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Chapitre 11: Je t'aime. ✦

" Dix personnes ont été retrouvées mortes dans une ruelle du quartier d'arts, ce matin. D'après les légistes, elles ont subi de nombreuses tortures avant de perdre la vie sous la douleur. Kaon en est bien évidemment l'auteur, alors soyez sur vos gardes quand vous sortez, ses victim-"

Véra éteignit le poste radio.

— N'écoute pas ce tissu de mensonges, tu sais bien que c'est faux.

Elle trempa son sandwich au fromage dans sa soupe.

— Ce n'est pas du tout le style de Kaon de faire des victimes, il préfère les faire angoisser sans jamais passer à l'acte. Le seul moment où il exécute ses menaces, il fait un massacre.

— C'est peut-être le cas maintenant...

— ——-, je te parle de milliers de morts, pas de poignées de personnes tuées de temps à autre.

Véra se rendit bien compte que son amie n'était pas rassurée pour autant.

— Ça n'arrivera pas. Je te le promets.

— Véra, c'est à moi de te rassurer, je suis l'Élue.

La blonde sourit.

— On m'a souvent dit que je sortais des cases.

Malgré le fait qu'elles ne s'étaient pas vues depuis des jours, elles durent écourter leur repas à cause de leur emploi du temps chargé. ——- fila à son cours de magie, et Véra se dirigea vers les archives.

Il fallait absolument qu'elle trouve une solution.

La grande porte s'ouvrit dans un grincement, et la jeune femme entra dans la vieille pièce.

Étant donné qu'elle y allait tous les jours, un minimum de ménage avait été fait. Les rideaux blancs avaient été tirés, et le sol était régulièrement balayé.

Comme à son habitude, elle se dirigea vers la bibliothèque. Véra avait lu tous les livres du rayon qui parlaient du temps d'Avant, et les seuls qu'elle n'avait pas encore étudiés se trouvaient ici.

Une pile de livres dans ses bras, elle monta dans son bureau.

Véra s'attacha les cheveux, et commença sa lecture.

L'aiguille tourna, les nuages passèrent, et ce fut quand ses yeux piquèrent de fatigue qu'elle se détacha des textes anciens.

Quelqu'un toqua à sa porte, et elle ouvrit à l'employé du palais qui venait arroser les fleurs.

Véra sortit prendre l'air sur le petit balcon.

Les livres revenaient tout le temps sur quelque chose en particulier.

Pour battre Kaon, les Empereurs avaient utilisé les émotions positives que Kaon y avait renfermé, et l'avaient vaincu de cette façon. Il n'avait pas supporté d'être confronté au bonheur après tant d'années sans once de joie dans son cœur.

Mais le cristal qu'avaient utilisé les Sept était inutilisable.

Il devait être vidé en entièreté pour qu'il soit efficace, aussi Véra n'avait plus d'autres pistes.

L'employé ressortit, et la jeune femme mit fin à la petite pause qu'elle s'était accordée.

Elle réussirait à trouver une solution.

Elle ne réussira pas à trouver une solution.

Le soleil s'était couché depuis des heures, et aucune autre solution ne s'était fait découvrir. Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé !

Véra avait commencé ses recherches dès que Kaon était apparu. Pendant que tout Tarbamo paniquait, elle passait en revue tous les moyens susceptibles de le vaincre.

Elle avait pensé à se servir du bonheur du peuple, mais après avoir servi, une émotion ne peut pas retourner dans sa forme d'origine.

Et priver le peuple de bonheur, c'était précisément le contraire de ce pourquoi elle luttait si fort.

Il y avait forcément une solution.

Elle n'avait pas le droit d'abandonner.

——- travaillait d'arrache-pied pour être à la hauteur de son titre d'Élue, alors Véra devait en faire autant.

Alors, elle oublia ses yeux qui piquaient, son ventre qui n'avait pas dîné, et ses pensées qui fourmillaient sans cesse.

Et elle se mit au travail.

Plus tard dans la nuit, elle fut interrompue dans ses recherches par un cliquetis.

Elle fronça les sourcils.

La poignée de la porte tourna, et le visage de l'Empereur Ho-Seok apparut dans l'entrebâillement.

Ses muscles se détendirent.

— Bonsoir votre Exella- enfin, Ho-Seok. Que puis-je faire pour vous ?

L'homme brun rentra complètement dans la pièce, et s'accouda sur le dossier d'un fauteuil.

— C'est à moi de te poser cette question Véra. Depuis quand tu es ici ?

— Je ne suis pas sûre de comprendre.

— Tu as besoin de repos Véra. Rentre chez toi.

La jeune femme plissa son front.

