CHAPITRE 9
SAMEDI 26
JANVIER 2019
Après l'épisode de la veille, Caoimhe n'avait pas voulu toucher à son téléphone, ne voulant parler à personne. Elle avait affreusement mal dormi et s'était réveillée du mauvais pied. Son week-end commençait bien. Pour une fois qu'elle n'avait pas besoin d'aller travailler un samedi, voilà qu'elle se retrouvait à ruminer. La jeune femme avait tout planifié pour pouvoir se reposer et voir ses amis mais sa bonne humeur avait été atténuée. Il ne fallait pas qu'elle se prenne la tête pour si peu, elle n'était plus au lycée à faire des histoires pour un simple baiser.
Caoimhe se trouvait assise sur son lit, sa couette remontée jusqu'au cou. D'une main elle caressait Maurice, son chat, de l'autre elle plongeait sa cuillère dans un bol de céréales - elle n'avait jamais pris part au débat sur le lait qu'il fallait mettre avant ou après puisqu'elle n'en mettait pas. La jeune femme regardait un épisode d'une série qu'elle avait dû voir un bon nombre de fois sur son ordinateur. Elle n'avait pas la motivation pour travailler.
— Maumau, à dix heures je dois bouger ok ?" conclut-t-elle avec son chat.
Tandis que les épisodes défilaient sur son ordinateur la jeune femme se fit une liste des choses à faire dans sa journée : écrire à sa grand-mère, regarder le reportage donné par un de ses professeurs, finir son article, sortit s'acheter un bouquin sur l'évolution des idéologies majeures au cours de l'histoire et sortir avec ses amis comme prévu. Dans son esprit, elle raya le livre et hésita à enlever son article aussi, mais elle ne devait pas procrastiner.
Vers dix heures, comme si Maurice avait compris sa maîtresse, le chat se leva du ventre de la brune et descendit du lit pour aller se promener. Caoimhe fit de même et rangea son lit. Elle alla se débarbouiller et se mit devant son ordinateur pour écrire son article. Alors qu'elle allait poser ses doigts sur le clavier son téléphone vibra. L'étudiante jeta un bref coup d'oeil à l'appareil et vit que c'était un message de Bastien. Elle hésita à le prendre pendant quelques secondes puis l'attrapa.
→ B EL MOUCHERON
salut, ça va ? on pourrait parler ?
→ CAOIMHE
salut, oui merci. il y a quelque chose à dire ?
→ B EL MOUCHERON
ben pourquoi tu es partie comme ça ? j'ai fait quelque chose de mal ?
→ CAOIMHE
non non, ce n'est pas toi... fin un peu mais non, ça me dérange d'en parler par message...
→ B EL MOUCHERON
tu préfères qu'on se voit ? ou qu'on s'appelle ?
La brune souffla devant son écran. Cette conversation la dérangeait mais avait-elle vraiment envie de se retrouver face à Bastien ? Sachant qu'elle avait une tête épouvantable, qu'elle serait gênée de le repousser et n'arriverait pas à placer trois mots et qu'elle devrait supporter le regard perdu de son ami. Elle s'assit près de son chat, par terre et le posa sur ses genoux tandis qu'elle appuyait sur le bouton appeler de l'écran de son portable.
Bastien décrocha directement et il eut un blanc dès le début. Aucun des deux ne savaient comment commencer cette conversation.
— Euh... Salut...
— Ouais, je suis désolée pour hier...
— J'avais cru comprendre, ricana nerveusement Bastien à l'autre bout du fil.
— Ouais...
— Tu pourrais m'expliquer ? Je pensais que tu voulais, fin, qu'on s'entendait bien et qu'il y aurait moyen, tu vois...
— Oui, oui mais je ne pense pas que... Je me sens pas à l'aise...
— Pourtant je le pensais avec toutes nos discussions et les moments, tu me draguais ouvertement et là tu me repousses...
— C'est toi qui a commencé à me draguer et à venir me voir !
— Ouais je te trouvais sympa et tout. Puis tu as continué et franchement on aurait vraiment pas dit que je ne t'intéressais pas.
— T'as qu'à dire que je t'ai chauffé aussi ! N'importe quoi ! Puis ce n'est pas que tu m'intéresses pas-
— Pourquoi tu m'as repoussé comme ça alors ?!
— Laisse - moi finir Bastien !
Caoimhe avait haussé le ton et sa phrase avait claqué dans l'air. Elle avait serré son poing trop fort autour de Maurice qui glapit et sauta de ses genoux. La jeune femme commençait à bouillonner : le brun l'empêchait de s'expliquer et allait commencer à reposer la faute sur elle. Quelle faute en plus ? Elle l'avait juste repoussé, c'était un simple baiser, pas une relation de dix ans !
— Ce n'est pas que tu m'intéresses pas, fin si, mais non. Je me sens bien avec toi. En tant qu'amis, ajouta-t-elle alors qu'elle sentit que Bastien allait répliquer.
— Pourquoi tu m'as laissé autant d'espoir aussi...
Un bip retentit dans le combiné, signalant que Bastien avait raccroché. La brune eut un air choqué sur le visage. Il lui avait raccroché au nez. Comme ça. Elle souffla un coup et balança son téléphone sur son lit. Qu'est ce qu'il pouvait être susceptible ! Elle ne le pensait pas comme ça, encore une preuve qu'elle ne voulait pas sortir avec lui. Ce n'était qu'un baiser, non ? Pourquoi réagir ainsi ?
