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*note de fin de chapitre importante*
⌈ ℭ𝔥𝔞𝔭𝔱𝔢𝔯 𝔒𝔫𝔢 ⌉
Le soleil venait de tomber sur la capitale du royaume d'Aurora. Le satellite naturel de la Terre pointait le bout de son nez, accompagné des étoiles qui parvenaient doucement aux yeux des habitants. Une teinte rosée mêlée à un bleu assez sombre colorait le ciel. Dans les ruelles des quartiers pauvres d'Aurora, à seulement quelques rues du palais, un petit garçon tenait la main de sa mère.
Les quartiers misérables de la capitale étaient à l'exacte opposé des rues du quartier bourgeois, les vêtements des habitants n'avaient rien de luxueux, au contraire des familles riches qui habitaient à quelques pâtés de maison. Mais le château qui se dressait au plus haut de la capitale était éclatant, puissant, il brillait de mille feux grâce aux étoiles qui le surplombait. C'était la définition même du contraste. Ce contraste entre la pauvreté et la richesse, entre le jour et la nuit.
Jung Wooyoung était un enfant plutôt solitaire mais très heureux. Malgré son jeune âge, il savait que leur famille n'avait pas énormément de moyens. Il savait qu'ils étaient pauvres, mais du moment qu'il restait avec ceux qu'il aime, rien ne pourrait l'atteindre. Parfois, son père partait en voyage pendant quelques semaines pour revenir avec de quoi manger, de quoi s'occuper, de quoi vivre. Sans ça, ils se seraient déjà écroulés depuis longtemps. Leur maison était minuscule, leur mobilier était presque inexistant. Mais ils s'étaient toujours débrouillés.
Le garçon se baladait accompagné de sa mère sur une des places de marché de la ville. Sa minuscule main dans celle de sa mère, ses petites jambes suivant le trajet prévu par la femme, il explorait du regard chaque recoin qui l'entourait. En ce mois de juillet, les pauvres marchands restaient jusque très tard dans les rues, espérant vendre les quelques babioles qu'ils avaient à vendre. Wooyoung et sa mère marchaient donc entre ces stands de vente, ces échoppes sur lesquelles étaient disposés les produits. Alors que le petit brun suivait sa mère, son regard fût directement attiré par une des échoppes.
- Maman ! Regarde ! Des fraises ! Dis, on peut manger des fraises ce soir ?
- Désolé mon chéri, tu connais déjà la réponse.
- Mais papa ? Il est revenu il y a deux jours... il a pas ramené de sousou ?
Sa mère ne répondit pas, laissant simplement parler son visage. Le petit bonhomme fit une moue, déçu de ne pas pouvoir manger ces fraises qui l'attiraient tant. Mais il était habitué à cette situation, qu'on lui dise non s'il désirait quelque chose, alors il passa rapidement au travers. Il laissa son esprit vagabonder sur ces flots de pensées qui passaient, puis se questionna alors sur le monde inhabituel qui était présent dans les rues et sur la place du marché alors que la nuit tombait.
- Pourquoi il y a autant beaucoup de personnes ? C'est pas si plein d'habitude...
- Ce soir c'est l'anniversaire du prince, Wooyoung. C'est pour ça qu'il y a tout ce monde. Et on dit "autant de personnes".
- Le prince ? C'est qui le prince ?
- Le prince c'est celui qui va diriger le royaume plus tard, quand tu seras grand. Après le roi, ce sera lui à la tête du royaume.
Le petit garçon n'avait jamais entendu parler d'un quelconque prince. Bien sûr, il connaissait ses devoirs envers le roi, de suivre la volonté de la royauté, de ne faire qu'obéir et de ne pas contrer l'idéologie des chefs d'Etat. Mais un prince, c'est la première fois qu'il en entendait parler.
- Si c'est son anniversaire, il va avoir quel âge ?
- Il a ton âge, à ce qui paraît.
- C'est vrai ? Oh ! je pourrais le voir un jour ? Peut-être qu'il voudra bien devenir mon copain ?
- Jamais ça n'arrivera Wooyoung. Ne l'oublie pas, on est de simples paysans. La famille royale n'est pas de notre classe. Et puis le prince a interdiction de quitter le palais, personne ne l'a jamais vu. Je pense que tu n'auras pas la chance de le voir tout de suite.
- Il est enfermé parce qu'il a fait une bêtise ?
- Personne ne le sais.
Le petit garçon se tût et continua de marcher. Sa petite main tenait toujours celle de sa mère, il s'y accrocha solidement. Il n'avait pas envie de se faire engloutir par tous ces corps, la place du marché était anormalement pleine, il n'avait pas envie de se retrouver tout seul au milieu d'inconnus. Après quelques minutes, ils arrivèrent au bout du marché, les stands disparaissaient peu à peu, laissant place à un nouvel endroit. Le garçon âgé de six ans aperçu une fontaine, immense, magnifique, trônant au centre d'habitations de fortunes délabrées. L'édifice ne correspondait en rien au décor, à ces maisons faites de bois, de fer, de plaques de métal, de bouts de bois. L'endroit était sombre, la lune gagnait en hauteur dans le ciel, les quelques lanternes disposées dans les rues étaient allumées et produisaient le minimum de lumière nécessaire.