— La semaine n'est pas encore terminée, pourtant...

— Et pourtant, tu tombes de fatigue.

— Je suis en pleine forme, inquiétez-vous plutôt pour ——-.

— Tu ne seras pas efficace si tu es épuisée, rentre chez toi.

— D'accord.

Elle se dit qu'une petite sieste sur le canapé suffirait pour le rassurer.

Mais il la connaissait comme le fond de sa poche.

Il posa sa main sur l'épaule, et plongea son regard dans le sien.

— Véra, je te connais. Fais-moi confiance, et rentre chez toi.

Elle n'eut pas le temps de protester.

— C'est un ordre.

Alors Véra était là, sur le canapé de son salon, son anxiété résonnant avec le tic-tac régulier de l'horloge.

La maison était rangée de fond-en-comble et trois gâteaux refroidissaient par la fenêtre.

Véra était à court d'occupations depuis trente-sept minutes, et cinq secondes.

Bendy et Chat noir étaient en cours, et leurs chamailleries quotidiennes lui manquaient.

Ça faisait trente-huit minutes, à présent.

L'Empereur Ho-Seok ne pouvait pas savoir ce qu'elle faisait chez elle, n'est-ce pas ?

Véra se dépêcha de chercher son sac, où elle avait dissimulé quelques livres qu'elle n'avait pas eut le temps de finir.

Ses notes étaient restées au palais, mais ses carnets les plus importants étaient dans sa chambre.

Elle s'assit à son bureau, impatiente de retravailler.

Les aiguilles bougèrent, mais cette fois, Véra était trop occupée pour les voir défiler.

Une main apparue dans son champ de vision, et après avoir vainement essayé de lire à travers, elle leva les yeux.

C'était Bendy, qui semblait agacé.

— Tu n'es pas censé travailler, donne-moi ce livre.

— Vous êtes rentré plus tôt ? Tu n'es pas parti travailler ?

Il haussa un sourcil.

— Tu vois, tu perds la notion du temps. Mon service est demain. Depuis toujours. Sa main se fit plus insistante.

— Donne-le-moi.

Véra se cramponna à l'ouvrage.

— Hors de question. Tu sais aussi bien que moi la gravité de la situation. Je ne peux pas me permettre de me reposer.

— Tu en as besoin.

Véra explosa.

— Chat noir aussi, a besoin de se reposer ! Il ne s'endort qu'avec des somnifères ! Les Empereurs ont besoin de se reposer ! Ils ne tiennent plus debout, surmenées de partout ! Toi aussi, tu as besoin de te reposer ! Je suis peut-être prise avec mon travail, mais tes cernes en disent long sur ton état. Et, ——- a aussi besoin de repos.

Les épaules de Bendy s'affaissèrent.

— Elle va bien ?

— Non ! Bien sûr que non ! Personne ne va bien ! Et c'est de ma faute. Je n'ai toujours pas trouvé de solution. Pendant ce temps, Kaon prépare un plan pour revenir au pouvoir. Et la seule chose que je peux faire, c'est chercher une solution.

Sa voix se brisa.

— Alors laisse-moi chercher.

Le garçon à la peau de porcelaine n'insista pas plus, et sortit de la pièce.

La porte se referma, et Véra fondit en larmes.

Elle détestait se sentir aussi faible.

Les yeux rouges à force d'avoir pleuré, elle se ressaisit. La jeune femme se rassit correctement, et son regard tomba sur un tableau qu'elle connaissait par cœur.

Le portrait de sa mère.

Elle contempla son sourire paisible, et son cœur s'allégea. Véra s'en rapprocha.

— Désolé maman, je crois que je n'ai pas réussi à tenir ma promesse. Il faut croire que je n'ai pas ton courage. Tu as sacrifié ta vie pour notre bonheur, et moi, je ne suis même pas fichue de trouver une solution.

La femme sur le tableau souriait, figée.

Véra posa doucement sa main sur la toile, effleurant du bout des doigts les cheveux peints.

— L'Empereur Kim Namjoon dit que tes cheveux étaient les plus doux du monde. Et que tu sentais le coton. J'aurais adoré te connaître.

Véra avait gravé dans sa rétine chaque coup de pinceau, chaque nuance de couleur. Toujours avec cette admiration devant le portrait de sa mère, la jeune femme le retraçait du regard. Comme à chaque fois, elle commençait par admirer ses cheveux d'or coiffés simplement, la minuscule cicatrice qui ornait son front, les légers cernes sous ses yeux bleus, puis son nez fin, sa bouche rosée et l'infime renflement au niveau du collier luxueux.

Véra fronça les sourcils.

