CHAPITRE 8
VENDREDI 25
JANVIER 2019
Le soleil avait laissé place au ciel obscur. Caoimhe se préparait dans son appartement pour aller rejoindre Victoire au cinéma. Ce dernier se trouvait à quelques pas de chez la jeune femme ce qui l'arrangeait fortement. Elle n'avait pas besoin de se presser pour prendre le tram.
La brune finit de se brosser les cheveux et replaça sa frange avant de sortir de sa salle de bain. Caoimhe avait réussi à se trouver un petit studio bien placé dans la ville où elle étudiait. Il n'avait qu'une pièce où se trouvait son lit et le côté cuisine mais il y avait assez d'espace. Caoimhe l'avait redécoré pour se sentir chez elle : une photo de sa famille, sa soeur et sa grand-mère avec leurs animaux de compagnies, quelques images de ses amis ou encore des posters. Elle ne passait que peu de temps dans son appartement mais elle préférait se sentir bien quand elle rentrait d'une longue journée et qu'elle avait besoin de repos.
Caoimhe regarda l'heure sur son réveil près de son lit. Victoire ne devrait pas tarder à arriver. Elle attrapa une veste et un manteau, elle enfila aussi une écharpe et prit son téléphone. La sonnette retentit à ce moment dans l'appartement. Son amie était là. La brune caressa son chat une dernière fois avant de partir.
Victoire l'attendait en bas de son immeuble, se balançant d'une jambe sur l'autre.
— On est un peu en retard, ils nous attendent déjà, commença la blonde en embrassant son amie sur les deux joues.
— Comment ça "ils" ?
Malheureusement la jeune femme n'eut pas de réponse à sa question seulement un sourire malicieux de Victoire. Caoimhe pensait qu'elles n'allaient passer la soirée que toutes les deux. Elle aurait bien aimé connaître la blonde en dehors du café car elle commençait à bien l'apprécier. Elles étaient amies mais ne se voyaient guère autre part qu'à l'Antique. L'enthousiasme qu'elle avait ressenti en se préparant descendit un peu. Ne commence pas à faire ta rabat-joie, profite de la soirée, se dit Caoihme à elle-même.
Les deux jeunes femmes arrivèrent rapidement au cinéma. Ce n'était pas un grand multiplexe comme celui qu'on pouvait trouver dans la banlieue de la ville. L'établissement ne comportait que trois salles et une salle dite de loisir. Caoimhe aimait bien cet endroit, il était chaleureux. Elle essayait de venir assez souvent, une fois par mois minimum et elle avait sympathisé avec Xavier. Il tenait le guichet du petit cinéma depuis des années. Dès sa rencontre avec l'homme, Caoimhe l'avait trouvé très sympathique. Elle aimait beaucoup discuter avec lui, il était très plaisant.
La brune parla quelques instants avec lui alors qu'elle achetait son billet d'entrée.
— Bonsoir Cao', comment vas-tu ?
— Bien, bien Monsieur Xavier et vous ? demanda-t-elle alors qu'elle donnait sa monnaie.
— Bien, merci. C'est rare de te voir accompagnée, qui est-ce ?
— Victoire, une amie à moi, présenta la brune tandis que Victoire fit un petit signe de la main. Comment va votre femme, Aisha ?
— Malheureusement, elle n'est pas au meilleur de sa forme. Sa mère est à la maison pour nous aider à nous occuper des enfants.
— J'espère que ça ira mieux, passez leur le bonjour de ma part.
— Je n'y manquerai pas !
Caoimhe le laissa voyant bien que son amie s'impatientait. Pour une femme fois la jeune ne s'était pas incrustée dans la conversation, chose rare. Elles s'avancèrent jusqu'à l'entrée de la salle numéro. Le film avait été choisi par Victoire et elle avait voulu aller voir Greenbook. La blonde avait suivi l'actualité et avait lu des bons retours dessus.
Près de la porte se tenaient Léopold et Bastien qui attendaient les deux jeunes femmes. Ils discutaient mais le premier arrêta pour se diriger vers sa petite-amie. Les quatres jeunes adultes se saluèrent mutuellement. Ils s'installèrent ensuite dans la petite salle. Sans grand étonnement, le couple s'assit l'un à côté de l'autre alors Caoimhe se retrouva entre la blonde et Bastien.
— Je n'ai pas vraiment regardé le résumé du film, il parle de quoi ? demanda Bastien.
— C'est sur un pianiste noir dans les années soixante et on va suivre son roadtrip avec son chauffeur blanc, répondit Victoire.
— C'est centré sur le racisme mais il y a pas mal d'humour quand même, ajouta Caoimhe.
— Tu me dois dix balles, renchérit le petit-ami de la blonde.
