6- Roscoff
Résumé du chapitre précédent
Des évènements étranges se produisent en Bretagne et Boniface, un policier envoyé enquêté là-bas a disparu. Tami est désigné pour aller faire un tour en Bretagne, essayer de comprendre et rassurer la population locale.
Il passe saluer son père et ses amis Martial et Ira avant de partir.
Personnages principaux :
Tami Charlaix, fée, inspecteur de police à la PMN.
Gwendal, l'humain ?
Merlin Charlaix, bébé fée
Personnages secondaires :
Ses collègues de la PMN : Shane la sorcière du Nord, Horio l'orc, Irène Lanala son ex capitaine, Le lourd son nouveau capitaine et le commissaire Tabor. Boniface le policier qui a disparu. Rosa l'experte scientifique.
De la meute de l'Est : André Charlaix, son père. Martial Markalan le Bersek et lra Champelier le futur couple d'alpha. Leurs trois enfants-louveteau : Hans, Naomi et Noah. Jason Markalan, l'alpha de la meute de l'Est. Liam Daguerre, le scientifique de la meute et le beau-père d'Ira, marié à Frédéric Champelier, le père d'Ira.
***
J'ai une vieille Alfa Romeo Julia, évoquant une casse à savon agrandie, que j'ai bricolé moi-même. Mon année de naissance remonte à la Seconde Guerre mondiale humaine. Finalement, je suis un papy, cela ressort quelquefois, comme dans le choix de mes fringues. Je me suis arrêté à la mode des années soixante du vingtième siècle, boléro et chemise en coton. Ainsi que le perfecto encore à la mode, comme quoi on avait tout bon !
J'ai l'air d'un vieux con quand je dis ça, mais de mon temps on savait faire les choses bien. Au moins les voitures pouvaient être réparé sans ordinateur.
Sur l'autoroute, ma Julia ronronne comme un tigre au repos et si je m'approche du cent, elle imite un réacteur d'avion. Merlin regarde le paysage, depuis son siège bébé à l'arrière ou me détaille, il met un point d'honneur à ne pas dormir. Une couverture dissimule ses ailes et j'ai aussi un sortilège pour les rendre invisibles aux yeux humains.
Quand nous serons arrivés à Roscoff, nous ferons avec et j'ai choisi exprès une maison isolée. J'ai loué chez un humain pour un mois, prétendant être des chercheurs qui étudient l'histoire de la Bretagne au paléolithique.
Luis, le garde du coups convalescent que je suis censé materner et qui en réalité est là pour me protéger, Klino le vampire et l'orc Nouria sont parties dans une fourgonnette noire sécurisée de la meute. Il va tout préparer pour mon arrivée. Luis travaille dans notre boite parisienne de sécurité privée. Je me souviens de lui au village, un gamin cool. Luis est devenu nerveux, après plusieurs missions dangereuses, la psy de la boite de sécurité a exigé une mission sans stress.
Le trajet s'écoule interminable et j'arrive dans la Loire, après Bourges avoir déjà fait six cents kilomètres de petites routes. La voiture chauffe, Merlin grogne et a fait popo, alors je vais m'arrêter dans un hôtel humain.
Je prends mon vieux téléphone à clapet avec de l'électronique au minimum. Je peux le réparer moi-même, c'est dire comment il est basique. Je n'aime pas les smartphones, par snobisme et aussi parce que l'on peut être tracé.
Je caresse la joue de Merlin, alors que Luis décroche sur un bref j'écoute, bien militaire.
─ C'est Tami, je suis en route, mais j'ai un gros coup de fatigue, alors je vais m'arrêter ce soir.
─ La maison est confortable, un peu près de l'eau ! Les humains sont curieux ici ! Nos propriétaires, un couple âgé, ils sont venus inspecter et se sont extasiés de notre matériel.
─ Tu as sorti le baratin sur la recherche ?
─ Oui ils ont dit qu'ils ne savaient pas que les scientifiques avaient autant de moyens.
─ Flutes des humains curieux ! Bon, pour l'eau c'est parfait.
─ Je vais mettre des alarmes sur la plage pour que ce qui est dans l'eau reste dans l'eau et ce qui est sur terre reste dans la terre.
─ Bonne idée, j'approuve en regardant mon bébé dans son landau. Que rien ne puisse voler aussi !
─ Tu crains quelque chose ?
─ Juste que mon bébé s'éloigne.
Il raccroche en marmonnant qu'il va aviser.
Il va me falloir user de persuasion avec mon fils, car j'aimerais qu'il rentre ses ailes et acquière déjà les bons réflexes pour se camoufler. Sinon je devrais utiliser les sortilèges pour que les humains oublient ce qu'ils ont vu.
─ Merlin, on va s'arrêter ici pour cette nuit, est ce que tu peux rentrer tes ailes ?
Il me regarde avec des grands yeux impatients, les larmes perlent.
─ On arrive chez les humains et il faut cacher tes ailes ! Rentre-les ! Tu PEUX le faire ! ALLEZ mon petit gars !