Elle n'avait jamais remarqué cette petite bosse. Pourtant, elle connaissait ce tableau depuis dix-sept ans.

Véra appuya doucement sur la petite bosse. Elle espérait vraiment que la peinture ne soit pas abîmée. Mais la toile ne semblait pas en mauvais état. En fait, Véra avait l'impression que c'était plutôt quelque chose à l'intérieur du tableau qui déformait la peinture.

Religieusement, elle décrocha le cadre du mur. Véra le déposa délicatement devant son bureau, retourné. Elle déplia les petites accroches en fer noir, et elle retira le fond en carton.

Un petit morceau de cuir qui recouvrait des feuilles jaunies par le temps reposait sur la toile, comme s'il l'attendait.

Précieusement, Véra s'en saisit.

Elle ouvrit le carnet, et quand elle lut la première page, sa gorge se noua.

"Journal privé de Vira Bauva".

Les jambes en coton, Véra ferma la porte à clé pour être sûre de n'être pas dérangée. Elle s'assit sur sa chaise en fer, et elle commença sa lecture.

Véra n'avait jamais lu un livre aussi vite. C'était uniquement au coucher du soleil, quand la lumière n'était pas assez forte pour éclairer les pages, qu'elle se rendit compte qu'elle était presque arrivée à la fin.

Elle le posa à regret, tira les rideaux, alluma la lumière, cria aux garçons de manger sans elle, et elle reprit le carnet.

Si jusqu'à alors, elle avait réussi à contenir ses larmes, ce fut plus difficile quand elle lut la suite.

Sa mère était l'une des huit personnes qui avaient créé le réseau des rebelles, aussi Véra put retracer la mise en place de la révolution de son point de vue. Or, Véra était arrivée au moment où sa mère avait été arrêté. Et être arrêté à l'époque de Kaon, cela signifiait qu'il ne vous restait plus beaucoup de temps à vivre.

Véra tritura nerveusement son collier.

Personne ne savait ce qu'il s'était passé pendant sa détention. Les Empereurs avaient pu échanger avec elle quelques lettres, mais leur correspondance n'avait pas duré longtemps. Puis la révolution eu lieu, et quand les révolutionnaires prirent d'assaut le château, Vira était déjà morte.

Si on en croyait les notes sur le carnet, elle avait profité de sa séquestration pour chercher un moyen de vaincre Kaon.

Véra comprenait mieux que quiconque l'état d'alerte de sa mère. Elle-même devait à tout prix trouver une solution. C'était capital.

Elle chercha avec sa mère des indices sur le tyran, son pouls battant au même rythme que sa mère quand elle lut qu'elle faillit se faire prendre la main dans le sac. Elle pleura de soulagement avec elle quand Vira découvrit l'existence du cristal qui renfermait les émotions positives de Kaon.

Véra tourna la page, et fronça les sourcils.

Un passage a été arraché.

Le texte reprenait la page d'après, s'adressant cette fois au lecteur :

"Je dois me dépêcher, mon temps est compté.

A celui qui lit ces lignes, je prie de toutes mes forces qu'il est de mon côté, termine ma mission.

J'ai dit aux autres où le cristal se situait, et comment l'utiliser pour vaincre Kaon. Mais ça ne marchera qu'en partie, s'ils n'utilisent pas le morceau que j'ai gardé avec moi. Le cristal doit être utilisé dans sa totalité. Dans le cas contraire, il reviendra. "

Véra refit son chignon qui tombait, les sourcils froncés.

Kaon était revenu, alors ça signifiait qu'un morceau de cristal n'avait pas été utilisé. Est-il conscient de son existence ?

Elle devait à tout prix le trouver avant lui, c'était capital.

"Le dernier morceau se trouve dans mon collier, utilisez-le à bon escient. Il faut absolument le donner aux sept autres, ils sauront quoi en faire. Je vous en supplie, faites que je ne meure pas en vain.

Protégez ma fille comme je n'ai pas pu le faire, aimez-la comme je n'ai pas eu le temps de faire."

C'était la dernière phrase inscrite sur le journal, et sûrement la dernière de sa vie.

De grosses larmes roulèrent sur les joues de Véra, qui menaçaient de gondoler le vieux papier.

Mais elle pleurera la mort de sa mère un autre jour, elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort.

Véra détacha son collier, et examina le pendentif sous toutes les coutures. Le grenat qui brillait attira son regard. Elle appuya dessus, mais rien ne se produisit. Elle appuya alors sur l'une des lettres dorées, puis l'autre, mais toujours rien.

Elle laissa échapper un grognement frustré.