— Pourquoi ça ?
— On avait parié sur le sujet du film. Bastien ne suit jamais le cinéma et il pensait que c'était seulement à propos d'un livre, vert bien sûr.
Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire, se moquant du brun. Celui-ci eut une mine boudeuse, un peu vexé. Il se pencha un peu pour tenter de taper Léopold derrière la tête, ce qu'il rata bien sûr. La bande riait aux éclats jusqu'à ce qu'un couple de personnes âgées, assis derrière eux, leur intima de se taire. Le film commença et la salle fut plongée dans le noir.
Caoimhe sentit son amie se blottir contre Léo. Elle leur jeta un coup d'oeil et les trouva particulièrement mignons. Ils allaient bien ensemble. La brune eut un pincement au coeur et se retourna vers l'écran.
Pendant la séance, le public rit devant quelques blagues. On entendit aussi quelques reniflements vers la droite, sûrement quelqu'un attendri par une scène. Vers la moitié, Bastien passa son bras autour des épaules de sa voisine. Celle-ci grimaça, n'étant pas très à l'aise. Elle commença à gigoter pour se sentir mieux. Au bout d'un moment, ne pouvant plus supporter sa position, la jeune femme sortit de la salle le plus discrètement possible. Elle se rendit dans les toilettes près de l'entrée.
Caoimhe se passa de l'eau sur le visage. Elle aimait beaucoup Bastien mais n'était pas sûre de vouloir quelque chose avec lui. On s'entend bien mais... pensa-t-elle. Il ne fallait pas qu'elle se prenne la tête pour cela, ce n'était qu'un bras sur des épaules. Et puis, peut-être qu'elle se voilait la face à ne pas vouloir accepter ce rapprochement, peut-être qu'il lui apporterait quelque chose de positif. Ses dernières expériences amoureuses avaient été maladroites et catastrophiques, il ne fallait pas repousser les nouvelles pour cela.
La brune remit sa frange en place et sortit des toilettes. Elle lança un sourire à Xavier avant de retourner dans la salle et s'installer entre ses amis.
— Ça va mieux ? lui chuchota Bastien.
— Oui, oui, ne t'inquiète pas.
Il lui ébouriffa les cheveux, ce qui fit émettre un petit grognement à la jeune femme qui venait de les replacer. Le brun repassa son bras autour de Caoimhe qui l'accepta même si elle n'était pas des plus à l'aise.
Le film se termina et les quatre jeunes adultes sortirent de la salle tout en discutant de ce qu'ils avaient aimé. Bastien n'avait retenu que la blague avec le poulet frit tandis que les trois autres discutaient sur le message laissé par le film. Chacun l'avait aimé à sa manière mais l'histoire leur avait tous marqué l'esprit.
Le brun avait gardé son bras autour des épaules de Caoimhe qui n'osait pas le regarder. Ce n'était qu'un simple geste mais elle ne voulait pas se lancer dans une relation dont elle n'était pas sûre. Victoire lui jetait des regards inquisiteurs et malicieux. La brune comprit rapidement que son amie lui avait tendu un piège, qu'elle était de mèche avec Bastien ce qui la fit paniquer encore un peu plus.
La petite troupe discuta encore un moment sur le parvis du cinéma et les "au revoir" arrivèrent. Léopold et Victoire fit la bise aux deux autres. Caoimhe allait pour faire de même quand Bastien se pencha sur elle. Il lui attrapa doucement la mâchoire et déposa ses lèvres sur les siennes. La brune paniqua intérieurement mais ne laisse paraître durant les premières secondes du baiser mais elle ne put s'empêcher de le repousser.
— Je... Je suis désolée... Je... Je ne crois pas que... Ce n'est pas toi mais.... Je... Désolée...
Caoimhe bafouilla encore quelques excuses en reculant doucement. La tension dans l'air la fit se retourner et partir précipitamment. Elle n'osa pas regarder derrière ne voulant pas voir la déception dans les yeux du brun ou l'incompréhension dans ceux du couple. Elle entendit un de ses amis crier derrière elle mais la brune ne réagit pas et continua dans sa course précipitée jusqu'à chez elle.
Heureusement que son appartement se trouvait à une vingtaine de mètres seulement. Caoimhe put se réfugier dans son cocon. Elle se déshabilla rapidement et courut se mettre sous la douche. L'eau chaude qui lui martelait les épaules la détendit quelque peu. Elle ne savait pas quelles conséquences auraient ce moment, si elle avait bien fait, et d'un certain côté, elle ne voulait plus y penser. La brune espérait seulement qu'elle n'avait pas brisé son amitié avec la petite bande. Elle s'était vraiment attachée à eux.
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