17- Mystères en stock
Résumé des chapitres précédents
Boniface un policier magique a été retrouvé mort. Le crime semble avoir été commis par des indépendantistes. Tami et son collègue Erwan remonte la piste jusqu'à un village Rosnoën ou un orphelinat a été détruit, les lieux puent la magie. Ils rencontrent Jeanne la sœur du curé qui leur raconte que des enfants ont été victime d'une sorcière Lorelei Rockdern. Ils découvrent que des enfants ont disparu. Tami sent que Jeanne ne lui a pas tout dit.
Personnages principaux :
Tami Charlaix, fée, inspecteur de police à la PMN.
Gwendal Tiersen, le druide du vent
Merlin Charlaix, bébé fée
Baboo, petit papillon humain du monde magique
Personnages secondaires :
Jeanne, la sœur du curé
Les collègues de la PMN de Tami : Shane la sorcière du Nord, Horio l'orc, Irène Lanala son ex capitaine, Le lourd son nouveau capitaine et le commissaire Tabor. Boniface le policier qui a disparu. Rosa l'experte scientifique.
Les policiers de la PMN de Bretagne : le capitaine Landerneau, l'inspecteur Erwan Rosdof.
***
Nous bénéficions d'un convoi de transplanage pour assister à la crémation chamanique de notre collègue à Nice. J'ai revêtu mon uniforme noir de la PMN, long manteau, pantalon et casque incurvé Shaolin. Shane me serre un long moment dans ses bras sans rien dire. Elle est sentimentale cette sorcière !
J'aurais juré que Boniface méprisait les humains, mais il laisse une épouse humaine et un bébé. Il cachait bien son jeu. La jeune femme est en pleurs, inconsciente de son entourage magique, quant au bébé, il a hérité de son père et des objets dansent autour de son berceau.
Shane me souffle :
─ Elle a été ensorcelée pour être aveugle à la magie, sans doute par Boniface et nous allons devoir lever le sort et lui expliquer notre monde.
Anastasie, une vieille flic troll, lance d'ailleurs un charme pour calmer le bébé qui était en train de former un vortex noir. L'assemblée souffle de soulagement. La mère aura besoin d'aide et un groupe d'experts attend d'ailleurs la fin de la cérémonie pour la prendre en charge.
Le retour en Bretagne est triste, au moins Shane et Horio m'ont rejoint. Les quelques jours suivants sont passés en une succession de vérification et de suivi de pistes qui mènent toutes dans des impasses.
Profitant de notre présence, les collègues bretons ont organisé une descente dans un entrepôt qui est dans leur collimateur depuis plusieurs mois pour un trafic de fluide de goules. Ils avaient stoppé un camion qui a brulé et le conducteur s'est suicidé dans sa cellule.
Quand nous débarquons dans l'entrepôt suspect, nous découvrons incrédule, les vestiges d'un champ de bataille. Des zones saccagées magiquement avec des containers éventrés et des litres de produit argenté répandus sur le sol. Il y avait bien un trafic, mais quelqu'un l'a stoppé avant nous. Les goules, affreuses créatures parfois carnivores, ont la particularité d'avoir un sang avec quelques propriétés similaires à celui des fées. Il est notamment conducteur de magie. Certains barbares n'ont pas hésité à mettre en place des trafics pour obtenir le précieux fluide, pour cela on presse la goule, c'est cruel et douloureux.
Landerneau se frotte les cheveux ébahis : nous avons été devancés !
Quelqu'un appelle les experts scientifiques, tandis que nous fouillons partout. Nous avons assez d'expérience de descentes foirées, d'entrepôts vidés à la hâte, pour savoir que ce n'est pas ce que nous découvrons ici.
Il y a eu lutte, en témoigne des murs éventrés, des fenêtres cassées, des douilles et des armes, et tout ce sang magique au sol. Par contre aucun corps, les belligérants ont emmené leurs blessés. La bagarre remonte à peu, puisque le sang de goule n'est pas encore sec.
Les experts inspectent minutieusement, photographiant et prélevant. Un expert-sorcier fait apparaitre en ombre argentée ce qui se trouvait là : Des cages et des silhouettes emprisonnées.
Je frissonne devant cette évocation de très mauvais souvenirs. En m'approchant, je marche sur des restes de crustacés au sol.
Bingo !
Je ne connais qu'un sorcier qui fait ce genre de chose. Melchior le grand mage transforme ses adversaires en crustacés. Melchior qui a disparu depuis plusieurs mois et que nous recherchions à Nice.
Je me dépêche de signaler le fait à Landerneau et demande une analyse de tous les détritus. Pendant ce temps Shane a déjà appelé le Lourd à Nice pour le prévenir de la nouvelle donne.
Des recherches magiques permettront de remonter aux sorts des sorciers et indiqueront si l'objet que nous avons sous les yeux a toujours été un crustacé ou s'il a été autre chose, comme un homme. Je vais vite dans mes conclusions, mais si Melchior était prisonnier ici, alors peut-être que les autres disparus de Nice, le sont aussi.