Son pouce joua avec la pierre rouge, et la fit pivoter. Un léger clic se fit entendre, et le cœur de Véra rata un battement.

Le médaillon s'ouvrit automatiquement, et laissa apparaître en son cœur un bout de cristal.

Contrairement à celui qui avait été utilisé il y a dix-sept ans, il flamboyait de mille feux. La pièce fut inondée de lumière, et Véra eu rapidement mal aux yeux.

Elle avait la solution à son cou depuis le début.

Vite, elle referma le pendentif, et remit son collier autour de son cou.

L'adrénaline parcourra son corps tout entier, et elle se dépêcha de sortir de sa chambre. Elle courut enfiler son manteau.

"— Où est-ce que tu vas ? "

C'était Chat noir, qui mordillait le bâtonnet d'une sucette.

"— Au palais. "

Véra enfila ses chaussures, sous le regard las de son ami.

"— Ne fait pas cette tête, c'est très important."

Et sans d'autres explications, elle sortit de la maison. Quelques instants plus tard, sa voiture décolla, laissant Chat noir confus sur le pas de la porte.

Elle n'était pas la seule à se diriger vers le palais avec autant de ferveur. Alice aussi avait une mission très importante à effectuer.

Kaon lui avait remis un médaillon qui était la copie conforme de celui de Véra.

Le plan était très simple. Alice devait l'échanger avec l'original, et au simple contact de sa peau, il désactivera tous les systèmes de sécurité du palais. Et justice sera enfin rendue.

Alice sortit du passage secret que Kaon lui avait montré, et arriva dans le placard à balais d'une cuisine. Elle attendit que la pièce soit déserte, et Alice sortit à son tour rapidement.

Selon Kaon, elle avait trois minutes avant que les détecteurs de pensées comprennent son intention.

Elle monta dans le bureau de Véra, sa main gantée serrant le collier. A vrai dire, Véra n'avait pas besoin de le mettre pour qu'il s'active. Il fallait simplement qu'il soit au contact de la peau.

Elle ouvrit la porte à la volée, mais le bureau était vide.

Qu'importe. Elle n'avait qu'à attendre son arrivée.

Il lui restait une minute.

Alice s'assit sur le fauteuil, nerveuse.

Tout allait bien se passer.

Kaon l'avait dit lui-même : " Tu lui mets le collier autour du cou, et boum. Toute la sécurité sera désactivée."

Oui.

Elle lui mettrait le collier autour du cou, et boum.

Toute la sécurité sera désactivée.

Alice se souvint d'avoir eu un rictus quand il lui avait dit que toute la sécurité serait désactivée. Véra était suffisamment forte pour compenser tous les gardes du corps du palais.

Mais il suffisait de lui mettre le collier autour du cou, et boum.

Alice faisait confiance à Kaon.

Le sourire d'Alice se fana.

Il ne voulait pas dire que Véra allait mourir n'est-ce pas ? C'était simplement une façon de dire que le collier allait éteindre tous les systèmes de sécurité.

Alice rejoua dans sa tête le rictus en coin de Kaon quand il lui avait annoncé.

Non. NON.

Alice ne voulait pas la tuer.

Non. Non. Non. Alice ne savait pas. Elle ne voulait pas. Elle ne l'aurait pas fait dans ce cas. Non. Il ne faut pas que Véra meure. Pas par sa faute.

Il ne fallait pas qu'elle tue Véra.

"— Alice ?"

La blonde fit volte-face. Ce n'était pas Véra. Sa respiration s'accéléra.

Seulement ——-.

Peut-être qu'elle pourra faire quelque chose.

——- fera quelque chose.

" Qu'est-ce que tu fais dans le bureau de Véra ?"

Alice se précipita vers ——-, et lui mit le collier entre les mains.

Le visage de la jeune fille était teinté d'incompréhension.

Mais avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit, Alice disparut de son champ de vision.

Elle jeta un coup d'œil au bijou. Pourquoi Alice avait-elle le collier de Véra ? Et pourquoi le grenat clignotait de cette manière ?

Sa magie enveloppa son corps dans un réflexe surhumain, et le médaillon explosa.

Le souffle brûlant l'expulsa de la pièce, et la douleur fut tellement intense que ——- faillit s'évanouir.

Un long acouphène siffla dans ses oreilles, et elle crut que sa tête allait exploser.

Une forme se distingua dans la fumée, et elle entendit vaguement la voix de Véra. Mais ——- n'avait plus la force de penser correctement.

Elle ne sentait plus ses bras. Elle déploya toutes ses forces pour bouger, pour lui montrer qu'elle était encore consciente, mais peine perdue.

