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Chapitre 3

Le repas se finit sur une des nombreuses blagues que mon nouvel ami SeokJin m'a raconté et c'est hilares que nous débarrassons la table.

_ Ça me fait plaisir de voir que tu t'es déjà fait des amis, me dit mon père.

_ Tu en doutais ?

_ Non, sourit-il, mais on ne sait jamais. Ce n'est pas facile de s'intégrer dans un nouveau groupe à ton âge.

_ T'en fais pas trop pour moi P'pa, je me débrouille.

_ Je sais bien, fils, je sais bien.

Sur ces paroles, mes parents rejoignent le salon et moi ma chambre pour faire mes devoirs. J'enlève mon uniforme, mettant une tenue plus confortable et m'installe à mon bureau. Je prends quelques manuels pour faire mes devoirs, commençant par une manière plus compliquée. Je garde toujours le plus facile pour la fin.

_ Je savais pas que Kim SeokJin était aussi drôle.

_ Ah !

Je sursaute en l'entendant. Putain. Je l'avais oublié. Je me tourne et vois qu'il est à nouveau assis sur le rebord de la fenêtre. Il me regarde, surpris.

_ Tu m'avais oublié ?

_ À ton avis ?

Il fallait que j'appelle Mamoun mais j'ai pas eu le temps aujourd'hui. Et maintenant, elle doit être en pleine séance avec des clients.

_ Je comprends.

Il baisse la tête, semble vraiment peiné. Mais qu'est-ce que j'y peux ? J'aspire à une vie normale moi, pas à passer mon temps à attendre l'apparition d'un fantôme.

_ Les gens préfèrent m'oublier en général...

_ J'ai plein de devoirs à faire, tu m'excuseras.

_ Tu vas pas m'aider ?

_ Pas aujourd'hui.

_ Demain ?

_ J'en sais rien moi ! Quand j'aurais le temps.

Bordel de merde. Je sais même pas qui c'est ni ce qu'il fiche chez moi. Tout ce que je sais de lui, c'est que je suis apparemment le seul à pouvoir le voir et l'entendre, qu'il passe à travers les murs et les gens et qu'il semble coincé dans cette maison. Est-ce que j'ai envie d'en savoir plus ? Non. Absolument pas. Est-ce que j'ai envie qu'il parte ? Pitié, oui. Faites qu'il se casse.

_ Okay, je te laisse tranquille alors.

D'une seconde à l'autre, je ne le vois plus. Tout est calme, comme s'il n'y avait jamais eu personne d'autre que moi dans cette pièce. Je me replonge dans mes manuels et une fois mes cours revus et mes devoirs faits, je vais me coucher.


Trois jours plus tard :

Mon père descend de l'escabeau et les poings sur les hanches, regarde son travail fini.

_ Voilà, tu seras beaucoup mieux avec ces rideaux.

_ C'est surtout que le voisin sera moins dérangé, je réponds.

Parce que si je ne l'avais pas remarqué les premiers jours, je me suis rendu compte que ma fenêtre était face à celle de la chambre de Kim NamJoon. S'il avait été sympa, on se serait fait des signes pour discuter ou juste un coucou de la main pour se saluer. Mais étant ce qu'il est, je le vois juste assis à son bureau, le nez dans un bouquin. Pas très marrant comme mec.

_ Il faudra t'habituer à l'obscurité maintenant.

_ Ouais, si j'oublie pas de les fermer.

Mon père se marre puis va ranger ses affaires. Avant, quand on habitait en appartement, mon volet était cassé donc j'ai pris l'habitude de dormir avec les lumières extérieures. Peut-être que ça m'a gêné au début mais ça remonte à tellement loin que je n'en ai plus de souvenirs.

_ J'en avais des noirs moi.

Je sursaute en l'entendant. Encore lui. Je me tourne, le foudroie du regard et évite de pester. Il survient tous les jours et si ça m'énervait au début, là, je suis juste lassé.

_ Content pour toi, je réponds.

Je n'ai aucune envie de discuter avec lui. Absolument aucune. Mais il ne disparaît pas aussi facilement. Non, non, non. Monsieur Fantôme reste dans un coin et attend que je lui demande de dégager pour le faire.

_ C'est le week-end demain, lance-t-il.

_ Et alors ?

_ Et alors, tu pourrais m'aider si tu n'as rien de prévu.

Je soupire. Il va encore me supplier de l'aider. Sauf que je n'en ai aucune envie. Je veux juste qu'il me fiche la paix.

_ Tu ne veux pas m'aider, pas vrai ?

Je lance un regard vers lui. Oh, est-il devenu subitement devin ? Je remballe mon sarcasme lorsque je vois son visage fermé et plus que blessé.