Je vois un truc et me précipite dans la zone, indifférent aux récriminations des experts.
Un livre abimé, couvert de sang. Je le feuillète provoquant l'agacement du sorcier expert grincheux, je lui montre mes mains gantées. Je le feuillette.
─ PU** N ! BORDEL ! c'est un livre de la BMN. Un des livres qui avait disparu lors de l'attaque.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Je me tourne vers les experts scientifiques.
─ Comparez tout ce que vous trouverez au dossier PMN 888889699655 Des disparitions suspectes sur lequel j'enquêtais à Nice et au dossier PMN 1299333388455 c'est une attaque de la BMN.
─ Il y en a des numéros ? s'étonne Erwan. Ça correspond à quoi ?
Je fais un mime d'ignorance, sans doute un sorcier zélé, passionné de procédure administrative. Nous avons aussi ce genre-là chez les magiques.
Quand je rentre chez moi à l'aube, je passe admirer mes deux petits bonhommes qui dorment profondément. Merlin les quatre membres écartés et le petit gnome dans un lit de poupée miniature rose.
Je me douche, épuisé, énervé de tous ces liens qui surgissent dans l'enquête, comme l'attaque de la bibliothèque et les disparitions. Nous sommes dans une impasse, mais il me reste la piste Jeanne.
Le soleil se lève, et les deux enfants se réveillent. Pendant que Merlin prend son biberon, Baboo mange un petit pois. Il aime avoir des couverts et Nouria lui a acheté la maison de poupée Barbie rose affreuse, il a modifié le nom dessus, c'est désormais la maison de Baboo.
Elle m'a filé la facture et ça coute une blinde ce truc.
J'ai l'impression qu'on piétine encore et c'est si frustrant. Les expertises du site de l'entrepôt, mais les analyses sont en cours. Ă Rosnoën une dizaine de policier travaillent d'arrachepied pour essayer de reconstituer ce qui s'est passé. Nous savons désormais que les événements remontent à dix-neuf ans.
Le point essentiel c'est que tout a été soufflé sans trace de magie, comme les commissariats.
Nous sommes convaincus d'une chose, c'est le crime « 0 ». Il a toujours une importance particulière, parce que c'est le plus proche du criminel. J'ai un enjeu majeur, il faut que je fasse parler Jeanne ou son frère.
Alors j'ai expliqué à Merlin que nous allions nous promener et qu'il devait cacher ses ailes. Je compte sur lui pour faire du charme à la vieille femme. Il me faut obtenir son secret. Baboo a rouspété, car il voulait venir aussi. J'ai dû faire preuve de persuasion, lui expliquer que ce serait trop dangereux pour lui si les magiques découvrent sa présence. Il boude et donne des coups de pieds dans des cailloux deux fois plus gros que lui.
***
Quand la porte du presbytère s'ouvre sur Jeanne, je lui tends sa plante sans rien dire.
Elle admire le bébé sage dans sa poussette qui la fixe.
─ Voici mon fils Merlin, nous sommes en balade et j'en ai profité pour vous la ramener.
Jeanne prend le pot d'une main tremblante, un vieil homme la rejoint, il porte le col blanc, maigre et décharné, digne. Parfois, les humains sont étonnants, ils transcendent leur capacité. Son aura pure resplendit en un sacré pied de nez aux Rockdern qui n'ont pas réussi à le corrompre.
─ je n'ai pas d'explications...
Jeanne m'interrompt d'un geste de la main.
─ Je vous crois... je me rappelle des enfants, ils avaient des dons étranges.
J'ai les tripes qui ont fait un trois cent soixante, alors qu'elle s'est approchée de Merlin et lui caresse la joue, il a attrapé son doigt et émet des babillements.
Des enfants sorciers ?
─ Comment cela ?
Je me retiens de la secouer pour qu'elle réponde plus vite.
─ Un des enfants tordait les métaux et un autre faisait pousser les plantes. Merci, ajoute t'elle en me désignant les fleurs.
Une toux discrète la fait sursauter.
─ Pardon je suis distraite, je vous présente mon frère Léopold.
Le curé avec ses grands yeux bleus me salut, il s'approche à son tour du bébé. Je m'ébahis de la sagesse de Merlin, il a parfaitement compris qu'il ne doit pas montrer ses ailes.
─ Je vais me promener sur la plage, j'explique priant pour qu'elle m'invite à rentrer et à bavarder.
─ Nous vous accompagnons, décrète t'elle.
Sur le chemin, nous marchons doucement, j'en profite pour lui avouer que je suis policier et passionné d'architecture.
─ Et de plante, complète t-elle. C'est bien que vous soyez policier, parce que je dois avouer ...Elle s'interrompt avant de reprendre. Vous savez je ne vous ai pas tout dit. J'ai fait quelque chose de mal !
Nous sommes arrivés en vue des ruines lugubres, tandis que son frère baisse la tête, comme si lui aussi avouait.
Cela me semble impossible, cependant mon passé d'enquêteur m'a permis d'entendre des choses bien plus incroyable. Le silence s'installe, elle ne semble pas décidée à cracher le morceau et regarde Merlin qui s'est endormi dans sa poussette.