Elle ne pouvait que percevoir la peur folle de son amie.

A cet instant, ——- se détesta profondément.

Elle haïssait l'idée de lui faire de la peine.

Elle sentit des larmes sur son visage, mais ce n'étaient pas les siennes. C'étaient celles de Véra.

——- haïssait chaque parcelle de son corps faible.

Véra s'agita contre elle, et ——- sentit un métal froid sur sa peau chaude. L'instant d'après, un vide prit la place de Véra.

Non.

Elle l'abandonnait.

Elle n'avait pas le droit.

——- entendit un bruit sourd qui lui glaça le sang, et une vive lumière blanche traversa ses paupières.

Elle comprit rapidement qui en était à l'origine.

Kaon.

Il venait en finir avec elle.

Une larme de désespoir glissa entre ses cils, qui laissa une trace blanche sur son visage noirci par la poussière.

Une main glacée la saisit par le cou, et la souleva en l'air sans aucun ménagement.

Des doigts noueux ouvrirent son œil gauche, et ——- aperçut le visage souriant de Kaon.

Son ventre se tordit sous la peur. Il était mille fois plus effrayant que dans ses souvenirs. Son rictus s'agrandit, fendant son visage en deux.

" Pauvre petite chose."

Kaon renforça la prise sur sa gorge, et dans un réflexe presque primitif, ——- sentit sa magie s'infiltrer dans son corps.

" Tu as intérêt à être plus forte que la dernière fois."

Elle avait pensé à leur affrontement sans arrêt. S'entraînant de toutes ses forces pendant le jour, angoissant la nuit. Et ce moment était venu. Il fallait encore qu'elle l'affronte.

Contrairement à ce qu'elle avait toujours imaginé, elle sentait du courage en elle. Rien d'important, une petite once de bravoure, mais c'était suffisant pour elle. Son souffle devint plus régulier, et ses paumes chauffèrent.

Si elle devait mourir, autant qu'elle n'ait pas de regrets.

——- concentra sa lumière au niveau de son cou, et bientôt sa peau fut trop chaude pour la main de Kaon. Il la relâcha, et elle put reprendre son souffle.

Furieux, Kaon fit éclater de la magie d'entre ses mains. La lumière blanche semblait en fusion, pétillant dangereusement.

——- enveloppa son corps de magie, son cerveau réfléchissant à toute allure à une stratégie.

Kaon sortit une petite dague qui était accrochée à sa ceinture. Sous les yeux effrayés de la jeune fille, il s'entailla la main avec. Son sang se mélangea avec la lumière blanche sur la lame tranchante.

La voix de Kaon rompit le silence.

" Regarde. Tout mon avant-bras est noir. Tu sais pourquoi ?"

Elle secoua frénétiquement la tête.

" C'est simple. À chaque fois que je tue quelqu'un, j'ai un petit point noir sur mon corps. Comme celui-là." Il montra une minuscule tâche sur son coude. "Puis un autre. Et encore un autre."

La voix de Kaon était étrangement calme, et ça terrorisait ——-.

"À ton avis, tu seras la quantième ?"

Les taches noires avaient envahi son visage, recouvraient ses mains, et remontaient jusqu'à son torse.

——- en eut le vertige.

Il s'approcha d'elle, menaçant.

Les jambes de ——- fléchirent. Il fallait qu'elle s'échappe. C'était capital.

Ses pieds s'appuyèrent sur le plancher poussiéreux, et s'élança hors de la pièce. Malheureusement pour elle, le bureau de Véra était en haut d'une tour, et il fallut descendre tous les escaliers avant de pouvoir prétendre à une cachette.

——- n'entendait pas le rire amusé de Kaon en la voyant fuir, elle n'entendait pas le bruit qu'elle faisait en dévalant les marches, elle n'entendait pas son souffle saccadé.

Elle n'entendait que le pouls de son cœur qui résonnait dans tout son corps.

L'escalier qui semblait interminable finit par s'arrêter, et ——- ouvrit la porte qui se présentait devant elle à la volée.

Elle courut dans le couloir gauche, et rentra dans une pièce au hasard. La lumière était éteinte, et les contours des meubles étaient flous. La jeune fille verrouilla la porte à double tour, et se laissa tomber par terre.

Devrait-elle tout miser sur une attaque ? Il fallait le prendre par surprise. Mais comment ? Il se déplaçait plus vite que l'éclair ! Ou alors attendre qu'il vienne jusqu'à elle, et le noyer sous une pluie d'attaques ? Il fallait qu'elle trouve son point faible. Avait-il au moins un ?

Elle avait bien réussi à s'extirper de sa poigne, tout à l'heure !

