Si Léa se tâche avec des feutres, alors Thomas est un marqueur.

Un marqueur toute surface, que ce soit ardoise, papier...

Il s'adapte à toutes les personnes.

Parfois il est indélébile, parfois effaçable.

Il aime sociabiliser et découvrir des nouveaux horizons, ne pas voir les mêmes têtes et être heureux.

Peut-être est-ce du à son enfance ?

Thomas déménageait souvent, il ne restait pas plus d'une année dans un endroit.

Beaucoup dans son cas se renfermait mais lui au contraire, il voulait vite se faire des amis.

Thomas tâchait les gens et les gens effleuraient un peu Thomas.

C'était des liens multicolores et minuscules.

Puis il y eut le collège avec Hugo.

Sa première amitié solide.

Et vinrent alors Guillaume et Alex et leur bande resta jusqu'au lycée.

Cependant si Thomas aime que les choses changent, il y en a une qu'il aurait aimé fixe.

Son père.

Ou sa figure paternel.

Il est parti.

Puis un autre le remplaçait.

Puis il revenait et le remplaçant partait.

Honnêtement Thomas n'a eu que comme repère ses amis, et il donnerait tout pour eux.

Enfin jusqu'à ce jour où il a découvert les relations amoureuses.

C'était une évidence avec les hormones, sa personnalité et les filles.

Puis finalement, c'est vite devenu ennuyant donc il a arrêté et flirtait juste pour plaisanter mais il veillait à ne blesser personne et à ne pas donner d'espoir.

C'est en seconde où il l'a vu.

C'était cliché.

Réellement cliché, comme un ralenti que l'on a sur une belle personne dans la rue.

On a tous connu un moment, une personne où notre cerveau fait "wow, il/elle est beau/belle".

Et Thomas a connu ce moment avec cet homme dans le couloir.

Curieux et voulant lui parler, il a alors demandé à ses contacts puis il a appris qu'il était prof.

Ah.

C'était le seul mot dans sa tête.

Sympathiser avec un prof serait nouveau et pour le moment il ne voulait pas.

Il y avait trop de monde à découvrir.

Mais en première, il l'a revu et il a ressenti ce ralenti.

Et finalement il a décidé de tâcher une nouvelle personne quitte à ce que ce soit éphémère.

Mais ça ne l'a pas été.

Enfin pour lui.

Il savait que pour Mr Blanc, ce n'était pas le cas.

Il était un élève.

Un élève qui bavardait avec lui à la fin des cours, rien de plus.

Mais chaque discussion était incroyable.

Les débats intéressants.

Il pouvait rire sans se forcer, il pouvait se poser, il avait un nouveau repère adulte et il aimait ça.

Un peu trop.

Beaucoup.

Passionnément.

Combien de marguerite a-t-il tué avec cette comptine ?

Il comprenait mieux la fin de cette dernière qui se terminait en : Pas du tout.

Son professeur qu'il aimait.

Il ne s'en cachait plus à présent.

Ne l'aimait pas.

Il ne répondait pas.

Mais Thomas était amoureux alors il a supposé que les cases l'en empêchaient.

Il se fiche des cases Thomas, il vit comme il le veut.

Un jour il peut être gentil, un autre endormi, un jour il aimera la compagnie de fille en amie, d'autres ses meilleurs amis...

Il suit juste son instinct.

Et là son instinct lui hurlait d'aimer cet homme.

De le chérir, l'aimer, lui faire voir Socrate ou même apprendre toutes les discussions récentes sur la philosophie rien que pour le voir sourire.

Il savait que ça ne lui allait pas.

Thomas était un marqueur sauf que là, il n'était qu'effaçable alors qu'il souhaitait être indélébile.

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- Léa.

Je me retournais pour voir Alex, j'étais surprise qu'il ne me saute pas dessus.

- C'était bien avec Hugo ?

Hmm oui.

Mais nous avons fini par sortir pour consoler Thomas.

Je vois qu'il aime cet homme mais malheureusement je crois que parfois aimer ne suffit pas.

Enfin...c'est ce que les films niais me font dire et les histoires dramatiques.

Je n'ai jamais aimé quelqu'un de cette façon et j'avoue que j'ai du mal à me voir faire confiance aussi aveuglément à quelqu'un.

J'ai déjà peu confiance en moi alors la donner à quelqu'un...

C'est comme si je devais donner mes feutres fraises alors que je sais qu'il reste peu d'encre, un gros sacrifice car on ne sait pas quand on pourra en acheter de nouveau et si la personne en abuse, il n'y aura plus d'encre.

- Oui.

- Pourquoi tu as l'air triste ?

Je ne contrôle pas mon visage.

Je mis mes mains sur mes sourcils.

- Je ne suis pas triste, je réfléchissais juste.

Oui je me demande si un jour, je devrais partager ma case avec quelqu'un.

Est-ce...obligé ?

Je ne sais pas trop.

- Il s'est passé quelque chose ?

- Je ne pense pas que j'ai le droit d'en parler.

- Laisse-moi deviner, c'est le prof de philo.

Je haussais les sourcils.

Le ton qu'avait utilisé Axel, semblait lassé.

Alors, c'est aussi répétitif que Hugo le disait.

Le t-shirt de Thomas doit être imprégné de la couleur de Mr Blanc pour l'aimer à ce point remarque vu son nom de famille c'est ironique.

- Oui.

- Il a fait quoi ?

- Posé un lapin à Thomas.

- Ce connard, j'ai dit à Hugo qu'on devait lui parler en première. Mais...il pensait que Thomas sociabilisait comme d'habitude.

Je comprends mieux sa culpabilité quand ils ont parlé.

Mais ce ne sont pas des choses que l'on peut prévoir.

- Il va se déclarer à lui. 

- Quoi ?

- J'ai dit à Thomas de se déclarer. Si on laisse des sous-entendus en effleurant le papier alors on ne peut pas savoir si ce sont des tâches volontaires ou des accidents. Et si Thomas ne dit rien, il ne saura jamais les sentiments de Mr Blanc.

- ...tu sais Léa...tu es une bonne psy.

- Arrêtez de m'appeler comme ça. dis-je en croisant les bras

Il me sourit.

- J'ai juste peur que Thomas se brise s'il le rejette. Je sais qu'il est toujours joyeux et nous cache pas mal de choses mais je ne sais pas s'il se remettra.

- Il vous a. Et je pense qu'il sait que vous serez là.

- Et tu es là aussi, ne t'oublie pas hé hé. Tu sais peu des "potes" de Thomas nous sont présentés, d'ailleurs la plupart du temps les gens viennent vers lui.

- Je me demande toujours pourquoi il voulait être mon ami.

- Hmm j'ai une idée mais je pense qu'elle est fausse.

- Donc tu ne me la diras pas ?

- Exact. Bon on ferait mieux d'entrer si on ne veut pas être en retard.

Je hochais la tête.

Bizarrement aujourd'hui ma case n'a pas avancé, mais j'ai l'impression d'avoir progressé.

Normalement je devrais me sentir vide comme avant ?

Je baissais les yeux.

Je ne comprends vraiment rien...