Cette fontaine était une des seules constructions reflétant l'ancienne richesse du royaume dans les quartiers pauvres. Elle rayonnait de beauté. Un miracle qu'elle soit encore en état au milieu de tout ce monde, de tous ces voyous et de ces brigands. D'après une ancienne tradition, il était commun de voir des habitants désespérés, en quête d'aventure ou alors simplement qui ne se souhaitaient que du bonheur prier ou faire un vœux en jetant une pièce. Le plus étonnant c'est que les petites pièces qui avaient été lancées dans l'eau restaient là, personne n'y avait touché, pas même au milieu de tout ce monde en quête de la simple petite monnaie.
- Assieds-toi là Wooyoungie, demanda la femme en pointant le rebord de la fontaine.
Le brun vit la femme mettre une main dans sa poche et en sortir un objet fin, rond, c'était une pièce. Il n'en voyait presque jamais, ses parents préféraient ne pas en parler devant leur fils, ne pas aborder ce sujet sensible.
- Mais, je croyais qu'on n'avait plus de sousou ?
La femme prit la main de son fils et plaça la petite pièce dans sa paume avant de le regarder dans les yeux.
- Je veux que tu fasses un souhait Wooyoung, que t'y croies de toutes tes forces, et que tu jettes cette pièce dans l'eau.
- Mais on n'a plus de sousou, pourquoi gâcher la seule pièce qu'on a ?
- Elle ne va pas être gâchée chéri, elle va te guider. Cette pièce c'est ton avenir Wooyoung.
Le garçon regarda sa mère lui dire ses mots, essayant d'imaginer leur réelle signification. Lorsqu'elle eut fini de parler, Wooyoung tourna sa tête en direction de l'eau translucide. Il observa de longues secondes ces pièces qui jonchaient le fond de l'eau, ces centaines de pièces de bronze qui se reflétaient sous la lumière de la nuit. Il ferma ensuite les yeux, serra sa main pour que la pièce ne tombe pas à l'eau et songea à son vœu. Il chercha au plus profond de son cœur, au plus profond de son esprit pour trouver le vœu. Celui qui ferait son bonheur. Il ne désirait pas d'argent, il ne désirait pas de richesses. Ce qu'il voulait était encore plus précieux.
- Quand je serais grand je veux être une nétoile. Je vais être une nétoile et briller comme celles d'Aurora.
Il laissa tomber la pièce dans cette fontaine avant d'ouvrir les yeux à nouveau, puis il observa ce ciel plein d'étoiles, ce ciel qu'il observait chaque soir, à partir de la fenêtre de sa minuscule chambre. Ce ciel qui le faisait tant rêver, qui l'attirait tant.
- Les étoiles seront toujours là pour toi Wooyoungie, elles veilleront sur toi... e-elles te protègerons...
- Maman, pourquoi t'as de l'eau qui sort des yeux ?
- C-c'est... c'est rien chéri. Allez, viens là, on est bientôt arrivé.
- Où on va ?
La trentenaire ne répondit pas, elle reprit doucement la main du garçon et l'emmena vers un nouvel endroit. Ce nouvel endroit effrayait le garçon, la rue dans laquelle l'emmenait sa mère était sombre, lugubre, dans un sale état. Aucune lumière ne parvenait à illuminer la ruelle étroite. Leur seule source de lumière : une lanterne que la femme tenait dans sa main. La petite source lumineuse éclairait tout juste les pas qu'ils faisaient, la nuit s'était définitivement installée, plus aucun rayon de soleil ne parvenait jusqu'au royaume.
Ils s'arrêtèrent au milieu de la rue, au milieu du cul de sac sans issue. Wooyoung était perdu, il n'était jamais venu là, il ne connaissait pas cet endroit et ne savait pas ce qu'ils faisaient là.
- Maman, pourquoi on est là ?
- Écoute chéri... je veux que tu restes ici. Ne t'en fais pas pour moi, je vais revenir. Reste là d'accord ?
- Maman tu vas où ?
- Je vais régler quelque chose Wooyoung. Prend cette lanterne. Elle lui tendit l'objet luminescent puis fini de parler. Reste ici. N'ait pas peur chérie.
Le petit garçon observa tout autour de lui, parcourant du regard ce nouvel endroit qu'il n'avait jamais vu de sa vie. Et cet endroit l'effrayait. Voyant qu'il ne semblait pas des plus sereins, la femme prit de nouveau la parole :
- Rappelle-toi toujours de ce que je vais te dire.
Elle s'accroupi, posa sa main sur la joue de son fils et caressa tendrement sa peau dans un geste maternel.