Il craignait peut-être la chaleur ?

——- ne savait pas si elle était capable de produire suffisamment de chaleur pour lui nuire, mais elle n'avait pas d'autre choix. Rassemblant le peu de courage qu'elle avait, elle se leva, et déverrouilla la porte. Elle saisit la poignée, mais elle entendit un bruissement derrière elle.

——- se retourna, et aperçut Kaon, le visage éclairé par ses paumes.

"Tu as fini de jouer ?"

Elle cria, et sortit de la pièce en courant.

Non, il fallait qu'elle se calme. Qu'elle se rappelle du plan. Il fallait qu'elle le brûle. Ses paumes brillèrent avec plus d'intensité, ses pupilles changèrent de couleur, et l'air autour d'elle chauffa.

Elle se retourna, et vit Kaon qui marchait tout droit vers elle.

Elle était prête. Du moins elle croyait.

Il sauta brusquement sur elle, et par miracle, elle réussit à l'éviter. ——- n'eut même pas le temps de s'en remettre, qu'il changea d'angle d'attaque.

Gauche, droite, gauche, gauche, reculer, se baisser, gauche, droite.

Kaon gagnait de plus en plus de terrain, et ——- en perdait de plus en plus.

Gauche, droite, gauche, gauche, reculer, se baisser, gauche, droite.

Elle était tellement obnubilée par la lame qui manquait de la transpercer à chaque coup, qu'elle ne voyait plus rien d'autre. Son état de concentration était si élevé, qu'elle ne fit pas attention à la chaleur de la pièce qui augmentait de degré en degré.

Jusqu'à qu'elle voulut s'appuyer sur un meuble, et qu'elle manqua de se brûler. Déconcentrée par la douleur de sa main, ——- ne fit pas attention au poignard qui fonçait vers son ventre.

Une goutte de sang tomba sur le sol, puis deux, puis trois. La flaque ensanglantée s'agrandit sous ses pieds, et son souffle se bloqua.

Le sourire de Kaon était si grand, que ——- avait l'impression qu'il allait lui fendre le visage. Elle jeta un coup d'œil vers son ventre, et elle faillit s'évanouir en voyant la quantité de sang qui en sortait. Une odeur métallique lui brûla les narines, et ——- crut qu'elle allait s'évanouir.

Kaon enfonça la lame dans la plaie, et une douleur fulgurante parcourra tout son corps.

Il fallait qu'elle se sorte de là.

Le rouge des yeux de ——- s'obscurcit, et elle posa ses mains brûlantes sur celle de Kaon. Son visage se tordit dans une grimace, et ——- profita de l'effet de surprise, pour retirer le poignard de son corps.

Elle hoqueta sous la douleur.

Kaon, en furie, fondit sur elle, mais elle esquiva sa poigne rapidement.

Dans un élan désespéré, elle s'entoura d'une barrière de magie. Peine perdue, car il ne fallut à Kaon qu'à toucher l'énergie dorée de sa main pour qu'elle disparaisse.

Comment oses-tu essayer de me nuire ?!, il rugit, et ——- en eut les larmes aux yeux.

Il l'agrippa par la gorge d'un geste vif.

"Je vais te faire souffrir tellement fort. Tu me supplieras de te tuer."

Il appuya sur la plaie, et ——- ne put empêcher les larmes de rouler sur ses joues.

"Tu es tellement faible. Si pathétique. Comment une sous-merde comme toi peut oser penser qu'elle arriverait à me battre ? Tu es misérable."

Kaon fit blanchir sa main d'énergie, et renforça sa prise sur le cou de sa proie. ——- reçut une décharge qui fit convulser tout son corps.

"J'ai tué Véra. J'ai tué Jisung. J'ai tué Minho. J'ai tué ta peluche ridicule. J'ai tué toutes les personnes que tu aimes."

Une autre décharge, plus forte encore.

"Tes Empereurs t'ont menti. Tu ne réussiras jamais à me vaincre."

Là, ——- pleurait franchement.

— P-pourquoi v-vous êtes s-si cruel, elle sanglota. C'est horrible ce que vous faites. C'est horrible, c'est horrible, c'est horrible.

Elle cria, dans la détresse la plus totale :

"Je veux me réveiller !"

Le rire de Kaon résonna dans toute la pièce, et une autre décharge électrique parcourra le corps de la jeune fille.

Elle ne sentait plus ses jambes.

" Je ne savais pas qu'un tel niveau de stupidité pouvait exister."

——- renifla, et essaya vainement de se détacher de la poigne de Kaon, ce qui amplifia sa douleur.