_ T'es le seul qui peut m'aider. J'arrêterai de t'embêter si j'étais sûr d'être coincé ici.

Je ferme les yeux un instant. Je me flagelle mentalement pour ne pas avoir appelé Mamoun cette semaine. Le problème serait déjà réglé depuis longtemps avec elle. Je rouvre les yeux et n'ayant plus d'énergie, je préfère me laisser tomber sur ma chaise de bureau.

_ Je ne peux pas t'aider parce que je ne sais pas ce que je peux faire.

_ Mais tu es le seul à me voir.

_ C'est juste une putain de chance pour toi ! Et je suis certainement pas le seul.

_ Dans le voisinage, si. Ni tes parents, ni les voisins ne me voient.

Et lorsqu'il me dit ça, une idée me traverse l'esprit. Pourquoi Kim NamJoon m'a-t-il conseillé de mettre des rideaux à ma fenêtre ? Peut-être qu'il le voit aussi...

_ T'es sûr que personne d'autre ne te voit ?

_ Sûr et certain.

_ Même pas Kim NamJoon ?

Il a un mouvement de recul à l'attente de ce nom. Il baisse la tête, soudainement gêné, avant de la relever.

_ Il ne me voit pas.

_ Pourquoi il m'a demandé de mettre des rideaux alors ?

_ Parce qu'il est comme ça.

Je vois bien qu'ils me cachent quelque chose mais je ne veux pas lui tirer les vers du nez. Ce ne sont pas mes affaires, de ce que je comprends.

_ Tu es le seul qui...

_ Peut t'aider, ça va, j'ai compris.

Je soupire. Il ne me laisse pas le choix : soit j'accepte de l'aider en espérant qu'il me fiche la paix après, soit il va rester là à me faire culpabiliser. Autant céder et voir ce que ça donne.

_ Okay, j'accepte de...

_ C'est vrai ? me coupe-t-il.

Les yeux pétillants, il s'approche de moi. Je le stoppe dans son élan en levant un doigt.

_ Mais...

_ Oh, oui, bien sûr, il y a un mais.

_ Je ne peux pas y arriver tout seul. Je connais quelqu'un qui pourra certainement t'aider mais je ne suis pas sûr qu'elle vienne.

_ Essaye, s'il te plaît.

_ Faut voir si mes parents sont d'accord pour l'inviter.

_ Je suis sûr que tu seras convaincant.

Je lève les yeux au ciel. Je me relève, sors de ma chambre et même sans me retourner, je sais qu'il me suit dans les escaliers.

_ C'est une médium ?

_ Ouais, on peut dire ça comme ça.

_ Cool. J'en ai jamais rencontré.

Il ne sait pas la chance qu'il a. Au salon, je rejoins mes parents qui sont en train de regarder la TV.

_ Dites, ça serait sympa d'inviter Mamoun ce week-end.

Aussitôt ma mère pose son regard meurtrier sur moi et mon père tente de se faire le plus petit possible.

_ Pourquoi veux-tu l'inviter ? me demande-t-elle.

_ Je me disais que ça serait bien de lui montrer notre nouvelle maison et ça fait longtemps qu'on l'a pas vue.

_ Qu'en penses-tu ? lance-t-elle à son mari. Tu aimerais que ta mère vienne toi ?

_ C'est ta grand-mère ? s'étonne le fantôme dans mon dos.

_ Euh...je ne sais pas, bredouille mon père. Elle est peut-être occupée.

_ Allez, ça serait sympa. Dites oui.

Je leur lance mes yeux de chiens battus et quand je vois que mon père évite mon regard, je sais que j'ai gagné.

_ Je ne sais pas ce que je vais lui faire à manger, dit ma mère. Elle est tellement difficile. Et qu'elle ne fasse pas de remarque sur la déco sinon...

Je comprends que j'ai gagné alors je préfère la couper en allant m'écraser sur eux.

_ Merci, merci, je crie. Je vais l'appeler tout de suite.

Mon père me tapote l'épaule puis je me relève. Je remonte dans ma chambre à vitesse grand V, le fantôme sur mes talons, et attrape mon téléphone pour l'appeler. Ça sonne, ça sonne et je vois bien que le fantôme prie lui aussi pour qu'elle décroche. Quand enfin j'entends sa voix, je ne lui laisse même pas le temps de finir sa phrase.

_ Mamoun ! je hurle.

_ Oh, mon petit bouchon ! Comment vas-tu ?

_ Mamoun, j'ai un léger problème. Tu pourrais venir ce week-end ? On te montrera notre nouvelle maison en même temps.

_ Bien sûr mon bouchon. Tu sais bien que ta Mamoun sera toujours là pour toi.

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