- Les étoiles te surveilleront, elles veilleront sur toi, elles te guideront partout où tu iras Wooyoung.
Le petit garçon la vit se relever, il vit à nouveau ces goutes d'eau glisser le long des joues de sa mère alors qu'elle caressa une dernière fois son visage. A partir de là, tout c'est passé très vite pour lui. En quelques secondes, Wooyoung la vit faire demi-tour, marcher en direction de la route qu'ils avaient empruntés à l'allée. Il avait envie de la rejoindre, de ne pas rester là, mais elle lui avait dit de rester. Il voulait la rendre fière, lui obéir, comme il devait obéissance à la famille royale. Après tout, elle le lui avait dit : elle allait revenir.
Dès que la femme avait quitté son champ de vision, qu'elle avait quitté cette ruelle, la lanterne que Wooyoung tenait s'éteignit. La flamme avait cessé de brûler, il était désormais dans le noir absolu. Il était seul, un petit garçon de six ans, laissé dans une rue sombre pendant la nuit froide.
- M-maman ? tenta-t-il de prononcer. Une larme glissa le long de sa pommette, m-maman t'es où... »
Dans cette endroit sombre, il tourna la tête, mais ne vit rien à part les étoiles au dessus de lui. Il faisait noir, vraiment noir. Et il avait peur.
Inconsciemment, il avait reculé de peur de soudainement se faire attraper par quelque chose. Lorsqu'il percuta ce qui semblait être une marche, il tomba en arrière et resta assit, ici, dans le noir en attente de sa mère.
- Mam-man... maman t-t'es où...
Mais malgré cet espoir qui brillait toujours au fond de son coeur, il devait se rendre à l'évidence. Quelles-étaient les chances pour qu'elle revienne, pour qu'on le sauve, ou même qu'on le retrouve dans cette ruelle éloignée de chez lui.
Ces mots, cette phrase qu'elle lui avait demandé de garder en mémoire, ce fut la dernière que Wooyoung entendu de sa mère. Ce fût la dernière qu'il entendu de la part d'un membre de sa famille.
Ce soir-là, sa mère l'avait abandonné, elle l'avait laissé seul, dans cette rue, dans le froid, dans le noir, dans la nuit, sans aucun regret. Ce soir là, il n'y eût aucun son, aucun message, aucun signe que sa mère reviendrait le chercher.
Il n'avait pas dormi de la nuit. Il n'avait jamais autant pleuré, et après plusieurs heures à ne pas bouger de cette marche en pierre froide, il se décida à quitter cette ruelle. À l'aide de ses petites mains, de ses petits pieds, de son petit corps fatigué, il parti jusqu'au bout la ruelle, jusqu'au mur qui bloquait le chemin. Il grimpa sur les caisses de bois entassées, sur les déchets, attrapa le mur de lierre face à lui pour se hisser tout en haut. Une fois au sommet, il marcha sur les toits des habitations jusqu'à trouver une toiture plane où il s'installa. Il s'assit sur ce toit isolé de la foule. Ses larmes ne coulaient plus, il n'y en avait plus, il avait trop pleuré.
Cette nuit-là il ne fit qu'observer le ciel.
Il observa ces étoiles que tous les autres royaumes leur enviaient, il scruta chacune des formes que les étoiles formaient, il scanna chacun des rayonnements que les étoiles émettaient. Puis il fit face à la dure réalité de la vie.
Jung Wooyoung, petit garçon de même pas sept ans, avait été abandonné lâchement par ses parents, et réalisa qu'il était seul désormais, que plus personne ne serait là pour lui. La pauvreté l'avait à son tour englouti. Cette pauvreté si puissante avait réussi en quelques secondes à séparer une famille, à ruiner une vie déjà affaiblie.
Mais ce qui rendait Wooyoung fou de rage, ce n'était pas son abandon, ce n'était pas cette pauvreté... Ce qui le rendait fou de rage, c'est qu'à quelques mètres de là, la musique du château raisonnait pour célébrer l'anniversaire de ce prince que personne ne connaissait, qui vivait dans un château avec toutes les fraises qu'il désirait et qui ne se souciait pas du malheur que vivait le peuple.
Ce jour resta encré dans sa mémoire. Ce jour où tout le royaume fêtait l'anniversaire d'un petit prince inconnu était un jour de malheur dans le cœur de Wooyoung.
⌊ ♕ 𝕿𝖔 𝕮𝖔𝖓𝖙𝖎𝖓𝖚𝖊 ♕ ⌋
Je commence enfin réellement la publication de Take Me Home ! Oui, je sais, ce chapitre n'est pas super joyeux. La suite le sera plus je vous l'assure.
Petit mot sur les publications. Je vais rester sur un rythme de 1 chapitre tous les samedis jusqu'à avoir passé mes épreuves de bac, donc peut-être que je repasserais au rythme habituel de 2 chapitres par semaines d'ici mi-mai début juin.
𝔰𝐋𝐈𝔵𝐎𝐔𝔫
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