Agacé par sa ténacité, il la jeta sur le sol. Elle atterrit dans un bruit sourd. ——- voulut se relever, mais sa tête tournait trop. Elle avait dû perdre trop de sang. La jeune fille essuya ses joues trempées de larmes. Elle avait froid. Elle voulait que tout se finisse.

Kaon semblait du même avis, car son énergie blanche illuminait toute la pièce. L'abondance de lumière renforça le mal de tête de la jeune fille.

"Il est temps de terminer tout ça, tu ne crois pas ?"

——- respirait lourdement, chaque inspiration brûlant ses poumons.

Alors, elle allait mourir ? Elle n'avait même pas atteint la majorité. Jamais elle ne pourrait finir son roman, jamais, elle n'allait pouvoir avoir des enfants. Qu'est-ce qui pousse les gens à être si cruels ?

Elle avait tellement froid.

——- bougea légèrement, cherchant un peu de chaleur dans le plancher. Un poids bascula avec elle, dans un cliquetis. Elle s'arrêta net, et jeta un coup d'œil vers Kaon.

Les yeux fermés, les sourcils froncés, il était en train de se concentrer, l'énergie dans ses paumes grossissant à chaque expiration.

Prudemment, elle mit sa main sous son pull. Elle siffla quand l'air effleura sa blessure, et mit la main sur l'origine du bruit. ——- sortit doucement l'objet de son vêtement, et sa lèvre inférieure tressauta quand elle comprit de quoi il s'agissait.

Le collier de Véra.

Elle ne s'en séparait jamais, pourquoi était-il là ?

Ah oui, elle était morte.

Une larme roula sur le plancher, et laissa une marque sur le sol sali.

Doucement, ——- osa l'enfiler. Le fermoir émit un petit bruit.

Faites que Véra repose en paix.

Elle rouvrit les yeux quand elle sentit le métal froid contre sa peau.

Le sol trembla sous les pas de Kaon. Il avait fini.

"Fais-moi le plaisir de ne pas lutter, tu es suffisamment pénible comme ça."

Pourquoi il adorait tellement faire souffrir les autres ?

Kaon haussa un sourcil.

Oh non. Elle avait parlé à voix haute.

"Ça te démange de savoir, hein ? Tu dois sûrement te dire qu'avoir autant de haine n'est naturel."

——- hocha légèrement la tête.

" En réalité, c'est autant de joie qui n'est pas naturel. Toujours être l'esclave du bonheur, à toujours le rechercher. Vous êtes tous des menteurs ! "

Kaon haussa le ton, et ——- crut qu'elle allait se faire dessus par peur.

"Avec vos sourires faux ! Bandes d'hypocrites !"

Il écrasa le corps de la jeune fille avec son pied.

"La peine, le dégoût, la souffrance ! Voilà de vraies émotions ! Nous sommes tous égaux. Personne n'est plus heureux que l'autre."

— C'est à d-dire que v-vous n'avez j-jamais été heureux ?

En voyant le regard noir de Kaon, ——- regretta immédiatement ses paroles.

— Je ne ressens pas d'émotions aussi pathétiques.

Kaon jugea la conversation close, car il empoigna les cheveux de ——-. Il la souleva, et concentra toute la lumière de son corps vers sa main libre.

Mais ——- n'avait plus peur. La seule chose qu'elle ressentait en ce moment penchait plus vers une forme de compassion.

C'était tellement triste. Il n'avait jamais connu la joie d'être en famille, le bonheur de rire, la douceur d'être aimé.

Peut-être qu'il n'avait jamais été aimé.

Kaon plaça sa main sur le visage de ——-, pour qu'elle soit anéantie dès le premier coup.

— Je t'aime.

Il s'arrêta net. Une veine sur son front tressaillit. Kaon enleva sa main du visage de la jeune fille, pour qu'il puisse mieux l'entendre.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ?

— Je t'aime.

Kaon n'en croyait pas ses oreilles. Il la savait insolente, mais elle venait de franchir les limites. L'intensité du regard de la jeune fille le fit flancher. Ses grands yeux étaient d'un rouge profond, comme si sa magie ne s'épuisait jamais.

— Ne redis plus jamais ça.

— Je t'aime.

Kaon ricana, plein de rage.

— Tu ne sais rien dire d'autre ?

Doucement, ——- saisit le pouce qui était sur son crane chevelu, et le déplia doucement. Kaon ne pouvait qu'observer la scène sans rien faire, il était comme paralysé.

Elle déplia l'index, le majeur, et enfin ses pieds regagnèrent le sol.

Je t'aime, elle répéta, et son corps débordant de chaleur, elle l'enlaça.

