faut que je te dise, on t'a filmé quand on t'a abordé, lui dit Wonho en indiquant une caméra d'appoint sur le tableau de bord. On utilisera quelques images pour le contexte. Si tu avais refusé on les aurait supprimées ne t'inquiète pas.
— Pour le contexte ?
— Oui, en fait on tourne une petite série de vidéos. On arrête des gens dans la rue et on leur demande s'ils veulent tourner pour 300 000 wons, t’es le deuxième aujourd'hui. On a commencé lundi et en tout on a douze personnes avec toi donc c'est nickel, on pourra clore avec toi.
Douze personnes ? Félix ne pensait pas qu'autant de gens étaient prêts à faire ce genre de choses pour de l'argent. D'ailleurs il n'avait lui-même jamais envisagé de faire quelque chose comme ça et pourtant.
Shownu gara la voiture sur une route de campagne au bout d'un cul-de-sac. Lui et Wonho descendirent et préparèrent l'intérieur.
— T'inquiète pas, tout est propre, lui dit Wonho en étalant des plaids et des coussins à l'arrière, on plaisante pas avec ça.
Shownu pouffa de rire.
— Je te raconte pas le temps qu'on passe à nettoyer cette bagnole à cause de certains.
— C'est vrai, mais on va quand même pas mettre des bâches, je suis pas fan de l'ambiance chantier.
— Pourtant on en a tourné ensemble.
— C'était il y a longtemps, maintenant je préfère le confort d'un coussin comparé au parpaing !
Shownu tira les rideaux aux fenêtres et se tourna vers Félix.
— C'est bon tu peux t'installer.
Il obtempéra et s'installa sur la banquette pour retirer ses chaussures.
— Je dois me déshabiller ?
— Comme tu veux, t'en fais pas, fais ce qui te met le plus à l'aise, on n'est pas là pour critiquer.
Ils montèrent à l'avant et préparèrent leur caméra, laissant ainsi quelques minutes à Félix pour réfléchir à ce qu'il allait bien pouvoir faire. Celui-ci inspira un bon coup, on ne lui demandait rien de compliqué, il devait juste se faire du bien, il y avait pire comme travail. Il s'installa confortablement contre les coussins et attendit le feu vert pour commencer. Les deux hommes étaient encore occupés à préparer leur matériel. Wonho leva les yeux.
— Tu peux commencer, on prendra le train en marche, t'inquiète pas. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, ou si tu veux qu'on arrête de filmer pour x ou y raison, tu dis juste “stop” d'accord ? Je me répète mais tu as juste à passer un bon moment, ne te mets pas la pression.
— Ok.
Félix profita que les deux autres soient occupés par autre chose pour commencer. Il posa la main sur son entrejambe au travers de son jean et se mit lentement à la caresser. Il ferma les yeux et expira un bon coup, il n'avait plus qu'à s'isoler mentalement du monde extérieur, il savait le faire. À ses heures perdues, il pratiquait la méditation et l'auto-hypnose alors il pouvait bien s'en servir pour faire abstraction du fait qu'il allait se faire filmer.
Il se concentra sur les sensations qui se passaient dans son boxer, sur le plaisir qui s'éveillait petit à petit.
Après un temps, il déboutonna son jean et le retira afin d’être plus à l’aise. Il glissa une main dans son boxer et en sortit son sexe tendu qu’il commença à masturber correctement. Un petit gémissement lui échappa lorsqu’il se mit à caresser son gland avec insistance, prélevant ainsi du liquide pré-séminal pour ensuite l’étaler sur toute la longueur de sa verge. Il n’avait même pas remarqué que Wonho et Shownu s’étaient mis à le filmer. Ils n’avaient rien dit et se contentaient de capter les meilleurs angles pour retranscrire au mieux le plaisir de Félix. Son visage avait beau être à moitié masqué par ses longues mèches noires, le bas de son visage ne laissait aucun doute sur l’euphorie qui se répandait peu à peu dans son corps. Il se mordit la lèvre inférieure pour essayer d’étouffer ses gémissements mais finit par céder, laissant enfin filer quelques cris de plaisir au fur et à mesure que l’orgasme approchait.
Après plusieurs minutes, Félix eut le réflexe de soulever son maillot afin d’éviter de le tâcher. Il accéléra les coups de poignet et donna de la voix, il touchait la délivrance du bout des doigts. Ses muscles se contractèrent, il bascula la tête en arrière et laissa l’orgasme le frapper. Il laissa filer des grognements de plaisir en plusieurs fois, le souffle court. Sa semence s’était déversée sur ses abdominaux. Il se masturba encore quelques secondes jusqu’à ce que l'euphorie redescende petit à petit. Félix redressa la tête et expira longuement avant de finalement oser regarder les deux objectifs braqués sur lui. Il planait encore et se contenta d'un petit rire gêné.
— Ok, parfait c’est dans la boîte, annonça Wonho en coupant la caméra.
Il fut immédiatement imité par Shownu. Wonho tendit des lingettes et une serviette à Félix afin qu’il puisse se nettoyer et se rhabiller.
— Merci, comment c’était ? demanda-t-il d’une petite voix.
Lui qui avait un timbre naturellement grave, il partait facilement dans les aigus lorsqu’il était excité ou gêné. Wonho leva les yeux pour le regarder.
— Tu déconnes ? C’était parfait ! On dirait que t’as l’habitude.
— Quoi ? Non j’ai jamais fait ça de ma vie !
Shownu commença à remettre de l’ordre à l’arrière de la voiture en vue de reprendre la route.
— Franchement t’étais plus à l’aise que des gars qui tournent depuis des mois.
— C’est vrai, et t’es super mignon. Franchement c’est un plaisir à filmer, autant sur le plan visuel qu'auditif. Franchement bon travail.
Félix le remercia sans trop savoir comment prendre ce genre de compliments, il s’était juste masturbé, rien de bien fou.
— Allez, on va te ramener chez toi.
Félix attendit que Shownu ait bien remis son siège pour s’installer. Il vérifia qu’il avait encore bien les 300 000 wons dans son sac et donna une adresse proche de son domicile pour s’y faire déposer. En chemin, Wonho lui passa sa carte de visite.
— Y’a mon numéro direct dessus, si jamais je réponds pas c’est que je suis en tournage mais tu peux m’envoyer des messages. Si l’envie te prend de tourner d’autres vidéos, préviens-moi, je serai ravie de retravailler avec toi.
Félix accepta le petit bout de papier cartonné et rit.
— C’est gentil mais ça n’arrivera pas, c’était juste une fois comme ça.
— Même, on ne sait jamais. Fin de mois difficiles ou grosse facture imprévue à payer, tu me passes un coup de fil si t’as besoin d’un complément de salaire. Tu sais que je te prends direct.
Félix sourit tout en caressant la liasse de billets. Non, une fois c'était bien, il s'en sortirait autrement. Il avait désormais de quoi tenir deux mois, il aurait largement retrouvé du travail d'ici là.
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