Je le regarde, agacé contre moi-même, d'obliger mon bébé à se cacher. Il semble bouder, tourne la tête en faisant des bruits peu gracieux, puis commence de les replier.
Il les plie complètement, quand je disais que ce gamin était un génie ! Il n'a que huit mois et il comprend déjà tout ! Je vais être le père d'un prix Nobel ! Je souris en l'embrassant, fier de lui.
─ J'ai le choix entre le Mac Do dégueulasse et le Courtepaille, hum ! On va tirer à pile ou face. Ah tiens une chaine mexicaine, pas mal !
J'ai atterri au Mac Do, les files d'attente devant les autres restaurants m'ont arrêté et Merlin gigote dans son siège en admirant un ballon orange. Je crois que c'est gratuit pour les enfants, alors je le prends et le lui donne, lui faisant pousser un cri de joie.
Je mange des frites et Merlin me regarde et tend son petit bras, il commence de déplier ses ailes.
─ Houlà ne sort pas tes ailes en plein milieu d'un restaurant !
Je le prends sur mes genoux pour lui contenir le dos et lui fais gouter la frite qu'il prend à pleine main et mâchouille.
La meute a quarante enfants en bas âge, ce n'était pas arrivé depuis longtemps. Il faut dire qu'avec les aigles et ceux de mon couple préféré, ils en ont eu six d'un coup et bientôt trois de plus.
Quand les Brasov ont été défait, presque deux cents louves prisonnières et autant de soldats ont été libérés et repartis entre les différentes meutes, alors que les louves manquaient cruellement.
Nikita, une petite humaine rageuse , prisonnière elle aussi, est devenue soldate responsable de la sécurité du village. Elle se souvient de moi quand j'étais branché, elle menace parfois de me rebrancher.
***
Je découvre les lieux sous une pluie battante, le jardin est d'un vert trop intense et le calme troublé uniquement par les clameurs des vagues. C'est paradisiaque, mais je suis étrange comme fée, car moi je préfère l'agitation de la ville. Des rhododendrons démesurés et des hortensias colorés égaient les lieux. La maison de pierre grise est d'une belle taille, elle est rassurante face à l'océan déchainé. Je n'ai aucun doute sur le fait que Merlin va adorer, d'ailleurs on ne l'entend plus lui !
Incroyable, il dort enfin !
─ Vous en avez mis du temps ! rouspète Nouria.
─ Nous nous sommes arrêtés visiter les châteaux de la Loire. Merlin en avait envie et moi aussi.
Luis regarde le bébé dans son berceau. Visiblement il ne me croit pas.
Ce qui est fou, c'est qu'il a gazouillé tout le trajet sans daigner dormir. Et voilà, il vient de s'endormir à moins de quelques minutes de l'arrivée.
Klino le vampire flotte. C'est un nouvel engagé dans notre meute qui me regarde avec des yeux ronds, il doit sentir ma nature hybride : j'ai du sang de vampire en moi.
Pendant ce temps, Nouria a déjà sorti le siège auto et pris Merlin dans ses bras, c'est malin, elle l'a réveillé ! Elle le cajole et lui parle comme si elle ne l'avait pas vu depuis des mois.
Le bébé répond à ses gazouillis dans une discussion improbable, pourtant c'est visible qu'il tombe de sommeil. Il a déplié ses ailes en grand et les agite.
─ Méfie-toi, il vole maintenant le petit chenapan.
Elle le félicite en le couvrant de bisous et mon fils se tortille dans ses bras charmeurs.
Il s'envole d'ailleurs dans les airs, pour lui prouver son aptitude. Je n'ai que le temps de sauter en utilisant la poudre de fées pour le récupérer.
─ C'est normal qu'il vole si tôt ? On va surement devoir lui mettre une ficelle comme un ballon, rouspète Luis.
Le ballon !
Je sors le ballon orange et le donne à mon fils qui le prend dans ses bras comme un trésor.
─ Il est précoce ! Il va nous falloir redoubler de prudence.
La terrasse, contre laquelle j'ai garé la voiture, est abritée d'un toit de tuiles grises et entourée d'arbustes. Très pratique, avec la pluie battante.
Je secoue la tête, chassant quelques gouttes. Pendant que je décharge le coffre avec les affaires du bébé, les créatures qui nagent nous observent.
Merlin est dans les bras de sa nounou et Luis a mis sa menace à exécution, il lui a mis un harnais comme pour un chien sur le pied avec une laisse.
─ D'où tu avais ça toi ? je demande ébahi.
─ Quand tu m'as dit hier soir qu'il volait, j'ai songé à quelque chose pour l'empêcher de s'éloigner. C'est mieux que rien non ?
Le bébé marmonne et Nouria l'installe dans son landau, en redressant le siège. Nous avons tourné la poussette vers la mer et le bébé admire l'eau en poussant des cris de joie comme s'il assistait à un spectacle. Je regarde machinalement, sentant des regards.
Ce n'est plus quelques magiques, je constate que plus d'une vingtaine de sirènes regardent le bébé et son ballon comme si eux étaient au spectacle.