Kaon fulminait. Personne n'avait le droit de le toucher. Surtout aussi intimement. Mais il était figé par une force inconnue. Il ne put qu'observer la jeune fille le serrer dans ses bras de toutes ses forces. Kaon était gigantesque, la tête de ——- lui arrivait en dessous de la poitrine. Mais ça n'empêcha pas l'Élue de lui offrir un câlin.

——- sentait une vague de chaleur se diffuser dans tout son corps. Elle respira lentement, et ses paumes brillèrent. Puis ses bras, son visage, son torse, et ses jambes. Tout son corps brillait. Le rouge de ses pupilles coula de ses yeux, descendant jusqu'à ses pommettes.

Elle transpirait la magie.

——- resserra sa prise autour de Kaon, alors que l'ambiance de la pièce se chargeait d'énergie.

Le collier autour de son cou vibra, et il s'ouvrit. Un bout de cristal en sortit. Il tournoyait à grande vitesse, prenant de l'altitude en un clin d'œil.

Si ——- se demandait ce qu'il faisait dans le collier de son amie, Kaon comprit immédiatement de quoi il s'agissait.

Son visage se tordit de stupéfaction. Comment était-ce possible ? Il restait un autre morceau du cristal chargé de ses émotions ?

Kaon voulut vainement fuir, s'échapper de son destin scellé, mais impossible pour lui de bouger.

——- le tenait bien trop passionnément.

Impuissant, il regarda le cristal s'arrêter dans les airs. Il ne connaissait que très bien la suite.

Le bout de cristal s'illumina d'une lumière vive, et reprit sa dance folle.

Et ——- comprit. Elle venait de faire le lien avec le cristal et l'air paniqué de Kaon. Aussi, elle ne broncha pas quand le cristal se fondit dans la peau de Kaon, ni quand l'homme se mit à convulser, de la lumière blanche sortant par tous les orifices de sa peau.

——- lui chuchota une dernière fois qu'elle l'aimait, et puis ses bras se refermèrent autour du vide.

Des milliers d'étincelles apparurent dans l'air, donnant une allure beaucoup trop joyeuse à la scène tragique qui venait de se dérouler.

༉₊˚࿐

Les premiers rayons de soleil apparurent dans le ciel, et ——- eut l'impression de revivre à nouveau.

Elle respira un grand coup, tiraillant sur son ventre soigné par son énergie.

Une paillette se posa délicatement sur sa joue, et sans qu'elle sache pourquoi, ——- fondit en larmes.

Elle pleura sans bruit, comme si elle n'osait pas déranger. Ses jambes faiblirent, et elle s'agenouilla sur le sol.

——- ne savait pas combien de temps, elle avait passé à pleurer, mais quand ses yeux s'asséchèrent, elle se sentit reposée.

Le sol trembla, et les grandes portes du couloir s'ouvrirent en grand. Une foule de personnes accoururent près d'elle, dans un vacarme monstre. L'infirmier l'examinait sous toutes les coutures, les Empereurs répétaient sans cesse à quel point elle avait fait du bon travail, les agents de sécurité prenaient tout en photo pour faire des rapports, et surtout, Véra était là.

Il fallut de longues minutes à——- pour qu'elle réalise, qu'en réalité, son amie était bel et bien vivante.

Véra lui raconta tout.

Kaon l'avait projeté hors de la pièce, et sa magie était trop puissante pour qu'elle puisse y retourner. Alors, elle avait alerté tout le palais, mais personne n'était capable de rentrer dans la pièce à cause de la puissance de la magie brute. Tout Tarbamo avait fait une nuit blanche, incapable de dormir sans savoir le vainqueur du combat.

"Laissez-nous passer !"

Les yeux de ——- s'écarquillèrent quand elle reconnut la voix de Minho. Se frayant un passage dans la foule, ses parents accoururent à ses pieds.

— V-vous n'êtes p-pas morts ?!

Sa voix était déjà en train de trembler.

— Oui, nous sommes en vie. Et nous sommes là, la rassura Jisung, pressant sa main contre sa joue.

Elle fondit dans leur étreinte, soulagée au possible.

Le soleil se leva tout à fait, et ——- ne put retenir un bâillement. Elle avait beau répéter à tout le monde qu'elle n'avait aucune envie de dormir, et qu'elle était en pleine forme, ses parents n'étaient pas du même avis.

Minho, à l'aide de Véra, éloigna tous les curieux autour de sa fille, et Jisung la porta jusqu'à sa chambre. Sa tête toucha son oreiller, et elle s'endormit en un instant.

Et pour la première fois depuis des semaines, elle dormit en paix.

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