─ J'ai caché un des enfants de Rosnoën. Je n'ai pas respecté la loi ! Il aurait dû être renvoyé à l'orphelinat, mais je ne pouvais pas m'y résoudre.
Mes mains se serrent sur la poignée du landau. Je n'ose pas y croire.
─ Racontez moi en détail ! Que c'est il passé ? Qu'avez-vous fait de cet enfant ?
Dans mon esprit, je cogite à toute vitesse, nous avons peut-être la chance de récupérer un témoin.
─ J'ai envoyé l'enfant chez une amie à moi, ma correspondante anglaise. Il s'appelait Michel Le Quenec. Je lui ai fait des faux papiers.
Elle perçoit mon incrédulité et poursuit en précisant :
J'étais secrétaire de mairie, je n'ai eu qu'à me servir. Ma conscience me travaille d'avoir fait des choses interdites.
─ Mais vous avez sauvé un enfant ! Expliquez-moi ...
─ J'étais passé porter des œufs frais. L'orphelinat était si silencieux. Je me suis demandé ce qu'elle avait encore fabriqué. Je suis allé à l'infirmerie pour trouver le petit Michel blessé ...Elle agrippe la main de son frère en parlant. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je l'ai enlevé et emmené au presbytère. Il n'avait que trois ans, il était léger comme une plume, gravement blessé. Peu de temps après la garce est venue le réclamer. Elle rigolait en disant qu'il allait mourir, couine Jeanne.
─ Il avait reçu des coups de couteau, nous savions que si nous allions à la police cela ne servirait à rien, murmure le vieil homme.
─ Je ne sais pas ce qu'il m'a pris ! Je lui ai dit qu'il était mort et le pire c'est que j'ai convaincu mon frère de faire un parjure, un faux enterrement. En réalité, l'enfant s'est rétabli doucement dans le secret. Je ne pouvais pas le garder, malgré mon envie, car je savais que dès qu'elle le verrait, elle voudrait le récupérer pour ses jeux cruels.
Elle soupire avant de poursuivre : Quand Michel a été assez remis pour pouvoir marcher, j'ai prétexté un besoin de changement d'air et je l'ai emmené en Angleterre pour le confier à ma correspondante anglaise, Candice Perterson.
Je la serre dans mes bras, puis prend la main du vieil homme. Ils ont fait une très bonne action et affronté une sorcière qu'ils ont roulé dans la farine, ce n'est pas rien ! Je vais devoir prévenir mes collègues, pour la tombe vide. Parce que le frère et la sœur l'ignorent, mais nous allons exhumer toutes les tombes.
J'appelle Erwan devant ma voiture avant de repartir, pour lui faire part de mes avancées.
─ Les enfants avaient des pouvoirs ! Jeanne m'a parlé d'un enfant qui manipulait les végétaux et d'un autre qui manipulait les métaux. Ce n'est pas tout, il faut retrouver une humaine anglaise, elle s'appelle Candice Perterson et elle a recueilli un des enfants de Rosnoën. Il doit avoir une vingtaine d'année maintenant.
De retour à la maison, Baboo nous vole autour, fâché de ne pas avoir pu venir. Il s'est ennuyé et nous le fait savoir.
Merlin dort et Baboo m'accompagne dehors, on dirait qu'il veut un moment seul avec moi.
Je me demande pourquoi il m'appelle papa ?
Poissonnia est là aujourd'hui et je lui demande des nouvelles de sa maison.
─ Tu es un policer ? me demande la zozotte, je le lui ai déjà dit une dizaine de fois.
Elle regarde Baboo avec des yeux ronds, tandis que je hoche la tête.
─ Pourrais-tu m'aider ? J'ai deux sœurs qui ont disparu, vraiment, vraiment, vraiment disparu.
─ Tu précises le vraiment parce que ?
─ Parce que l'océan est notre vaste monde et il nous arrive de nous éloigner, normalement nous avons toujours des nouvelles. Ce sont des vrais pouf-disparitions !
Je n'ai pas le temps de m'amuser de sa façon amusante de parler, car je ne crois plus aux coïncidences, il y a quelqu'un qui enlève des gens, qui attaque des entrepôts, qui fait le mal. J'en étais presque venu à soupçonner les sirènes.
J'obtiens difficilement une description de Coria et Dusida, les sirènes qui ont disparu, leurs portraits correspondent aux trois quarts des filles. Des cheveux longs châtains pour l'une et blond pour l'autre, des queues de poisson bleues et dorée.
Si les sirènes sont enlevées c'est qu'elles sont des victimes aussi.
─ Merci de ton aide gentil policier. Nous n'osons pas aller voir les autres policiers, ils nous méprisent.
─ Mais non ! Comment pourraient-ils agir ainsi ?
Maudit landerneau ! je jure in petto. Je vais lui souffler dans les bronches dès que je le vois. Le résultat de leurs préjugés, c'est que les magiques de l'eau ne leur parlent pas et nous perdons des informations précieuses.
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