─ Luis ? Tu as prévu assez de sécurité ?
Tout d'un coup je me sens moins tranquille. Les peuples de l'eau sont comme tous les magiques, en déclin. Je fais partie des dernières fées, les meutes de loups s'éteignent et en Méditerranée il y a de moins en moins de créatures magiques. Contre toute attente ici, elles sont nombreuses. Je n'avais jamais vu autant de sirènes d'un seul coup. En plus il y en a une qui porte une couronne de perle. Nous connaissons tous la hiérarchie des sirènes comme eux doivent connaitre celle des changeants, les couronnes de perles sont pour les cheffes des bans de poissons et normalement les reines, c'est ainsi qu'elles s'appellent, ne sortent pas par peur du danger. Celle-ci ne semble pas avoir peur.
─ Je vais les doubler, voire les tripler, marmonne-t-il. Je vais aussi prévenir l'alpha, il a des contacts avec les représentants des peuples de l'eau.
─ Je ne savais pas qu'il restait autant de magiques dans le coin.
Mon bébé lui chatonne en criant dadadadadadada.
─ Ce n'est pas des jouets mon bonhomme, je marmonne en terminant de décharger et si tu pouvais être un peu plus discret ?
Ce voyage l'énerve. Je me demande quand il va enfin dormir.
La maison est meublée à l'ancienne, du bois chaleureux et des vieux canapés confortables, une bonne flambée crépite dans la cheminée, bienvenue, réchauffant les murs.
Je découvre ma chambre au papier peint bleu, un lit avec plusieurs couettes épaisses et un bureau de bois, qui n'attend que mon ordinateur. La porte-fenêtre donne sur le jardin et permet d'admirer l'océan.
Bon ce n'est pas tout cela, je vais devoir bosser un peu !
Mon ordinateur allumé, je checke mes mails. Toujours aucune nouvelle de Boniface, cela ne sent pas bon ! Les policiers du coin m'ont donné rendez-vous demain à Huelgoat, près d'une des anciennes entrées de la forêt de Brocéliande. Je relis les instructions incrédules, j'ai des codes secrets dignes d'un roman d'espionnage.
Boniface travaillait seul, il a disparu à Pleyben. D'après les caméras de sécurité humaine, il a laissé son véhicule sur le parking de l'enclos paroissial. Nous n'en savons pas plus, le véhicule est resté là, tandis que Boniface s'est volatilisé.
Bon sang, Boniface, mais qu'as-tu découvert ?
J'ai pas mal de mails de la brigade pour des questions sur des dossiers en cours. Le capitaine le lourd me demande de lui faire un rapport détaillé par jour. Je grommèle tout en lui répondant que je suis installé. Cela ne loupe pas, il m'appelle aussitôt. Il commence par des remarques que je n'écoute pas.
─ Vous disiez capitaine ?
Il soupire, excédé et j'en profite pour changer de sujet :
─ Des nouvelles, pour les disparitions ?
─ Non, mais nous avons eu une autre ! J'ai mis Shane sur le coup.
─ Comment cela ?
─ Un orc Wilgrod, un scientifique spécialisé dans le monde chamanique, son frère vient de signaler sa disparition qui remonte à plusieurs mois et personne ne l'avait remarqué.
─ Ah oui, je me rappelle que la bibliothécaire m'en avait parlé. Elle pensait qu'il pourrait l'aider à repérer les livres manquants.
Il me tient la jambe me rappelant de bien me comporter avec les flics que je vais rencontrer demain. Pendant ce temps, la nounou a couché Merlin dans la chambre voisine de la mienne. Je baille à mon tour, il va être temps d'imiter mon fils.
***
C'est un soleil radieux qui me réveille, avec l'impression d'avoir loupé un épisode, car j'ai en mémoire la pluie abondante de la veille. Je vais siroter mon café sur la terrasse encore humide, admirant la grande bleue qui accroche les rayons de soleil. Le bébé dort toujours, il n'a pas bougé cette nuit.
─ Le temps change vite d'après la proprio, explique Nouria qui vient me rejoindre.
Luis a les cheveux aussi noirs que ceux de Merlin. Il revient visiblement d'un footing sous sa forme humaine et a encore du progrès à faire pour paraitre détendu. Il me salue d'un hochement de tête, je pense que c'est le mieux que j'obtiendrais de ce taiseux. Klino apporte de quoi prendre le petit déjeuner dehors.
Luis me parle des sécurités qu'ils ont installées, quand j'entends des gazouillis, l'oiseau est réveillé. Il s'est retourné complètement dans le lit et ce n'est pas son seul exploit : il a ressuscité une vieille fleur qui était dans sa chambre et des arbres poussent sur le plancher.
Les proprios ne vont pas être contents !
Je retourne voir Luis avec le bébé et son biberon dans les bras.
─ Humm ! Merlin a planté des arbres dans sa chambre, il faudra les retirer.
L'heure tourne, il va être temps d'aller rencontrer mes collègues qui ont installé une cellule de crise à Huelgoat.
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