Il fallait que Caoimhe se change les idées. Elle allait acheter ce livre, ça lui fera prendre l'air. Elle regarda par la fenêtre, le déluge s'était calmé. Elle attrapa son manteau et son écharpe, se chaussa et sortit. Elle n'avait pas envie de s'habiller pour cela, elle irait en pyjama. La jeune femme se dirigea jusqu'à l'arrêt de tram le plus proche pour se rendre dans la rue commerçante où elle trouverait bien une librairie avec le livre qu'elle recherchait.
Arrivée dans la petite boutique, Caoimhe flâna dans les rayons. Elle aimait beaucoup cet endroit car il lui donnait l'impression d'être resté coincé dans une autre époque. Ce n'était pas une librairie très commerciale digne des grandes chaînes mais son charme changeait tout. Elle trouva rapidement le livre qu'elle cherchait et en prit un autre qui lui avait fait de l'oeil.
Lorsque la jeune femme sortit de l'échoppe, il recommença à pleuvoir. Ça aurait pu attendre dix minutes ! râla-t-elle de mauvaise foi. Elle courut jusqu'à l'arrêt de tram pour attendre le prochain qui arrivait dans une dizaine de minutes. Il y avait un banc de libre et s'assit.
Alors que Caoimhe allait ouvrir un de ses livres, elle vit du coin de l'oeil une ombre s'asseoir près d'elle. Elle regarda rapidement reconnut Victoire coincée dans une écharpe et un manteau trop grand, son bonnet enfoncé sur la tête. La blonde marmonna quelque chose que Caoimhe ne comprit pas à cause de l'écharpe. La plus jeune, ne voyant aucune réponse de la part de son amie, dégagea sa bouche et répéta :
— Salut ! Ça va ?
— Ouais, ouais et toi ?
Victoire acquiesça et un blanc se posa. La pluie martelait l'abri où elles se trouvaient et le ciel continuait de se noircir, n'annonçant rien de bon pour le temps à venir.
La blonde reprit la conversation, hésitante :
— Euh... Je ne veux pas être indiscrète mais qu'est ce qu'il s'est passé hier soir ? Si tu ne veux pas en parler je comprends ! ajouta-t-elle rapidement en voyant Caoimhe lever les yeux au ciel.
— Non mais il m'a déjà appelée ce matin à propos de ça. Il m'a saoulée.
— Ah merde, désolée...
— T'inquiète. Il m'a embrassée et je l'ai repoussé, ça l'a blessé.
— Pourquoi tu l'as repoussé ? Je pensais que vous vous aimiez bien et c'était le meilleur mom-
— Pourquoi vous voulez savoir ça ? C'est pas logique ? Il ne m'intéresse pas tout simplement ! Et comment ça c'était le meilleur moment ? Donc tu avais fait exprès ? Je ne t'ai jamais parlé d'envisager une relation avec lui ! On est plus au lycée Victoire, arrête de t'incruster dans les relations des gens. Ouvre les yeux !
Heureusement qu'il n'y avait personne d'autres que les deux jeunes femmes car Caoimhe avait considérablement haussé le ton. Elle avait les joues rouges et sa main était crispée sur l'anse de son sac. Victoire se faisait toute petite face à la colère de la brune. Pendant cinq minutes, il y eut un blanc mais la blonde reprit la parole rapidement.
— Du coup, c'est vraiment mort avec Bastien ? Il ne t'intéresse pas, sûre, sûre. Eh ! Caoimhe où tu vas ?
— Tu fais chier Victoire, peut-être que je suis intéressée par quelqu'un d'autre ! Tu devrais donner plus d'attention à tes amis.
Caoimhe s'était brusquement levée quand Victoire avait prononcé sa dernière phrase. Peu importe si elle était trempée, il fallait qu'elle rentre chez elle. Elle ne supporterait pas de rester près de la blonde après cet incident. Elle préférait se dépêcher de rentrer chez elle, ça la défoulera lui permettant d'évacuer toute cette colère
Qu'est ce qu'ils avaient tous avec ce qu'elle avait fait ? C'était trop dur de comprendre qu'elle n'était pas intéressée ?
Quand la brune arriva chez elle, la première chose qu'elle fit fut de se jeter en étoile de mer sur son lit qui grinça. Caoimhe ne sut pas combien de temps elle resta allongé, elle avait dû s'endormir car son ventre gargouillait. Son chat s'était posé sur son dos quand elle rouvrit les yeux. Maurice s'enfuit quand elle bougea pour attraper son téléphone qui indiquait treize heures trente.
Son après-midi passa rapidement. Après avoir mangé, elle travailla pendant presque trois heures. Elle n'avait jamais été aussi productive depuis longtemps, comme quoi la colère avait du bon. Caoimhe écrivit une lettre à sa grand-mère, sa confidente pour lui parler de ses tracas. Elle appela ses amis qui étudiaient dans la ville pour leur demander si leur sortie de ce soir tenait toujours. Elle en avait besoin pour se débarrasser toutes les pensées négatives de sa tête.
La nuit était tombée depuis plus de deux heures quand la brune sortit de son appartement pour rejoindre le centre ville. Il faisait froid mais la jeune femme ne pensait plus qu'à s'amuser avec sa petite bande.
▬ nda ▬
Le prochain chapitre est très court. Il y aura peut-être une double publication la semaine prochaine ;)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro